Saint Jacques de Compostelle à vélo
Partir à bicyclette depuis Vézelay pour espérer rejoindre le Cabo Fisterre, via Santiago. 1830 km...
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Thèmesbelle bonne carte coeur histoire infos saint jacques à vélo
Rechercherbravo et merci pour ce très joli récit.
Par Pierre, le 13.07.2012
jê †ê §ðµhåï† ê µñ ßðñ wêêk êñð!__¶¶ ¶¶¶¶
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Par chouky, le 19.09.2010
heureuses.... a ne se voit pas trop.à quand la suite???je les connais ces 2 stars,il y en a une c'est ma mère
Par LERAT, le 17.09.2010
périple extrordinairem ent vivant, on souffre avec toi de la pluie, on a mal aux mollets dans les côtes abrupt
Par lerat elisabeth, le 16.09.2010
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· 28 mai: joies et peines sur le camino (2ème acte)
Date de création : 14.07.2010
Dernière mise à jour :
14.09.2010
42 articles
J'avais décidé de rejoindre Vézelay à vélo, depuis la Charité sur Loire. Cela sous entendait deux petites journées de voyage, nécessaires pour me réhabituer à ce moyen de transport et tester ma nouvelle et frêle bicyclette, achetée 3 jours plus tôt dans un hypermarché pour une somme dérisoire...
La voie Limousine débute traditionnellement à Vézelay. Les pélerins s'y rendaient jadis en nombre pour venir se recueillir devant les reliques de Sainte Marie-Madeleine. Ce village jouit aujourd'hui encore d'une forte notoriété et peut s'enorgueillir d'un cadre des plus agréables...
Pourquoi avoir choisi la voie Limousine? Celle-ci est tout simplement la voie la moins fréquentée par les pélerins se rendant à Saint Jacques de Compostelle. Voulant à tout prix éviter une ambiance chargée et mercantile, le choix se fit sans grande hésitation.
Les deux courts trajets en train reliant Tours à la Charité Sur Loire me parurent bien longs. Impatient de reprendre la "route", je ne pouvais détourner mon regard de mon modeste vélo... Allait-il supporter 1800 km et le poids de sacoches bien trop fournies (à mon goût)?
A la gare de la Charité, les premiers mètres furent hésitants! Je m'étais fixé un parcours minuscule de 40 km. Le temps glacial et temporairement pluvieux compliqua quelque peu les choses. J'eus également beaucoup de mal à trouver les petites routes qui paraissaient pourtant si évidentes sur Google map. Ces inquiétudes furent interrompues à plusieurs reprises lorsque je traversai quelque hameau magnifique niché dans de vastes forêts. Mes plus belles rencontres furent ces deux renards méfiants et ce chevreuil égaré.
La nuit s'installait confortablement lorsque je rejoignis Varzy. Hélas, sous ma petite toile de tente, le sommeil ne vint pas. Trop inquiet, sans doute, à l'idée de devoir faire tant de kilomètres en si peu de temps (1 mois: tel était le délai estimé). Etais-je physiquement (et moralement) capable de faire ce pélerinage?
En dépit d'un temps hostile, je m'en vais chercher quelque réconfort dans le sourire des habitants de Varzy. Une heure plus tard, je comprends que cela est sans grand espoir... Je quitte donc le lieu rapidement pour rejoindre Clamecy. Guère plus emballant, tout çà. L'office du tourisme m'invite, d'une bien étrange manière, à emprunter une toute petite route, paisible mais par endroits pentue, afin de rejoindre Vézelay. Les douze premiers km me font traverser un vaste domaine forestier. Comblé et rassuré de me retrouver enfin dans un environnement protégé, à l'écart de ces communes austères...Je salue un pélerin solitaire et m'amuse de cette inattendue bouteille de vin, posée sur une souche, le long de la route. Cadeau pour les Jacquets ou vestige d'un incorrigible alcoolique? Je privilégie la lenteur et savoure sans retenue cette puissante odeur de terre mouillée...
Aux portes de Vézelay, je me soucie prioritairement de ma prochaine nuitée. Le temps, abominable, m'incite à privilégier l'auberge pour pélerins au camping municipal(particulièrement venteux). C'est fichu pour le refuge, affichant complet. L'on me renvoie vers la confrérie des Frères de Jérusalem. Un tout jeune moine répond favorablement à ma requête et me propose un lit confortable dans une vieille bâtisse à l'entrée du bourg... La nuit s'installe tandis que la pluie s'abat violemment sur Vézelay. Au fond de mon lit, bien à l'abris, je me sens... bien chanceux!
Dès que mon problème d'hébergement fut réglé, je ne pus m'empêcher d'aller jeter un petit coup d'oeil du côté de la Basilique. Voici quelques infos à son sujet:
"Avant que des moines viennent y élire domicile dans le dernier quart du IX ème siècle, le lieu se prêtait à des rites appartenants à de plus anciennes croyances. Au milieu du XIème siècle, les restes corporels de Sainte Marie-Madeleine, supposés reposer sous l'église, viennent changer l'histoire de la modeste abbaye carolingienne. Attirés par les vertus extraordinaires des reliques, les pélerins affluent. Grâca à sa situation privilégiée sur le chemin de Saint Jacques, l'abbaye connaît une prospérité sans précédent... Cependant, des doutes quant à l'authenticité des reliques de Marie-Madeleine entraînèrent, dès le XIVème siècle, le sanctuaire vers un lent déclin."
La nef impressionne, tant par ses proportions que par sa belle sobriété. Pour le moment, je ne peux pénétrer dans la crypte car une messe est actuellement donnée. J'oublie rapidement l'édifice et me laisse tout naturellement happer par cette célébration inhabituelle. De longues minutes de prières silencieuses nous entraînent vers une messe intégralement célébrée par le chant. Quelques rites, effectués au coeur de la nef, accompagnent les vêpres et me font penser à des rituels hindous tant de fois observés...
Un peu après l'aurore, dans les ruelles de Vezelay. Je n'y croiserai que la pluie. La basilique redevient un refuge pour l'égaré (trempé), le temps d'une courte célébration peuplée de silences étonnamment réconfortants. Le déluge semble vouloir s'installer durablement. Un commerçant m'annonce que les températures maximales ne devraient pas dépasser les 5 degrés! Conditions idéales pour traîner mes galoches dans les étroites rues du bourg... J'ai aimé le bleu discret des glycines, envahissant la façade d'un petit hôtel que l'on devine confortable ainsi que ce sentier pentu abrité par d'épais feuillages. J'avale quelques gorgées d'un vin mauvais pendant un repas qui le fut plus encore et repars, complètement ivre, dans la Basilique. Je me réfugie dans sa crypte, jadis tant vénérée, tente d'acquérir quelques sagesses devant les reliques de Sainte Marie Madeleine et... pique un somme, indifférent au passage des dévôts...
Accueil sympathique, coloré et joyeusement bordélique au refuge pour pélerins. Mais quelle bâtisse!!! Depuis un donjon, l'on accède à une vaste pièce mansardée, meublée pour l'occasion de 13 lits sans âge (mais confortables). Ce beau dortoir permet de profiter d'une vue plaisante sur les toitures anciennes du village et sa campagne vallonnée. Je prends plaisir à me "perdre" dans les couloirs de la vaste demeure et tombe sur une cuisine généreusement équipée, recouverte d'une bonne couche de poussière.
Quelques pélerins belges hilares, une autre cheminant à cheval...L'on se croise timidement dans ces murs épais et froids; les sourires sont encore discrets... Mon pélerinage commence donc dans une ambiance discrète et incertaine...
Lever aux aurores. Un petit coup d'oeil obligé vers le ciel... La journée s'annonce, une fois de plus, hivernale. Pourtant, c'est décidé, je pars. Je quitte le bourg de Vézelay qui semble s'être figé dans un opaque habit glacé. Averses régulières bouleversant mon enthousiasme. J'ignore les voitures et ce proche paysage noyé et incolore. Je prends un peu de vitesse dès que la pluie cesse, choisis de brûler les étapes et rejoins la Charité sur Loire dans la précipitation.
Epuisé, je m'entête à vouloir planter ma tente dans le camping municipal qui s'avère, pour une raison inconnue, littéralement infranchissable. Dépité, je me rends à l'office du tourisme pour y conter mes déboires de pélerin. L'on me propose alors un lit pour 12 euros dans un petit refuge niché dans le modeste quartier historique. Aucun autre pélerin ne m'y rejoindra.
Malgré un passé des plus prestigieux, La Charité Sur Loire ne tient pas ses promesses. L'église Sainte Croix de Notre Dame (pourtant classé au patrimoine mondial) ne m'émeut guère. Quant à la vieille ville, la municipalité ne semble pas pouvoir entretenir ces belles façades. Dommage. Je me calfeutre dès lors dans le refuge communal, tourne en rond et... m'endors.
La pluie a cessé. Enfin! Quelques percées de lumière m'offrent un réconfort attendu. Je profite de la monotonie du paysage pour avaler les km, sans peine.
Et là, au milieu d'un petit champ de colza, survient un ...miracle, qui prend la forme de deux beaux arbres solitaires. Je m'y arrête, surpris de voir que le possesseur du champ a jugé bon de les épargner... En m'approchant d'eux, j'aperçois une lettre cloutée sur un tronc, adressée à l'attention des pélerins: "Pélerins de Saint Jacques, avant d'arriver à Sainte Solange (patronne du Berry), ce petit coin d'ombre est pour vous."Je puis vous assurer que cette délicate attention, au milieu de ces étendues désertées, me fit le plus grand bien!
Peu de temps après, les immenses périphéries de la ville de Bourges s'imposent et m'inquiètent. Dans ce "chaos", je déniche un vaste camping, situé tout près du centre et m'en vais découvrir la vertigineuse cathédrale de Bourges. Après m'être repu de vitraux flamboyants et d'architecture divine, je tente un sommeil réparateur dans ce camping totalement vide, non loin de quartiers populaires abritant d'agressifs alcoolos insomniaques... Angoisse.
Etape d'une quiétude presque troublante: aucun relief, point de pluie (ou si peu)... Je m'enfonce dans des rêveries inépuisables. A Chârost, l'étonnante église St Michel revêt une couleur inattendue et audacieuse: ce rouge brique, que certains jugeront indécent, s'explique par la présence de fer dans ces pierres grossièrement taillées.
Ma traversée d'Issoudun sera bien moins "colorée": le bourg sent la desertification et le chômage, même en ce jour de marché. La vie commerçante du centre ville a complètement disparu. Subsiste, fort heureusement, le sourire sincère et généreux de ses habitants.
Lors d'une courte halte à Neuvy Pailloux, une Jacquet engage joyeusement la conversation: la chose est pour moi inhabituelle: sur cette voie Limousine, les pélerins (bavards) se font rares... Je n'en crois pas mes yeux! Agnès (retraîtée depuis peu) entame à l'instant même la suite de son pélerinage, en compagnie d'Elisabeth. Les présentations faites, ces deux "coquines" m'apprennent l'existence d'un refuge chez l'habitant, non loin de là. Nous cheminerons ensemble jusqu'au bourg de Sainte Fauste. Nous y attend un céréalier enthousiaste et passionné (qui nous accueillera de la plus belle façon) ainsi qu'une floppée de pélerins. Soirée épatante. Et coup de coeur immédiat pour Elisabeth et Agnès: leur humilité s'accompagne d'un gigantesque sens de l'humour. Nous passâmes la soirée à rire de tout (et surtout de nous), autour d'un chouette diner généreusement offert par une villageoise...