Date de création : 17.01.2009
Dernière mise à jour :
31.08.2022
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La rime est en poésie un jeu d'homophonie entre des phonèmes répétés à la fin de plusieurs de vers (c'est une forme d'homéotéleute). La rime est ainsi constituée par le retour de sonorités identiques, à commencer par la dernière voyelle tonique et des sons consonantiques qui la suivent s'ils existent, à la fin d'au moins deux vers.
La rime a remplacé l'assonance médiévale en imposant cette reprise des sons consonantiques qui suivent éventuellement la dernière voyelle tonique : les poètes du XVIe siècle et leurs successeurs comme Malherbe ont par ailleurs défini peu à peu des règles contraignantes qui se sont imposées jusqu'à la fin du XIXe siècle et que l'analyse littéraire retient dans l'étude des rimes.
Il s'agit pour l'essentiel de leur disposition (rimes suivies, croisées, embrassées, mêlées), de leur richesse (on dit aussi de manière plus ambiguë leur qualité) déterminée par le nombre de sons communs (rime pauvre, suffisante, riche) et de leur genre associé au principe de l'alternance entre rimes masculines (= qui ne comportent pas de "e" final (ou -es, -ent) et rimes féminines (= qui comportent ce -e final qui ne compte pas dans les syllabes).
Remarque : En phonologie, le mot prend un sens plus large : la rime est le noyau et l'éventuelle coda d'une syllabe. Ainsi, chaque syllabe de chaque mot possède une rime phonologique, tandis qu'en poésie, on ne parlera que de la rime d'un vers, qui ne prend pas en compte la notion de syllabe.
Les transcriptions phonétiques données entre crochets droits suivent les usages de l'alphabet phonétique international. Les transcriptions phonologiques, entre barres obliques, ne s'intéressant qu'aux oppositions fondamentales de la langue, les suivent aussi, mais de manière plus lâche.
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La rime poétique constituée par la répétition d'un ou plusieurs phonèmes identiques (parmi lesquels il faut nécessairement au moins une voyelle tonique) à la fin de deux ou plusieurs poésie)" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vers_%28po%C3%A9sie%29">vers proches. Les phonèmes ne riment que s'ils sont dans le même ordre. Par exemple, les deux vers suivants riment :
En effet, la fin de chacun d'entre eux reprend en écho les phonèmes communs /sœr/ (« douceur » et « sœur »). On dit que ces deux vers « riment en /œr/ » ou qu'on a « une rime /œr/ » : il n'y a donc qu'une seule rime (on ne nomme pas rime chaque fin de vers mais seulement les phonèmes répétés sur plusieurs vers).
Stylistiquement, il est important de repérer que la rime introduit des liens supplémentaires (ou des oppositions) entre les mots d'un texte poétique rimant ensemble, ce qui renforce le caractère condensé de l'écriture poétique (dans laquelle, de manière générale, on tend à utiliser le moins de mots possibles pour susciter le plus de sens, par le jeu des images, des connotations, des procédés sonores, etc.). Ainsi, les mots à la rime sont rapprochés par leur signifiant et, par extension, leur signifié doit être confronté : ils deviennent des mots-clefs du poème.
Rappelons que si la rime est très fréquente en poésie, elle ne se limite pas à elle (bien que la langue courante l'évite pour son caractère artificiel) et, surtout, n'est pas obligatoire dans ce genre littéraire. La poésie non rimée, à partir du XXe siècle, est devenue très courante.
Une rime est dite :
Les deux extraits sont tirés du « Desdichado » (dans Les Chimères) de Gérard de Nerval.
Ces noms proviennent d'une conception ancienne de la langue, dans laquelle le e caduc (que l'on a prononcé en fin de vers jusqu'au XIXe siècle, et même dans certains théâtres au XXe ; c'est encore souvent le cas dans la chanson) était réputé faible et mou, donc associé, selon les idées de l'époque, à la féminité, ce que renforce le fait qu'un e caduc de fin de vers n'est pas compté dans le nombre de syllabes du mètre.
Rimes masculines et féminines ne peuvent rimer ensemble, du moins jusqu'au XIXe siècle. Ainsi, on a longtemps considéré, soit pour des raisons sonores (tant que le e caduc a été prononcé en fin de vers), soit pour des raisons graphiques, que mer et amère ne pouvaient pas rimer plus que aimé et désirée. Actuellement, cette séparation entre rimes masculines et féminines est plus rarement respectée.
Cette partie de l'article provient de la page http://coursdefrancais5.canalblog.com/archives/2007/12/09/index.html
Dans la poésie classique (XVIIe), on faisait alterner rimes masculines et féminines : une rime féminine ne pouvait pas être suivie d'une nouvelle rime féminine et inversement. La coutume a commencé à se répandre à partir du XVIe siècle, sous l'influence des poètes de la Pléiade. En effet, le e caduc étant alors prononcé en fin de vers (jusqu'au XIXe siècle, surtout dans la chanson), l'alternance était audible. Dans cet exemple, le e caduc des rimes féminines est souligné :
À partir du moment où le e a cessé d'être prononcé en cette position, l'alternance, devenue artificielle, a cessé d'être prescriptive à partir du XIXe siècle. On a parfois préféré, de manière plus souple, une alternance entre rimes vocaliques (dont le dernier phonème est une voyelle prononcée) et consonantiques (consonne finale prononcée), exemple alternance entre rimes vocaliques « vont/profond » (str. 1) et « touchée/jonchée » (str.2) et rimes consonantiques « piédestal/fatal » (str.1) et « frivole/vole » (str.2) dans ces vers de Verlaine :
L’amour par terre (Verlaine, Les fêtes galantes) (strophe 1 et 2)
On retrouve la même alternance dans ces vers d'Apollinaire, mais la rime « vitrine/victimes » est impure et constitue en fait une assonance (reprise de la seule voyelle tonique sans la consonne qui suit – renforcée par l'homophonie du début des mots [v/i/t]) et ne respecte pas la rime pour l'œil (mélange de l'apparence singulier et pluriel) :
L'émigrant de Landor Road – Apollinaire – Alcools
Les poètes ont également joué sur l'alternance strophique, par exemple dans le début du poème de Verlaine avec strophe 1 masculine et strophe 2 féminine :
L’amour par terre (Verlaine, Les fêtes galantes)
Aragon a souvent remplacé l'alternance des rimes féminines et masculines par une alternance entre rimes terminées par une consonne (pour remplacer les premières) et par une voyelle (pour remplacer les secondes) :
(on dit aussi mais de manière plus ambiguë la qualité des rimes) La richesse ou qualité d'une rime est déterminée par le nombre de phonèmes répétés dans le même ordre en partant de la fin du vers (e caduc final exclu) .
Une rime est dite :
Remarques :
Puisque le procédé d'homophonie que constitue la rime n'existe que par la répétition, cela implique qu'il faut au moins deux constituants (phonème ou groupe de phonèmes) homophones minimums. L'endroit où sont disposés ces constituant dans le poème et dans le vers peut être décrit avec précision.
Note : par convention, on peut représenter une même rime par une même lettre dans un poème. Ainsi, les fins de vers [...] porte et [...] forte, constituent la rime A, [...] douce et [...] pouce B, etc.
Au sens propre, la rime est d'abord un écho sonore en fin de vers. Leur enchaînement dans ce cadre porte un nom particulier ; ainsi, par leur disposition les unes par rapport aux autres, les rimes de fin de vers sont dites :
Les rimes sont plates lorsqu'elles se suivent simplement par groupe de deux ? AABB :
Les rimes sont croisées (ou alternées) en cas d'alternance deux par deux ? ABAB :
La rime est redoublée lorsque plusieurs rimes se répètent ? AAA
Elle est embrassée quand elle est encadrée par une autre ? ABBA :
Si la rime ne se manifeste qu'en fin de vers, de nombreux jeux de reprises homophoniques existent qui répètent la rime finale ailleurs au sein du vers ou bien même se servent d'une autre position fixe du vers (comme l'hémistiche) pour placer une rime supplémentaire.
Parmi les nombreux procédés que nous lègue la littérature française, on peut retenir les rimes complexes suivantes :
Dite aussi rime fraternisée : Reprise au commencement du vers suivant.
La rime finale se retrouve à l'hémistiche. Attention : cette rime n'est pas tolérée pour l'alexandrin, elle casse l'harmonie du poème.
Ou vers brisés ou vers rapportés : le vers est divisé en deux, les deux hémistiches ne riment pas forcément entre eux mais avec les hémistiches des vers suivants ; les différentes parties pouvant présenter un sens différent de celui de l'ensemble :
Exemple 1 : Extrait de Zadig (chap. 4) de Voltaire où les vers tronqués du héros manquent de le conduire à sa perte.
Par les plus grands forfaits | j’ai vu troubler la terre. |
sur le trône affermi, | le roi sait tout dompter. |
Dans la publique paix | l’amour seul fait la guerre : |
C’est le seul ennemi | .qui soit à redouter.” |
Exemple 2 :
Ou impératrice : elle reprend l'idée de la rime couronnée, mais la syllabe servant de rimes apparaît trois fois au lieu de deux.
Cet exemple est emprunté à Sébillet (voir bibliographie).
[En préparation]
Il existe de nombreux mots français qui ne riment avec aucun autre mot français existant. On peut citer (liste non exhaustive) : belge, bulbe, camphre, clephte*, dogme, girofle, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve (moutarde), sarcle, sépulcre, simple, tertre, triomphe, verste (lieue russe),
(*) Nom que se donnent les montagnards libres de l'Olympe et du Pinde, en Grèce Ottomane.
Il est à noter que cela n'exclut pas la possibilité d'obtenir une rime brisée avec ces mots, comme l'illustre "quatorze" associé à "alors", "dehors", etc... suivi d'un autre mot commençant par une voyelle pour faire la liaison.
Employer à la rime un mot à rime orpheline forcera le poète à étendre son vocabulaire au-delà des limites du français ordinaire. Ainsi, Georges Fourest, pour trouver une rime à "monstre", dans la dernière strophe de son poème parodique sur Phèdre (Les Négresses blondes, 1909), emploie une forme ancienne et disparue du verbe montrer : monstrer.
On peut rattacher aux rimes orphelines le subjonctif « perde » car le seul mot capable de rimer avec lui est normalement banni dans la bonne société. Sacha Guitry s'est servi de cette particularité pour écrire une pièce en vers, Le Mot de Cambronne. Il va de soi que l'oreille du spectateur attend l'arrivée du fameux « perde », qui annoncera l'arrivée de son collègue malséant.
Rime dans d'autres poésies[modifier]Les arabes ont donné de nombreuses définitions de la rime. Certains la définissent comme le dernier mot du vers, d'autres vont jusqu'à affirmer que c'est tout le vers qui est rime. On dit aussi qu'elle est la séquence de consonnes et de voyelles qui se répètent mais la définition la plus utilisée est celle d'Al Khalil :
Définition : La rime est la séquence de consonnes et de voyelles terminales comptées à partir de la voyelle de l'avant-dernière syllabe longue. Ainsi dans qalbun la rime est albun et dans qaalat, la rime est aalat.
Remarque : Nous utilisons une notation simplifiée où les voyelles longues sont transcrites par simple redoublement d'une brève. La séquence ainsi définie, est souvent répétitive, mais il arrive que seule une partie de celle-ci soit reproduite dans tout le poème.
La rime est bâtie autour d'une consonne de base appelée rawy. C'est elle qui contribue souvent à donner un nom au poème. Lamyat al arab, dalyat Nabighat, mimyat Zouheir... sont des poèmes dont le rawy est la consonne lam (l), dal (d) ou mym (m).
Les consonnes et voyelles de la rime ont été cataloguées en fonction de la nature de celle-ci. Nous avons vu le rawy et sa prolongation. Nous allons en étudier d'autres.
Nous avons vu que les rimes peuvent être ouvertes ou fermées. Elles peuvent être munies de ridf, de taesys ou en être dénuées. Ces caractéristiques se combinent deux à deux, de sorte qu'on a les classes suivantes :
La rime constitue un choix dans le lexique. Sans ce choix, elle n'existe pas. Deux exemples illustrent ceci :
On voit donc que la rime est loin d'être la simple conjonction de phonèmes identiques ou semblables.