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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
30.11.2024
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Bien planifiée, l’incursion de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk a mis en évidence les vulnérabilités de l’armée russe, portant un coup au récit officiel d’un pays épargné par les hostilités. Mardi 6 août, des milliers de soldats ukrainiens ont pénétré sur le sol de la Russie sans rencontrer de résistance majeure.
De fait, les postes de contrôle établis, côté russe, le long des 245 kilomètres de frontière que la région de Koursk partage avec l’Ukraine, étaient tenus pour l’essentiel par des appelés dans les rangs des gardes-frontières, dépendant du FSB, le service russe de sécurité, peu entraînés, et par des unités d’infanterie de l’armée légèrement équipées.
Les Ukrainiens ont effectué leur percée avec une facilité déconcertante. « Ce n’était pas très dur, assure Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux et officier de réserve. Depuis le printemps 2022, la frontière située au nord du Donbass était calme, hormis quelques petits raids. Donc il n’y avait que deux lignes de tranchées assez simples, quelques champs de mines et peu d’hommes – quelques centaines de membres du FSB et de la garde nationale russe. » La zone, un no man’s land de cinq à dix kilomètres de profondeur, était jugée peu risquée par Moscou, et tous les regards étaient braqués sur le Donbass, où se concentrent les combats depuis des mois.
Selon l’expert militaire, les forces ukrainiennes sont entrées d’autant plus aisément que leur ennemi avait commencé à déminer la zone en vue de lancer une offensive. « Depuis quelque temps, les Russes préparaient à bas bruit une attaque sur Soumy[Ukraine] depuis la zone frontalière. Le déminage avait commencé, mais ils n’avaient pas massé de troupes. » Avertis grâce aux drones et aux radars, les Ukrainiens y auraient vu « un effet d’opportunité » et décidé de « préempter l’attaque » en s’élançant les premiers, poursuit M. Audrand : « C’est astucieux, ils ont repris l’initiative alors que, depuis novembre 2023, la Russie imposait son tempo. »
L’effet de surprise a été d’autant plus grand que Moscou était convaincu que les Ukrainiens n’étaient pas en capacité d’attaquer et qu’ils se focalisaient sur le Donbass et la Crimée. Pourtant, quelques semaines avant l’incursion, Kiev avait massé des milliers de soldats dans la région de Soumy. Comment se fait-il que ces mouvements n’aient pas retenu l’attention du renseignement russe ? « Je ne peux pas croire qu’[ils] ne savaient pas », a confié, lundi 12 août, le général Andreï Gourouliev, vice-président du comité de défense de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, au média en ligne Svobodnaïa Pressa.