L’IDIOT DU VILLAGE

Qui remplacera, dis-moi,
Efflanqué et sans âge,
Mon bon copain Éloi,
L’idiot de ce village.

Il était avenant,
Et la main en avant,
Tendue sans différence
Vers tout un chacun.

Au métèque esseulé,
Qui voulait bavarder,
Il donnait en obole
Son grand rire sonore.

Il gagnait sa vie de chien
Sans penser à demain,
En journées bien remplies,
Pas vraiment la misère.

Et comme girouette,
A toutes les sornettes,
Il gonflait sa besace,
De tous les commérages.

Il semblait somnolent
Prenant l’air le plus bête,
Comme nos grands ruminants,
Qui s’adonnent à leur sieste.

Et sa bouche soudain,
Transperçant les potins
Livrait en un éclair
Une vérité première.

Qui remplacera, dis-moi,
L’idiot de mon pays,
Qui osait sans savoir,
Se changer en pythie

Je veux redevenir
Innocent comme lui ;
J’avance en ignorance,
J’y travaille et j’y tiens.

Et les mots qui en restent
Font reculer la peur,
Celle du noir de nos nuits,
Et du clinquant du monde.

Au métèque esseulé,
Qui voulait bavarder,
Il donnait en obole
Son grand rire sonore.

Et comme girouette,
A toutes les sornettes,
Il gonflait sa besace,
De tous les commérages.

paroles  Joseph AUMONT

musique  Jean-Pierre LOMBARD(SACEM)
 

                Le martinet, oiseau du destin
 
Martinet aux ailes trop larges,
Qui vire et crie sa joie autour de la maison.
Tel est le coeur

 
Il dessèche le tonnerre
Il sème ses arcs dans le ciel serein.
S'il touche au sol, il se déchire.

 
Sa seule rivale est l'hirondelle.
Il déteste  la familière du château.
Que vaut la dentelle des créneaux ?

 
Sa pause est le creux le plus sombre
Nul n'est plus à l'étroit que lui.
Il vole encore dans ses songes.

 
L'été de la longue clarté,
Il filera dans les ténèbres,
Par les persiennes de minuit

 
Il n'est pas d'yeux pour le tenir.
Il crie sa joie, c'est toute sa présence.
Un mince fusil va l'abattre.

 
Tel est le coeur.

Poème : Joseph Aumont à partir d'un texte de René CHAR
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Musique : Jean-Pierre Lombard