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magnifiquement écrit et conservé
Par Anonyme, le 26.06.2019
bonsoir kristin
y aurait-il un problème je n'ai plus de réponse à mes commentaires
Par odot, le 11.10.2016
bonsoir eve-yeshe, c'est vrai que certains de ses romans sont franchement mauvais, et même parfois des romans
Par edenlalu, le 12.01.2016
bonsoir sylvie, oui, certains romans de fitzek sont gores, d'autres très réussis (notamment ses romans plutôt
Par edenlalu, le 12.01.2016
je n'ai jamais lu l'auteur, mais cela ne me donne pas trop envie...
Par Eve-Yeshe, le 12.01.2016
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Date de création : 31.05.2010
Dernière mise à jour :
08.02.2016
426 articles
Valérie TRIERWEILER – Merci pour ce moment
Tout le monde parle de ce livre. Tout le monde a son avis sur le « est-ce qu’elle aurait dû s’abstenir ou est-ce qu’elle a bien fait », sur la question de savoir si c’est juste une vengeance ou un réel besoin d’information. Tous donnent leur avis sur la forme.
Alors j’étais curieuse, mais qu’est-ce qu’elle dit vraiment ? Est-ce parlant, est-ce juste une accumulation de mesquineries ou est-ce qu’elle nous raconte, comme des centaines de milliers de gens, juste son histoire ?
Alors, sans juger du « est-ce qu’elle a bien fait », voilà ce que je pense de cette petite autobiographie, qui ne concerne que quelques années, voire seulement quelques mois de la vie d’une femme qui, comme elle le dit, voulait en finir avec ce chapitre de sa vie, qui souhaitait donner « sa version ».
Je n’ai pas à dire de quoi parle le livre. Nul ne l’ignore. Valérie Trierweiler, première « compagne » de France, éjectée de façon bien peu galante de l’Elysée suite à la médiatisation d’une relation entre le chef de l’Etat avec une actrice – l’affaire du scooter, le « Gayetgate ».
Dans son livre, Valérie Trierweiler donne sa version, elle raconte tout.
Je ne vais pas juger le contenu, je ne le fais jamais concernant les biographies, et je ne vais pas commencer maintenant. Chacun a sa vie.
En lisant, j’ai eu des réactions diverses, alors je vais tenter de résumer mon ressenti.
On commencera par les impressions concernant la personne même de l’auteure, puis de mes impressions au sujet du récit de la relation entre elle et François Hollande, ainsi que l’image qu’elle donne de lui, pour finir avec mon impression générale sur le livre – est-ce qu’il vaut le coup ? Est-ce qu’il apporte quelque chose ?
1/ Valérie Trierweiler des Médias vs. Valérie Trierweiler autoprésentée
Un premier constat : il y a effectivement une image « publique » de Valérie Trierweiler qui est très différente de ce qu’elle est en réalité. Je ne fais pas partie de celles qui suivaient sa vie en particulier, elle gravitait en périphérie de mes zones d’intérêts. Je n’avais donc que vaguement une idée, formée par les diverses apparitions dans lesquelles je l’avais aperçue. Je la croyais une bourgeoise, une femme qui a grandi dans la richesse et qui était la nouvelle compagne de François Hollande.
Je découvre alors avec stupéfaction – de mon côté en tout cas – qu’en fait elle a grandi dans la pauvreté, qu’elle est une femme très simple qui s’intéresse véritablement et avec passion à ceux qui souffrent, à ceux qui n’ont pas les mêmes moyens, physiques ou financiers.
La deuxième chose que je découvre, là encore avec un certain étonnement, c’est que ce n’est pas une femme forte. Telle qu’elle décrit les évènements, j’ai la sensation d’être face à une femme plutôt faible qui subit. Elle prend des médicaments lorsqu’elle a du mal à affronter, elle s’isole, se cache, elle pleure, elle ne semble pas se battre énormément.
Elle ne s’en est peut-être pas rendue compte en écrivant que c’était une impression qu’on allait avoir. Quoi qu’il en soit, cette faiblesse s’explique d’un côté par un manque de confiance en elle qu’elle reconnaît, mais de l’autre côté je suis surprise, si elle vient de si loin, elle a dû se battre, où est passé cette force ?
2/ Valérie Trierweiler et François Hollande
Je découvre dans ce livre une femme qui a aimé un homme, éperdument. Je crois que je ne le pensais pas réellement, mais telle qu’elle le décrit, on sent qu’elle l’a véritablement aimé, qu’elle l’admirait, elle parle de son intelligence, de sa vivacité d’esprit, de son rire, oui, elle a aimé un homme. Mais cet homme a changé, une fois les projecteurs braqués sur lui.
Et il s’est avéré qu’il est non seulement un menteur et un hypocrite – et elle en donne des exemples ! Une véritable liste traverse tout le livre ! – mais encore un lâche – là encore elle accumule les exemples. Et je ne parle pas simplement de l’annonce froide et courte de leur rupture.
Il ne sort certainement pas grandi de cette lecture ….
C’est finalement l’histoire d’une relation qui n’a pas fonctionnée, qui s’est brisée lorsque l’un des deux a considéré qu’il était plus important que l’autre.
3/ Une écriture trop journalistique
Par moments, la lecture devient ennuyeuse. Tout simplement parce que Valérie Trierweiler revient constamment sur des évènements similaires, des avant/arrière qui finissent presque par lasser. Vers le deuxième tiers je m’ennuyais ferme. Toujours la même chose, de plus le tout manque de personnalité, d’entrain, de sentiments.
Et oui, j’ai trouvé que cela manquait d’émotions. Valérie Trierweiler ne se livre pas complètement, elle reste en retrait, elle décrit de façon journalistique et détachée sa vie et les évènements mais laisse totalement de côté et donc dans le noir ses sentiments ! On ne vibre pas avec elle, on ne souffre pas avec elle, on ne lit qu’un récit assez froid des évènements. C’est dommage, vraiment ! C’est parfait pour un journal, un magazine, mais pour une biographie, j’aurais préféré qu’elle s’ouvre. Surtout qu’elle ne vit pas quelque chose de si extraordinaire que ça - car combien de relations se brisent ?
Seul l’amour du début de sa relation avec FH peut se sentir vaguement, ou plutôt imaginer, et la joie qu’elle a lorsqu’elle apporte son aide à moins chanceux qu’elle. Et encore, c’est très léger, c’est à peine que les lignes se réchauffent. Du coup, je crois que ces deux points sont plus que véridiques, puisque là, elle semble se trahir, ouvrir une brèche dans le mur qu’elle a construite autour d’elle et de ses émotions.
ALORS, est-ce que ce livre nous apporte quelque chose ?
Ce témoignage était instructif, par moment un peu lassant, et Valérie Trierweiler aurait pu résumer le tout dans un article de magazine – pour lequel ce style aurait été mieux adapté.
Je dirais que c’est un livre à lire par curiosité – mais rapidement, car dans deux ou trois ans on aura oublié quelques-uns des évènements auxquels elle se réfère et qu’elle omet de décrire plus ….. petite erreur de journaliste qui ne s’attend peut-être pas à ce que l’on liste son livre dans cinq ans ?
Je n'ai pas encore répondu à la question, alors je vais le faire : est-ce que ce livre apporte quelque chose, est-ce qu’il va aider les lecteurs (mise à part répondre à leur curiosité) ? La réponse est NON.
C’est l’histoire d’une femme qui vit une vie à peine différente de la nôtre. Elle a ses joies, ses peines, ses problèmes, son couple bat de l’aile etc. etc. etc. Elle a même moins de problèmes que certain(e)s d’entre nous !!!!
Oui, sa vie est peut-être plus médiatisée mais non, elle n’est pas plus passionnante ou compliquée que la nôtre.
Donc, non, ce n’est pas un livre qui nous apporte un témoignage utile. C’est simplement l’histoire d’une femme qui raconte sa vie qui n’aurait intéressée personne par son manque de particularités, si ce n’est que son compagnon était Président.
Une petite observation finale : Valérie Trierweiler espère se défaire de son image publique avec ce livre. Je pense qu’elle y parvient assez bien, si on le lit avec détachement et sans jugement. J’ai changé mon regard sur elle, je la voie plus « simple » qu’avant, et c’est une bonne chose, je pense que c’est ce qu’elle souhaitait.
Et elle m’a fait sourire lorsqu’elle dit que tout le monde est persuadé que son grand-père était banquier et qu’elle était donc issue d’une certaine bourgeoisie riche et que cela figurait même sur Wikipedia. J’aurais pensé qu’après la sortie de ce livre quelqu’un aurait rectifié … j’ai donc vérifié et cela figure effectivement toujours, à ce jour (3 octobre 2014) sur ce site. Ce qui prouve encore une fois qu’il faut se méfier des informations de ce site, qui est certes très bien pour se faire une première idée, mais certainement pas suffisamment fiable pour croire tout ce que l’on y lit.
Hugo HORIOT – L’empereur, c’est moi – dans la tête d’un enfant Asperger
Ce récit autobiographique d’un autiste Asperger se distingue des nombreux autres ouvrages de ce type par l’immersion complète dans les pensées d’Hugo, pensées qui paraissent parfois confuses mais qui permettent pourtant d’éclairer la vision si différente qu’ont les enfants Asperger, et plus globalement du spectre autistique, sur le monde.
Le lecteur entre dans la tête de l’auteur, qui nous décrit, ou du moins tente de nous décrire, ce qu’il ressent. J’ai trouvé cette approche intéressante, tout en gardant à l’esprit que toute personne, autiste ou neurotypique, est différente et a une façon de penser différente.
Pourquoi est-ce que j’insiste sur l’individualisme ? Parce qu’Hugo, lui, est un enfant en colère. Il se bat contre lui-même. Il est « l’empereur » qui impose. C’est lui contre les autres. Il vit dans un monde mental d'affrontement (affrontement parfois aussi réel). Ce qui signifie que la lecture peut effrayer les parents de petits Aspergers, car un enfant du spectre autistique, aussi souriant et joyeux qu’il soit, est confronté à une vie mentale fatigante, virevoltante, plus rapide, plus vif, puisqu’il reçoit plus d’informations qu’il doit traiter avec moins de moyens – ce qui conduit à des comportements qui peuvent être étonnants aux yeux du simple passant. Si on y rajoute la colère d’Hugo, le parent ou l’ami qui lit ce récit peut se dire « le pauvre, tant de violence, si peu de joie ». Hugo avait sa façon de vivre sa situation. Un autre enfant peut en avoir une autre.
En gardant donc à l’esprit que tous les enfants Asperger ne sont pas en colère, que tous n’ont pas cette âme de guerrier – et parfois de manipulateur (je me réfère ici au chapitre « Moi et la politique » qui m’a fait sourire !), je pense que c’est un récit autobiographique qui illustre bien ce que peut être la vie d’un enfant du spectre autistique.
Ce qui permet, peut-être, d’accepter plus aisément certains comportements, certains rituels, si indispensable tout particulièrement aux enfants.
Et ce récit donne tellement d’espoir aux parents parfois désemparés !
Car Hugo a fait beaucoup de chemin!!
Quand il était petit, il était « Julien ». Julien, lui, ne parlait pas. Et il cachait bien sa compréhension des choses. Surtout, qu’il ne lui échappe pas qu’il a compris, qu’il sait !
Julien évoluera. Il traversera des périodes extrêmement difficiles, comme celle où il craignait plus que tout de se rendre aux toilettes, car le fait d’y aller risquait de le tuer – rien que ça! Comme il ne savait pas exprimer cette peur nul n’a jamais pu le rassurer - et sa pauvre mère se voyait confrontée à un enfant qui se retenait jusqu’à se rendre malade !
Oui, sa mère, celle qui se dessine comme une femme aimante, douce, intelligente et toujours dans la périphérie d’Hugo, qui sait que son fils a un fort potentiel, qui croit en lui (et elle a bien eu raison !), elle sait par exemple qu’il pourrait parler s’il le désirait et elle emploiera d’ailleurs des méthodes peu orthodoxes mais combien efficaces pour soutirer les mots tant attendus à son fils !
Sans qu’il en parle beaucoup, la présence de la mère du jeune Hugo me semble déterminante et je pense qu’elle peut être fière de l’aide qu’elle a apportée, elle était un rocher doux dans sa vie, du moins c’est ainsi que j’ai ressentie sa présence filigrane entre les lignes – et cela même si tout parent d’enfant neurotypique (= ne se situant pas sur le spectre autistique) s’exclamerait, choqué devant certaines attitudes face à l’enfant « mais comment peut-elle faire ça, il ne faut jamais faire ça, c’est scandaleux » ; il aurait tort, tout simplement.
Revenons à Julien – qui deviendra Hugo, un garçon qui parle, qui accepte de grandir. Ce jeune garçon affronte le monde extérieur comme un guerrier, il élabore des stratégies, imaginant, alors qu’il est en maternelle, le soulèvement des enfants contre l’autorité. Cela semble enfantin, mais ses idées sont pourtant dignes d’un général !
Hugo ensuite, qui élabore ses propres méthodes pour surmonter son fonctionnement différent pour s’intégrer dans le monde, ou plutôt s’en jouer (car il sait mieux manipuler les codes sociaux que tout autre !).
Chaque pas était difficile pour Hugo, mais il y est parvenu !
Aujourd’hui l’auteur est un homme adulte, un comédien, qui gère parfaitement son Asperger, qui vit normalement, qui ne se distingue, du moins en apparence, en rien des autres. Il a gagné la bataille et contrôle désormais la multitude des sensations qui l’assaillent, il est parvenu à s’intégrer. Ce qui demande beaucoup de maîtrise!
A travers ce petit livre nous vivons ce que vit Hugo au quotidien de son enfance. Nous découvrons ses stratégies à lui.
C’est exactement le récit qu’il faut à tout parent d’Asperger !!
Maintenant, je ne crois pas que ce soit un récit à conseiller à celui qui ne connaît personne ayant le syndrome d’Asperger, car il pourrait en avoir une image incompréhensible et peut-être même fausse.Je pense que celui-là devrait se diriger vers un autre récit. Peut-être un livre de Daniel Tammet, ou, pour les français, de Josef Schovanec (voir ma rubrique « Biographies et témoignages » pour plus d’informations ou d’idées).
Josef SCHOVANEC – Je suis à l’Est !
Josef Schovanec vit avec le syndrome d’Asperger, il est ce qu’on appelle souvent un « autiste savant ». Josef Schowanec est récemment devenu, un peu malgré lui, « médiatique » - même si cela ne lui facilite pas la vie.
Le témoignage qu’il nous livre est fascinant et se lit avec un véritable plaisir, sans aucune complaisance ni pitié et offre ainsi une belle occasion de découvrir cette spécificité qu’est l’autisme et plus particulièrement l’autisme dit « savant ».
Je souhaite souligner dès maintenant, pour arrêter net un préjugé profondément ancré au cœur des gens (merci les médias !!) que tout autiste n’est pas « savant » (raison pour laquelle je n’aime pas l’expression d’autiste « savant », ça fait penser au singe ... Je préfère, à titre personnel, parler d’Asperger) !
Un autiste est comme tout un chacun, il y en a des plus intelligents et des moins intelligents. Le syndrome d’Asperger, ou « autisme savant est simplement l’une des formes que peut prendre l’autisme, qui semble alors fréquemment (mais pas toujours !!!) plus « léger » (j’ai résumé de façon excessivement simpliste).
Pour en revenir à ce qui nous occupe :
J’ai adoré le témoignage que nous apporte Josef Schovanec (un témoignage qui, contrairement à ce qu’indique la couverture, n’est néanmoins pas « unique », puisque d’autres autistes, Asperger ou non, ont d’ores et déjà partagé leurs impressions).
Je dois dire que j’ai tout simplement a-do-ré l’humour de l’auteur, un humour extrêmement fin qui traverse le roman, j’ai totalement adhéré à son regard sur le monde actuel, je suis d’accord avec lui sur tellement de réflexions que c’en est effrayant.
Josef Schovanec trouve les mots justes, ceux qui font mouche et m’ont fait éclater de rire plus d’une fois. Que ce soit quand il parle de son amour pour la langue germanique (que je partage, comme vous le savez, et son analyse m’a vraiment plu ! j'adore quand il se remémore « ce délice d’attendre l’instant où, à l’approche du point final, les verbes accumulés allaient se loger, impeccablement conjugués, au bon endroit … » - oui, les phrases sont looooongues en allemand, et oui, le verbe vient à la fin et est particulièrement difficile à conjuguer !), ou encore quand il parle du changement d’attitude des gens lorsqu’il glisse dans une conversation qu’il a « fait » Science-Po.
Dans ce livre, tout en nous parlant de ses problèmes liés à l’autisme, il n’en parle pas. Etonnant, mais vrai !
C’est ce qui fait que ce livre se lit avec un véritable plaisir, en partageant ses réflexions mais aussi ses rires.
Nous l’accompagnons dans son récit, dans lequel il relate son vécu, ses déboires avec les psychiatres/psychologues et autres psy-, nous le savons angoissés devant le moindre rendez-vous, craintif devant l’idée de prendre un taxi – et pourtant, pourtant ce n’est que l’histoire de sa vie, il ne généralise pas, ne tente même pas de s’autoanalyse. Il constate. Il relate. Il livre son point de vue.
C’est un plaisir de lecture, puisque l’auteur est perspicace, vif et plein d’humour. Il sait rire de lui-même et des « attentes » de la société, il voit ses propres faiblesses, il se souvient des gaffes qu’il a pu faire, mais en tire toujours quelque chose de positif.
Josef Schovanec nous démontre, sans le vouloir, que l’autisme n’est ni un handicap, ni un avantage. C’est simplement … différent.
Même si l’autiste aura toujours du mal à s’intégrer dans la société actuelle.
Mais n’est-il pas exact que si l’autiste (savant ou non) a du mal à s’adapter au monde « réel » c’est simplement parce que les non-autistes (les « neurotypiques ») sont plus nombreux et imposent donc leur façon de vive ? Je ne le sais pas, mais la question est intéressante.
Josef Schovanec est un personnage que vous avez peut-être, comme moi, découvert à la télévision. Il parle de façon précise et intelligente même si son débit reste monotone. Il est le premier à le reconnaître et à le souligner. Il a des difficultés à dire un simple « bonjour » - mais maîtrise au moins une dizaine de langues (et d’autres encore, mais si ce n’est parfait, on ne compte pas). En l’écoutant, ou en le lisant, son esprit fin ne peut que faire sourire.
Josef Schovanec est pour moi quelqu’un qui démontre bien le fait que l’Asperger n’est pas handicapé, qu’il a juste une façon de fonctionner et de penser distincte, une perception différente.
D’ailleurs, aucun Asperger ne se ressemble à l’autre ! Sauf qu’ils ont tous un esprit particulièrement vif, et à ma connaissance et d’après mon expérience ils ont tous un humour mordant.
Le témoignage de l’auteur m’a fasciné, parce qu’il ne généralise pas. Il nous livre sa vie, partage ses idées, ses perceptions. Il n’impose rien !
Son expérience personnelle en devient d’autant plus prenante !
J’ai par ailleurs apprécié que Josef Schovanec tente de parler de ce qu’il faudrait changer pour aider les autistes, « savants » ou non. Là encore, il s’agit de simples idées, mais logiques et intelligentes. Il faudrait notamment moins de théories, de discussions sur les classifications, de réflexions sur une cure (dont personne ne veut), et bien plus d’aide concrète !
Josef Schovanec propose, entre autres, plus d’AVSi et une formation plus adaptée de ces personnes qui accompagnent les enfants autistes (ou autres) dans l’école … et bien, il sera ravi d’apprendre que depuis l’édition de son livre il n’y a plus d’AVSi ….. Voilà un véritable métier qu’il s’agissait de développer et non pas de condamner !
Il y a toutefois quelque chose qui m’a manqué dans ce livre :
Des explications permettant d’aider les personnes non autistes à comprendre et donc aider un enfant autiste ou même un adulte autiste, une tentative d’explication de ses problèmes, de ses perceptions, une proposition d’astuces.
Ainsi j’aurais adoré savoir comment l’auteur a surmonté le problème de la surcharge sensorielle, quelles étaient ses astuces personnelles ? Comment sortir d’une crise autistique, comment faisait-il ? Comment se débarasser, alors qu’on est encore jeune, des stéréotypies (comme le « flapping », le célèbre battement des mains) ? Comment surmonter une angoisse en particulier ?
Oui, chaque autiste développe ses propres stratégies, tout parent d’autiste cherche, de façon individualisée, d’aider son enfant, certains y parviennent d’autre non, certains ont la patience, d’autres non. Mais des idées sont TOUJOURS le bienvenu.
Cela pourrait être le sujet d’un deuxième livre ……
Bref, ce livre est absolument fascinant.
Si vous êtes sensibles au sujet de l’autisme (savant ou non), LISEZ-LE.
Si vous êtes curieux de découvrir un regard vif - et totalement libéré des impératifs de la société - sur le monde, lisez-le !
Si vous êtes de près ou de loin concerné, c’est à lire ! Même si cela n’aidera pas le parent d’un enfant qui vit avec l’autisme (savant ou non).
POUR LES CURIEUX :
Si vous êtes curieux de lire plus, voici d’autres livres à lire :
L’inévitable « Je suis né un jour bleu » de Daniel TAMMET (autiste Asperger), qui nous permet d’entrer dans la tête d’un autiste « savant » dès son enfance ; voici mon commentaire : http://edenlalu.centerblog.net/59-daniel-tammet-je-suis-ne-un-jour-bleu
Pour ceux qui souhaitent expliquer l’Asperger à des enfants, avec des mots simples et des images parlants, ne négligez pas « All cats have Asperger syndrome », un livre-photo de Kathy Hoopmann (malheureusement jamais traduit en français, mais extrêmement facile à comprendre même avec un anglais de base) : mon commentaire : http://edenlalu.centerblog.net/267-kathy-hoopmann-all-cats-have-asperger-syndrome
Ou encore « Moi, l’enfant autiste » coécrit par Judy Barron (la mère) et Sean Barron (l’enfant autiste devenu adulte). Je ne l’ai pas commenté sur mon blog, mais il est assez intéressant puisque, justement, il y a les deux regards – l’enfant, qui, de son point de vue a une enfance quasi normale et qui ne comprend pas, et celui de la mère, désespérée.
Et bien d’autres.
Puis, pour aller encore plus loin, rejoignez les groupes sur Facebook ! Il y a d’excellentes pages, tenues souvent par des Asperger, qui permettent de poser ses questions, d’interagir, de partager son expérience, et surtout de RIRE ensemble ! Vous y trouverez par exemple une page relativement récente mais très active, la page « Asperger Syndrome Awareness » (anglopohne) ou encore la page (également anglopohne) « Asperger Awareness Community » qui propose de débattre et échanger au sujet de deux thématiques par jour.
Et bien bien plus encore.
Puis il y a une multitude de blogs, si vous le désirez je pourrais vous en proposer à titre individuel (il suffit de me contacter par la page « contact »).
Gérard PIOUFFRE – Nous étions à bord du Titanic
Ce livre est presque unique puisque son auteur a collecté de multiples témoignages afin de retracer la très courte vie du paquebot célébrissime Titanicafin de nous livrer un récit passionnant qui nous fait revivre non pas seulement le drame, mais toute l’aventure maritime qui s’est terminée de façon si terrifiante.
La particularité est qu’il ne se contente pas de conter le naufrage, mais il nous amène à bord du Titanic lors de sa première mise à l’eau, nous suivons l’équipage, des chauffeurs jusqu’au capitaine, ainsi que les passagers, de la troisième à la première classe et nous découvrons le navire alors qu’il brillait au firmament, que tous les espoirs étaient permis. Nous comprenons ses particularités, nous découvrons les petits accrocs dans un navire, les dangers insoupçonnés d’un tel voyage (comme le charbon de mauvaise qualité qui peut s’enflammer).
Et dès le début nous savons que le Titanic n’a plus que deux semaines à vivre. Nous voyons approcher cette terrible date fatidique – et au fur et à mesure nous avons du mal à nous contenir, puisque le destin funeste est tellement inévitable et en même temps tellement inattendue !
Ce qui m’a véritablement plu dans cette collection de témoignages c’est que j’ai pu comprendre ce que c’était, un paquebot, à cette époque, ce que cela représentait, comment l’équipage ou les passagers perçoivent la vie à bord.
Tout commence le plus normalement possible avec l’équipage qui prend ses repères, fignole les derniers détails, puis nous découvrons quelques passagers des trois classes, nous réalisons bien mieux comment le voyage se déroulait : exactement comme cela avait été prévu !
C’est cela qui est le plus fou.
J’ai commencé à lire, et malgré le fait que les témoignages soient plutôt techniques, surtout au début, c’est très prenant ! Comme nous avons tous un minimum de connaissances, lire les détails devient véritablement précieux, puisqu’à chaque instant nous savons qu’au-dessus du Titanic est suspendue cette épée de Damoclès et nous savons que le poil se rompra dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 !
Il est étonnant qu’il soit possible de rendre même l’inspection d’un paquebot aussi passionnant.
Les témoignages se croisent souvent, le même petit incident sera décrit de différents points de vue, permettant un regard d’ensemble.
Si, dès le début de l’ouvrage, nous cherchons des indices qui auraient pu permettre de prédire le désastre, il n’en reste pas moins que le voyage se déroule normalement. Rien ne laissait prévoir la catastrophe.
La nuit même du désastre, tout est tellement soudain, tout d’un coup le navire est perdu ! Nous la savions, et pourtant …
Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman, c’est justement que Gérard Piouffre n’insiste pas sur la nuit même qui a rendu le Titanic tristement célèbre, mais qu’il nous fait découvrir l’intégralité de la courte vie de ce navire, de sa conception jusqu’à sa disparition au fond de la mer glacée. C’est d’autant mieux que je pense que les images du film de James Cameron – que j’ai nécessairement en tête comme certainement beaucoup d’entre vous - m’auraient gâchée la lecture. Ici, le drame est présenté comme ce qu’il est : la fin du paquebot le plus luxueux de son époque.
Pour ceux qui s’intéressent de près ou de loin à ce désastre maritime, ceci est un roman facile à lire, un complément presque indispensable grâce à son aspect très instructif et son accessibilité.
Je tiens à remercier tout particulièrement FranceBleuAzur et sa rubrique « une minute pour un livre », qui m’a fait connaître cet excellent livre que je n’aurais certainement pas lu sans cela !
Christine BARON – Le Soleil foudroyé : bouleversant !
'Le Soleil foudroyé' touche un sujet aussi délicat que terrible et il est écrit avec des mots d’une telle justesse que j’avais du mal à croire qu’il ne s’agissait pas réellement d’un témoignage bouleversant - pour apprendre postérieurement que c'est exactement ce qu'il est !
Un livre impressionnant par sa force.
Un livre que j’ai failli ne pas acheter compte tenu de son extérieur particulièrement peu engageant, tellement hideux qu'il en a certainement découragé plus d'un. Et je ne parle pas seulement du recto mais également du verso.
Je sais, je sais : on ne juge jamais un livre par sa couverture. Mais il y a un minimum.
Laissez-moi une seconde pour étaler ma verve sur ce sujet, je pourrais alors aborder en toute quiétude le contenu émouvant :
La couverture, vous le voyez dans mon image d’illustration, ne donne pas envie. Au contraire. Déjà, aucun lien (du moins je n’en vois pas) avec le sujet, je n’y vois pas l’héroïne, absence de couleurs, dessin totalement fade. Et c’est quoi ces fleurs et autres chichis ? On dirait qu’il s’agit du dessin d’une copine qu’on a pris pour lui faire plaisir. J’espère que c’est ça !
Puis le quart de couverture, attention, ça s’aggrave : un effort littéraire insipide et passe-partout, un enchaînement de mots pompeux qui ne parvient même pas à donner au futur lecteur une idée du contenu ! Je me permets, à la fin de mon article, de reproduire ce quart de couverture afin que vous puissiez mesurer les dégâts !
Rien à voir avec le style du roman, je vous rassure tout de suite !!
Et, pour finir, l'indication "roman" figurant sur la couverture est erronée et m'avait induite en erreur.
Enfin, à la fin de ma petite chronique, si cela vous intéresse, je vous dirais pourquoi j’ai finalement acheté ce livre - puisque jusqu’ici cela semble tenir du miracle !
L’histoire est bouleversante :
C’est l’histoire de Marine, une jeune fille de dix-sept ans, pleine de vie, de projets, dont les yeux étincellent de malice, une fille qui éblouit par sa vitalité et sa joie de vivre et qui s’élance vers un avenir emplie de promesses.
Mais à l’âge où elle s’apprête à découvrir la vie adulte, à peine sortie de l’adolescence, on lui découvre un cancer. Première opération, première chimiothérapie. Quelques mois de répit, Marine reprend sa vie, ses projets, son sourire, ses rires ensoleillés.
Mais le cancer, maladie insidieuse, revient, plus virulente encore, ses métastases envahissent Marine qui doit affronter une nouvelle chirurgie, un traitement encore plus lourd.
Nous vivons cette maladie non pas à travers les yeux de Marine, ni même de ceux sa mère, mais de sa grand-mère. Elle adore sa petite fille, admire sa joie, sa jeunesse, découvre à ses cotés maints endroits, maintes facettes brillantes de la vie.
Cette grand-mère souffre de façon incommensurable, comme toute grand-mère dans la même situation. Elle voit sa petite-fille dépérir, sa joie de vivre toujours aussi vivace mais son énergie drainée par la maladie. Elle observe toute la famille, se battre pour accompagner Marine sur ce terrible chemin. On sent, comme elle, que Sab, la mère de Marine, lui épargne de nombreux détails qu’elle ne serait pas en mesure de supporter, et c’est ainsi que l’on épargne également au lecteur les aspects les plus terrifiants, les douleurs, la souffrance, la décrépitude, que nous ne voyons qu’en filigrane entre les lignes.
Quand je lisais ce livre, je pensais tenir entre mes mains un excellent roman, écrit avec une sensibilité incroyable. Une telle justesse de mots, des émotions si profondes, des images cruellement réelles, Dieu accusé par le terrible : "pourquoi elle?".
La précision des émotions serait presque gênante s’il s’agissait d’une histoire romancée ; elle est poignante lorsqu'on comprend qu'il s'agit d'une histoire vécue.
L'auteur possède une sensibilité extrême doublée d’un grand talent pour transcrire les émotions, transmettre la douleur des épreuves vécues sans jamais s’apitoyer.
L’écriture est tellement … juste, je me répète, mais c’est le mot exact, qu’on ne peut imaginer un monde dans lequel Marine n’aurait pas vécu. Une écriture simple dans laquelle chaque mot atteint son but.
Même le titre me semble très bien choisi : le soleil foudroyé - Marine abattue alors qu’elle s’envolait pour la vie.
"Le Soleil foudroyé" n’est pas un livre larmoyant. Pas du tout. C’est un roman sur la fatalité.
La seule observation que je pourrais faire est celle des virgules, parfois placées de façon assez étonnante.
Voilà donc pour ce livre très touchant que je ne peux que conseiller.
Quand je pense que j’ai repoussé la lecture de ce petit – mais intense – récit (140 pages) pendant des mois en raison de ses habits !
Car maintenant, afin que vous compreniez pourquoi je ne peux que secouer la tête devant le dos du livre, je me permets de vous livrer le quart de couverture, celui auquel nous nous reportons lorsque nous pensons à l’achat d’un livre, qui est donc déterminant et qui doit A) nous renseigner sur le sujet et l’histoire et B) nous donner envie ; mais surtout C) il ne devrait pas nous donner envie de vite reposer le roman sur sa pile pour passer au prochain.
Ce quart de couverture a été rédigé par un autre écrivain, dont je n’achèterai donc certainement aucun livre puisqu’il n’est pas parvenu à atteindre les buts A) et B) pour atteindre directement l’objectif C) !
Voici donc, mot pour mot, ce que nous dit le dos du livre ; n’oubliez pas que, normalement, vous ne savez pas encore de quoi parle le roman, vous n’avez aucune indication si ce n’est l’atroce couverture. Imaginez donc, vous lisez ceci :
Il y a un petit soleil dans cette Marine, un prénom bleu, qui, tel un infini indique la ligne d’horizon entre ciel et mer. Un petit soleil qu’un nuage vient obscurcir.
Elle oppose à la destinée qui s’annonce, sa fraîcheur, sa jeunesse, son sourire.
Une marche en apesanteur, des silences comme autant d’interrogations sur cet avenir qu’elle croit pouvori enserrer dans l’espérance, des mots recouvrant le champ extensible des questions, auxquelles les réponses n’offrent que des échos perdus dans le lointain.
C’est cet horizon qu’explore Christine Baron.
Elle construit un univers de sensations éparses au gré d’une sémantique aussi intense que l’intensité des phares issues d’un microcosme duquel elle fait émerger l’âme d’un vécu admirable et poignant.
Et l’on ne saurait lire cet ouvrage sans y consacrer la même intensité.
Un paradoxe sans doute que de devoir dédier à la jeunesse, la beauté et l’innocence de Marine cet intarissable éloge.
Déclamation du cœur qui dépasse, et de loin, la fin ou les débuts d’une existence brisée, pérennisée dans la mémoire des souvenirs.
Joseph GIUDICIANNI
Ecrivain et Conférencier
Et voilà : insipide, se voulant littéraire, muet sur le coeur du roman.
Ce n’est pas en nous noyant sous des mots que nous aurons envie d’en lire plus !
Maintenant je lève le voile sur le mystère :
Comment en suis-je venue à acheter ce livre ?
Je l’ai acheté au festival du livre de Nice de 2011, et c’est un pur hasard. L’auteur, Christine Baron, se trouvait cernée par deux autres écrivains ; ne parvenant pas à défendre efficacement sa place à la table contre ses deux voisins, elle était assise très légèrement en retrait. Je ne me souviens pas des autres romans exposés autour du « soleil foudroyé », mais la couverture était certainement plus engageante puisque je me suis approchée.
A un moment j’avais donc son roman à la main et alors Christine Baron s’est penchée en avant pour me parler. C’est là que j’ai croisé son regard pour y découvrir un feu, que dis-je, un brasier.
Je ne saurais dire ce qu’elle m’a dit ; à cet instant, je tentais encore désespérément de déchiffrer le sens profond du quart de couverture en me débattant avec « l’intensité des phares issues d’un microcosme duquel elle fait émerger l’âme d’un vécu admirable et poignant » - que voulaient me dire ces mots ?
Le fait est qu’elle paraissait habitée par une intelligence étonnante et j’ai ouvert le livre pour faire un essai de lecture.
Soulagement, c’est écrit de façon normale !!!
Pas de tournures littéraires incompréhensibles ni d’alignements de mots à cinq syllabes.
Et voilà, je l’ai acheté et j’ai bien fait !
J’espère seulement que le prochain roman de Christine Baron bénéficiera d’une mise en page globale un peu plus adéquate !
Petite note de fin :
Lorsque j’ai publié ce commentaire, j’ignorais qu’il s’agissait d’un témoignage, je l’avais donc classé dans la rubrique « littérature générale » ; vous l’y avez peut-être lu. Je m’y étonnais tout particulièrement comment quelque auteur que ce soit, quel que soit son talent, puisse parvenir à transmettre autant d’émotions si cela sort de l’imaginaire.
J’ai appris quelques jours plus tard qu’il s’agissait d’un témoignage, présenté par l’éditeur comme « roman » (mais tout de même dans une catégorie « histoires et témoignages »).
J’ai donc modifié très légèrement mon commentaire et l’ai glissé ici, à sa véritable place.
Anne-Dauphine JULLIAND : Deux petits pas sur le sable mouillé
Un témoignage bouleversant que celui de cette mère qui écrit avec son cœur en pleurs mais sans jamais, jamais tomber dans le pathos.
Ce livre au titre poétique et à la couverture tendre cache une histoire terrible pour nous donner une leçon de courage, non, pas de courage, d’amour.
Tout commence sur la plage, la petite Thaïs marche dans le sable mouillé, elle n’a pas encore deux ans. Sa mère s’aperçoit alors que son pied tourne un peu vers l’extérieur, juste un tout petit peu …
Suite à divers examens, le plus terrifiant des verdicts tombe : Thaïs est atteinte d’une maladie génétique rarissime, la leucodystrophie métachromatique. Il s’agit d’une maladie dégénérative à l’issue fatale. L’espérance de vie est très limitée et se compte en mois.
C’est une maladie diabolique qui prive les enfants de tout ce qu’ils viennent d’acquérir et bien au-delà ; la petite Thaïs perdra l’usage de ses jambes, ne tiendra plus assise, elle perdra la vue, l’usage de la parole ….
Sa mère, auteur du livre, assiste, impuissante, à la bataille que livre sa petite fille si courageuse qui garde pourtant toujours le sourire.
Malgré leurs cœurs tétanisés par la douleur, Anne-Dauphine Julliard et son époux Loïc accompagnent ainsi leur fille, l’entourant d’amour, jamais de tristesse. Celle-ci, on la sent à chaque ligne, mais Thaïs, elle, ne la découvrira pas.
Impossible de lire ce livre sans se sentir blessé, tout au fond de son âme.
Une seule et unique chose est pire que de souffrir d’une maladie dégénérative à l’issue fatale de ce type - c’est que c’est son enfant qui en souffre.
Anne-Daupine Julliand décrit la vie, la maladie, le déclin, les épreuves de façon simple, sans jamais se plaindre. Si à aucun moment la souffrance ne quitte les pages, le sourire y est également. Dans les yeux de Thaïs. Dans la sagesse enfantine de son grand frère Gaspard. Dans les instants de bonheur partagé.
Une famille éprouvée, doublement puisque la petite sœur de Thaïs est également atteinte de la même maladie.
Mais une famille qui a découvert le véritable amour et affronte ensemble les moments les plus douloureux.
J’admire le courage de ces parents qui parviennent à réaliser l’impossible : « ajouter de la vie aux jours lorsqu’on ne peut plus ajouter de jours à la vie » ; c'est une phrase qui guidera la famille de Thaïs à chaque instant.
Maintenant, vous vous demandez pourquoi je lis des témoignages aussi terribles, est-ce du voyeurisme ? Non, aucunement. Je cherche le secret. Comment font ces parents qui affrontent le pire ? Comment sont-ils parvenus à sauvegarder leur amour ? Comment ont-ils survécu ?
Le souffle nous manque lorsque notre enfant souffre.
Et lorsque nous affrontons des épreuves aussi éprouvantes, nous avons besoin de savoir comment font ceux qui surmontent des choses bien pires encore.
Je remercie la famille de Thaïs de partager ce secret.
Je n’ai rarement eu une telle admiration pour quelqu’un. Aucun « héros », aucun conquérant, aucun soldat, nul ne pourra être plus courageux qu’un parent qui se bat aux cotés de son enfant malade dans une guerre perdue d’avance.
Je retiendrai deux choses qui me serviront tout au long de ma vie, et je remercie Anne-Dauphine Julliand d’avoir livré une petite partie de son secret :
A chacun son propre Everest.
Quand il ne reste rien, il reste toujours l’amour.
Natascha KAMPUSCH - 3096 jours
(traduction française à paraître fin octobre 2010)
Voici donc le récit autobiographique de la jeune Natascha, enlevée en 1998 à l’âge de 10 ans, une fillette qui a passé les 3096 jours suivants, soit plus de huit ans, dans un petit cachot aménagé par son ravisseur au sous-sol de sa maison, à moins de vingt kilomètres de son domicile.
Cinq mètres carrés. Pendant plus de huit ans…. Déjà, cela fait frissonner.
Quand elle parvient à se libérer, elle a dix-huit ans. Elle a laissé au fond de la cave spartiate son enfance.
Natascha Kampusch décrit sa captivité telle quelle l’a vécue, mais avec sa compréhension d’adulte, son analyse d’aujourd’hui, sa maturité de femme, ce qui rend le témoignage d’autant plus saisissant.
Elle nous décrit les faits, nous explique ce qu’elle a ressenti à cette époque et comment elle s’explique la situation aujourd’hui, avec le recul. Elle nous livre ainsi une analyse murie et personnelle.
On sort du livre avec une profonde admiration. Une petite fille dont l’enfance était une torture et un isolement constant est parvenue à survivre intacte pour devenir une jeune femme forte et sans amertume qui refuse dorénavant qu’on lui dicte sa conduite.
Son histoire bouleversante débute avec un rappel de son enfance. J’ai été étrangement touché par ce premier chapitre dans lequel elle résume ses dix premières années, les seules années d’enfance qu’elle n’aura jamais : on y découvre une petite fillette mal dans sa peau, boulotte, qui mouille encore son lit, ballottée malgré elle entre deux parents divorcés, avec une mère parfois trop distante et trop dure. Après avoir lu les premiers chapitres je me suis dit que le ravisseur a fait bien plus que voler son enfance : il a privé Natascha Kampusch de l’opportunité de modifier cette image de la vie de famille, elle est restée sur son impression de petite fille.
Puis Natascha Kampusch partage l’horreur qu’elle a vécu, qui est bien pire que ce que l’on imaginait en regardant les informations : emprisonnée dans une cellule de cinq mètres carrés dont elle ne sortira qu'à de rares occasions sous étroite surveillance, sans lumière du jour, sans fenêtre, sans air frais, sans soleil, sans rien, le ravisseur l’a privé d’absolument tout, de tendresse, d’amour, d’amis, pour la plonger dans un monde de douleur et de peur.
Elle a vécu huit ans dans ce petit réduit dans lequel l’air lourd était amené par un petit ventilateur. Ce ventilateur si indispensable était pourtant le cauchemar de la jeune femme puisqu’il était aussi le seul bruit dans le silence de sa cellule, un bruit qui semble avoir poussé N. Kampusch au bord du précipice de la folie, avec son bruit sifflant incessant.
Le seul et unique contact humain, c’était Wolfgang Priklopil, son ravisseur, qui la battait violemment dès qu’elle regardait dans la mauvaise direction, qui la torturait physiquement et mentalement. Cet homme se prenait pour Dieu dans le monde qu’il avait créé, il décidait de la lumière et de l’obscurité, la laissant des jours durant dans le noir le plus complet, il décidait si et combien elle pouvait manger, si oui ou non elle avait le droit de lire … Un contrôle absolu de tous les aspects de sa vie.
Pour survivre, N. Kampusch a décalé sa perception du monde, oubliant la réalité, vivant dans l’attente de la prochaine ration d’aliments et dans la crainte des prochains coups. Elle pense que ce qui l’a sauvé c’est sa jeunesse, car en tant qu’adulte elle n’aurait jamais pu admettre une telle impuissance, seul un enfant pouvant être capable d'accepter un monde aussi incompréhensible.
N. Kampusch décrit aussi comment l’isolation constante, la privation des sens dans le sous-sol, toutes ces tortures ont créé une véritable prison psychologique autour d’elle, la privant presque totalement de toute possibilité de fuite.
C’est une histoire angoissante, digne d’un livre d’horreur.
En août 2006, après huit ans, une première seconde d’inattention de son ravisseur permettra à Natascha Kampusch de s’échapper.
Elle a survécu, ce qui est étonnant, s’est libérée de son propre chef, ce qui est inimaginable et a gardé son identité et sa dignité, ce qui est miraculeux.
Natascha Kampusch fait quelques petites parallèles avec l’enquête policière : à plusieurs reprises la police aura l’occasion de mettre la main sur le ravisseur … mais ces pistes ont été négligées. Si la police les avait suivies, Natascha Kampusch aurait eu une enfance. Sans véritablement dénoncer ces fautes aux conséquences dramatiques pour la jeune femme, elle les soulève tout de même pour ne pas oublier.
Je souhaite également souligner le regard qu’elle porte sur les gens qui parlent de « syndrôme de Stockholm ». Il s’agit de personnes ignorantes, qui pensent pouvoir imaginer une telle situation, ce qui est impossible. Elle s’en défend, mais je trouve personnellement qu’il était inutile de le faire puisque, en lisant le livre, on note bien qu’elle n’a à aucun moment éprouvé un quelconque amour malsain pour son ravisseur. Il aurait été impossible à la jeune femme de cacher aussi habilement un sentiment amoureux. Seulement, elle a montré plus d’humanité que la plupart des gens et a compris que même Priklopil n’était pas né monstrueux. Qu’il avait, quelque part au fond de lui un reste de « blanc », d’humanité.
Daniel TAMMET : Je suis né un jour bleu – voyage dans le cerveau d’un autiste savant
Daniel Tammet, c’est le jeune homme qu’on a pu voir à la télévision, un jeune homme plutôt séduisant au regard intelligent, qui parlait parfaitement français – comme il parle parfaitement toute langue qu’il souhaite apprendre.
C’est également lui qui a battu le record de mémorisation du chiffre PI, vous savez, le 3,14…… Et bien, lui, pendant des heures et des heures, il a récité les chiffres suivant la virgule, battant un record étrange : il a mémorisé les 22 514 premières décimales de ce chiffre mythique.
Comment a-t-il fait pour mémoriser cela ?
Comment fait-il pour multiplier plus rapidement qu’un ordinateur des chiffres ?
Comment fait-il pour apprendre une langue en une semaine ?
Quel est ce syndrome autiste dont il est atteint ?
J’étais intriguée.
Et j’ai donc acheté ce livre témoignage pour découvrir un enfant autisteAsperger, un enfant autiste dit "savant".
Aujourd’huiDaniel Tammet n’est pas guéri, on ne guérit pas d’un autisme,Asperger ou non. Mais il a appris à vivre avec sa particularité, s’y adapter. Car l’autisme n’est pas une maladie, c’est une particularité, un cerveau qui ne fonctionne pas de la même façon. L’autiste ne comprend pas nos codes sociaux, il ne peut pas « communiquer » comme nous, impossible pour lui de comprendre le sens des comportements de personnes qui l’entourent.
Oui, ce jeune homme qui vit aujourd’hui en couple était un enfant totalement enfermé dans sa bulle, un enfant qui se balançait, un enfant qui se cognait la tête de manière répétitive contre un mur, qui avait des crises violentes,était épiléptique, un enfant qui répétait inlassablement les mêmes gestes.
Si vous avez vu le film Rain Man, vous comprendrez mieux de quoi souffre Daniel Tammet : de la même chose que Raymond Babbitt, l’autiste interprété à l’écran par Dustin Hoffmann.
Ce témoignage nous emmène donc dans le monde deDaniel Tammet.
Le jeune homme tente de nous montrer comment fonctionne son cerveau, comment il fait notamment pour calculer. Si vous espérer l’imiter, je ne pense pas que la lecture vous aidera à en faire autant, je peux vous le dire !Daniel Tammet visualise les chiffres. P.ex. son fameux chiffre Pi, et bien, il le voit comme une ligne ressemblant vaguement à un tracé d’ECG, avec ses hauts et ses bas.
D’ailleurs, le titre de son témoignage est pourDaniel Tammet très parlant, puisque, pour lui, il est effectivement né un « jour bleu » : il est né un mercredi, et les mercredis sont toujours bleus, comme le chiffre 9, comme les bruits d’une dispute …
Les calculs, pour lui, se présentent comme des dessins, le résultat est évident à ses yeux.
Dans ce petit livre on suit Daniel de sa plus tendre enfance jusqu’à l’âge adulte, à travers ses difficultés, ses traitements, ses défis personnels. Aujourd’hui,Daniel Tammet sait qu’il est différent, il a totalement intégré son particularisme et en a fait une force.
C’est un livre impressionnant, car on s’aperçoit que le cerveau peut fonctionner de milles façons différentes, il peut produire des merveilles comme des horreurs.
Et il faut tirer notre chapeau devantDaniel Tammet qui est parvenu à sortir de sa bulle, à s’intégrer dans la société. N’oublions pas qu’il n’en comprend toujours pas les codes – il compense par son intelligence.
J’étais également touché par les mots qu’il a pour ses parents, qui malgré les difficultés, les colères, les pleurs l’ont aimé sans conditions, se sacrifiant pour l’aider, petit à petit, jour après jour. PourDaniel Tammet, ses parents sont ses héros.
Et je me pose la question, combien d’enfants sont là, dehors, à être incompris, à être traité de débiles, d’idiots, à être exclus de nos écoles alors que leur cerveau fonctionne plus vite mais différemment ? Qui leur apprendra à s’intégrer ? Qui aide leurs parents à les aimer comme les parents deDaniel Tammet l’ont fait ? Cela m’inquiète. Imaginez la perte, siDaniel Tammet n’avait pas eu l’occasion de se réaliser ? S’il était resté enfermé quelque part, dans un institut ?
Un livre témoignage bouleversant.
Sandra SCHADEK - Ich bin eine Insel
Il s'agit de l'histoire autobiographique de Sandra Schadeck, 38 ans aujourd'hui, qui vit avec la terrible maladie ALS. Cette maladie lui retire inexorablement toute force, tout muscle, toute mobilité et surtout toute indépendance.
Je ne connaissais rien de la maladie terrible dont souffre Sandra Schadek, mais cela m'intriguait.
Dans les premières pages j'ai découvert ..... moi !Sandra était une jeune femme pleine de vie, sure d'elle et de son corps, sportive, drôle, à qui l'avenir souriait.
Et puis les petits soucis de santé qui commencent pour Sandra, le pied qui ne suit plus, le sport qui devient difficile, les gens qui regardent, murmurant dans son dos. Puis le diagnostic de sa terrible maladie.
Sandra nous décrit son chéminement intérieur non pas pour accepter la maladie, elle ne pourra jamais, mais pour vivre avec elle.
Surtout, nous vivons avec elle la fin de la liberté, de l'indépendance. Sandra, cette fille si pleine de vie, doit accepter le fauteuil roulant, la dépendance. Elle doit également accepter une nouvelle image d'elle-même. Des choses simples lui deviennent impossible : caresser son chien, chasser une mouche, bouger son bras pour trouver une position plus confortable.
Sandra livre une bataille impressionnante au quotidien, sans jamais abandonner, avec un optimisme qui me laisse muette d'admiration. Le tout en sachant que jamais, jamais cela n'ira mieux.
Tout cela, Sandra Schadeck le raconte avec des mots presque joyeux. Le ton du livre reste léger. Sa prison, son île, c'est son corps, mais son intellect et sa joie de vivre sont d'autant plus flamboyants.
Ce livre m'a marqué, car c'est l'histoire vraie d'une femme extraordinaire
Note : Sandra Schadek est décédée le 18 janvier 2015. Elle nous laissera la mémoire d'une femme forte malgré la faiblesse de son corps.