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Date de création : 17.02.2012
Dernière mise à jour : 23.02.2016
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SAN TRP 93MC HG

Publié le 23/02/2016 à 20:13 par eazyabdallah Tags : jardin merci monde bonne photos histoire nuit texte livre neige
SAN TRP 93MC HG

Cliché ( de Chelmi73): RISK2 par SAN, gare d'Epinay, 1985.

SAN: "Cool!! Fait de nuit sous la neige tombante. Sacré souvenir où je tapais mes doigts contre le mur pour les réchauffer un peu... Et le souvenir aussi de ne pas savoir à quoi il ressemblait jusqu'au lendemain, avec une bonne surprise, car j'avais eu une grosse galère de bombe pour les contours. Ça devait être à cause du froid..."

 

Eazy 'abdAllah: Salut SAN. Dans un livre (matière grise?), il est expliqué dans un texte, que tu as fait un ou quelques panels sur train de banlieue, aux alentours de 1986. Tu es réputé comme étant un des premiers à en avoir fait sur Paris. Tu en aurais fait quelques-uns et puis tu aurais arrêté, étant donné que quasiment personne n'en faisait et que ça ne "sortait pas". J'ai interrogé quelques graffeurs qui ont commencé à peindre fin 80-débuts 90, pour savoir quels étaient leurs premiers souvenirs de panels sur train de banlieue, mais ils m'ont dit que c'était plus vers 91-92, sur train et métro. Toi, de mémoire, as-tu vu d'autres panels sur train dans les années 80?

 

SAN: Salut. Je ne sais pas si je suis le premier à en avoir fait, car on était peu de graffeurs à cette époque et on ne se connaissait pas tous, surtout entre la banlieue nord et la banlieue sud. J'ai fait mon premier train sur la ligne H de la gare du nord, de nuit. C'était un "p'tit gris" en gare de Monsoult et il y avait le chauffeur et des contrôleurs qui se reposaient à l'avant... Je n'ai pu prendre que deux photos avec le flash, ce qui m'a fait partir en courant. Je ne l'ai jamais revu et je n'ai eu que le perso et pas le lettrage sur les deux photos. Il faut se dire qu'à l'époque, la SNCF et la RATP nettoyaient systématiquement. On tagguait surtout l'intérieur. On était très peu à tagguer et graffer, que ce soit dans les terrains tolérés, ou sur les voies et dans la rue. Le peu de graffeurs et de taggueurs de Paris et sa banlieue qu'on était, on s'est réunis dans le terrain de stalingrad et au jardin des tuileries. Du coup, on se connaissait tous ou presque, à part les solitaires. On connaissait le boulot de tous et très peu, voire aucun ne se risquaient sur les trains, à part ARION, qui m'en avait parlé, ainsi qu'aux BBC. Mais à part à eux (les BBC), lui, ne m'a jamais montré ses photos... Je pense qu'on avait tellement à peindre sur murs et vu qu'on ne voyait pas les trains peints, on s'entrainait dans les terrains, pour ensuite peindre sur les voies ferrées. A part ceux qui sont restés dans les terrains, nous, ensuite, on cherchait à faire de beaux lettrages compliqués. Il n'y avait pas de magazines de graff' ou hip-hop pour nous motiver à faire des panels, à part le fanzine "zulu-letters", qui était anti-tag et quelques articles dans des magazines branchés de l'époque, où on a pu voir dedans, le premier métro fait par DEENASTY et DJ CAMEL (JOYEUX NOËL) en '84. Puis les 2PC (FORCE ALPHA), avec ASPHALT, BLITZ et SAHO (ASH2) des BBC vers '85... Vers '88-'89, beaucoup de monde s'est mit à tagguer, influencés par les bandes et l'arrivée du rap hard-core. Puis les premiers magazines sont arrivés, avec les premiers RER, où j'ai fait les miens aussi sur gare du nord... En fait, je n'ai pas arrêté après ce panel, j'ai peint surtout sur voies jusqu'en '90, et j'ai repris plus occasionnellement de '92 à '95.

 

Ea: ARION t'aurait dit en avoir fait aussi à cette époque, alors? C'est juste histoire de réveiller des mémoires et, qui sait, peut-être qu'un jour, un ou des clichés sortiront?

S: La dernière fois que j'ai vu ARION, il m'a dit qu'il allait être reconnu comme un king, car il avait peint plusieurs trains. Après, je ne l'ai plus vu et j'ai appris par la suite qu'il était décédé dans un accident de scooter en Espagne. D'après les BBC, il leur aurait montré ces photos. Ils en parlent encore aujourd'hui. Et à part ASH2 pour son métro, les BBC n'ont pas fait de trains à mon souvenir...

 

Ea: Merci SAN!



Paris old-middle school

Paris old-middle school

SLINE SKC MST CAS

 

Eazy 'abdAllah: Salut SLINE et merci d'avoir répondu présent. En quelle année as-tu commencé à peindre et dans quel secteur?

Sline: J'ai commencé à faire des pochoirs vers 1986, puis dans la foulée, j'ai commencé à taguer SARBY d'abord et SPILUP ensuite, et vers 87, j'ai tagué SLINE... Alors c'était surtout à Nanterre, où j'habitais, puis Puteaux et Suresnes, la Défense.

 

Ea: Qui t'as donné envie de taguer? Qui éclatait le plus ta banlieue et qui avait le plus de style?

S: Ce qui m'a donné envie de taguer, c'est un article paru dans "le parisien" avec comme photo, une station de métro cartonnée par DEF, mais aussi, j'ai découvert le tag en allant au trocadero en bmx. Il y avait des skaters, des keums en roller, des danseurs et les premières bandes de zulus ou tagueurs. Dans le 92, il y avait les UCT de Colombes qui cartonnaient bien la Défense, puis ensuite, les DCM avec SP.ONE et SER. Niveau style, il y avait SEAZ NCK, puis KILE NCK que j'ai rencontré quelques fois. RASER et COR SKC, bande dont j'ai fait partie. SECT qui lachait des trucs de ouf pour l'époque, SINO qui commençait à faire des graffs, puis CRY qui débarquait de Paris avec le style des TCG. Au niveau du style de pochoirs, il y avait Esoterik Maskagaz qui bombait des pochoirs mortels vers Suresnes et la Défense. Maintenant, personne ne le cite.

 

Ea: Quel a été en premier lieu, ton support de prédilection?

S: Les supports de prédilection, au début, c'étaient les tables et les chiottes du lycée au marker onyx, puis les abribus au baranne blanc, les lieux abandonnés pour les pochoirs à la bombe, puis ensuite, les intérieurs de métro, les couloirs de correspondance et les stores de magasins.

 

Ea: Je trouve encore régulièrement des tags de toi et des autres CAS (CLICK, DEW, STRIKE, EKRAZ, etc...) datant de la belle époque, dans plusieurs endroits d'île de France (Pc, lignes D nord, D sud, C sud et dans Paris...). Faisiez-vous des graffs qui ont aujourd'hui disparu ou faisiez-vous des descentes juste pour faire des tags? Vous preniez le RER pour aller en "mission-peinture" ou faisiez-vous les voies au gré de vos soirées?

S: Les CAS faisaient les voies de RER et chemins de fer et c'étaient des missions préparées en général. Ils voulaient être présents sur toutes les lignes importantes. Souvent, le départ, c'était un graff, puis après, pour rentrer, ils cartonnaient en taguant...

 

Ea: Je crois savoir que vous faisiez les intérieurs de trains. Faisiez-vous aussi les carrosseries? Avez-vous fait des panels à l'époque?

S: En effet, on faisait beaucoup les intérieurs, surtout sur la ligne A. Puis DEON et STRIKE ont fait des flops sur les carrosseries et pour YANK, REAL, SET, CLICK et DEW, c'était du tag surtout sur carrosserie.

 

Ea: En quelle année as-tu commencé à voir des panels sur les trains? Et qui les avait fait?

S: Des panels sur train, il y en avait peu car c'était tout de suite effacé. Les mecs en faisaient peu. Ils préferaient taguer et non faire des graffs. Mais il y en avait que l'on pouvait voir passer par chance. Sur ma page d'archives que j'ai envoyé sur le site "funkolog", il y a des panels de SINO et RCF1 (1991).

 

Ea: Vous êtes-vous attaqué au métro? Et si oui, quelles lignes?

S: Oui, le métro, c'était surtout la ligne 2, puis les autres lignes, c'était au hasard de nos ballades. On taguait surtout les intérieurs. On a fait quelques stations au marker et des entrées de tunnels. YANK avait fait des tunnels de métro et CLICK a fait plusieurs tunnels de RER.

 

A: CLICK est reconnu comme étant quelqu'un ayant influencé du monde de par ses styles de tags sortant manifestement du commun à l'époque. Penses-tu qu'il ait eu une influence lui aussi? Et si oui, la ou lesquelles?

S: Pour l'influence de CLICK, en général à l'époque, c'étaient les CTK, NTM, TCG et DCM qui nous ont marqué...

CLICK: YANK pour le côté punk, BOXER pour le côté "partout", MODE2 pour le côté artistique et CREEZ 156 pour le côté "lieux insolites". ( merci pour l'intervention, CLICK!)

 

Ea: N'as-tu pas le sentiment qu'on attachait beaucoup plus d'importance au style à l'époque par rapport à maintenant où, pour beaucoup, c'est la présence qui compte le plus, au détriment de faire des belles lettres? Qu'est-ce qui peut expliquer ça selon toi?

S: C'est vrai qu'à notre époque, le style comptait beaucoup. On s'inspirait des meilleurs et on essayait de créer son propre style, ce qui n'était pas évident, car il ne fallait pas trop pomper sur quelqu'un, car si ça se voyait, ça pouvait créer des embrouilles... Il fallait inventer des lettrages alors des fois, on sortait des bons trucs, parfois, c'était pas terrible et on se faisait vanner. Il ne fallait pas faire de la merde comme on peut en voir maintenant. Les mecs veulent en faire partout même si c'est moche. Je pense qu'il y a trop de gens qui se sont mis dans le "street-art", mot que je n'aime pas, et qui font n'importe quoi pour se dire "street-artists"... Avant, c'était la rue qui te respectait ou pas et non pas internet, les médias ou les galeristes.

 

Ea: Tu as connu l'explosion du tag dans la capitale à la fin des années 90. Je sais que, personnellement, j'en vibre encore: les rues étaient re-tour-nées. Qu'est-ce que cela te remémore?

S: Niveau fin des 80's et début des 90's, ce qui me revient en tête, c'est souvent les premières classes de métro et de RER qui étaient cartonnées. Les portes aussi dans les couloirs de correspondances, ainsi que les armoires électriques sur les quais. Après, ils les ont recouvertes avec des pochoirs noirs, pour qu'on ne puisse plus écrire dessus. Les stores de magasins et les camions étaient cartonnés de tags, car il n'y avait pas trop de flops ou de graffs. Les styles de la première génération étaient visibles et pas effacés ou repassés, ça, c'était mortel, car on pouvait s'en inspirer. Puis j'ai le souvenir des stations retournées par les 93NTM ou les DCM, c'était la guerre, la rivalité entre eux!

 

Ea: Tu me parles des rues et du métro éclatés fin 80/débuts 90, mais pas de la fin des années 90 où c'était vraiment déchiré...

S: En fait, fin des années 90, c'était cartonné dans la rue et dans les terrains. Puis les tunnels ont commencé à être cartonnés, mais par contre, le grand nettoyage de Paris avait bel et bien déja commencé dans le métro ou le RER. Ils effaçaient presque tout, même les pubs taguées, les agents de nettoyage collaient un carré dessus.

 

Ea: Intéressant. En fait, les stations étaient bien plus pétées fin 80-débuts 90, qu'à la fin des années 90... Le métro en lui-même, ouais, c'est clair... Je me rappelle même que les intérieurs étaient encore un peu tagués fin 90-débuts 2000, mais maintenant, il n'y a pratiquement plus rien!...

S: Oui, le nettoyage des stations aussi ils ont mis le paquet. C'est pour ça que vers la fin des 90's, les mecs ont voulu faire comme à New-york, graver ou taguer à l'acide... Puis les graffeurs se sont rabattus sur les tunnels, les voies de chemin de fer, les murs d'autoroutes, etc...

 

Ea: J'ai cru savoir que tu étais parti de France. Etait-ce à l'époque où tu peignais encore? Est-ce que le graffiti t'as suivi? Quelle place occupe le graffiti pour toi à l'heure actuelle?

S: Oui, quand je suis parti de France en 1999, je faisais toujours des pochoirs et des tags. En fait, de 87 à 92, c'était surtout du tag dans Paris et banlieue et du pochoir sur tee-shirt et autre supports, mais pas dans la rue. Ensuite, de 93 à 96, j'ai mis de côté le tag et je me suis concentré sur des chevalets publicitaires de librairie, que je détournais et peignais au pochoir et avec d'autres techniques. Ensuite, j'allais les placer dans Paris, dans des endroits stratégiques. J'en ai peint plus de 25 en 3 ans. La mode du "street-art" n'existait pas encore... Puis de 96 à 99, j'ai repris le tag dans Paris au marker surtout, puis en continuant le pochoir dans des squats artistiques, puis en exposant dans des lieux alternatifs et dans un bar du 20ème. Maintenant en Guyane, je continue le pochoir dans des lieux abandonnés et le tag vandale, mais de manière moins intensive... A la cool...

 

Ea: C'est intéressant cette histoire de détournement de chevalets. C'était avant la mode qu'il y a eu à partir de la fin des années 90, notamment avec ZEUS et ses détournements de pubs. Tu étais seul à faire ça sur Paname? D'où t'es venue l'idée? Qu'est-ce que cela t'inspirait? Qui était dans ce "délire"? Et est-ce que tu as obtenu une "reconnaissance" de la part des tagueurs ou même de gens qui n'ont rien à voir avec ce procédé?

S: Les détournements de pubs existaient déja, mais pas comme maintenant. Moi, c'est en rentrant bourré une nuit d'une boîte de nuit de la Défense, que j'ai chourré mon premier chevalet publicitaire devant un marchand de journaux, en me disant: "ce style de panneau est pas mal, je vais en faire quelque-chose en le pochoirisant...". Je l'ai donc peint recto-verso et j'ai customisé les contours qui sont en rouge à l'origine (voir photo), puis j'ai fait une peinture qui était une déclaration d'amour pour une fille qui habitait à Suresnes et je l'ai posé devant sa sortie d'immeuble, attaché avec une chaîne et un cadenas. Ensuite, j'en ai fait un deuxième pour les mêmes raisons amoureuses pour une autre meuf, et je l'ai mis accroché à un poteau sur le parvis de la Défense et vu l'impact que cela a produit au niveau des passants, voila! J'avais trouvé mon moyen de communication et j'en ai mis plusieurs dans Paris, mais ce n'étaient plus des déclarations d'amour. Je peignais mes oeuvres et je les abandonnais dans Paname, toujours avec chaînes et cadenas... Pendant trois ans, j'ai fait ça. De 93 à 96, j'ai peint plus de 25 panneaux. C'était beaucoup de taf, car il fallait voler les chevalets, les chaînes et les cadenas. Les cartons pour découper les pochoirs, c'était de la récup', et le scotch dont je me servais beaucoup pour les contours, c'était volé aussi. Les beboms, volées et achetées, car c'était de plus en plus hard de les pécho. J'ai eu de bonnes retombées de la part de certains artistes et tagueurs. Il n'y a eu que deux ou trois panneaux qui se sont fait destroy, mais je ne me suis jamais fait toyer. Sinon, c'étaient les services de la mairie de Paris ou de nettoyage qui les enlevaient. Certains restaient en place quelques jours, d'autres plusieurs semaines, mais je n'ai pas eu la reconnaissance énorme que cela aurait pu avoir à l'époque, car j'étais le seul à pochoiriser ce genre de panneaux, et comme je te disais, ce n'était pas la mode actuelle du "street-art", j'étais trop en avance. Les tagueurs et graffeurs étaient souvent négatifs par rapport à la possibilité de peindre ailleurs que sur des murs, alors que maintenant, la plupart se mettent au pochoir et à d'autres techniques. Ça me fait bien rire toute cette hypocrisie... Puis j'ai eu pas mal de jaloux qui ont voulu pomper mon idée, mais qui ne sont pas passés à l'acte, vu que ça demandait toute une organisation et l'idée d'abandonner une oeuvre les effrayait, vu que certains pensaient déja à vendre et exposer pour la gloire en galerie. Ma démarche était libre. Je remercie au passage DEW CAS et CUBE (pote des DKA DKC de Nanterre), pour m'avoir aidé en voiture à voler et transporter mes panneaux à travers Paris. A chaque fois, c'était une expédition de jour comme de nuit, car les deux premiers, je les avais transporté sur mon dos... HAO, mon partenaire de pochoirs et frère de galère me l'a souvent dit, si j'avais fait ça dans les années 2000 ou 2010, j'aurais fini dans un bouquin au moins, mais maintenant, c'est perdu à jamais, je n'ai plus de tophs. Peut-être que des gens en ont gardé? Mystère...

 

Ea: Tiens, parle nous un peu de la scène tag/graffiti en Guyane.

S: En Guyane, il n'y a pas vraiment une "scène graffiti", il y a des peintres muraux au pinceau, puis des graffeurs de passage comme TAKT P19, 2RODE et d'autres qui viennent faire des fresques autorisées. Il n'y a pas trop d'illégal. Il y a des graffitis de bandes plus ou moins criminelles. Il y a Mesnager qui est passé avec ses bonhommes blancs, mais je suis un des seuls à taguer, lol. Il y a FREZ qui est passé il y a longtemps et JEAK qui a fait plusieurs flops et qui revient de temps en temps...

 

Ea: Quelles sont les plus belles histoires qu'il t'est arrivé à travers le graffiti à l'époque (fin 80/débuts 90)?

S: De 87 à 91, c'est la meilleure période de ma vie dans le graffiti. Trop de belles histoires et d'anecdotes à raconter, trop de souvenirs avec mes potes.

 

Ea: Des anecdotes croustillantes?

S: Un truc croustillant par exemple, j'ai refusé d'être dans les CAS à l'époque ou CLICK et STRIKE me l'ont demandé, car j'estimais que c'était trop tard. Donc j'étais toujours avec CLICK et DEW, mais je n'ai pas fait partie de cette équipe. C'est un peu long à expliquer en détails, mais on peut dire que j'ai fait partie des SKC et des MST et après, ce sont les gens qui m'ont considéré comme un des CAS. Pour YANK, j'en ai toujours fait partie, pour les autres, non.

 

Ea: Un mot de la fin? Une pensée? Un espoir?

S: Pour le mot de la fin, en ce moment, je délaisse un peu le pochoir, mais je suis toujours à la recherche du tag parfait. Alors je continuerais de taguer jusqu'à ma mort.

 

Ea: Des dédicaces?

S: HAO(rip), CLICK, DEW, YANK, REAL, STRIKE CAS. SINO DUC, CRY(rip), RASER, COR, REF SKC, STONE MST(rip), Le Bateleur(rip). Puis tous mes amis sur facebook, peace, je ne peux pas tous les citer...

 

Ea: Merci!

 

 

 

 



JACK2

Publié le 30/12/2014 à 14:43 par eazyabdallah Tags : moi paris jeune merci monde chez france société photos mort nuit message amitié chien bleu hiver voyage pouvoir patrimoine
JACK2

Paris, voies de gare du nord, 1994

 

Eazy 'abdAllah: Salut JACK2. En quelle année as-tu commencé à peindre et dans quel coin?

JACK2: Salut. J'ai commencé au collège, sur la ligne-est. Entre Meaux et Lagny-Thorigny, dans les trains. C'est là que j'ai fait mes premiers tags. Je n'avais pas spécialement de blaze, avec un pote, nous faisions des tas d'inscriptions dans les trains, sans avoir spécialement l'impression de taguer. On écrivait des slogans, des noms-communs. Ça devait être en '87-'88. Après, je suis allé au lycée sur Paris. A partir de là, je prends une claque monumentale: la capitale est éclatée... Des tunnels de métro, jusqu'en haut des murs. Par la suite, je suis allé habiter à Paris, et là, moins de temps pour rentrer chez moi, tu fais aussi moins tes devoirs... Je suis dans le 18ème, et sous mes fenêtres, c'est la ligne 2, et ça, c'est un truc énorme. Je vois essentiellement du MKC dans toute la capitale, du 93MC, BOXER, COLORZ, DOM, KADE, GALER, OLAF, DISTUR, YUBOY, LEGEND, KOOCE, SEEP, SKEZO, DEUCE, MAKE B, SEAN, GEO, AYE, BEEDI B, KISER, des métros éclatés, du TKE, SFAXE, FAREST. Du DEGRE, JACKSON, DOZER, KIRS, SHEED16, etc... J'en oublie plein!!

 

Ea: Quel a été ton premier blaze et ton premier crew?

J2: Mon premier crew, c'était CSR: Chapel Souk Ramadan / Contre la Ségrégation Raciale

 

Ea: Il y avait qui dedans?

J2: MAXXI, DECO, mais ils ont vite arreté. Après, j'ai bougé tout seul, pendant 2-3 ans.

 

Ea: Ça correspond à quelles années tout ça?

J2: 1990. En '91, j'ai vraiment commencé à capter ce qu'était le mouvement graffiti, les bandes de tagueurs, etc... C'est cette année là que j'ai commencé à faire des graffs. Le 1er à gare du nord, aux pieds des quais, et ensuite, à Stalingrad, pas dans le terrain super connu qui était déjà mort, mais dans les autres terrains du triangle 10-18 & 19ème arrondissements...

 

Ea: La discipline qui me fait vibrer le plus étant le tag, j'aurais aimé savoir qui autour de toi et aussi, à plus grande échelle, au niveau de l'île de France, t'as donné envie de taguer? Toujours selon toi, quels étaient les tagueurs/crews qui marravaient le plus, et aussi, bien entendu, qui avait le plus de style?

J2: Les 370, MACK, GAMS, les CAS, STRIKE, CLICK, pour ce qui est de la ligne-est et l'île de France en général. Maintenant, sur Paris, sans discussion possible, ce sont les MKC qui étaient, à mon humble avis, les plus représentés sur la plupart des stores. Quoi qu'il arrive, j'ai des flashs, mais en me remémorant bien, la liste est tellement longue, qu'il est difficile de réduire ça à quelques blazes ou groupes... Mais j'ai des photos! Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi personne ne montrait du tag dans les magazines ou fanzines à l'époque, tellement j'ai toujours kiffé ça, et puis surtout, il y en avait plein les rues... C'est la base et c'est pour ça que j'en ai présenté sur les 4èmes de couvertures des premiers "Graff-it!". A mon avis, c'est la pluralité qui faisait les styles, c'est la diversité qui faisait que c'était appréciable... Même des fats bien lisibles et simples (à la SMAT, DION, par exemple), c'était beau.

 

Ea: Quels ont été tes supports de prédilection?

J2: C'était les places où il y avait le plus de monde qui passe, là où c'était le plus visible, pour ce qui est du gueuta... Pour le graff, c'étaient les supports vierges où personne n'était calé... C'était surtout là où je pouvais faire le plus gros possible... Faire si possible plus grand que les autres... Avec un minimum de matos, faire les plus grosses pièces possible...

 

Ea: Quand as-tu commencé à faire du métro?

J2: Le métro, ça n'a jamais été ma tasse de thé. J'avais une appréhension par rapport aux tunnels et le fait de ne pas pouvoir tout contrôler pour y rentrer ou repartir. Je préférais largement pouvoir marquer dans les stations, qui étaient d'ailleurs un de mes lieux de prédilection. Je faisais des intérieurs de rames à chaque voyage, mais je ne passais pas mon temps à rôder les plans-métro ou les dépôts.

 

Ea: Si je te pose ce genre de question, c'est parce que l'on peut voir un panel à toi sur un métro bleu (de casse...) dans "descente interdite". Quelles étaient les lignes que tu aimais faire et avec qui y allais-tu?

J2: Je taguais les tunnels et les voies aériennes (lignes 2, 5, 9), mais étant bien jeune, j'y allais à des heures propices et je faisais en sorte, en rentrant chez moi, de ne pas me faire griller par l'autorité parentale. J'y allais plus "histoire" de tester tous les supports, mais je ne me suis pas cantonné au métro. J'ai tout de même fait quelques panels sur la 10 et la 8, vers '93-'94.

 

Ea: Qui étaient les plus gros cartonneurs de métros selon toi à cette époque?

J2: Les CMP sur la 2, mais c'est très difficile de se remémorer vraiment, c'était il y a plus de 20 ans... Les SCC, JASE/SOXER dans les tunnels, ou encore GALER/OLAF, AYE/BEEDI B... Il y avait tellement de monde... Impossible de réduire ça à deux-trois blazes pour répondre à tes questions, car c'est ce que l'on recherchait tous à cette époque, à notre modeste vision du délire... Je ne te cite que les quelques blazes qui me reviennent à l'instant, mais il y en avait plein d'autres.

 

Ea: Il y avait beaucoup de tags sur et dans les RER et les trains de banlieue à l'époque (fin 80's/débuts 90's), mais en lisant les écrits de certains anciens, ils disaient que les panels sont venus plus tard, même si il arrivait qu'à l'époque du tag en masse, certains fassent quelques throw-ups, et même quelqu'un comme SAN TRP, qui a fait quelques panels dans les années 80. As-tu vu l'émergence des graffitis sur carrosserie? Selon toi, qui a commencé à en faire de manière conséquente, et à partir de quelle année, environ?

J2: Ta question est trop compliquée. Chacun a sa manière de voir, d'apprécier et de se souvenir, selon là où il habite. Les plus jeunes, vous jugez d'après un condensé grâce aux photos, et aux compilations avec les années, mais à l'époque, c'était un "plus" de voir des rames graffées. Et puis les clichés ne tournaient pas comme ça... Sur Paris, je ne voyais pas de panels. Juste du tag sur la ligne-est, pour ce qui est de la fin des années 80 et du tout début des années 90. Il ne me semble pas avoir vu de panels à cette époque. Je crois que si j'en avais vu un, j'aurai bien hallucinné!! J'avais mon imaginaire axé sur ce que j'avais vu dans "subway art", au niveau du graffiti sur matériel roulant, mais ici, ce n'était pas pareil.

 

Ea: Toi et tes potes, vous êtes rentrés CIA, un groupe New-yorkais. Quand et comment celà s'est-il passé?

J2: C'est un groupe qui a des ramifications New-yorkaises par BANDO et SHOE, mais les CIA d'ici sont de la banlieue-est/sud, d'Aulnay pour le nord de la capitale et du 19ème Parisien. Moi, je suis rentré par YOZME qui était du même quartier que moi. Il m'a proposé de rentrer dans le groupe, et c'est comme ça que j'ai rencontré les autres, WOODY, etc... J'ai fondé les SE (Sans Etiquette) à la même époque, aux alentours du milieu des années 90. C'était cool, surtout pour les affinités amicales. Je suis aussi des crews BAD, SP & 3UP.

 

Ea: Tu m'as dit une fois que la première ville où tu es allé peindre en dehors de Paris, c'est Grenoble. En quelle année y es-tu allé la première fois et comment en es-tu arrivé à venir dans les alpes?

J2: L'année, je n'en sais rien, sûrement en '92-'93... Ça a commencé avec la rencontre de SEEK38 (DAC) qui squattait au magasin de sprays de Père-lachaise, et de fil en aiguille, on est allé les uns chez les autres pour peindre. Il m'a présenté et j'ai rencontré par affinités ANKH, SEPS, EVAD, SUSPECT, ACUZ, SLAME, puis ensuite SENE2, ARIOK, SUER... Moi, je suis descendu avec ATOL et DIXE, par la suite...

 

Ea: Qui étaient les cartonneurs dans cette ville à l'époque selon toi?

J2: Venant de Paris, étant habitué au cartonnage niveau tag, pour moi, il n'y avait rien... J'espère que ce n'est pas trop hautain de parler comme ça, mais c'est ma vision. Par contre, les dépôts étaient vraiment accueillants.....

 

Ea: Qu'as-tu fait là-bas? De la street, de la rocade, de la vf, du roulant?

J2: T'as tout résumé...

 

Ea: Tu m'as dit aussi qu'en 1996, tu es venu peindre un train à Chambéry avec les TAS locaux (FASE, KONE, ASKE, etc...). Est-ce que les TAS avaient l'habitude de peindre des trains ou est-ce que c'est toi qui les a engrainé à le faire?

J2: Non, on s'est laissé porter, ça s'est super bien passé et super discrètement... J'en garde de très bons souvenirs, on n'a même pas fait un gueuta dans le dépôt... On est rentrés et ressortis en silence. Il y avait ANKH de Grenoble avec nous, c'est lui qui m'avait connecté avec les TAS de Chambéry, il me semble. Lui n'était pas vraiment axé "vandal", ses potes de Chambéry peut-être un peu plus.

 

Ea: Te rappelles-tu de la scène tag locale de l'époque et est-ce que certains blazes te reviennent en mémoire?

J2: C'était de nuit, je n'ai rien vu... C'était en hiver...

 

Ea: SEEK DAC de Grenoble a une tête de métro bleu dans "descente interdite" (p 186). C'est toi qui l'a amené?

J2: Non! Il y allait à "l'arrache", en pleine journée... Il prenait les devants... Par contre, une fois, il a surveillé pour moi, pendant que je peignais un double-deck à Porte de la chapelle, et il m'a sauvé la mise: un maître-chien arrivait, et je m'en suis sorti de justesse grâce à lui! SEEK38 criait tellement fort, mdr. C'était un RER D, à l'époque où il s'arrêtait en terminus à Châtelet, et je l'ai vu à quai!... Mais je n'ai pas réussi à l'avoir en toph'...

 

Ea: Quelle est ta perception par rapport aux changements de styles au cours des années 90, notamment au niveau du tag? N'as-tu pas l'impression qu'on est passé d'une émulation très forte, du genre, chaque tag que l'on faisait, se devait d'être plus beau que le précédent, à une volonté d'en faire le plus possible, dans un but de compétition, parfois au détriment du style (pour certains, pas pour tous, bien entendu...). Il est vrai que je résume bien vite une décennie, mais quand je regarde les clichés maintenant, j'ai l'impression qu'il n'y a pas "photo". Et puis j'ai connu la deuxième partie des années 90, celà me semble évident. Milieu-fin des années 90, il y avait encore beaucoup de style, et puis ensuite, ça a diminué (même si, aujourd'hui encore, certains ont le "flow"!)...

J2: Je constate plutôt qu'au fil des années, il y a moins de tags, moins de tagueurs qu'avant, et également moins de persistance dans le tag... On imprime moins visuellement, à une époque où la technologie nous innonde d'images. On retient moins un tag sur le net qu'en vrai, et forcément, il y a une régression... On ne tiens pas compte du tag. Pendant qu'on encense un mec qui fait des grosses couleurs, personne ne parle du gueuta, alors que c'est la base même. Quand le tag est dénigré depuis des années, quinze, vingt, vingt-cinq ans, ceux qui en font avancent à contre-courant, et forcément, pour beaucoup, je peux aisément comprendre qu'ils s'épuisent... Donc, le niveau baisse et c'est dommage...

 

Ea: Pour finir, je ne crois pas être le seul à attendre qu'un jour, toi ou un autre nous sorte un bon gros bouquin avec des pages remplies de clichés dans le même styles que les quatrièmes de couverture des anciens magazines "Graff-it". Des photos de stores et de rues éclatés de tags comme ça se passait sur Paris dans les années 90. Aurais-tu dans l'idée de préparer un projet comme ça un de ces quatre?

J2: Euh, il y a un projet dans les tuyaux, mais de là à faire un gros bouquin, je pense qu'en 2014, trop peu de gens seraient prêts à mettre la main à la poche pour se procurer ce genre de publications proprement imprimées...

 

Ea: Si tu as un mot de la fin, une idée, une anecdote, croustillante ou pas, ainsi que des dédicaces, c'est maintenant.

J2: Par rapport à tes questions sur le tag et le graff, chacun a mis une pierre à l'édifice et peut être fier de ce qu'il a fait... Chacun a contribué à l'essor du mouvement tel qu'il est aujourd'hui. Chacune est libre de le faire évoluer, tout en laissant aux autres une part de l'immense patrimoine. Pour moi, le tag fait partie du patrimoine culturel de notre société.

Dernier message: "Profitez tous du temps présent!! Allez au bout de vos rêves et ambitions... Et sachez entretenir vos liens d'amitié avec vos proches..."

 

Ea: Merci!

J2: Merci pour le relais et pour ton attention.



69ML

Publié le 23/12/2014 à 21:09 par eazyabdallah Tags : histoire bonne monde france livre
69ML

Enfin un livre sur la scène old-middle school Lyonnaise. 69ML, en somme, un livre d'histoire. Une grosse tarte, comme la première fois où j'ai débarqué sur la presqu'île en 1997... Une bonne grosse dose d'archives avec un gros pourcentage d'inédits. Ne manquent que les trains. Beaucoup de terrains aussi, mais celà contentera sûrement beaucoup de monde. En tout cas, des centaines de pages de clichés de tags, de flops, de chromes et de cartons couleur, avec ce style à l'ancienne qui ne subsiste que très rarement avec authenticité dans nos rues, et ça, ça fait du bien. Encore plus quand celà relate l'histoire graffiti de la deuxième agglomération de France, laquelle est toujours restée dans l'ombre, mais celà donne à cette scène un goût "d'underground" qui n'est pas pour déplaire et surtout lui confère une valeur précieuse, pour celui qui l'a connu de son vivant. Chapeau-bas à la production.

Encore environ 200 exemplaires de disponible

 

 



90'z flavour

Publié le 02/05/2014 à 23:09 par eazyabdallah
90'z flavour

KLé CVP 1995, La motte servolex (73)



90'z flavour

Publié le 14/03/2014 à 14:38 par eazyabdallah Tags : photo
90'z flavour

FASE & ASKE TAS , Chambéry (Photo: GABS, sept/oct '98)

 

Après environ une vingtaine d'années de bons et loyaux services sur un spot mythique de la ville, le FASE a été repassé et le ASKE a été saccagé il y a quelques jours.....



90'z flavour

Publié le 14/03/2014 à 14:19 par eazyabdallah
90'z flavour

JOB PSP '96, Chambéry (73)

Visible uniquement quand le mur est imbibé de pluie...

 



ECKSON PSP TDC

Publié le 05/02/2014 à 15:08 par eazyabdallah Tags : bande blog merci moi monde homme france fond coeur histoire mode paris internet nuit art pensée danse
ECKSON PSP TDC

ECKSON mid 90's

 

Eazy 'abdAllah: Salut ECKSON! Je dois t'avouer que je connaissais des PSP surtout JOB et SAK, vu leur omniprésence sur Lyon au milieu des années 90, et puis, de par mes "trainages" répétés dans les rues Lyonnaises, ainsi que par mes quelques descentes sur Vaulx en velin, j'ai commencé à capter les autres, SEKEL, EVOKE, etc..., jusqu'à ce que je demande à un frérot qui habitait au mas du taureau, s'il ne savait pas où je pouvais trouver quelques vieilleries à shooter pour mon blog (il connait, il était à fond dans le pe-ra avant, et sait ce que c'est que du tag et du graff à l'ancienne...)... Et là, il ne me dit rien et m'emmène simplement au fond d'un chemin longeant un parking bordant l'avenue Maurice Thorez pour me montrer à la lueur de ses phares un bloc de transformateur électrique... Je sors pour faire le tour du bloc et je tombe sur un bête de graff' en couleur X-SON (avec un coeur à la place du O, et écrit "j'ai le coeur gros comme ça" au dessus, pour ceux qui connaissent...)... Je le shoote de nuit, en mode "double-flash" (une espèce de fausse pose-longue premier prix) et je me dis "C'est trop dingue, je suis sûr que ça a au moins quinze piges et les couleurs sont encore trop flashy!"... Hop, un tag DIAM, un tag OMBRE (milieu-fin 90's), clic-clac, je shoote, des mecs de la cité sont calés à côté, me tcheckent, je leur réponds "As salem 'alaykoum!"... Le frangin me parle de graffs à l'ancienne au marché aux puces de Vaulx... On va chercher à manger, je shoote du EVOK et du ECKSON sur la route, et je me dis que je me rappelle maintenant de ton blaze que j'avais capté le long de la ligne C3 (une ligne de trolley-bus desservant le mas du taureau...)... Allez, vas-y, raconte moi un peu l'histoire du graffiti à Vaulx, y avait-il déjà des taggueurs dans les années 80? Si oui, c'était quoi les blazes?

Eckson: Un peu avant les années 90, j'ai vu apparaitre des tags des MCT sur Vaulx, qui était un crew des minguettes (ndr: une cité de Vénissieux pour ceux qui ne connaitraient pas...). Dans ce crew, il y avait des mecs comme THEO, etc... (ndr: il y avait EAST aussi...). Sur Vaulx, il y avait GHOST, DAEMON, etc..., qui faisaient partie des TGC, un groupe de gueurtas local... Pour les années 80, seul SEKEL pourra te renseigner, il était dans le truc avant moi... Sur Vaulx, les taggers à l'ancienne sont: SEKEL, LASER, YACK du crew AMA (Attaque à Mains Armées). Puis il y a eu les TDM/WD avec HAWK, COAL, NORE, DISH, FATAL... J'avais un crew avec EVOKE qui s'appelait TDC (Tagueurs Décorateurs en Cavale), puis on a rejoint les PSP grâce à SANE et SEKEL...

 

Ea: Ok ok, mortel: YACK is BACK!! Comprendrons ceux qui doivent comprendre... Il me semblait bien qu'il avait un style à l'ancienne... Au fait, un rapport entre les AMA Lyonnais et ceux du nord Parisien (early 90's avec WOLF, HOOVER, KOMA, etc...)?

E: Aucun rapport avec les mecs qui oeuvraient sur Paris. Simple coïncidence et aucunement une pâle copie.

 

Ea: C'est clair, surtout à une époque où il n'y avait pas de magazines et où il fallait se déplacer pour capter les scènes des autres villes, c'est marrant... Parle-moi un peu de l'histoire des PSP, quand est-ce que ça a commencé et qui y avait-il dedans dans les années 90?

E: Les PSP, c'est une alliance entre des mecs de Vaulx et du tonkin (ndr: une cité de Villeurbanne), puis quelques gars de Lyon du genre de JOB... Ça date de '94 -'95 je crois... Dedans, il y avait AREZ, AZTEK, REAS, ERAK, SANE, SEKEL, SAK, EVOK, ECKS1, JOB...

 

Ea: ZED/ZEDE n'était pas PSP?

E: ZEDE était bien PSP car pote avec SAK et JOB, mais je ne l'ai pas connu.

 

Ea: Fréquentiez-vous d'autres tagueurs? Des mecs de Vaulx ou d'autres banlieues?

E: On était très copains avec les NRV (NOME, DIAM, STOR...), les SOK (TRAK, KARSE...), les 3D (DALI, OSHE), les PI ((PIER (ERPI), JONAS (SUN7)), des mecs de Toulouse (SIKE, SOUNE, TILT, TOBER, DER, KUSH...), Marseille (SEEK...), les 313 (alliance Toulouse/Marseille), les TWA (ROBBIE ROB, SEN1, DON...).

 

Ea: Les 3D, ça ne me dit rien (ndr: j'ai depuis shooté des vieux tags OSH/OSHE et capté sur internet des tags à DALI...), c'étaient des vandales ou des fresqueurs?

E: Les 3D étaient des graffeurs et des tagueurs. Souvent, un graffeur cache un tagueur pour info. Le tag est un passage obligatoire pour un graffeur. Loi de la rue. Un mec qui devient graffeur du jour au lendemain, c'est qu'il a fait une école d'art et est très vite assimilé à un bourgeois... Le graffiti, le tag, c'est l'école de la rue...

 

Ea: Pour pousser la chose encore plus loin, à l'ancienne, il était inconcevable de sortir des bêtes de couleurs en terrain, et de ne pas avoir un minimum de niveau en tag... Maintenant, beaucoup sont trop chauds en terrain, mais ne savent pas tagguer... Pour revenir aux années 80, j'avais shooté il y a quelques années à Vénissieux, des tags EAST MCT, et un ami Lyonnais m'avait dit qu'ils faisaient partie des tous premiers taggeurs Lyonnais, genre des "trépannés" des minguettes, même si j'ai souvent entendu parler de ROBBIE comme étant le tout premier taggueur de Lyon et qu'il aurait commencé en '83, mais je n'ai jamais rien vu à lui de si vieux, qui sait, peut-être qu'un jour, des clichés de cette époque sortiront?

E: Je te confirme que ROBBIE ROB, SENONE, rejoints par DON qui à l'époque s'appelait... je ne sais plus..., font partie des tous premiers graffeurs et tagueurs Lyonnais. Pour l'année où ils ont commencé, je ne pourrais pas confirmer, mais il faudrait que tu ailles faire un tour aux minguettes où tu devrais trouver deux-trois trucs d'eux, d'une époque bien révolue.

 

Ea: Un ami m'avait donné une définition de PSP: Pi... Sur la Police... Vu ce qu'il s'est passé au mas du taureau en octobre '90, toute la rue a dû être influencée, non? Sans vouloir faire de la propagande, ni me faire un "kiff" sur la violence gratuite qui est une plaie, il faut reconnaitre que les rues Lyonnaises étaient bien chaudes à l'époque (marrant comment certains voudraient faire de Lyon une ville bourgeoise maintenant...). Ce qui me faisait penser que les émeutes d'octobre 1990 ont été engendrées par une énième bavure policière, et j'avais lu un document sur le net (qui est introuvable maintenant...) retraçant l'histoire des bavures en France dans les années 80-90, et notamment dans la région Lyonnaise: les chiffres étaient consternant!... C'était "quoi" l'ambiance dans les rues Lyonnaises à l'époque?

E: Ton ami a raison: au choix pour PSP et selon l'humeur: Partis Sans Payer, Pi... Sur la Police, (ndr: et après, c'est trop "hard-core" pour mon blog, lol!...)... Et oui, on était chauds à l'époque, que ce soit pour la marave ou bien autre chose..... Dans le graffiti, la rue est source d'inspiration, parce que c'est là d'où vient cet art.

 

Ea: Il n'y avait pas des TCI sur Vaulx, genre CYEZE (ndr: c'est ce que j'avais entendu dire), etc, même si SEONE était de Lyon?

E: TCI, ça ne me dit rien... Je ne devais plus être sur Lyon, alors. Je connais TUNE et TUSK, mais c'est des mecs qu'on a bouté du graffiti car il nous ont toyé à plusieurs reprises. Sur Vaulx, il y avait aussi ABUZE (pas le SOK, mais un autre, d'une cité du centre de Vaulx...) et OBEZ avec qui on était bien potes. SEONE était bien de Lyon, son crew c'était AEV, mais j'ai oublié le nom de ses potes...

 

Ea: Avez-vous fait du roulant, du train, du métro?

E: Dans mes souvenirs, non...

 

Ea: Est-ce que des mecs de Vaulx ont fait le dépot de la soie à l'ancienne?

E: Aucun mec de Vaulx n'a fait le dépot de la soie, à ma connaissance en tout cas.

 

Ea: Ok ok, as-tu connu des bêtes de stylers en tag comme DESRE PBK et SCAL TMT?

E: J'ai connu DESRE et SCAL PBK/TMT au travers de leurs tags et de vue. Ils ont quitté ce monde, paix à leurs âmes.

 

Ea: Quand tu me disais que SEKEL avait commencé avant toi, en quelle année a-t-il commencé?

E: SEKEL a dû commencer à taguer dès '90... Il y a un graff de lui fait suite aux émeutes d'octobre '90 au mas, sur une chaufferie. Mais il a dû être toyé depuis...

 

Ea: Au fait, pourquoi ECKSON?

E: Je m'appelle ECKSONER, X ONER, X premier du nom. Car je suis issu de la génération qui a connu les casquettes avec un X dessus. C'est un clin d'oeil à Malcolm-X. X désignant l'inconnu. L'homme sans nom.

 

Ea: Bon alors, c'était quoi cette histoire à Rillieux?

E: Il y a une pièce à Rillieux (Rillieux la pape, banlieue-nord de Lyon) qu'on a réalisé de nuit. Six bonnes heures de taf (ndr: une fresque en vandale, comme les pélos de Vaulx savent les faire!.....). Un truc qui t'empêche de dormir quand tu l'as fini tellement tu veux voir ta réalisation à la lueur du jour... Il y avait SEKEL, EVOKE et moi, plus quelques potes de notre bande affectés à guetter. J'ai croisé MORFO (DZR) qui est un taggueur de Rillieux qui m'a dit qu'on était des oufs. Des gens lui ont raconté qu'on était arrivés avec des bêtes de voitures genre bmw et merco, qu'on a mit les pleins-phares sur le mur et qu'on a graffé toute la nuit... Je laisse le mythe perdurer, ne jamais vendre ses secrets de fabrication!.....

 

Ea: Bien, il n'y a aucune obligation, mais en général, je demande aux gens un "mot de la fin", si ils ont une pensée ou un espoir à coucher par écrit... Et puis il y a les dédicaces aussi!

E: Si tu veux que je mette un mot de la fin, je ferais une grosse dédicace à toutes les personnes qui ont fait bouger le hip-hop Lyonnais dans toutes les disciplines, le graff', le rap, la danse... Avec une pensée plus particulière pour les gens des milieux du graffiti et du rap dont je suis issu... Merci à ceux qui sont restés actifs et qui continuent à tenir le flambeau...

 

Ea: Merci ECKSON!

 

 

 



90'z flavour

Publié le 18/12/2013 à 18:27 par eazyabdallah
90'z flavour

HEYSTE DC, sans doute avant que n'existent DFP & GF... Grenoble (38).



90'z flavour

Publié le 18/12/2013 à 17:40 par eazyabdallah
90'z flavour

BNP's, ending 90's. Chambéry (73).