Elections européennes dans les Yvelines : les Républicains sonnés

Longtemps bastion de la droite républicaine, le département a porté LREM en tête ce dimanche. Pour Les Républicains, le bilan est lourd et l’avenir incertain.

 Versailles, dimanche matin. La liste de François-Xavier Bellamy n’arrive qu’en quatrième position dans le département. Une défaite inédite.
Versailles, dimanche matin. La liste de François-Xavier Bellamy n’arrive qu’en quatrième position dans le département. Une défaite inédite. LP/MAXIME FIESCHI

    Les élus Les Républicains des Yvelines ne s'étaient jamais réveillés avec une telle gueule de bois. La liste de François-Xavier Bellamy, élu à Versailles, n'est arrivée qu'en quatrième position dans le département avec 12,4 % des voix, très loin derrière les 30 % de Nathalie Loiseau (LREM).

    En cinq ans, ils ont perdu plus de 43 000 voix (105 248 voix en 2014; 62 061 en 2019). L'électorat s'est évaporé, « siphonné par les deux bouts », commente un cacique du département.

    /
    / LP/MAXIME FIESCHI

    Les deux bouts ? D'une part, LREM, qui a séduit la frange libérale, la droite républicaine, les populations des zones urbaines du département : Versailles, Rambouillet, Sartrouville, Maisons-Laffitte, Saint-Germain-en-Laye, Mantes-la-Jolie, Poissy… A chaque fois, la liste Renaissance a distancé très largement celle de l'Union de la droite que portait François-Xavier Bellamy.

    D'autre part, le Rassemblement national a su parler aux zones périurbaines, aux territoires ruraux ou aux classes sociales moins favorisées. Jordan Bardella est 3 e sur l'ensemble du département mais il est en tête à Limay, Mantes-la-Ville, Ablis et quelques communes rurales du sud ainsi que toute une série de villages de l'ouest des Yvelines.

    Pierre Bédier : «Si on ne joue pas collectivement, c'est la disparition du parti tout entier qui nous guette»

    Et maintenant que l'hégémonie LR est tombée, que va-t-il se passer ? « Il va falloir reprendre ses esprits avant de reprendre le combat », avertit la sénatrice Sophie Primas. Une manière de prévenir les militants et les tenants du parti contre les « décisions hâtives », dit-elle. Une manière aussi de faire savoir aux uns et aux autres, par exemple à Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, qui conseillait à demi-mot ce lundi matin à Laurent Wauquiez de démissionner, que « la défaite est collective et que la responsabilité de cet échec est partagée par tous ».

    « Evitons les conflits de personnes, gardons-nous de réveiller de nouvelles guerres picrocholines, prévient Pierre Bédier, patron du conseil départemental et de la fédération. Si on ne joue pas collectivement, c'est la disparition du parti tout entier qui nous guette. »

    Lire notre dossier

    Pour l'homme fort des Républicains dans les Yvelines, il est l'heure de « changer la ligne politique du parti, de rebâtir un programme et un corpus idéologique. A l'issue de cela, certains partiront, d'autres nous rejoindront. » « Nous devons agir, proposer et rassembler, abonde la conseillère régionale Alexandra Dublanche, proche de Valérie Pécresse (et élue à Sartrouville). A la région, LR, le MoDem et l'UDI travaillent dans un même groupe et nous agissons concrètement. Il faut s'inspirer de ce genre d'expérience pour rebâtir notre base. »

    Prochaine échéance pour mesurer les forces : les élections municipales. « Un scrutin radicalement différent, insiste Pierre Bédier. Nous avons un fort ancrage territorial et tous les élus et militants locaux vont nous aider à reconstruire. »

    YAËL BRAUN-PIVET, DÉPUTÉE LREM, FUSTIGE «UNE DROITE RÉTRÉCIE SUR ELLE-MÊME»

    La députée LREM Yaël Braun-Pivet, élue sur la circonscription de Sartrouville, ne boude pas sa satisfaction des résultats dans le département. « Depuis deux ans, les parlementaires des Yvelines sont à l'écoute, actifs sur les grands dossiers locaux et nationaux, très présents sur le terrain, argue-t-elle. Nous sommes parvenus à durablement gagner la confiance des Yvelinois. Ils adhèrent à notre projet et à nos méthodes. » Elle fustige la position des Républicains qui désignent responsable de leur débâcle la campagne du président Macron réduisant le scrutin à un combat contre le RN. « Ils feraient mieux de se demander pourquoi les électeurs n'ont pas jugé utile de voter pour eux !, insiste la parlementaire. Je crois que nos concitoyens yvelinois ont choisi de voter pour un vrai projet européen et qu'ils ne se retrouvent plus dans cette droite rétrécie sur elle-même. »