VIDÉO. Le top 5 des pires infrastructures cyclables

BICLOU, ÉPISODE 32. Bandes cyclables noyées au milieu de voies rapides, obstacles loufoques, pistes sans issue ou effondrées : voici un top 5 des aménagements cyclables où vous n’aurez aucune envie de rouler à vélo.

    Une bande cyclable qui s’arrête d’un coup, des pistes sans issue ou qui vous propulsent vers une poubelle, des chicanes invisibles prêtes à se planter contre votre roue à la première inattention : les mauvaises infrastructures cyclables pullulent partout en France.

    Pour les éviter, s'en méfier et mieux les connaître, nous avons dressé un top 5 des aménagements les plus dangereux pour les cyclistes.

    Retrouvez chaque semaine un nouvel épisode de notre série Biclou sur la page Facebook du Parisien.

    Un top 5 nourri par la base de données des accidents corporels

    Nous avons établi notre classement grâce à la base de données annuelle des accidents corporels de la circulation routière en 2019. Nous avons resserré cette analyse à l'Île-de-France. Ce « Fichier BAAC » nous permet de mieux comprendre les accidents les plus fréquents pour les cyclistes et leur taux de létalité :

    - En 2019, 91 cyclistes ont chuté seuls, sans véhicule ni piéton heurté. Un seul d'entre eux était mortel. 15 cyclistes ont été hospitalisés et 75 ont été blessés légèrement

    - Dans le même temps, 1 153 accidents relevaient d'un choc entre vélos et véhicules motorisés. Le bilan est très lourd : 27 cyclistes tués, 119 blessés graves et 1 033 blessés légers.

    « C'est dangereux de mélanger des piétons et des cyclistes »

    Grâce à ces données, nous avons choisi de placer les infrastructures en mauvais état ou parsemées d'obstacles à la 5e et 4e position de ce classement. Ce sont généralement des défauts d'aménagements qui entraînent des chutes de cyclistes seuls. Des accidents plus rares, et bien souvent moins graves que les accidents contre des piétons ou des véhicules.

    En 3e position, on retrouve les bandes cyclables aménagées à même un trottoir. Le « Fichier BAAC » montre à quel point les chocs de cyclistes contre piétons sont courants et graves, notamment pour les piétons, les usagers les plus vulnérables sur la route.

    « C'est dangereux de mélanger des piétons et des cyclistes parce qu'ils ont une vitesse différente, rappelle Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif vélo Île-de-France, ce sont des cohabitations qui se passent mal ».

    De nombreuses pistes sans issue

    La première et la deuxième place de notre classement sont trustées par des aménagements qui mettent directement en contact vélos et véhicules motorisés sur la route. Ces cohabitations-là engendrent les accidents les plus récurrents et le plus souvent mortels.

    En deuxième place se trouvent ainsi les bandes ou pistes cyclables discontinues, qui s'arrêtent d'un coup ou changent de côté et forcent ainsi le cycliste à emprunter des portions à haut risque sur la chaussée.

    Comme cette bande qui s'interrompt subitement à droite du Boulevard Saint-Germain à Paris (75), avant de recommencer en plein milieu de la route. « Il faut être cascadeur professionnel pour pouvoir faire ça », regrette Stein van Oosteren.

    « C'est une mise en danger de citoyens ! »

    En tête de ce top 5, les bandes cyclables aménagées au bord de routes très passantes, sans séparateur physique. Des infrastructures qui ne protègent pas les cyclistes des dépassements trop proches ou de collisions gravissimes avec des véhicules lancés à pleine vitesse.

    « C'est une mise en danger de citoyens ! Franchement. On ne peut pas imaginer pire. Ça c'est l'enfer pour les personnes qui décident de quitter leur voiture », s'irrite Stein van Oosteren.

    Sur son téléphone, nos images d'un trajet mouvementé sur une portion de la D1 qui relie Triel-sur-Seine à Vernouillet, dans les Yvelines, (78). Sur ce segment qui enjambe la Seine, un couloir cyclable étroit se faufile parfois entre deux voies à 90 km/h. Là, le cycliste est piégé entre deux flux de voitures, comme propulsé en pleine voie d'insertion sans aucune protection.

    Contacté, le département des Yvelines n'a pas souhaité répondre directement à nos questions. Le service concerné assure qu'« Au moment de sa conception, l'ensemble de l'infrastructure routière était conforme aux recommandations techniques en vigueur » et assure qu'il n'y a jamais eu d'accident impliquant un cycliste sur l'axe cyclable de la D1.

    « La préhistoire du vélo »

    Si cette portion ouverte en 2003 est un exemple très frappant, c'est loin d'être le seul. Il suffit de plonger sur la D307 à Noisy-le-Roi, une autre commune des Yvelines (78), pour identifier un segment similaire.

    Pour Stein van Oosteren, ces tronçons relèvent de « la préhistoire du vélo ». « Ça ne devrait pas exister et bientôt ça n'existera plus », assure ce Néerlandais perché sur un large vélo fleuri.

    « À partir du moment où on va considérer le vélo comme un moyen de transport sérieux, on ne fera plus ça, au contraire, on va faire de belles pistes cyclables pour que tout le monde, ose faire du vélo », espère-t-il.

    Retrouvez tous les épisodes de la série Biclou.