Top 14 : Jules Plisson, un renouveau loin de Paris

Moribond au Stade Français, où il traînait sa misère, l’ouvreur international revient, ce samedi soir, dans la capitale sous le maillot de La Rochelle où il brille de mille feux.

 Jules Plisson a été auréolé du titre de meilleur joueur du Top 14 du mois de janvier.
Jules Plisson a été auréolé du titre de meilleur joueur du Top 14 du mois de janvier. Icon Sport/Eddy Lemaistre

    Il est parti en catimini. Un soir de défaite, mi-novembre, il a claqué la porte du stade Jean-Bouin, en sourdine. Il y revient en pleine lumière. De l'autre côté du miroir. Sous un nouveau maillot. C'est auréolé du titre de meilleur joueur du Top 14 du mois de janvier — il avait déjà reçu la distinction en décembre — que Jules Plisson s'apprête à fouler ce samedi soir une pelouse qu'il connaît si bien. L'ouvreur de La Rochelle y affronte le Stade Français où il a passé quatorze saisons.

    La métamorphose est saisissante. Plisson le moribond, qui traînait sa misère jusqu'à sombrer dans l'oubli, est redevenu presque instantanément, en changeant d'air, la flamboyante tête blonde qui promettait tant. « J'aurais préféré qu'il ne soit pas là, contre nous », plaisante à peine Fabrice Landreau, le directeur sportif du club parisien qui tente de s'extirper de la dernière place du classement.

    « Il est épanoui, libéré »

    Comment expliquer une telle renaissance, en si peu de temps ? « Le talent il l'a, il l'a toujours eu, répond Landreau. Il avait perdu sa confiance, or c'est un joueur qui sent les choses, qui a besoin d'être en confiance. Aujourd'hui, il a retrouvé le sourire, il est épanoui, libéré, parce qu'il ressent de l'empathie autour de lui. Tout le monde au Stade Français est content pour lui. »

    Le public rochelais scande son nom, se régale de ses coups de pied millimétrés, de ses initiatives magnifiques comme cette passe chistera de vingt mètres qui envoie Vincent Rattez à l'essai le 29 décembre dernier contre Agen. « Cette ambiance, c'est un truc de fou, ça fait chaud au cœur, mais avant, j'en ai bavé, raconte Plisson. J'ai galéré pendant un an et demi. » Exactement le temps qu'a duré l'ère Heyneke Meyer.

    L'ex-manageur du Stade Français, viré une semaine avant le départ du joueur, l'avait relégué sur le banc puis dans les tribunes. Pas dans le moule qu'il voulait. Pas assez mordant en défense. « Meyer n'était pas la personne la plus adaptée pour le mettre en confiance, explique Didier Faugeron, qui avait lancé le gamin de 18 ans dans le grand bain du Top 14 quand il entraînait les trois-quarts parisiens. Soit on se livre totalement et ça va, soit on est entre deux eaux et tout va mal, pas seulement la défense. » « Quand on joue sa sélection sur chaque match, ça n'aide pas », confirme Fabrice Landreau.

    « Il ne doit penser qu'à son plaisir retrouvé »

    La page est tournée aujourd'hui. A 28 ans, l'ouvreur aux 18 sélections internationales profite de ces moments trop rares dans sa carrière. « J'ai toujours dit que je n'étais jamais aussi bon que lorsque je prenais du plaisir et c'est le cas actuellement, dit-il. Le fait d'enchaîner les matchs me permet de me rassurer dans mon jeu et, surtout, de lâcher toute cette frustration que j'avais accumulée. »

    Ronan O'Gara, qui entraîne les trois-quarts rochelais, le voit même revenir en équipe de France. « Il a le niveau mais il ne faut pas lui mettre cette pression, assène Faugeron. Rien n'est interdit mais il ne doit penser qu'à son plaisir retrouvé. » « C'est l'image de ma carrière, enchaîne Plisson. Il suffit que je fasse une ou deux bonnes prestations pour qu'on parle déjà de ça. Je peux me faire encenser très vite ou en prendre plein la gueule. Aujourd'hui, il y a une nouvelle génération qui arrive. Je suis encore jeune mais je ne pense pas du tout à ça… »