Colère des agriculteurs : la Confédération paysanne appelle à poursuivre la mobilisation

Le quatrième syndicat agricole de France veut poursuivre ses opérations de protestation, jugeant les nouvelles mesures insuffisantes. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont quant à eux appelé à suspendre les blocages.

D'après la Confédération paysanne, « la question fondamentale du revenu » n’est « toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement ». AFP/Guillaume Souvant
D'après la Confédération paysanne, « la question fondamentale du revenu » n’est « toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement ». AFP/Guillaume Souvant

    Une décision forte, à l’encontre de celle des autres principaux syndicats agricoles. La Confédération paysanne a appelé jeudi soir dans un communiqué à « poursuivre la mobilisation » car « la question fondamentale du revenu » n’est « toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement » selon elle. Un choix qui tranche avec celui des syndicats majoritaires, la FNSEA et les JA, qui ont appelé jeudi à suspendre les blocages en France mais ont promis de rester vigilants sur l’application de nouvelles mesures annoncées peu auparavant par le Premier ministre Gabriel Attal.

    Parmi celles-ci figure un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroce entre supermarchés d’une part, et distributeurs et fournisseurs de l’agro-industrie d’autre part. Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne a pour sa part indiqué sur BFMTV que le syndicat resterait « attentif à ce que les annonces soient respectées ».

    Des mesures jugées insuffisantes

    « Annoncer le renforcement de la loi Egalim est une vaste fumisterie », fustige la Confédération paysanne dans un communiqué, demandant « l’interdiction d’achat en dessous du prix de revient de nos produits agricoles ». Concernant l’accord UE-Mercosur, qui cristallise les tensions, le syndicat souhaite « stopper les négociations en cours ». Selon eux, Gabriel Attal se contente simplement « de redire que la France ne le signera pas en l’état ».

    Parmi les autres sujets qui les incitent à poursuivre la mobilisation, sont cités la « rémunération indigne » des agriculteurs, des « reculs inadmissibles pour l’autonomie paysanne », « l’urgence écologique » ou encore le manque de « mesures structurelles fortes » concernant l’élevage.

    Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne, a indiqué ce jeudi soir sur BFMTV que le syndicat allait « poursuivre ses interventions ciblées », notamment contre la grande distribution. « On a décidé de les poursuivre car les annonces d’aujourd’hui ne nous donnent pas de perspectives à long terme pour nos fermes », a-t-elle dit, fustigeant des « solutions d’urgence ».

    Trois « lignes rouges » ont été franchies, avait précédemment estimé la représentante du 4e syndicat agricole en France Laurence Marandola : sur les OGM, le gouvernement s’étant engagé à soutenir les nouvelles techniques génomiques (NGT), sur la viande de synthèse, que le gouvernement veut mieux définir mais pas interdire, et sur la question de l’eau, « pas un mot » n’ayant été dit « sur la préservation et le partage de l’eau ».



    Le mot d’ordre de la FNSEA et des JA a été suivi dans plusieurs départements, dont les préfectures ont fait état de levées de barrages, ou à tout le moins d’allègements, même si des blocages ponctuels persistent, selon Matignon. Ce vendredi en Île-de-France, le dispositif de CRS sera maintenu dans une dimension moindre que les jours précédents, nous indique une source policière.