Guyane : les raisons de la colère...

Maripasoula, hier. Un collectif a accueilli le président avec des 
pancartes égrénant les difficultés de la Guyane.
Maripasoula, hier. Un collectif a accueilli le président avec des
pancartes égrénant les difficultés de la Guyane. REUTERS/ALAIN JOCARD

    « Un vrai hôpital, tout de suite », « Stop à l'orpaillage illégal », « stop vie chère » : les pancartes déployées par le collectif citoyen Lawa, lors de la visite d'Emmanuel Macron à Maripasoula, racontent les difficultés de la Guyane. Tout comme Nadine, qui enrage depuis un banc de la place des Palmistes, à Cayenne. L'infirmière dénonce, les retards en matière de santé, les lacunes du réseau routier, les zones blanches. « Entre Sinnamary et Kourou (NDLR : où le président s'est rendu vendredi), si vous avez un accident, vous ne pouvez appeler personne. Vous pouvez mourir là. Et pourtant, les fusées, elles partent d'ici !

    LIRE AUSSI

    > Macron aux Guyanais : «La parole de l'Etat sera tenue»

    La note sanitaire non actualisée envoyée par l'Elysée — « une connerie », dixit un élu — lui reste en travers de la gorge. « Au lieu de dire qu'il faut développer le réseau pour tout le monde, vous dites aux gens de ne pas boire l'eau de Guyane ? » rumine-t- elle, avant d'évoquer l'immigration massive, ces personnes « en grande précarité » que la région a tant de mal à accueillir. Quant au développement économique et au chômage, ils inquiètent Véronique, fonctionnaire croisée au meeting organisé la veille de l'arrivée du président, « pour l'avenir de nos enfants » : « Il faut un vrai essor. » Y compris en matière d'éducation. « A la rentrée, il y a des gens qui sortaient de 3e qui n'ont pas pu aller au lycée ! » s'exaspère Raphaël Essers, éducateur spécialisé et membre du collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle !).

    Concernant l'insécurité, aussi, la Guyane surclasse la moyenne nationale. Le gouvernement a beau reconnaître que « les retards créent des angoisses majeures », défendre « une réponse à la dimension des problèmes évoqués », le président promettre 250 M€ pour la construction de lycées, des renforts en sécurité, des mesures sur les aides pour dissuader les migrants, colère et inquiétude demeurent.

    Dans ce contexte, ses propos sur le « Père Noël » ont été jugés « condescendants ». « Ce qui est condescendant, c'est d'annoncer des milliards aux gens et de ne pas les budgétiser », rétorque Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, présent à Cayenne. Une nouvelle pierre dans le jardin de ses prédécesseurs.