Paris et Saint-Denis : d’autres évacuations de camps de migrants prévues pour ces prochains jours

La police va évacuer les camps installés dans le nord parisien, comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur. Une première opération a eu lieu ce jeudi matin.

 Saint-Denis (93). Les migrants campent notamment sur l’avenue du Président-Wilson.
Saint-Denis (93). Les migrants campent notamment sur l’avenue du Président-Wilson. LP/Olivier Arandel

    L'évacuation du camp de migrants de La Chapelle, dans le nord de Paris, a commencé tôt ce jeudi matin. Vers 6 heures, quelque 500 policiers ont pris part à l'opération qui s'est achevée en milieu de matinée. Quelque 1600 migrants ont été évacués.

    Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner avait promis ce mercredi, lors de la présentation du plan gouvernemental sur l'immigration. « La constitution de campements de personnes migrantes, notamment dans les grandes agglomérations, constitue une anomalie du fonctionnement de notre système d'hébergement et d'asile », a expliqué le gouvernement, dans la présentation de son plan pour l'immigration.

    « Dans un premier temps, ce sont les personnes installées à la porte de la Chapelle et sur le boulevard Wilson (Saint-Denis), qui seront concernées par cette évacuation, explique Julie de l'association Utopia 56. Ça représente entre 1 200 à 1 300 personnes. Le dispositif policier sera très important, on parle de 600 policiers pour boucler la zone et même le périphérique ».

    « Une situation cataclysmique »

    Toujours selon les associations, une deuxième opération d'évacuation doit se dérouler dans les prochains jours pour le campement de la porte d'Aubervilliers. Là s'entassent sous des tentes quelque 1 500 autres migrants depuis des mois.

    Reste à savoir si tous les migrants sont bien là ce jeudi matin. Car l'ordre d'évacuation peut faire fuir ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont dans une situation illégale, soit parce qu'ils ont été déboutés de leur demande d'asile, soit parce qu'ils sont « Dublin en fuite », c'est-à-dire qu'ils sont recherchés par les forces de l'ordre comme vivant illégalement en France.

    « Une situation cataclysmique. » C'est ainsi que Samuel Coppens, porte-parole de la fondation de l'Armée du salut, avait qualifié ces camps de tentes qui naissent sur les trottoirs du nord parisien jusqu'à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Même en 2015, au plus fort de la crise migratoire, nous n'avons jamais eu un pic aussi important » expliquait-il dans nos colonnes le 7 octobre dernier.

    « On attendait cette évacuation depuis longtemps »

    Tous les acteurs associatifs présents sur le terrain sont unanimes : ils sont entre 2 500 à 3 000 personnes, hommes pour la plupart mais aussi femmes et enfants, à s'entasser dans des tentes fournies par les associations ou des baraquements de fortune.

    Des camps qui exaspèrent de plus en plus les riverains qui se sentent en insécurité, la cohabitation est devenue très compliquée. Et qui, de l'avis de tous, ne pouvait perdurer trop longtemps.

    Pour les associations, comme pour la mairie de Paris, le son de cloche est le même : « Cette évacuation est une bonne chose que nous attendions depuis longtemps, il s'agit de mettre à l'abri ces personnes, dont des familles avec enfants ». Mais tous entendent rester vigilants pour la suite quand les personnes évacuées seront « triées » dans des gymnases réquisitionnés un peu partout en Ile-de-France, au grand dam des maires d'ailleurs. Ils redoutent des mesures de reconduites à la frontière, comme le laisse penser le discours gouvernemental de fermeté. La situation des mineurs isolés (ils seraient environ 300 à la rue selon les associations).

    Enfin, reste la question de la suite. S'agit-il d'une évacuation de plus, encore une, qui n'a jamais empêché les migrants de revenir sur les trottoirs parisiens quelques jours ou quelques semaines après. Là aussi, il semble que la fermeté gouvernementale soit à l'ordre du jour : « la présence policière devrait être renforcée après l'évacuation, avec des contrôles de papiers d'identité, pour éviter que des camps se reforment » croit savoir l'association Utopia 56.