JO Paris 2024, badminton : pourquoi le sport roi à l’école en France ne fabrique pas des médaillés olympiques ?
Les finales du simple homme et simple dame du tournoi olympique de badminton se déroulent ce lundi sans la présence de joueurs tricolores. Ce sport est pourtant l’un des plus prisé par les ados à l’école.
Le tournoi olympique de badminton se termine ce lundi sans Français. Malgré une présence dans toutes les catégories (simple homme et femme, double homme et femme et double mixte) pour la première fois aux Jeux olympiques, aucun n’a pu aller chercher une breloque pour remplir encore plus la besace des Bleus partie pour battre tous les records. Seul Toma Junior Popov a passé le cap de la phase de poules mais son parcours s’est arrêté en 8e de finale.
Comment expliquer que ce sport cartonne auprès des enfants et des ados dans l’Hexagone mais que les Tricolores n’arrivent pas à se hisser sur les podiums olympiques ou Mondiaux ? Le bad ne s’est pourtant jamais aussi bien porté que ces dernières années avec un nombre de licenciés en club en progression constante (210 000 cette année) plus 150 000 licenciés à l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire). « En tant que prof d’EPS, le badminton c’est super car dans un gymnase on peut placer facilement tous les élèves d’une classe sur plusieurs terrains, déclare Fred Ducrot, président d’honneur du club d’Air-sur-la-Lys. L’aspect ludique du bad est primordial. On se met à 4, on prend 4 raquettes et 4 volants et on joue immédiatement sans avoir besoin de technique. »
« Un sport ultra-dominé par les Asiatiques »
À titre de comparaison, la fédération française de tennis de table compte 200 000 licenciés. Mais Félix Lebrun, 5e joueur mondial, a glané une médaille de bronze dans le simple homme aux JO de Paris et les Bleus pourraient accrocher une autre médaille dans la compétition par équipe. « Le badminton français ne s’est jamais aussi bien comporté de résultats avec 3 athlètes dans le top 30 mondial plus Thom Gicquel et Delphine Delrue qui ont occupé la 5e place en double mixte, plaide Yohan Penel, le président de la fédération française de badminton (FFBAD). Nous avons un sport ultra-dominé par les Asiatiques. Nous sommes la 2e nation en Europe chez les jeunes. On partait de très loin car en France on connaît un succès scolaire mais qui est récent. Il faut laisser le temps de progresser petit à petit dans un domaine hautement concurrentiel. Le badminton, c’est 400 millions de pratiquants dans le monde. »
Il ajoute. « Certes, on aimerait avoir des titres mondiaux mais on a eu cette année les deux premiers titres de Champion d’Europe de notre histoire (en double dame et double mixte). On progresse mais jamais assez vite à notre goût. » Quelles pourraient être les solutions pour voir un Tricolore décrocher une médaille aux JO de Los Angeles en 2028 ? Fred Ducrot a pu s’entretenir le mois dernier avec la délégation malaisienne de badminton qui a utilisé le gymnase d’Air-sur-La-Lys pour sa préparation aux JO de Paris.
« Les moyens financiers dont ils disposent sont beaucoup plus importants et sans comparaison avec ce qu’il y a chez nous. C’est de l’ordre de 50 à 60 fois plus, raconte-t-il. Quand des jeunes s’investissent dans ce sport pour performer au plus haut niveau, l’investissement individuel et financier pour les compétiteurs et les familles est très compliqué car on manque de moyen. La médiatisation est l’une des solutions afin d’avoir plus de reconnaissance, qu’on trouve des partenaires pérennes puis qu’on montre à l’État français que le bad peut être et doit être un sport majeur en France. »
