Une invasion russe en Ukraine «ces prochains jours» ? Pourquoi l’alarmisme américain est aussi tactique

Les Etats-Unis alertent sur une invasion de l’Ukraine par la Russie « dans les prochains jours », alors que Moscou a annoncé un retrait de ses troupes. Coup de bluff ou réelle menace ? Décryptage d’une guerre de communication.

Les Américains justifient ses annonces concernant l'Ukraine par des renseignements récupérés par ses services. AFP/Brendan Smialowski
Les Américains justifient ses annonces concernant l'Ukraine par des renseignements récupérés par ses services. AFP/Brendan Smialowski

    « Ce n’est pas une preuve, c’est (juste) vous qui le dites. (…) J’aimerais voir une preuve qui montre que les Russes font (ce que vous dites). » C’est un rude échange, filmé début février, qui a fait le tour du monde depuis. Un journaliste y déplorait auprès d’un porte-parole américain que, outre les déclarations sur la situation aux abords de l’Ukraine, aucune preuve ne soit apportée. Un échange symptomatique de ce qu’est encore pour l’heure la crise ukrainienne : une guerre de communication. Encore illustrée ces dernières heures par l’annonce à Moscou du retrait russe des abords des frontières, démenti par les États-Unis qui évoquent toujours une « invasion imminente ».

    « Pour le moment, ce n’est que de la communication, mais avant toute guerre il y a de la gesticulation », relève auprès du Parisien François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’Iris et président de l’Observatoire stratégique de l’information. Au milieu, l’Ukraine ne serait qu’un prétexte, un pays tiers. D’un côté, la Russie, « dans une forme de démonstration, laissant l’adversaire s’auto-allumer, montrant les muscles ». De l’autre, les États-Unis, « dans une stratégie de l’affolement, où l’on dit que l’invasion est imminente, où l’on fait évacuer ses ressortissants, avec beaucoup de théâtre sur cette idée que les Russes vont franchir la frontière ukrainienne. »