Moscou assure avoir frappé un site militaire à Kiev, «des intimidations» estime l’Ukraine

Alors que le G7 doit se réunir en Allemagne ce dimanche et qu’un sommet de l’Otan est à l’agenda, la Russie a frappé dans la capitale, Kiev, une « usine de production de missiles », selon Moscou. Plusieurs victimes civiles sont à déplorer.

    Les habitants de Kiev déjà debout ont d’abord entendu les sirènes, puis le sifflement strident du missile qui s’approche du sol. Un bruit familier, la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février dernier, mais la capitale se croyait relativement épargnée depuis que Moscou a recentré son offensive sur l’Est. Joe Biden, depuis l’Allemagne où il assiste à une réunion du G7 organisé en Bavière, a qualifié ces frappes russes de « barbarie ».

    À 6h30 du matin heure locale ce dimanche quatre explosions ont réveillé ceux qui dormaient, une demi-heure après le déclenchement de sirènes antiaériennes dans la capitale. « À la suite d’un bombardement ennemi, un incendie s’est déclaré dans un immeuble de neuf étages », a indiqué sur la messagerie Telegram le service d’État pour les situations d’urgence. Un des missiles s’est abattu sur un jardin d’enfants à proximité, apparemment sans faire de victimes.



    Pour Vitali Klitschko, le maire de la capitale ukrainienne ces nouvelles frappes sont une forme d’«intimidation », à l’approche du sommet de l’Otan du 28 au 30 juin à Madrid, a estimé le maire de la capitale ukrainienne, Vitali Klitschko, depuis le lieu de l’explosion, où des journalistes étaient également conviés. Ces explosions, ont fait un mort et six blessés blessés dont quatre ont été hospitalisés, selon le dernier bilan, dont une fillette de sept ans. Elles surviennent également quelques heures avant l’ouverture de la rencontre des dirigeants des pays du G7 dans les montagnes du sud de l’Allemagne.

    La Russie a affirmé avoir frappé une usine de production de missiles à Kiev, qualifiant de « fake » les affirmations selon lesquelles elle avait touché une zone résidentielle de la capitale ukrainienne. C’est l’usine d’armement Artiom qui, « en tant qu’infrastructure militaire, était la cible », a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué, affirmant que les dégâts causés à un immeuble résidentiel voisin étaient dus à un missile ukrainien de défense antiaérienne.

    Le G7, puis l’Otan

    Les leaders des grandes puissances, dont le président américain Joe Biden, ont rendez-vous à partir de 10h00 GMT dans les Alpes bavaroises, pour le sommet annuel du club des sept pays industrialisés comprenant Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et États-Unis.

    M. Biden est arrivé samedi soir en Europe où il entend encore consolider, et sur la durée, les rangs des Occidentaux face à Moscou. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé les dirigeants du G7 à ne pas « abandonner l’Ukraine » et annoncé une aide économique supplémentaire pouvant atteindre 525 millions de dollars, pour porter le total à 1,8 milliard.

    À Kiev, on se remet difficilement de « la pression cynique, calculée sur les émotions de la population », selon les mots du président Volodymyr Zelensky, prononcées la veille. Si « aucun missile ni bombardement russe ne brisera l’esprit des Ukrainiens », a-t-il prévenu, les habitants de la capitale n’en sont pas moins choqués.

    « Ça fait trois fois qu’ils bombardent ici. Je me suis réveillé à la première explosion, je suis allé au balcon et j’ai vu des missiles tomber et entendu une explosion énorme, tout a vibré », a indiqué à l’AFP Iouri, un habitant de 38 ans, qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

    Irena, 32 ans est sortie avec son fils Makar de 17 mois. « On est descendus avec notre baluchon d’urgence qui est près de la porte depuis le début de la guerre parce qu’on a dû évacuer », a-t-elle dit.

    Des frappes avant les grands rendez-vous

    Un député ukrainien, Oleksiï Gontcharenko a affirmé sur Telegram que les Russes avaient tiré 14 missiles sur Kiev et sa région dans la matinée. De nombreux habitants se trouvaient au pied des immeubles, beaucoup étaient en pleurs. Une femme s’y trouvait en peignoir.

    Les secours arpentaient encore les décombres ce dimanche matin : « Des ambulances et secouristes sont sur place. Dans deux immeubles, le sauvetage et l’évacuation des résidents est en cours », a ajouté M. Klitschko. Il s’est rendu sur place.

    VIDEO. Les 27 approuvent les candidatures de l’Ukraine et la Moldavie à l’Union européenne

    Le bilan aurait pu être pire : « Un missile a été abattu par la défense antiaérienne dans la région de Kiev, les débris sont tombés sur un village », a indiqué le gouverneur de la région de Kiev, Oleksiï Kouleba, sur Telegram.

    La précédente frappe russe début juin avait visé une usine à la périphérie de Kiev faisant un blessé. Fin avril, un autre bombardement russe avait touché la capitale pendant une visite du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Une journaliste ukrainienne de Radio Liberty avait alors été tuée son appartement.