Des centres-villes sans voitures ?

De plus en plus de villes, en France et ailleurs en Europe, se lancent dans l’expérimentation ou la mise une place de zones sans automobiles.

Nouveau marquage au sol dans les quartiers ou les pietons sont prioritaires (rue d'Aligre à Paris dans le 12e)
Nouveau marquage au sol dans les quartiers ou les pietons sont prioritaires (rue d'Aligre à Paris dans le 12e)

Contenu en partenariat avec LA MACIF

L'exemple de Pontevedra, en Espagne, laisse rêveur. Cette commune de près de 83 000 habitants, située dans le centre de la Galice, a quasi supprimé les voitures de ses rues depuis 20 ans. Bilan : les déplacements à pieds, dans son centre-ville, ont bondi de 70 % tandis que les émissions de CO2 ont chuté de 60 % (lire encadré).

En Europe, de plus en plus de métropoles réfléchissent à bannir les automobiles de leurs artères, en imposant des dispositifs draconiens de restriction du trafic, comme à Madrid (Espagne), voire en interdisant complètement les moteurs de certaines voies, à l'image de Bruxelles (Belgique) qui a mis en place la deuxième plus grande zone sans voitures d'Europe, après Copenhague (Danemark). Et en France ?

Des préfectures comme Dijon (Côte-d'Or), en 2012, ou Strasbourg (Bas-Rhin), dès les années 70, ont développé leurs zones piétonnes et de plus en plus de communes expérimentent ou étudient la possibilité de fermer leurs centres-villes aux voitures, au moins de façon temporaire (comme sur les Champs-Elysée parisiens, piétons un dimanche sur quatre depuis 2016).

« L'intérêt est multiple, analyse Amandines Crambes, ingénieur-urbaniste pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). C'est une question de santé : cela permet de réduire la pollution, le niveau de bruit et d'augmenter l'activité physique. C'est aussi un moyen de libérer des espaces pour végétaliser, remettre de la verdure et de la nature en ville et d'éviter, l'été, les îlots de chaleur urbains ».

Côté économie ? « Le commerce ne souffre pas de la piétonnisation des centres-villes, c'est un mythe, affirme Amandines Crambes. Au contraire, les consommateurs prennent leur temps, un lien social se reforme avec les commerçants. Les bénéfices sont réels à la fois sur la qualité de vie, l'économie et la revitalisation des centres-villes ».

Si l'idée fait son chemin dans les grandes métropoles plombées par les embouteillages et la pollution galopante, la piétonnisation a davantage de mal à s'imposer dans les territoires péri-urbains. Certaines villes comme Saint-Etienne (Loire) ou Thionville (Moselle) ont même préféré, ces dernières années, faire marche arrière.

Par ailleurs, créer des centres-villes sans voitures ne s'improvise pas. « Il est nécessaire de mener une réflexion globale sur les déplacements et les systèmes de mobilité, pour ceux qui habitent dans la ville comme pour ceux qui viennent de l'extérieur, prévient Amandine Crambes. Il faut réfléchir à la création de parkings relais en périphérie, les coupler avec des offres de transports en commun et proposer des mesures incitatives (un ticket de bus compris dans le prix du parking, par exemple). Il faut aussi penser à la proposition de voiries et de stationnements vélo, etc ». Des aménagements indispensables et qui peuvent prendre du temps.