Le blogue de Robert Rapilly

Radiophonie

Nikola Delescluses a causé d'El Ferrocarril de Santa Fives ; pour écouter, cliquer ici sur Radio Campus Lille le 23 décembre 2011.
Fine chronique tous les vendredis de 11h à 12h ; blog des émissions successives, cliquer là : Paludes.
Ah ben alors, trois poèmes de radio :

Micro poème 1 - Nuit dada

onde sur la cité
la radio dérange
l’ordre de surdité
chez les gens cause un ange

le verbe dit assez
en verlan d’une brève
termes dada passez
retour en vers du rêve

Micro poème 2 - Fable d’un bonheur vibratoire

R   comme hertz
A   comme harmonie
D   comme eudémonisme
I   comme ysopets
O   comme haut-parleur

Micro poème 3 - Berceuse

Dors petit homme dors
à nous que rien n’emmure
la T.S.F. murmure
« Turn out the lights » des Doors

Satornet

L'argument : quel rapport entre les situations suivantes...

1 / Un chapeau dévisse de guingois au vent qui balaye Edale, village reculé des Midlands et théâtre du duel qu'un stylo à bille écharpé livre à une sorte de Durandal ou d'Excalibur.
2 / Énée s’ennuie d’entendre les fables d’Ésope ; imbibé de pépites de vigne, il claironne l'oracle des morts d’Épire
3 / Voilà-t-il de quoi tomber sous le charme de l'alter ego gallois du gaulois Belenos : Beli le Grand !
4 / Ou alors, n’y faut-il voir que l’effet psychotrope d’une décoction d'inule visqueuse, laquelle racine pivotante ligneuse gémit sous le pilon, ravit le seul dieu domestique, grippe la croyance Lebe des Dogons, creuse le flanc chéri de la montagne Pagal en Timor oriental ?
5 / De quoi, lectrice épuisée en batterie, me vider le Pô !
6 / Et assez pour qu'un coin ibère dézingue l'histoire sans queue ni tête qui précède ; par dessus le marché, confonde l’orthographe du forban et la musique du luth.

La clé : aucune cohérence, sauf que voilà tout ce qu'il faut de géographie et de cosmogonie pour délimiter un ténébreux sonnet ; car ce fatras de fatalité découle d'une matrice carrée contenant un texte, cas particulier de palindrome dit « sator » : il y a 4 trajets identiques de lecture, de gauche à droite & de droite à gauche, de haut en bas & de bas en haut.

Noter qu'on réfutera aisément l'objection habituelle « ça n'a aucun sens » par « ça en a quatre ».

Ce béret a ripé, l’épée
in Edale lacère bic.
Ésope le gave, l’Énée
ira tuba macéré s’il

émane l’agape dorée
Épire. Beli t’a pâmé
net ! Inule râle tapée,
épate lare l’unité,

ne m’a pâti Lebe ripée,
érode Pagal en amé
liseré... ça m’a bu, tarie

en élevage, le Pô sec.
Ibère cale là dénie,
épèle pirate rebec.

C E B E R E T A R I P E L E P
E E I N E D A L E L A C E R E
B I C E S O P E L E G A V E L
E N E E I R A T U B A M A C E
R E S I L E M A N E L A G A P
E D O R E E E P I R E B E L I
T A P A M E N E T I N U L E R
A L E T A P E E E P A T E L A
R E L U N I T E N E M A P A T
I L E B E R I P E E E R O D E
P A G A L E N A M E L I S E R
E C A M A B U T A R I E E N E
L E V A G E L E P O S E C I B
E R E C A L E L A D E N I E E
P E L E P I R A T E R E B E C

Post-scriptum -
3 poèmes de décembre, moins contraints ceux-là :

Cardianagrammes à Jacques Gamblin (pour les Impromptus littéraires)

Mon cœur scintille,
montrons-le celui-ci.
Truc inconsolé, il me
corne son ultime cil,
son licite clone mûr,
son coût. Le criminel
n’occulte l’onirisme.

Le Mont Silicone – cru
sinon mûri – collecte
linceuls contre moi,
leur cloison ciment,
mur, colonnes... L’ici et
nunc colorise l’item.
Mon cœur scintille.
Hexagone à quatre coins

Pourquoi traverse France ?
Parce que servent transe
et force au Nil d'hélice ;
lors que de Lille à Nice
un air leste émût brousse
d'entre Brest et Mulhouse !
Recette

Beaucoup bouquet garni perd s’il
n’ajoute aux thym, laurier, persil
sa substantifique part au
monocotylédon poireau.

Post-post-scriptum -
« Satornet 2011 », variante du sonnet en haut de page avec contrainte supplémentaire : si l'on prête aux lettres valeur numérique croissante : a = 1, b = 2, c = 3, etc. jusque : y = 25, z = 26, ce poème de fin d’année totalise une gématrie = 2011.

Ce béret a ripé, l’épée
in Edale lacère Bic.
Ésope ne gave l’Énée,
ira tuba macéré s’il

émane l’agape dorée.
Épire, Belita : pâmé
ce tin, une râle tapée,
épate l’Aren unité.

Ce m’a pâti, Lebe ripée
érode Pagal en amé
liseré ; ça m’a bu tarie.

En élevage né Pô sec,
Ibère calé la dénie,
épèle pirate rebec.


C E B E R E T A R I P E L E P
E E I N E D A L E L A C E R E
B I C E S O P E N E G A V E L
E N E E I R A T U B A M A C E
R E S I L E M A N E L A G A P
E D O R E E E P I R E B E L I
T A P A M E C E T I N U N E R
A L E T A P E E E P A T E L A
R E N U N I T E C E M A P A T
I L E B E R I P E E E R O D E
P A G A L E N A M E L I S E R
E C A M A B U T A R I E E N E
L E V A G E N E P O S E C I B
E R E C A L E L A D E N I E E
P E L E P I R A T E R E B E C

Argument du « Satornet 2011 » :
On se rappelle combien Ésope, Énée, Cana, le Pô et l’Ibère ont tourmenté Gérard de Nerval, alias le Prince d'Aquitaine. Mais on oublie souvent que, vu qu'agité du couvre-chef, il confondit un jour Biron et Byron, et s’embarqua armé… d’un prototype de stylo à bille : rendez-vous à Edale, village reculé des Midlands, afin d'y livrer duel. Du reste, qui se souvient que l'oracle des morts d’Épire l'avait enjoint de ramener l’âme d’une future patineuse olympique britannique : « Traverse l’Achéron gelé, danses-y avec Belita ! » ? Il plongea donc non loin d’Aren, village d'Aquitaine d'où s'enfouissent les confluents du fleuve damné, direction Albion. Bien dommage, dès lors, que se grippât la croyance Lebe des Dogons et que se creusât le flanc de la montagne Pagal à l'est de Timor ! Bref, tout ce qu'il faut de géographie et de cosmogonie pour délimiter un sonnet inconsolé.

Plagiats


Rap de Chantilly -

Un froid et ténébreux Silence dort à l’ombre,
Charon m’appelle à soi, je suis désespéré.
Haut d’une vieille Tour mélancolique et sombre,
Tel est, grave et pesant, un Amant désolé.

J’ai des luths les plus doux goûté la Mélodie,
Les flots de la Vendange écument au pressoir,
Je vois en gémissant la Maison de Sylvie
Aussi souvent qu’Amour : Soleil devenu noir.

Froides nuits du Tombeau... J’ois Charon qui m’appelle,
Et la rougeur paraît de dire à cette Belle
Où le Flambeau du jour n’osa jamais venir !...

Ici murmureront les eaux - Dryade approche.
L’effroi de l’Achéron m’apporte le Soupir,
Ta bouche n’est qu’aux cris, au creux de cette roche !



Plagiats en cascade, réponse aux Impromptus littéraires.
Plagiat éhonté aujourd'hui, puisque le même sonnet est paru ici le 22 février 2007.
Plagiat déjà ce jour-là d'El Desdichado.
Plagiat qu'alors aurait pu avoir commis Nerval, en recopiant Théophile de Viau...
... car tous les morceaux collés dans le sonnet ci-dessus provient des odes "Un corbeau devant moi croasse", "Satire première" et autres poèmes de Viau.



« El Desdichado » -

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phœbus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la syrène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

De la « vieille tour » à la « Dryade » (Eurydice était dryade) en passant par le « Soleil noir », ce Rap de Chantilly compile des indices d'une lecture par Gérard de Nerval de Théophile de Viau, antérieure à l'écriture du Desdichado. Sauf quelques majuscules nervaliennes, il s'agit d'un centon puisé exclusivement et sans rajout dans Viau, surtout les 2 odes Un corbeau devant moi croasse & Satire première.
Nerval en effet a rapporté :
« Je ne voyage jamais dans ces contrées sans me faire accompagner d'un ami, que j'appellerai, de son petit nom, Sylvain. C'est un nom très commun dans cette province, - le féminin est le gracieux nom de Sylvie, - illustré par un bouquet de bois de Chantilly, dans lequel allait rêver si souvent le poète Théophile de Viau. » (Angélique - 10e lettre)
« (...) Théophile de Viau, dont vous avez décrit les amours panthéistes, - par le chemin ombragé de l'Allée de Sylvie. » (Petits châteaux de Bohême)

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