La Dixmotseillaise
Tous les ans la DGLFLFL (sic) organise une « Semaine de la langue française » en proposant 10 mots à qui souhaite écrire. Là tout de suite, je retrouve dans un fichier oublié de mon ordinateur des couplets et refrains composés de 1999 à 2008 : un hymne intitulé « La Dixmotseillaise », plus obscur qu'antidote à l'original saignant (c'était l'intention initiale). En ordre alphabétique, les 10 mots sont repérés en italiques : un par vers, dix par strophe et par an.
I -
L’hymne ambigu de la patrie
cité ce soir est arrivé.
Multicolore ou tyrannie,
l’étendard au pays levé (bis)
voilait un rêve de campagne :
en ribambelle des soldats
mis au secret, ces fier-à-bras
briguent du temps près leur compagne !
Nulle arme etc. ! Sur toile au bataillon,
brossons (bis) la transparence et l’eau dans le sillon !
II -
L’aube est heure à blanchisserie...
Azur ! Azur ! Azur ave !
Dans la dune d’Abyssinie,
le hasard s’abolit gravé. (bis)
Jeu qui vaut la chandelle, on gagne
métis ou pur-sang des dadas.
En sulky, personne : le glas
mourra subtil sans la castagne.
Nulle arme etc. ! Tintinnabuler ? Non :
taisons (bis) le trouble et ron et petit patapon !
III -
La beauté de la braderie,
dont l’enfer encore a bavé,
ravive sa flamme infinie
d’inspiré Quinquin réveillé. (bis)
Kyrielle sous la montagne
de moules sans nuance en tas,
qu’un oiseau chante et patatras :
choit quelqu’un du mât de cocagne !
Nulle arme etc. ! Dame utopie un pion,
risquons (bis) de voyager sans ticket ni jeton !
IV -
Abîme à camembert et brie,
pique l’aurore au sénevé.
La bonté du pain c’est la mie
et l’escarpement encroûté ! (bis)
D’exil, ils attendent ripaille
et de grandir, les candidats !
Grotesque, qui parmi les trois
petits cochons, pensif se soigne ?
Nulle arme etc. ! Tous au rayon crayon,
gommons (bis) : doit s’effacer l’esquisse au trait grognon !
V -
Cordon bleu, de charcuterie
dans la campagne on s’est bâfré.
Vers le chiendent en compagnie,
courir t’a tout ébouriffé. (bis)
Fainéant dimanche où le moine
peut s’exercer aux doux extras :
dans l’instant qui nous sacre rois,
révoquons dix mille ans de bagne !
Nulle arme etc. ! Rude épice et graillon,
mangeons (bis) le vol-au-vent et la soupe à l’oignon !
VI -
Larguer amertume et furie
pousse bouline au vent soufflé.
Taxi-brousse de colonie,
où déambuler sans P.V. ? (bis)
Pourvu qu’espérance se magne
comme farfadet court au bois !
Pivote, ô lumière, et tu vois
que l’ombellifère ne stagne !
Nulle arme etc. ! Tactile soit l’arpion !
Fonçons (bis) tataouiner sur le Pont d’Avignon !
VII -
Complexité d’orfèvrerie,
ma boule au cristal incurvé
du désenchevêtrement nie
l’élémentaire strass griffé. (bis)
L’hélice hélas d’Hélios éloigne,
l’icône envoûte les fadas :
« Miroir, suis-je onyx aux cobras
qu’ondelette orne d’une maille ? »
Nulle arme etc. ! Rayonnement d’ion,
bipons (bis) champ magnétique et variation !
VIII -
Aux accents de ma batterie,
ton badinage a réchauffé
notre escale en Patagonie,
pays du flamboyant névé. (bis)
Que lorgne l’hôte Charlemagne,
son kaléidoscope aux doigts ?
Des masques et des mascaras,
souvenirs outre-ciel d’Espagne !
Nulle arme etc. ! D’une soif de champion,
buvons (bis) : il faut tresser sa guirlande au lampion !
IX -
L’abricot fend la symétrie
d’un turgescent amour gavé.
Bachi-bouzouk, ta rêverie
frôle un bijou, fruit agrafé. (bis)
Émoi bizarre sous le pagne,
dans les dessous chic, dans les bas :
un clown qui danse pieds aux plats
chausse un mètre et sabre champagne !
Nulle arme etc. ! Passe-partout d’Éon,
tournons (bis), ça va valser 2 π fois le rayon.
X -
D’apprivoiser une fratrie,
ta boussole m’a retrouvé.
Jubilatoire écho, l’on crie
palabre jamais achevé. (bis)
Que la passerelle nous joigne
et plonge rhizome là-bas !
S’attabler annonce au repas
l'exquis tact dont l'hymne témoigne.
Nulle arme etc. ! Toi ni moi sans bâillon,
chantons (bis) visage hilare antidote au guignon !
Robert Rapilly, vendredi 27 novembre 2009, à 01:22 [in Vrac] 2 commentaires - aucun trackback