Le blogue de Robert Rapilly

Gestomètre du marcheur rue Ferdinand Mathias à Hellemmes

Rue Ferdinand Mathias à Hellemmes
inventorier regard rivé au trottoir
 croûtons de pain imbibés de sable et de ciment
 liste de courses sur papier bleu plié 
 (chantilly, soupline, œufs, planta, illisible, râpé)
 débris de briques
 plus ou moins gros chiens
 cellophanes de bonbons
 cordon rouge d’emballage cadeau
 sangle de pack d’eau "cristalline"
 carton gaufré de biscuits
 ticket de bus
 pailles en plastique
 kleenex usagé
 emballage de sandwich "pain nordique poulet"
 mégots de cigarettes filtres
 mégots de roulées
 canettes éventrées
 brique explosée de jus de fruit
 dépliant publicitaire "réduction immédiate"

Fouler
 le pavé
 le béton
 les plaques en fonte de Pont-à-Mousson
 les enrobés
 entre quoi d’impossibles brindilles d’herbe 

Penser
 lève les yeux bonhomme
 traverse le long faubourg
 il doit s’y trouver une issue

Longer alors
 le commun des murs
 trait de brique ininterrompu de 2 kilomètres
 3,50 mètres de haut
 rouge sang jadis
 noir sang séché maintenant
 finira-t-il jamais le mur sang

Lire des slogans qu’estompent le temps 
et l’habitude du regard
 OAS
 FLN
 OUI
 NON
 Vive De Gaulle
 CGT
 Grève générale
 Ne travaillez jamais
 Mange ton maître
 Vive Mesrine ange de pureté
 Défense d’afficher

Flotter au-delà du vague, du gris, du médiocre

Aider l’hydre à vider son brouillard

Lever les yeux
 comme précédemment dit
 comme l’émeute affamée jadis ici même

Suivre la ligne d’horizon hachurée
 de tuiles faîtières
 d’antennes hertziennes
 de fûts de cheminées cylindriques
 de poteaux métalliques
 de chiens assis
 de faîtes de peupliers
 d’un château d’eau pour locomotives à vapeur pacific
 de pigeons
 de lampadaires rouillés
 de plaques de zinc
 de brique et brique encore
 de charpentes en fer

Basculer l’instant venu
 du sol aux nuages
 merveilleux nuages n'est-ce pas

Palindromes explicités

Expliciter des palindromes en intercalant une exégèse en vers

Aphrodite te trouble
     Tu mets une valise
     si la Vénus t'émut
et t'invite au voyage
 
Trace cette erreur Nabot d'outre-tombe
     Note berné
     Gnome cané
En grandiose noce une ode joyeuse
pourrait ravaler ma grise façade
     Méga mariage
     le gai ramage
     menace mon
     genre béton

El Sombrero

El Desdichado sur un clavier qwerty : sans accents, sans appendice sous le c, sans ligatures (dans coeur et Phoebus, un espace persiste entre o & e) –

Je suis El Sombrero, - le Veuf, - toujours en pleurs,
Le Prince d'Aquitaine en sa Tour abolie :
Ma seule Star est morte, - et mon luth aux mil fleurs
Porte du Soleil noir une Ombre de Folie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui bus mes douleurs,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
Le bouton ravivant mon coeur en ses couleurs,
La treille dont le Pampre avec Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai dormi dans la Grotte, - y cogne la Migraine...

Le Styx franchi vainqueur deux fois via Charon,
Je module ton chant sur ma lyre, Eurydice :
Soupirs de Sainte et cris de Morgane au Solstice !

Hybridonnet

Le vierge ténébreux aux tentures austères
Va-t-il voir, d’Aquitaine à très fière saison,
Ce lac de viande morte, et prouver en maison
Le transparent œil noir de quartiers sédentaires ?

L’aurore ouvrait le feu, sables de volupté,
Et semait en hiver le faucheux des ténèbres ;
Enfin les tours au mur ne se mirent funèbres...
Qu’il soit blessure donc de pleuvoir la fierté !

Midi fut sa déesse. Ayant des attitudes,
Il dort sous la vigueur des pauvres solitudes ;
Résonnent dans ses yeux des empreintes sans fin.

Jamais plus en effet sur les côtes magiques
La clef de fa n’atteint : vous n’avez pelé fin,
Et deux baisers ont fui quand buvaient les mystiques.

Bouts-rimés sur Les chats.
Le début, le milieu et la rime des vers de la strophe 1 sont ceux de premières strophes de sonnets de Mallarmé, Nerval et Baudelaire ; mots raccords glanés chez Rimbaud.
La strophe 2 provient de deuxièmes strophes de Malleville, Cros, encore Baudelaire ; mots raccords de Gautier.
Strophe 3 : Verlaine, Maynard, Baudelaire ; raccords d'Hugo.
Strophe 4 : Corbière, Malherbe, Baudelaire ; raccords de Leconte de Lisle.
Tout mot emprunté à un sonnet conserve exactement sa place initiale dans ce centon. Assemblage en vitesse et ingrédients au pif ; en croisant bien, de féconds hybrides devraient s'inventer.

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