Mercato - Anthony Martial à l'AEK Athènes : inimaginable

Puisque le deal avec Flamengo a capoté, c'est l'AEK Athènes qui a eu le dernier mot. Est-ce bien d'Anthony Martial, dont on parle ?

La situation semble inimaginable, quasi délirante. A 28 ans, l'attaquant formé à Lyon, vite parti à Monaco, recruté à prix d'or par Manchester United (60M), où il avait marqué quatre fois sur ses quatre premiers matches en 2015, est rentré dans le rang, c'est peu dire, de manière spectaculaire. Il rêvait de Ballon d'Or. Une clause dans son contrat stipulait que United devrait verser 10 millions d'euros de bonus à Monaco s'il décrochait la récompense individuelle ultime. Mais en pleine force de l'âge, après avoir envisagé le Brésil, il va rejoindre la Grèce.

Dans la catégorie des espoirs déchus, son cas n'est pas loin d'être unique en ce sens, en tout cas à l'instant T. Mario Balotelli avait connu des étapes intermédiaires comme Nice, Marseille puis des plus modestes écuries de Serie A avant de s'enfermer en Turquie et en Suisse.

Hatem Ben Arfa a longtemps trouvé preneur en Ligue 1 même quand le doute l'entourait, et même Jesé Rodriguez a eu droit à la Premier League ou la Liga lorsque son passage au PSG tournait au calvaire. En clair, il y a souvent, voire toujours, un entre-deux. Martial, lui, est passé de United à l'AEK, avec une demi-saison en prêt à Séville en 2022.

Elu Golden Boy 2015, le natif de Massy a pourtant suivi une trajectoire d'abord linéaire. Il y a eu la révélation à Monaco, puis une belle première saison 2015-2016 chez les Red Devils - 56 matches, 18 buts, 10 passes décisives. La découverte de l'équipe de France aussi, en ce même début de saison, puis l'Euro 2016.

Mais les choses se sont ensuite tassées, à l'exception d'une saison 2019-2020 à 17 buts en Premier League, son meilleur total en championnat sur une saison. Un plafond bien bas qui se traduit dans les chiffres à l'échelle de sa carrière : à 28 ans, Martial ne compte que 108 réalisations, sélection comprise, en 433 matches. Un but tous les quatre matches, ce sont les chiffres d'un attaquant moyen. Pas d'un crack.

Comment l'expliquer ? Par le fait d'avoir été promené entre l'axe et le côté gauche ? Par ses blessures (90 matches manqués en carrière) ? Par l'état général du Manchester United post-Alex Ferguson ? Par sa vie personnelle souvent commentée sur les réseaux sociaux ? Qu'importe la réponse, au fond, tant le constat est amer. Celui qui était comparé à Thierry Henry va aujourd'hui être en concurrence avec Frantzdy Pierrot ou Levi Garcia.

Il rejoindra, chez le leader du championnat grec, d'autres joueurs de qualité, comme Erik Lamela ou Roberto Pereyra. Un public chaud, aussi, et un cadre, Athènes, plus excitant que la grisaille mancunienne. Le choix n'en est pas moins surprenant. Mais peut-être faudra-t-il s'y habituer, surtout dans le marché des joueurs libres, après un été qui aura vu Adrien Rabiot rejoindre l'OM, et Memphis Depay s'engager avec les Corinthians.