Owlyn Hughes ma tante de coeur est partie à 87 ans en début d'année (ci-dessus entourée de ses frères, Gerald Hughes et le poète Ted Hughes).
Il me reste des photos de nos derniers séjour à Londres avec mon fils, l'été 2013 et l'été 2012. Elle était passionnée par l'astrologie (en bonne vierge scorpione comme moi) et nous parlions de longues heures des thèmes des uns et des autres, elle inspira beaucoup son frère Ted Hughes sur le sujet, lui aussi a beaucoup pratiqué l'astrologie. Amie de mon père, elle vécut dans le Paris des années 60, des moments de fêtes, de rencontres cosmopolites, notamment au Tournon ou se croisaient Chester Himes, Richard Wright, Brel, Mitterand, des acteurs et d'autres figures du Paris de l'époque).
J'ai écrit il y une vingtaine d'années : un petit texte sur le trajet improbable (publié dans "Hors Champs") que nous avions fait lorsque j'avais 12 ans en 1978 de sa maison de Londres jusqu'à la maison de Ted Hughes et sa seconde femme Carol, Olwyn n'avait pas son permis (raté une vingtaine de fois) mais avec un humour et un flegme british, elle avait pris la décision de faire le trajet elle-même, en s'arrêtant régulièrement pour boire du vin blanc dans tous les pubs croisés sur la route.
Elle était drôle, bordélique, flegmatique, grinçante et sans pitié pour les médiocres et les bien pensants, mangeant avec les doigts, fumant comme un pompier (jusqu'à ses 87 ans) et reprenant volontiers de ce white wine qu'elle appréciait tant. Ses amants, comme son mari Richard, un irlandais que j'ai connu enfant, étaient des "bad boys" avant l'heure, les relations étaient tumultueuses. Elle aimait ses chats, jouer aux cartes avec ses amis égyptiens qui vendaient des blousons en cuir.
Son rapport à Sylvia Plath est assez déroutant, loin des polémiques (qu'elle voulait contrecarrer) dus à la "pipolisation" de Plath auprès de certaines militantes féministes dont elle est devenue l'icône ce que contestait Olwyn (et notamment la mise au pilori de son frère Ted Hughes qu'elle défendait). Mais Assia l'autre femme suicidée et leur fille étaient totalement occultées, je n'en ai jamais entendu parler de la bouche d'Olwyn. C'était sans doute tabou.
Elle lisait avec attention certains mes livres parfois avant parution et me disait aimer beaucoup mon travail, elle qui avait été l'éditrice de Sylvia Plath et admirait Marguerite Duras, m'a toujours encouragée même si elle avait arrêté tout travail d'édition après la mort de Plath.
L'article sur Olwyn dans the Guardian
Ici Olwyn", Lucie Winterson, moi et mon fils Virgile à Londres chez elle