Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

14.6.24

ERICH MÜHSAM

 

Histoire de passer le temps : le temps sans passer l'histoire.

Erich Mühsam fut un écrivain et auteur de chansons, allemand d'origine juive. Anarchiste, ami de Rudolf Rocker et Max Nettlau, il est l'une des figures marquantes de la République des Conseils de Bavières en 1919 aux côtés de Gustav Landauer, B. Traven ou Ernst Toller. La République de Weimar l'emprisonne 6 ans. Arrêté par les nazis le 28 février 1933, les SS l'exécutent au camp de concentration d'Oranienburg le 10 juillet 1934. Dans son journal intime, on trouve cette phrase toujours méditable : "Il faut avoir la gueule propre pour l'ouvrir toute grande."
 
 

12.6.24

TUCA ET FRANÇOISE HARDY

 

En 1966, la musicienne Tuca (de son nom de naissance Zagni Da Silva Valenisa) fuit le Brésil dirigé alors par le dictateur Castelo Branco. Dans un restaurant brésilien à Paris où elle chante, Tuca rencontre Françoise Hardy et produit de façon très indépendante le 11ème et (point de vue) de loin plus intéressant album de la chanteuse (Sonopresse 1971, sans titre, avec "Viens", "La Question", "Même sous la pluie"... ) ... où officie, outre Tuca (arrangements,  compositions et guitare) et pour certaines plages l'Orchestre de Paris dirigé par Raymond Donnez, un épatant duo de bassistes composé de Francis Moze et Guy Pedersen.

 

 

7.6.24

ÉRIC HAZAN

 

Le sous titre du fameux livre d'Éric Hazan L'invention de Paris est : "Il n'y a pas de pas perdus". Le constat est vital dans l'évidente proposition de déploiement de la géographie de nos imaginations. Éric Hazan, chirurgien remarquable, éditeur faramineux, auteur sensible, et figure à l'engagement lumineux en toutes sortes d'escales communes, nous a quittés le 6 juin 2024.

 

 

30.5.24

SCOTT ROSS
RÉCITAL DE 1987 À MONTREUX

 

Il arrive qu'un grand disque vous attende chez votre marchand ou marchande de journaux. C'est le cas avec le supercoquentieux récital de Scott Ross du 30 août 1987 à Montreux offert en CD avec le numéro de juin de la revue Diapason. Pièces de Jean-Henry d'Anglebert, Jean-Philippe Rameau, Johan Sebastian Bach, Domenico Scarlatti et Antonio Soler avec un "Fandango" de ce dernier qui culmine le culminant d'un vigoureux voyage, une lumière issue d'une citadelle de rêve, la raison éveillée.  

 
Diapason n°734 Juin 2024 - 8,90€

 

 

29.5.24

JEAN-PHILIPPE ALLARD

Interviewé par David Koperhant dans le n°108 du bimestriel Jazz News (juin 2024), le pianiste Kenny Barron répond à la question :

"Comment travaillez-vous avec Jean-Philippe Allard ?
- C'est lui qui m'a fait enregistrer à l'époque où j'étais le pianiste de Stan Getz. Il a de très bonnes suggestions et de très bonnes idées. C'est lui qui m'a proposé ce projet avec Charlie Haden et Roy Haynes, quelque chose que je n'aurais jamais imaginé !"
 
Les noms égrainés sur les livrets et pochettes d'albums discographiques sont ceux d'autant d'étapes d'indispensables complicités, et la mention "Produced by", une clé à portes multiples où les imaginations ne fuient pas. On a pu lire "Produced by Jean-Philippe Allard" près de 300 fois (Les Moines de Solesmes, Stan Getz, Abbey Lincoln, Christian Escoudé, Mavis Staples, Helen Merrill, Juliette, Juliette Gréco...). Le 18 mai a brutalement fermé cette porte là.
 
 
 

27.5.24

NATHALIE FERLUT


Nathalie Ferlut a illustré la couverture et le livret de l'album de One Another Orchestra, comme elle l'avait fait pour Falen Chrome de Jac Berrocal & Riverdog. Ses albums de bande dessinée Les Lettres d'Agathe ou Ève sur la balançoire (pour ne citer que ceux-ci) sont d'insignes perles d'union narration et dessin (de réflexion sur la lumière même).
• Petit portrait ici  

 

 

14.5.24

CHRISTIAN ESCOUDÉ

Le météorologie musicale a ses résumés, voyons celui ci : dans la seconde partie des années 70, nous nous trouvions en une sorte de... disons... blindfold test ... dans l’interstice entre la vague 68 et la digue donda dondaine des années 80. En écho discographique, le jazz en France, où perduraient toutes sortes d’expériences, fut marquée par une floraison de nouvelles étiquettes dans un champ ouvert précédemment par Futura ou Palm (outre Rhin : ECM). On citera par exemple les  caractéristiques Owl, Jms et Musica. Musica était à Bordeaux par son créateur et producteur : Alain Boucanus. Les disques Musica firent leur apparition a un rythme effréné à partir de 1975, musiciens de plusieurs générations s’y côtoyaient : Bernard Lubat, Martial Solal, Jacques Thollot, Hamiet Bluiett, Jimmy Rowles, Al Haig, Archie Shepp, Philippe Petit, Chris McGregor, Georges Locatelli. Mais c’est sans doute le jeune guitariste Christian Escoudé - tendance bop manouche qui ne se refuse rien - que Musica contribuera à exposer le plus largement avec quatre disques clés : Réunion du Christian Escoudé Quintet (avec jean Querlier, Frank Abel, Alby Cullaz, Joe Benoti - décembre 1975), Les 4 Éléments du duo Jean-Charles Capon- Christian Escoudé (mai 1976), Libra du duo Michel Graillier-Christian Escoudé (juillet 1976), Gitane du duo Charlie Haden & Christian Escoudé (septembre 1978 - à noter que ce duo est sorti sous nouvelle étiquette éphémère de Boucanus : All Life et que la couverture mettait très inélégamment Charlie Haden en avant - Le Liberation Photo Orchestra n’était pas encore passé par là). Quatre points cardinaux, indications des directions que le guitariste empruntera avec succès. À cette époque, en l’entend avec Didier Levallet (il fait partie de Confluence), il joue en quartet avec Bernard Lubat (il y a un disque en Pologne), avec Steve Potts, Michel Portal puis John Lewis, Shelly Manne, Stan Getz, John McLaughlin etc. etc. etc. etc. jusqu’à Ancrage du Christian Escoudé Unit Five avec André Villéger, Ludivine Issambourg, Emmanuel Bex, Simon Goubert (Label Ouest - 2024). Cette fois-ci le terme de « dernier disque » ne sera, tristement depuis le 13 mai de cette année 2024, pas employé par erreur.

 

 


 

21.4.24

MICHAEL CUSCUNA

 

Il y a toujours quelque chose qui fait qu'un nom entre dans votre histoire pour ensuite devenir un repère déterminant. Par exemple les notes de pochettes des cardinaux albums d'Anthony Braxton pour la maison Arista dans les années 70 produits par Michael Cuscuna....

À 9 ans, Michael Cuscuna joue de la batterie, à 14, il assiste à des concerts d'Art Blakey, Miles Davis et John Coltrane. Ces chocs confirment sa grande passion et plutôt que de ne jamais pouvoir être vraiment musicien comme le sont ces types, il choisit de documenter, enregistrer, témoigner, stimuler de toutes les façons. Très vite il devient un incollable de l'histoire du jazz, celle passée, en train de se faire et en devenir. Il écrit pour Down Beat, a un show radio, s'intéresse aux développements du rock (son amusante interview avec Marc Bolan), travaille chez ESP, entre chez Blue Note, produit chez Atlantic... Dès lors, on va voir son nom associé à près de 3000 disques comme producteur, rééditeur hors pair (il va créer avec Charlie Lourie les incroyables Mosaïc Boxes), et rédacteur de centaines de ce que les spécialistes appellent des "liner notes" (coffrets Miles Davis par exemple). Plus encore que ses nombreuses productions de haut vol à 180° (Art Ensemble of Chicago ou Dave Brubeck pour Atlantic, Bonnie Rait pour Warner ou Charles "Bobo" Shaw pour Muse), c'est peut être son œuvre de fureteur et cette apothéotique obsession du détail (notablement une véritable opération de sauvetage de l'histoire de Blue Note), de celle ultra nourrie et nourrissante des hardiesses d'hier et des audaces d'aujourd'hui pour les libertés de demain, qui survivra à ce funeste 20 avril 2024.

 

 

15.3.24

LE RETOUR DU MACHI OUL

 


Machi Oul... le nom intriguait et le titre du deuxième album (en big band) Quetzalcoatl, nous rappelait que le souvenir des romans d'enfance (Le retour du serpent à plumes) n'était pas celui de fariboles. Les frères chiliens Manuel et Patricio Villarroel résidaient à Paris en 1970. Manuel forma le Matchi Oul Septet (avec un t) enregistré par Gérard Terronès, puis le Machi Oul Big Band (avec Patricio) enregistré par Jef Gilson. Des formations qu'on voyait à la télévision dans les émissions d'André Francis, et dans pas mal d'endroits. Le Souffle Continu, disquaire d'exception et rééditeur émérite, vient d'excellemment republier ces deux disques essentiels à la compréhension de ce qui se jouait - en tous sens du terme - au début des années 70, et fête l'événement, ce soir en présence des frères Villarroel et nombre des membres de l'orchestre, à la boutique, 22 Rue Gerbier, 75011 Paris à partir de 18h30.

9.3.24

AH DIS CHÉRI...
LES TROMPETTES DE JAZZ MAGAZINE

Être ou ne pas être soumis à la tentation des listes et l'illusion de complétude. La revue Jazz Magazine propose en son numéro de mars (768) "La plus belle histoire de la trompette" avec un choix de 85 trompettistes marquants. On regrettera (puisque nous y sommes invités) certaines absences notoires comme George Mitchell (capital), Red Rodney (hu ! hu !), Henry Lowther (tout de même), Bobby Bradford, Mongezi Feza, Marc Charig, Quincy Jones, Don Ayler, Manfred Schoof, Kenny Baker, Stuart Brooks, Guido Mazzon, Phil Minton, Kirk Knuffke, Cécile Baudry... et bien sûr tout près de nous, Nicolas Souchal, Rémi Gaudillat, Sylvain Bardiau (re-tout de même)... Ah les listes. Mais on est content que n'aient pas été oubliés, par exemple, Bernard Vitet, Alan Shorter ou Jac Berrocal (dont l'album réalisé avec Riverdog, Fallen Chrome, est recommandé).

1.3.24

SCOOP AU CŒUR DU TEMPS : JACQUES THOLLOT LE SAVOYARD MARSEILLAIS

 

Ce type d'article, fleurissant sur Internet et sensé encyclopédique, doit résulter de l'essorage de données que l'on appelle "intelligence artificielle". Ainsi, pour les connaissances futures des origines "exactes", Jacques Thollot le savoyard marseillais, né en mars, juin et octobre, en 1938 à Marseille et simultanément à St Cloud, puis en 1942, et enfin en 1943 à St-Jean-de-Maurienne, accompagne Claude Nougaro après avoir joué avec Albert Ayler. Ce doit être facile puisque tout le monde dans sa famille est musicien depuis le XIXe siècle (Roger Thollot compositeur célèbre, "Bon dieu, mais c'est bien sûr !"). C'est l'histoire du reblochon qui a bouché le port. Voilà quelques informations qui, n'en doutons pas, vont être reproduites à la hâte dans de futurs articles, accentuant ainsi une actuelle et certaine tendance (celle où le dare-dare a supplanté la connaissance).

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