Matinée du 28 mai vers 11h, musiciennes, musiciens, gens de musique et autres personnes partageant cet amour, révoltés par la récente et inique décision de la direction de France Musique de supprimer cinq émissions, se sont retrouvés face à la Maison de la Radio (bien dit "public" sous haute surveillance face à la colère et la joie - se retrouver - des manifestants). Le directeur Marc Voinchet ne daigna pas descendre, malgré la demande d'une "délégation"... Les CRS arrivèrent à la toute fin en même temps que la chargée de communication de Radio France experte en langue de bois. À suivre...
À lire
Photo : B. Zon
Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne

Affichage des articles dont le libellé est TSF. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est TSF. Afficher tous les articles
28.5.19
15.5.19
COMMUNIQUÉ DES ALLUMÉS DU JAZZ
À PROPOS DE LA SUPPRESSION DE CINQ ÉMISSIONS À FRANCE MUSIQUE
Sybile Veil, présidente-directrice générale de Radio
France
et Messieurs
Marc Voinchet, directeur de France Musique
Michel Orier, directeur de la musique et de la
création culturelle à Radio France,
ancien producteur de musique membre fondateur des Allumés du
Jazz
Frank Riester, Ministre de la Culture de la République
Française
France
Musique dans l’angoissante concordance des temps.
Ce n’est pas la
première fois que France Musique - station de radio à qui il est arrivé d’être
exemplaire - supprime des émissions de qualité, éconduit des talents de premier
plan (la grève de 28 jours en 2015 [1] reste fraîchement dans les mémoires). Mais la suppression de cinq émissions
d’un seul coup, cinq émissions porteuses d’une réelle diversité hors sentiers
rebattus dont les musiques se voient soudain contraintes de traverser la rue
pour trouver des auditeurs, est cette fois dramatiquement indicatrice de l’éprouvante
direction d’une certaine vision de l’avenir proche – musical ou non - à
laquelle on aurait aimé que France Musique, plutôt que de se fondre dans
l’effondrante manœuvre, offre son
meilleur contretemps.
"A
l'improviste", "Le Cri du Patchwork", "Le Portrait
Contemporain", "Tapage Nocturne", "Couleurs du Monde
Ocora" sont autant de réussites concrètes, de symboles d’une création belle
et bien vivante, et l’objet de ce texte ne devrait pas être seulement de
demander leur maintien, mais de réclamer la multiplication de ce type
d’émission où il est facile de reconnaître ce pour quoi la musique existe, ce
pour quoi elle nous parle. Anne Montaron, Clément Lebrun, Arnaud Merlin, Bruno
Letort, Françoise Degeorges en sont les productrices et producteurs
respectifs : de magnifiques artisans inventeurs, fervents d’exploration, à
l’écoute du monde, de tous les mondes.
La concordance
des temps inquiète : suppression d’émissions hardies en ces instants où
l’on arrête les journalistes qui filment de trop près [2] ,
où l’on coupe au montage les moments qui embarrassent la bonne tenue de
célébrations à la gloriole programmée [3],
où chaque semaine qui passe, la liberté d’expression est davantage entamée. La
musique n’est pas qu’une bande passante.
La concordance
des temps inquiète encore lorsque nous est servi comme excuse de ces
amputations ce « Nous sommes soumis à une forte pression budgétaire
concernant le coût de la grille » [4]. Pour lire ensuite le cocasse « Il faut
faire aussi bien avec moins de moyens.» [5] Cette recommandation eut été plus à propos lors des
délirants chantiers de rénovations des bâtiments de Radio France sur lesquels
beaucoup a déjà été dit et écrit. La musique se voit présenter l’addition. « Quand
le bâtiment va tout va » dit
l’adage, mais qu’est-ce qui va vraiment lorsqu’on va s’écraser sur le mur des
grands travaux inutiles ?
Et lorsque de l’hôpital
à l’école, le service public est sans cesse abîmé (la suppression des cinq
émissions est contemporaine du
projet de loi de « transformation de la
fonction publique ») : concordance
des temps plus qu’inquiétante.
On a beau nous expliquer
qu’en remplacement on verrait « créer à la rentrée un grand
rendez-vous, plus dynamique que des émissions planquées à 23 heures, inventer
un vrai carrefour de la création, avec des passerelles entre les artistes », on perce rapidement l’esquive facile avec un vocabulaire
plus passoire que passerelle. Comme si "A l'improviste", "Le Cri du Patchwork",
"Le Portrait Contemporain", "Tapage Nocturne",
"Couleurs du Monde Ocora" n’avaient pas magnifiquement déjà établi
les jonctions intelligentes sans besoin de compression césarienne. Ou bien s’agit-il
simplement de se plier à la loi de la diffusion régie par les algorithmes et la
grande vague du streaming ou s’ajuster sur des projets aussi fumeux que le
Centre National de la Musique ou bien faire Radio Classique au rabais, ou
peut-être tout cela à la fois.
Notre sentiment
alors n’est pas celui de l’indignation, mais bien celui de la colère face à
cette braderie de la quintessence incarnée par ces cinq émissions. Il s’agit
donc bien pour nous toutes et tous, que nous appartenions ou non au monde
musical, d’insister sérieusement pour obtenir le maintien de ces programmes à
qui il ne peut être fait de reproche. Il ne s’agit vraiment pas de détail, mais
bien en ces temps aussi troublés que troublants, de la marque essentielle d’un
attachement indéracinable à l’esprit libre.
Et puisque la
station France Musique est née d’une idée du poète Jean Tardieu, nous vous
recommanderons Madame et Messieurs de méditer sur ces quelques lignes de sa
plume : « Les hommes cherchent la lumière dans un
jardin fragile où frissonnent les couleurs. » [6]
[1] Communiqué des Allumés
du Jazz du 9 juin 2015
[3] Lors de la Cérémonie de remise des Molières le 13 mai 2019, une quinzaine
d'intermittents en Gilets jaunes on interrompu le spectacle pour remettre leurs
propres récompense. Les images de cette intervention ont été coupées au montage
lors de la diffusion deux heures plus tard sur France 2.
[4] Marc Voinchet in Télérama le 14 mai
2019
[5] Id
[6] Monsieur Monsieur de Jean Tardieu (1951
Gallimard)
Libellés :
Musica,
Radiophonie,
TSF
12.2.19
ANDRÉ FRANCIS
André Francis était, depuis les années 50, une figure indissociable de
la vie du jazz sur les ondes radiophoniques et à la télévision (quand il
y en eut) et plus encore une voix : celle, légendaire et archi active,
qui annonce le 27 juillet 1963 "le jeune Tony Williams à la batterie, il
a 17 ans" et "Herbie Hancouk au piano". Une sorte de parrain
omniprésent à la vaillance certaine qui ne craignait pas de se faire
chahuter à chacune de ses apparitions en un temps où le jazz était
affaire de positions pour lui comme pour nous. "Dédé" s'est éteint
aujourd'hui à 93 ans.
Libellés :
Lost and found,
Musica,
Radiophonie,
TSF
31.3.18
RECHERCHE DE LA BASSE AU SOMMET
CLAUDE TCHAMITCHIAN À L'IMPROVISTE
Recherche de la basse
au sommet
Qu’advient-il de son instrument lorsqu’un musicien disparaît ? La guitare de Jimi Hendrix, le piano de Claude Debussy, la guitare de Georges Brassens, les manuscrits de Nadia Boulanger ou le saxophone de John Coltrane entrent au musée où la vie se fige. Certains échappent à la tentation cryogénique, d’aucuns diront façon d’histoire, pour rejoindre d’autres bras, d’autres doigts, d’autres esprits, d’autres cœurs. C’est le cas d’une contrebasse de Jean-François Jenny-Clark, contrebassiste sublimement impliqué (imbriqué même) dans l’histoire du jazz, confiée à un autre contrebassiste de la génération suivante, musicien de nécessaire implication, de cœur actif. Le 12 mars dernier au studio 106 de Radio France, Claude Tchamitchian, invité d’Anne Montaron dans l’émission À l’improviste, se présente avec la contrebasse de Jean-François Jenny-Clark, dit JF, pour un concert solo d’une courte heure. Le 12 mars, c’est aussi l’anniversaire de Jack Kerouac et c’est par un hasard assez objectif que cette phrase de l’auteur du rouleau Sur la route vient à l’esprit : « Au fond, qu'est-ce qui est arrivé après ? - voilà la seule raison d'être de la vie ou d'une histoire. ». Par la grâce de l’instrument, l’après est ce jour-là un étourdissant déploiement de présent. Accordée autrement, travaillée autrement, aimée autrement, cette basse permet à Claude Tchamitchian (dont on ne dira jamais assez que son Another childhood* est l’un des très grands albums de contrebasse solo de l’univers du jazz - ou du jazz de l’univers), de se quitter lui-même pour se retrouver ailleurs, pleinement ailleurs. Dès les premières notes, on est happé par la profondeur immédiate du geste, une forme d’impatience retenue mais illuminée, la détermination d’explorer la confidence. Tout semble neuf et pourtant tout est intensément gorgé d’histoire, la témérité est délicate, l‘acuité limpide et l’intensité évocatrice foisonnante ; l’exercice pouvait sembler périlleux, il n’en est rien, il dépasse largement le défi initial, le rituel même, pour un tissage (maîtrise de l’archet) de tous les multiples franchissant un seuil où s’affirme la visionnaire osmose, là-haut à voix basse.
Libellés :
Musica,
Radiophonie,
TSF
8.6.17
EN MAY PRÉNOMME CE QU'IL TE PLAIT
Sur France Inter, Alain Passerel présentateur du journal de 13h, le 6 juin dernier, annonçait : "Mathilda May accusée par le Labor d'avoir supprimé des postes de policiers ces six dernières années". Lapsus ou Cri du Hibou ?
28.5.17
GREG ALLMAN
The
Allman Brothers Band, groupe formé par deux frères Duane et Gregg, combo dit de rock, d'un blues foisonnant d'archipels, embrassait les
traces de fréquentations prolifiques (les séances de Duane pour King
Curtis, Aretha Franklin, Laura Nyro, Wilson Pickett, Otis Rush, Percy
Sledge, Boz Scaggs, Delaney & Bonnie, Herbie Mann...). Leur
troisième album At Fillmore East est une merveille. Duane s'est tué en
moto en 1971 éclatant cette fraternité explicitement puissante. Gregg
continua le groupe avec une ombre fraternelle prégnante
proposant le très réussi Brothers & Sisters popularisé en France
en 1973 avec l'instrumental "Jessica" qui servit de générique de "Pas de
Panique" de Claude Villers sur France Inter. L'esprit de Duane ne
quitta jamais Gregg... qui ce 27 mai vient de s'éclipser.
Libellés :
Lost and found,
Musica,
TSF
1.5.17
ARAM PÉCHINE
Ce
matin de 1er mai sur France Inter à 8h55, le sketch honteux (aussi
inspiré qu'un numéro raciste de Pierre Péchin) de Sophia Aram (qui
s'empresse bien sûre de dire à la fin que ses enfants à elle ne parlent pas comme
ça) ridiculisant la jeunesse qui cherche avec ses moyens parce qu'elle
étouffe, qui réfléchit autrement que ses ainés, qui se révolte comme elle peut, qui
n'accepte plus, qui pourrait aussi nous amener à repenser notre propre
enlisement, en dit long sur les raisons même de l'état de délabrement où
nous sommes arrivés et de ses responsables.
Image : Semeur à la volée par Vincent Van Gogh, peintre de conviction
Image : Semeur à la volée par Vincent Van Gogh, peintre de conviction
27.4.17
NAGUI RÉGULATEUR DÉMOCRATE
Sans rigoler
Ainsi l'animateur radio-télé Nagui, celui qui estimait en juin 2016 que
travailler dans la radio publique c'était « du bénévolat – on ne peut
pas parler de salaire, c’est du défraiement », a censuré un des
humoristes de son émission quotidienne, Pierre-Emmanuel Barré, au motif
qu'il faisait dans un sketch l'apologie de l'abstention se concluant par
« Je sais pas qui va gagner le 7 mai, mais je peux vous dire qu'il y
aura 65 millions de perdants ». L'animateur s'est défendu « Mais
non, ce n’est pas de la censure, surtout par rapport à la vraie censure
qui risque d’arriver si Le Pen passe. Je suis sidéré qu’on banalise le
fait que le FN soit au premier tour, qu’il n’y ait pas eu de manif ».
Nagui, animateur habitué des manifs antifascistes donc (on cherche les
traces pénélopiennes de sa présence à Bastille dimanche soir après
l'annonce des résultats du premier tour). C'est tout simple et déjà
éprouvé : pour éviter la censure : une autre censure. L'abstention qui a
largement dépassé en nombre tous les autres votes n'est certes pas une masse
homogène, mais ni plus ni moins que les autres groupes. Ses
représentants n'ont pas de droit de cité. Marion Maréchal Le Pen, qui
s'y connaît en extrême droite, disait récemment : « L'abstention ne
bénéficie pas au Front national ». Pas très sensé ces histoires de
censure !
Libellés :
Radiophonie,
Souffrage,
Téléphagie,
TSF
2.4.17
SOUFFLE CONTINUEL
S'il nous arrive de lutter contre les souvenirs, nous sommes aussi souvent en recherche du souffle qu'ils ont pu nourrir. Pas vraiment les souvenirs en formes d'ailleurs, mais ces moments que l'on voudrait embrasser au présent, toujours. Non pour regarder derrière, ni pour être sur ses gardes, mais pour obstinément espérer trouver l'insondable balance qui ferait de demain un autre jour véritable. Le portrait de Gérard Terronès photographié par Christian Ducasse en 1990 laisse passer la lumière pour dire cet instant où tout s'ouvre, cet instant où le souffle continue, fort de son histoire, de ses sentiers aventureux, de ses désirs. Vendredi matin, 17 mars, l'indésirable flash nous fait perdre l'équilibre, la nouvelle est impossible : Gérard est parti la veille.
Le soir, à Lomme, Jazz en Nord a invité Tony Hymas et Eric Lareine pour une soirée consacrée à Léo Ferré. Avant le concert, Claude Colpaert, qui vient d'apprendre la nouvelle, s'adresse aux spectateurs pour rappeler l'importance de Gérard Terronès, dire comment l'homme au chapeau avait généreusement aidé l'association à ses débuts, à quel point il souhaitait que ce genre d'initiative prenne racine. Le pianiste d'Eric Lareine a dû annuler pour raisons familiales et Tony le remplacera. En une heure de répétition avant le repas, avec Eric Lareine, ils font connaissance, potassent la musique, les mots ; tout le monde s'adapte, construit, ce qui compte c'est le poème, les conseils du vent, la boussole, ne rien perdre du Nord. Le pianiste joue d'abord seul, puis avec le chanteur vient le temps d'une rencontre intense de libertés intérieures, de libertés de mouvements, de libertés de langage, de langages, de libertés libertaires. On y danse. "Muß es sein, es muß sein!" Nous sommes là pour être, suivre la seule partition fondamentale : le souffle.
"La dignité d'un homme seul, ça ne s'aperçoit pas. La dignité de mille hommes, ça prend une allure de combat". René Char (Le soleil des eaux)
Dimanche 19 mars 14h, Paris, place de la Nation, Marche pour la Justice et la Dignité. Cela fait longtemps que les Marx Brothers, fussent-ils oubliés par Lénine (Léo Ferré "Paris Je ne t'aime plus"), ne modèrent ni la forge ni le vent. Ils marchent contre la brutalité policière, contre l'oubli de ses nombreuses victimes, contre l'infernal racisme, contre les fatalités programmées de l'inhabitable ancienne maison et ses rafistolages atomiques. Ils marchent aussi pour l'essentielle justice du verbe "être". La rue fait du bien, elle rend la beauté. On ne se terre plus. On y danse. Là, une banque à la vitrine endommagée avec un graffiti "Plus belle la vitre". Les équivalences poétiques disent tout. En arrivant Place de la République, on passe devant le Dejazet, souvenir de Léo Ferré et de Gérard Terronès qui tous les deux y ont forgé, y ont soufflé, lorsque cette scène était Théâtre Libertaire de Paris. La manifestation anti-répression sera réprimée. Peine perdue et uniforme, cela fait mal certes, mais ne suffira jamais à modifier nos paysages jamais essoufflés.
Plus tard, ce même 19 mars, on file à l'Atelier du Plateau. Catherine Delaunay et ses copains Yann Karaquillo, Sandrine Le Grand, Christophe Morisset, Pierrick Hardy, Guillaume Roy, Guillaume Séguron y jouent Jusqu'au dernier souffle, suite inspirée par les lettres des soldats français au front pendant la guerre de 14-18. Ces lettres l'ont bouleversée, c'est sensible et c'est partagé. Debussy (1910) et Berg (1913) sont en tête de chapitres. S'en suivent les mots, leurs peines, leurs dépits, leurs horreurs, leur amour. Eugène à la veille de son exécution "pour l'exemple" écrit à sa femme Léonie : "Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissés exténués et désespérés. (...) Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie. Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque jʼavançais les sentiments nʼexistaient plus, la peur, lʼamour, plus rien nʼavait de sens. Il importait juste dʼaller de lʼavant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. (...) Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de lʼétat major. Tous les combattants désespèrent de lʼexistence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine dernière, le régiment entier nʼa pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. Jʼai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour lʼexemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus dʼobtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif dʼaider les combattants à retrouver le goût de lʼobéissance, je ne crois pas quʼils y parviendront. (...) Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahis et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle". La musique composée par Catherine Delaunay et vécue par l'orchestre corrèle, elle chante avec ses humbles petits chahuts son refus de l'émergence du mal. Sa force agit, resitue le souvenir et ses possibilités d'une multitude d'actions contre l'inadmissible.
Intermède : On se demande bien pourquoi pendant trois jours, les médias veulent nous faire croire que Chuck Berry est l'inventeur du Rock'n'Roll. Ce n'est pas le cas, ce qui ne retire rien de son talent, un moment prodigieux. Mais pourquoi diable tout sacrifier aux raccourcis saccageurs, à l'histoire de vitrine, à la gomme du détail et des relations, à la disparition d'une humanité mouvementée, riche et complexe ? Entre deux passages de l'énergique "Johnny B. Goode", ils poursuivent le forcing pour nous faire avaler la farce électorale. Ce n'est pas très marrant.
Mercredi 22 mars à Nanterre, François Robin, joueur de veuze et flibustier des sons présente, devant un parterre divers, réceptif et heureux, La Circulaire, trio l'unissant à ses amis le chanteur Sylvain Girault et le flûtiste Erwan Hamon. La circulaire appelle la respiration, la nécessité du souffle pour le son continu nécessaire à la cornemuse (la veuze étant cornemuse de la région nantaise), le bourdon en haleine, les motifs répétitifs, les variations incarnées, la mise en rythme des sentiments où s'insère la poésie et l'histoire des gens : une façon à chaque tour de rejoindre un peu plus le monde par présages miroitant. Toutes sortes de voies se dévoilent par l'essentielle attention. Là aussi on peut danser.
Jeudi 23 mars, direction le Père Lachaise pour un dernier salut à Gérard Terronès. Trois jours avant, c'était le peintre Henri Cueco qui rassemblait avant de rejoindre la terre de Corrèze. Dans le métro, ligne 2, ligne injustement décriée car on y fait de belles rencontres, un graffiti : "Mon MC favori ? Bakounine". Comme un avant-propos en arrivant au cimetière du mur des Fédérés, là où les partisans de La Commune de Paris furent fusillés et jetés dans une fosse ouverte au pied du mur par l'armée de Mac Mahon et Adolphe Thiers. Nestor Makhno et Bernard Vitet, auteur de La Guêpe, paru en 1972 chez Futura, y sont aussi. La musique est Flamenco, Gérard Terronès aimait la marque espagnole. Noel McGhie prend le premier la parole émue, évoquant l'accueil chaleureux de Gérard Terronès lors de son arrivée à Paris en 1969, ce qu'avait apporté le Gills Club, la rencontre de nouveaux camarades comme Beb Guérin et Bernard Vitet. D'autres évoquent ensuite Massy, Futura, la rue Clothaire, Marge, Futura Experience, Radio Libertaire, Le Totem, le Festival des Musiques Mutantes, le free jazz, l'unité, Jazz Unité, le swing, les étincelles, le football, la Java, les convictions, l'équilibrisme, l'indépendance, la lumière, la pénombre, l'Amérique à Paris, le partage, la vie du jazz, le jazz de la vie... Mais aussi Gérard très jeune adolescent d'Agadir, dans une préhistoire du jazz racontée par son frère Noël, en jeune rocker fasciné par James Dean et Bill Haley. Rires, applaudissements, chagrin.Tant de vies touchées par celle d'un homme, tant de vies inspirées à l'un ou l'autre moment. Moment fort de retrouvailles aussi. Beaucoup d'amitié fraternelle ce jour.
Théo et Bernard, amis disquaires chez qui Gérard Terronès - qu'ils aimaient comme un oncle - appréciait avoir ses rendez-vous, offrent ensuite un moment de partage et de réconfort nécessaires dans cet endroit au nom si bien choisi, si déterminé : Le Souffle Continu.
Photographies : Christian Ducasse (Gérard Terronès), B. Zon (Hymas-Lareine, Marche pour la justice et la Dignité, La circulaire), Hélène Collon (Catherine Delaunay), PG 2395 (texture Rouge et Noir)
25.2.16
SPEAKERS DE RADIO FRANCE
Écouter les nouvelles par la radio publique peut coller un peu de cafard, mais heureusement les noms des journalistes (surtout lorsqu'ils sont en suite) sont plutôt rigolos et constituent peut-être le commentaire réel : Stanislas Touchot et Claire Chaudière, Laurent Léger et Marion L'Hour, Bertrand Quenotte et Sandy Dauphin, Marc Podevin et Pascale Boucherie, et puis Pascal Tonnerre...
Libellés :
Les grandes inventions,
Radiophonie,
TSF
9.6.15
LES ALLUMÉS DU JAZZ À PROPOS DES CHANGEMENTS À RADIO FRANCE
« Liberté d’expression » ! Ces mots ne sauraient être une tournure vide de sens, un habillage vaguement pratique.
Or,
au travers d’une grève de 28 jours, la plus longue de l’histoire de
Radio France, ses personnels nous ont alertés d’une menace sérieuse.
Ce n’est pas la première fois que frustrations, contrariétés, sentiments d’injustices naissent des décisions des pouvoirs en charge (renvoi de journalistes et producteurs talentueux, amputations des programmes, érosion de la qualité), mais jamais on n’a senti aussi crûment la mise à bas de cette « liberté d’expression » dont la radio nationale devrait être un tantinet garante ; devrait être expressément garante.
On partira ici du principe - sur lequel on insistera - que les musiques naissent libres et égales entre elles.
Faut-il rappeler le rôle joué par la RDF, la RTF, l’ORTF, puis Radio France dans la constitution du champ musical en France, de ses recherches, de ses perspectives ?
Faut-il rappeler aussi le rayonnement provoqué par la possibilité d’assister à des concerts de grande qualité, gratuitement ou à moindre prix ?
Faut-il rappeler, par exemple l’importance considérable de la radio dans la diffusion du jazz en France ? On citera avec insistance les noms de Marjorie Alessandrini, Patrice Antona, Yvan Amar, Jean-Arnaud, José Artur, Jean-Christophe Averty, Jérôme Badini, Henri Bernard, Patrice Bertin, Jacques Bisceglia, Patrice Blanc-Francard, Pierre Bouteiller, Xavier Yvonne et Robert Brédannaz, Brocker, Jean Buzelin, Philippe Carles, Claude Carrière, Daniel Caux, André Clergeat, Sim Copans, Maurice Cullaz, Louis Dandrel, Charles Delaunay, Julien Delli Fiori, Jean Delmas, Henry Devay, Michel de Villers, Jack Diéval, Michel Dubourg, Hervé Dubreuil, Alain Durel, Alex Dutilh, Anne-Marie Duverney, Chris Flicker, André Francis, Maryse Friboulet, Louis Fritsch, Alain Gerber, Jean-Louis Ginibre, Michel Godard, Laurent Goddet, André Hodeir, Henri Hubert, Michel Jules, Philippe Koechlin, Gabriel Lallevée, Daniela Langer, Pierre Lattès, Bruno Letort, Lucien Malson, Jean-Marie Masse, Jean-Robert Masson, Franck Médioni, Arnaud Merlin, Anne Montaron, Raymond Mouly, Claude Muller, Daniel Nevers, Bernard Niquet, Hugues Panassié, Jean-Jacques Patrice, Xavier Prévost, Franz Priolet, Jean-Michel Proust, Auguste Pujolle, Henri Renaud, Jean-Paul Ricard , Marie-Berthe Servier, Jean-Paul Terray, Gérard Tourtrol, André Vasset... La liste n’est pas exhaustive et toutes et tous ont œuvré non seulement à une meilleure connaissance de cette musique, à sa compréhension profonde, mais aussi à sa maturité, à son intégration, à son existence même. Il ne s’agissait pas de situer le jazz dans ce que la novlangue en cours nomme sans dignité une « niche », mais de le vivre sur la place publique. Plus que jamais, le jazz ne saurait être seul, il vit dans une grande diversité de musiques. Le rôle de la radio est d’en préciser les perspectives, les reliefs, les liens.
Les nouveaux décideurs de l’audiovisuel en France se préoccupent d’abord de réaménagement de bureaux de fonction, de voyages en taxis pharaoniques, de Peugeot 508 neuves, d’experts en gestion d’image, puis ensuite d’audimat « toucher un public le plus large possible[1] » et de rentabilité, notion qui a son absurde lot d’abstractions lorsqu’il s’agit de service public. Foin de la création, de l’excellence, de l’intelligence.
Le changement de la radio, c’est donc maintenant. Il ne s’agit plus de sales petits coups en douce, mais d’une véritable déflagration : avis de 380 licenciements, fermeture du bureau du jazz suivie d’une transformation simulée, annonces de la suppression de France Musique puis son amaigrissement à deux faces (classique et jazz la semaine, « diversité » le week-end), grille des programmes ratatinée, captations de concerts réduites de moitié et suppression des cachets pour les musiciens enregistrés (en invoquant soudainement que France Musique, qui l’a pourtant pratiqué depuis des lustres, ne serait juridiquement pas apte à le faire), mise à l’écart du commentaire (« plus de place à la musique et moins à la musicologie1 »), réduction spectaculaire des moyens de productions au profit de simple passage de musique…
Un slogan de France Musique indiquait « la musique un ton au-dessus », un autre de France Inter que la « voix était libre » en nous priant « d’écouter la différence ». À l’heure d’impressionnants changements technologiques, sources logiques de confusion, quand lors des deux dernières décennies, les oracles avisés, futurologues high-tech et autres experts se sont lourdement trompés dans leurs prévisions, il semble bien que cette différence, cette liberté sont les moyens inaliénables pour un service public qui se doit d’être au-dessus des concurrences passagères, qui se doit d’écouter autre chose que les logiques meurtrières de l’uniformité.
C’est TOUTE la création musicale dans son ensemble, dans sa diversité, dans sa créativité que nous voulons voir figurer à titre égal et généreux sur les chaînes de la radio publique - France Musique, France Inter, France Culture, FIP, France Bleu, France Info, Mouv - débarrassée de la dictature du divertissement et de ses manipulateurs. Il en va très sérieusement de « la liberté d’expression ».
Les Allumés du Jazz
1 AFP 26 avril 2014
Photos : B. Zon
Ce n’est pas la première fois que frustrations, contrariétés, sentiments d’injustices naissent des décisions des pouvoirs en charge (renvoi de journalistes et producteurs talentueux, amputations des programmes, érosion de la qualité), mais jamais on n’a senti aussi crûment la mise à bas de cette « liberté d’expression » dont la radio nationale devrait être un tantinet garante ; devrait être expressément garante.
On partira ici du principe - sur lequel on insistera - que les musiques naissent libres et égales entre elles.
Faut-il rappeler le rôle joué par la RDF, la RTF, l’ORTF, puis Radio France dans la constitution du champ musical en France, de ses recherches, de ses perspectives ?
Faut-il rappeler aussi le rayonnement provoqué par la possibilité d’assister à des concerts de grande qualité, gratuitement ou à moindre prix ?
Faut-il rappeler, par exemple l’importance considérable de la radio dans la diffusion du jazz en France ? On citera avec insistance les noms de Marjorie Alessandrini, Patrice Antona, Yvan Amar, Jean-Arnaud, José Artur, Jean-Christophe Averty, Jérôme Badini, Henri Bernard, Patrice Bertin, Jacques Bisceglia, Patrice Blanc-Francard, Pierre Bouteiller, Xavier Yvonne et Robert Brédannaz, Brocker, Jean Buzelin, Philippe Carles, Claude Carrière, Daniel Caux, André Clergeat, Sim Copans, Maurice Cullaz, Louis Dandrel, Charles Delaunay, Julien Delli Fiori, Jean Delmas, Henry Devay, Michel de Villers, Jack Diéval, Michel Dubourg, Hervé Dubreuil, Alain Durel, Alex Dutilh, Anne-Marie Duverney, Chris Flicker, André Francis, Maryse Friboulet, Louis Fritsch, Alain Gerber, Jean-Louis Ginibre, Michel Godard, Laurent Goddet, André Hodeir, Henri Hubert, Michel Jules, Philippe Koechlin, Gabriel Lallevée, Daniela Langer, Pierre Lattès, Bruno Letort, Lucien Malson, Jean-Marie Masse, Jean-Robert Masson, Franck Médioni, Arnaud Merlin, Anne Montaron, Raymond Mouly, Claude Muller, Daniel Nevers, Bernard Niquet, Hugues Panassié, Jean-Jacques Patrice, Xavier Prévost, Franz Priolet, Jean-Michel Proust, Auguste Pujolle, Henri Renaud, Jean-Paul Ricard , Marie-Berthe Servier, Jean-Paul Terray, Gérard Tourtrol, André Vasset... La liste n’est pas exhaustive et toutes et tous ont œuvré non seulement à une meilleure connaissance de cette musique, à sa compréhension profonde, mais aussi à sa maturité, à son intégration, à son existence même. Il ne s’agissait pas de situer le jazz dans ce que la novlangue en cours nomme sans dignité une « niche », mais de le vivre sur la place publique. Plus que jamais, le jazz ne saurait être seul, il vit dans une grande diversité de musiques. Le rôle de la radio est d’en préciser les perspectives, les reliefs, les liens.
Les nouveaux décideurs de l’audiovisuel en France se préoccupent d’abord de réaménagement de bureaux de fonction, de voyages en taxis pharaoniques, de Peugeot 508 neuves, d’experts en gestion d’image, puis ensuite d’audimat « toucher un public le plus large possible[1] » et de rentabilité, notion qui a son absurde lot d’abstractions lorsqu’il s’agit de service public. Foin de la création, de l’excellence, de l’intelligence.
Le changement de la radio, c’est donc maintenant. Il ne s’agit plus de sales petits coups en douce, mais d’une véritable déflagration : avis de 380 licenciements, fermeture du bureau du jazz suivie d’une transformation simulée, annonces de la suppression de France Musique puis son amaigrissement à deux faces (classique et jazz la semaine, « diversité » le week-end), grille des programmes ratatinée, captations de concerts réduites de moitié et suppression des cachets pour les musiciens enregistrés (en invoquant soudainement que France Musique, qui l’a pourtant pratiqué depuis des lustres, ne serait juridiquement pas apte à le faire), mise à l’écart du commentaire (« plus de place à la musique et moins à la musicologie1 »), réduction spectaculaire des moyens de productions au profit de simple passage de musique…
Un slogan de France Musique indiquait « la musique un ton au-dessus », un autre de France Inter que la « voix était libre » en nous priant « d’écouter la différence ». À l’heure d’impressionnants changements technologiques, sources logiques de confusion, quand lors des deux dernières décennies, les oracles avisés, futurologues high-tech et autres experts se sont lourdement trompés dans leurs prévisions, il semble bien que cette différence, cette liberté sont les moyens inaliénables pour un service public qui se doit d’être au-dessus des concurrences passagères, qui se doit d’écouter autre chose que les logiques meurtrières de l’uniformité.
C’est TOUTE la création musicale dans son ensemble, dans sa diversité, dans sa créativité que nous voulons voir figurer à titre égal et généreux sur les chaînes de la radio publique - France Musique, France Inter, France Culture, FIP, France Bleu, France Info, Mouv - débarrassée de la dictature du divertissement et de ses manipulateurs. Il en va très sérieusement de « la liberté d’expression ».
Les Allumés du Jazz
1 AFP 26 avril 2014
Photos : B. Zon
Libellés :
Musica,
Radiophonie,
Signatures,
TSF
3.5.15
RÉMY KOLPA KOPOUL
La dernière fois que nous l'avons vu, c'était en mars dernier à l'Ermitage (Paris) lors d'une soirée co-organisée par nos amis d'Innacor. On a connu Rémy Kolpa Kopoul à l'époque où Libération était un journal lisible. Amoureux de la musique brésilienne (depuis sa rencontre avec Caetano Veloso et Gilberto Gil), mais aussi de nombre de musiques en marge, Rémy Kolpa Kopoul a été un des ardents artisans popularisant ce qu'on appelle la World Music. Pilier de Radio Nova, il y anima avec son créateur Jean-François Bizot « Les Voyages improbables ». Devenu Inspecteur La Galette dans sa très joyeuse émission « Contrôle discal», il recherchait dans la discothèque des autres (dont la nôtre) les objets de la différence. La silhouette très parisienne de ce partisan de l'abolition des frontières musicales nous est devenue bien familière depuis les débuts de la Chapelle des Lombards. On ne le verra plus. Rémy Kolpa Kopoul est mort à Brest ce 3 mai, la veille il faisait encore le DJ au Vauban pour une soirée au profit des enfants du percussionniste Ramiro Mussoto.
Photo : Rio Loco
Libellés :
Lost and found,
Musica,
TSF
4.11.10
JAZZ SUR LE VIF
L'INVITATION DE XAVIER PREVOST

Xavier Prevost, monsieur Jazz à Radio France, y a pensé… ils ne sont pas nombreux. Ça fait chaud ! Comment peut-on avoir oublié un musicien de l’importance de Beb Guérin ? Ou plutôt pourquoi néglige-t-on (ou préfère-t-on négliger) le souvenir de musiciens qui, s’ils ne furent pas les inventeurs d’un style ou d’un type de figuration, contribuèrent en essentiels catalyseurs, dynamiteurs, au devenir réel de la musique. Là comme ailleurs, l’histoire véritable n’est pas celle de héros statufiés, mais bien de personnages littéralement engagés. Beb Guérin en est l’exemple fort, musicien essentiel au développement de la musique en France lors des décennies 60-70.
Un soir de 1979 à la salle des fêtes de Montreuil, le contrebassiste était resté sur scène, après le « spectacle » (un tant soit peu disons … malaisé (ou malaisant) ce jour-là), avec son instrument pour longuement jouer seul s’adressant aux spectateurs ne souhaitant pas partir (un très bel acte), en parlant de conscience, du sens de la musique, de ce qu’on croyait entendre, de ce qu’on pouvait faire. Ce que la petite organisation auto-appelée « monde du jazz », qui étouffe volontiers son plaisir dans les figures de style, n’aime plus guère.
François Méchali s’était produit lors de ces mêmes années (le 25 mai 1976*), au studio 105 de la Maison de la Radio, en trio de contrebasses avec Beb Guérin et Jean-François Jenny-Clark. Ce concert fut le modèle de ce qui devint le premier disque nato, soit un duo Méchali-Guérin (JF n’étant alors pas libre) intitulé Conversations et enregisté le 6 septembre 1980 à Chantenay-Villedieu, deux mois avant le suicide de Beb.
Pour les trente ans de nato, donc, Xavier Prevost dont le sens de l'attention n'est pas une légende, a choisi (dans ce studio 105) de rendre hommage à Beb Guérin, ou plutôt de solliciter un rappel en invitant, seul, son partenaire de Conversations, François Méchali. À l’issue de ce solo, toujours à l’invitation de Xavier Prevost, Bruno Chevillon s’est joint à Méchali pour une quinzaine de minutes d’improvisation libre, respectueuse et respectable. A l’issue de cet échange, Chevillon rappela l’influence considérable qu’exerça Méchali sur son désir de musique, soulignant par là même le rôle discrètement fondateur de l’ancien membre du Cohelmec pour la scène française. Pour la seconde (ou troisième) partie de la soirée, le directeur du Bureau du jazz de Radio France a tout aussi simplement, en jolie logique aérée, convié le trio de Tony Hymas avec Bruno Chevillon et Eric Echampard, donnant ainsi le champ nécessaire à une soirée finalement très complémentaire (histoire et actualité encore) de celles du Dunois en début de mois. Concert à multiples conjugaisons, aux plans variés, en belle lisibilité d’où surgit en rappel le plus naturellement du monde (là où ça passe, là où ça se passe) un « Blue Monk » intimement significatif.
Diffusion sur France Musique ces samedis 6 et 13 novembre à 23h dans le cadre de Le bleu, la nuit... puis en écoute pendant un mois sur le site de la chaîne. Ces concerts ont été filmés en vidéo par une équipe de Radio France et seront visibles sur Dailymotion via le site de France Musique à partir du lundi 8 novembre pour le solo-duo de contrebasse(s) et du lundi 15 novembre pour le trio. Détail du programme radiophoniqueici
* précision apportée par Xavier Prévost
Libellés :
Musica,
Radiophonie,
Tony Hymas,
TSF
1.5.08
LE TEMPS DU SILENCE AUDIBLE


Il arrive qu'un événement puisse conjuguer simplement et en évidence des intentions multiples. Le musicien, le producteur de disque, souhaitent vivement rencontrer non seulement un public, mais aussi - et surtout - un peu d'histoire présente. Alors, les efforts et peines s'effacent devant le sens. Ce fut le cas pour nous lorsque sur le site de Wounded Knee, dans un blizzard violent, réfugiés dans notre voiture, nous écoutions la radio KYLIE de la réserve lakota de Pine Ridge qui passait Oyaté alors que des centaines de cavaliers du Big Foot Ride apparaissaient sur la colline pour la dernière étape de leur long et signifiant périple. Ce fut aussi le cas lorsqu'au premier mai 1997, la CNT avait donné rendez-vous au Père Lachaise (mur des fédérés) pour sa manifestation rejoignant la grande manifestation unitaire et que son camion à l'entrée du cimetière passait le disque Buenaventura Durruti. Moments où tout se met en place dans la tête, instantanés de compréhension irremplaçable.
Aujourd'hui c'est le 1er mai, date où l'on commémore (choix de la 2ème internationale) la pendaison, en novembre 1886, de cinq syndicalistes anarchistes à Chicago, arbitrairement condamnés sans la moindre preuve à la suite de l'explosion d'une bombe faisant 15 morts dans les rangs de la police à l'issue d'une marche de protestation sur la place de Haymarket, faisant elle même suite à la manifestation du 3 mai 1886 où trois grèvistes avaient été tués par la police. Auparavant, l'American Federation of Labor s'était donné deux ans pour imposer au patronat la journée de travail à huit heures. L'organisation avait choisi de commencer cette action le 1er mai 1886 parce que les entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.
Au cimetière de Walheim, à Chicago, sur la tombe d'un des condamnés, Augustin Spies, on peut lire : «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui»
Rendez-vous ce matin Place des Fêtes, puis Place de la République pour jouer tout en écoutant.
Libellés :
Affaires indiennes,
Confistoire,
Mai,
Musica,
Noir et rouge,
TSF
Inscription à :
Articles (Atom)