La vidéo du gars qui fait danser
le monde a fait surgir des souvenirs…
J’aime la danse sous toutes ses
formes et si je regrette de ne pouvoir pratiquer les extrêmes : la danse
classique et le hip hop…. Je me débrouille assez bien dans l’intervalle. A deux,
je luis dois mes premiers émois de valse romantique et le délicieux trouble de
tangos passionnés. Je n’ai jamais manqué, seule, au cours de mes chemins
gitanes de me joindre aux danses qui marquent dans le monde un rituel ou une
liesse populaires. De la jota aragonaise, aux piétinements africains en passant
par le sirtaki grec…Partout la meilleure et plus simple manière de participer
et de se faire accepter.
C’était au cours d’un voyage sur
l’Amazone, partis de Manaus nous allions sur ce fleuve impressionnant de
village en village, petits regroupements au bord de l’eau avec leurs cases
modestes et leurs groupes bruyants d’enfants
nus et dorés proposant un singe agressif ou un perroquet dédaigneux. Après
quelques jours dans ce climat tropical humide la fatigue commençait à se faire
sentir surtout que les nuits sur le bateau n’étaient guère reposantes.
Somptueuses certes, avec des ciels étoilés soudains envahis de titanesques
nuées orageuses d’un noir violet, l’énorme mouvement des masses d’eau sombre
sous la coque et, venant de la terre, le jacassement des milliers d’animaux de la forêt, mais… Mais nous dormions sur le
pont dans des hamacs, alignés comme de monstrueuses larves. Avec, en guise de
couverture, une grande feuille de plastique
qui s’alourdissait au fur et à mesure des réguliers abats de pluie. Le vent
soufflant en rafales il était courant que le hamac d’un des passagers se
décroche, on entendait alors un grand boum éclaboussé et cri du malheureux qui
s’affalait sur le pont au milieu des rires des autres larves plus chanceuses.
Nous étions sur le chemin du retour et devions
achever le périple dans un village plus important où nous attendait le « banquet
« final. Des tables étaient dressées dans un vaste hangar de tôle, au fond
des musiciens accroupis avec des instruments indéfinissables. On voyait dans la
cuisine attenante s’affairer des femmes en chemise de coton brut. Des touristes
venus d’ailleurs s’installaient avec nous. On nous servit du poisson évidemment,
avec en cadeau ses monstrueuses écailles rugueuses si solides que les indigènes
s’en servent comme limes. A la fin du repas entrait un groupe de jeunes gens
des deux sexes richement habillés se mettant à danser avec les musiciens
subitement réveillés. Rythme joyeux mais visages frais inexpressifs de ceux
appelés par les anciens à perpétrer sans enthousiasme ces coutumes qui attirent
le chaland et qui n’y voient que le côté commercial. Autour de moi l’assistance
un peu blasée photographiait, distribuait quelques sous… J’étais un peu
attristée puis j’ai vu les femmes danser dans la cuisine ! Je suis allée
les rejoindre aussitôt et suivi le rythme de leur ronde. Je n’oublierai jamais,
m’intégrant immédiatement, les regards brillants de ces femmes âgées (ou usées…)
en majorité et qui jouissaient pleinement
de ce moment de plaisir. Elles me souriaient, me donnaient la main et nous
étions là dans cette musique viscérale unies simplement en tant que tant que femmes
avec malgré les différences visibles, au fond de nous le même vécu d’épouses,
de mères assorti des mêmes joies et peines…En nage, échevelées, rieuses nous
sautions en parfaite harmonie.
Quand la musique s’est tue nous nous sommes spontanément embrassées. Il y avait des larmes aussi.
Quand la musique s’est tue nous nous sommes spontanément embrassées. Il y avait des larmes aussi.