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Bienvenue à bord...

Vous êtes arrivés par erreur sur le site d'une librairie d'EVREUX, l'Orielle. Seule et unique librairie généraliste indépendante à Evreux!
Ici , il n'y a pas le kilo de carottes que vous cherchiez désespérément, ni le garagiste ouvert le 15 Août pour réparer la courroie de distribution de votre luxueux véhicule.
Désolés, vraiment...
Si, si..

Par contre, si vous ne savez pas quoi lire, il y a au jour le jour
nos coups de coeurs, en vrac dans toutes les littératures et essais:
française, étrangères, fantasy, romans policiers, thrillers
science fiction, bandes dessinée, manga, comics, récits de voyage.
Parfois, ce ne sont pas les libraires qui chroniquent, mais des clients, des amis
ou des bloggeurs renontrés sur le Net.

Passez un bon moment et portez vous bien.. 

Isabelle et Emmanuel.





...

Les royaumes combattants vers une nouvelle guerre mondiale Susbielle, Jean-François



Essai géopolitique mettant en présence les acteurs du monde économique et dressant un panorama du monde de demain. Analyse des évolutions géopolitiques et des orientations économiques et militaires prises par chacun des sept "empires" (la Russie, les USA, la Chine, le Japon, l'Inde, le Brésil et l'Europe de l'Ouest).
Sept royaumes se partagent le monde.
Pour quatre d'entre eux, la mondialisation capitaliste ne présente que des avantages. Car c'est écrit, dans 10 ans, 15 ans tout au plus, la Chine, l'Inde, mais aussi le Brésil et la Russie domineront le monde de leur puissance financière, industrielle, technologique et militaire.
Le temps joue irrésistiblement en faveur des royaumes émergeants. La Chine et l'Inde n'ont besoin que d'une décennie supplémentaire de paix et de stabilité pour que s'accomplisse leur destin.
En revanche, pour les USA et leurs alliés européens ou japonais, le temps est devenu un ennemi mortel, synonyme d'affaiblissement et de déclin. Le compte à rebours a commencé.
Pour survivre dans un monde en mutation accélérée, l'Amérique doit impérativement rompre le statu quo que lui imposent ses rivaux. Forte de sa seule supériorité militaire, elle s'est mise à fabriquer du désordre : Kosovo, Afghanistan, Irak, Iran... Un désordre qui lui permet de garder la main et de se préparer pour les échéances à venir.
En 2001, le monde est entré dans l'ère des «royaumes combattants».
À la tête de «l'Occident chrétien», les États-Unis mettent sur pied une alliance planétaire avec un Japon qui entend conserver sa suprématie en Asie de l'Est. L'Inde se rapproche des USA pour faire contrepoids à la Chine, alors que la Russie et le Brésil sont en embuscade. Quant à l'Europe, royaume virtuel à la souveraineté limitée, son destin ne lui appartient déjà plus.
La crise financière qui s'annonce sera, dit-on, la plus grave depuis celle de 1929 qui précéda le second conflit mondial. L'engrenage qui, de la dépression conduit au protectionnisme et à la guerre, est hélas bien connu.
Alors, 2008 sera-t-elle l'année charnière qui verra se fiss...

etc...etc..
Rarement vu un auteur  d'essai à priori intelligent ,sympathique  et cultivé se tirer une balle dans le pied à ce point, en multipliant les points d'exclamation tous les paragraphes et irriter son lecteur à coups de phrases péremptoires et faciles.
A coté,le "Choc des civilisations" de Huttington, c'était nuancé.
énervant, on a envie de claquer l'auteur tous les trois mots.
Bon d'accord, c'est publié chez First, mais ce n'est pas une raison pour saloper le boulot, et prendre les lecteurs pour des demeurés.
Nota: c'est curieux, l'histoire de la période chinoise dite des "Royaumes combattants" , hier encore connue de quelques amateurs de civilisation étrangères, suffit aujourd'hui comme laissez passer , comme titre d'appel d'un essai très grand public.. c'est chouette , la mondialisation..
à quand un essai d'Attali titré avec la Hanse, Byzance ou le Saint-Empire?
Les Français sortent  un peu de leur Finistère intellectuel, de "nos ancêtres les Gaulois".
Au même moment, la  très joilie réédition de l'histoire de France de Michelet aux éditions des Equateurs  fait un carton..on se recentre sur son identité et on se balade.
Jeanne d'arc et l'empereur Qin..., les Ch'tis et la Mongolie.
C'est le même public, ou à peu près.
Si j'étais politogue et futé, j'aurais surement quelque chose à en tirer.

D'ARTAGNAN Journal d'un cadet -de Nicolas Juncker




D'ARTAGNAN Journal d'un cadet
Une preview exceptionnelle de 25 pages pour le nouvel album de Nicolas Juncker, Prix du jury BDGest 2005 pour "MALET".
Tout le monde connaît l’histoire des trois mousquetaires : les aventures héroïques de d’Artagnan, son honneur et sa bravoure, son amitié à toute épreuve avec ses comparses Athos, Porthos et Aramis… Mais cette image quasi mythique correspond-elle vraiment au personnage créé par Alexandre Dumas ?

D’Artagnan, journal d’un cadet, se propose de raconter la « véritable » histoire de d’Artagnan : celle d’un jeune homme indécis, naïf et un brin empoté, aux relations loin d’être idylliques avec ses trois compagnons.
Conservant l’intrigue épique de ce célèbre roman de cape et d’épée (un jeune gascon arrive à Paris et parvient à se faire engager dans les mousquetaires du Roi. Il s’y liera d’amitié avec trois de ses camarades avec qui il connaîtra bien des aventures, qui les opposeront au cardinal Richelieu et à l’intrigante Milady…), Nicolas Junker s’attache particulièrement à faire ressortir le côté noir de ses protagonistes et leur psychologie complexe.

Un récit original et sombre, mais aussi chargé d’humour.


Tout le monde connaît l’histoire des trois
mousquetaires : les aventures héroïques
de d’Artagnan, son honneur et sa
bravoure, son amitié à toute épreuve avec
ses comparses Athos, Porthos et Aramis…
Mais cette image quasi mythique
correspond-elle vraiment au personnage
créé par Alexandre Dumas ?
D’Artagnan, journal d’un cadet se propose de
raconter la « véritable » histoire de d’Artagnan :
celle d’un jeune homme indécis, naïf et un brin
empoté, aux relations loin d’être idylliques avec
ses trois compagnons.
Conservant l’intrigue épique de ce célèbre roman
de cape et d’épée, Nicolas Juncker s’attache
particulièrement à faire ressortir le côté noir de
ses protagonistes et leur psychologie complexe.
Sous son crayon, Porthos devient bien plus qu’un
lourdaud matérialiste. Aramis n’est plus qu’un
ecclésiastique terne. Quant à Athos, il acquiert une
dimension autre qu’un simple noble présomptueux.
D’Artagnan n’est plus présenté comme un héros
idéal, mais comme un homme avec ses défauts : il
est influençable, près de ses sous et indéniablement
égoïste. Mais il est surtout très seul.
Nicolas Juncker réussit le tour de force de réadapter
avec brio ce classique indémodable, mais rarement relu
avec autant de fi nesse, de justesse et d’inventivité.
l’auteur-illustrateur :
Originaire de Gascogne, Nicolas Junker nourrit très
tôt le rêve de devenir mousquetaire… Malheureusement,
l’époque ne s’y prêtant plus, il se contentera, au sortir de
l’adolescence, d’embrasser fugitivement la carrière d’escrimeur
de haut niveau. Une fois ses fl eurets remisés, suite
à une blessure aussi stupide qu’inavouable, il exercera ses
talents en tant qu’auteur de bandes dessinées avec une
prédilection pour le genre historique…


Homme au Torque d'Or- Simon R. Green


La présentation de l'éditeur

Mon nom est Bond. Shaman Bond.
Permis de tuer les agents des ténèbres.

Tout est vrai. Tout ce qui vous fait peur. Théories du complot, monstres sous le lit, fantômes et vampires. Si ces saletés n'ont pas encore conquis la planète, c'est que depuis toujours ma famille les en empêche. Nous montons la garde; nous vous protégeons du grand méchant loup, et vous ignorez jusqu'à notre existence.
Mon nom est Bond. Shaman Bond. D'accord, ce n'est que mon pseudo. Dans un boulot qui consiste à cogner sur des monstres abominables, un peu d'humour ne fait pas de mal. En vrai, je m'appelle Eddie Drood. Permis de tuer les agents des ténèbres. Ma famille est l'une des plus anciennes d'Angleterre. Et nous protégeons l'humanité contre les forces du mal depuis tant de siècles que nous avons arrêté de compter. C'était ça, mon boulot. Et je l'adorais. Jusqu'à ce qu'il m'explose à la gueule.

Simon R. Green est né à Bradford-on-Avon (Angleterre) en 1955. Diplômé de l'université de Leicester en littérature contemporaine, il a été employé de librairie (comme le personnage du Vin de minuit). Il est l'auteur de la saga Traquemort (L'Atalante) et de la série de fantasy Hawk & Fisher (Bragelonne).

Traduit de l'anglais par Marie Surgers.

Spirou Le Journal d'un Ingénu -Gros coup de coeur

"Belgique, 1939. Spirou est groom au Moustic hôtel de Bruxelles. En quelques jours, à la faveur de rencontres diverses et variées, la vie de ce sympathique jeune homme va prendre une nouvelle orientation.

Quoi de neuf ? Spirou, bien sûr ! D’accord le slogan est usé jusqu’à la corde et pourtant avec Les aventures de Spirou et Fantasio par il est tentant de le recycler une fois encore. Et paradoxalement, en particulier avec ce Journal d’un ingénu. Loin de la volonté de faire du neuf avec du vénérable tel un brocanteur armé de son lustrant, Emile Bravo invite plutôt à découvrir le personnage avec un œil nouveau. Comme ses prédécesseurs, il ne se substitue pas à Franquin ou aux auteurs successifs qui lui ont emboîté le pas, il rend hommage à l’institution en livrant une partition personnelle. Mais avec une difficulté supplémentaire, en relevant un défi qui l’expose sans doute plus que ses prédécesseurs : celui d’offrir le tome 0 de la série ou, comme on dit sous d’autres latitudes, les origines des héros dans le cadre d’une aventure à part entière. Avec de l’espionnage, des sentiments, du comique, comme on aurait pu le lire sur une affiche. Le risque est simple et multiple à la fois, reposant sur des a priori plus classiques encore que le mythe : quel intérêt de revisiter les monuments ? (en l’occurrence la série ET l’auteur, icône intouchable du 7ème Art) ; encore un hors-série qui plaira plus aux collectionneurs qu’au lecteur ? pourquoi chercher à copier les incunables ?



En dépit des apparences et d’une couverture franchement rétro, Emile Bravo n’imite pas les illustrés d’alors qui accueillaient les vedettes nommées Tintin et donc Spirou. Si son appropriation de la ligne claire qui caractérise son style donne « l’impression de », graphiquement, c’est davantage avec le reporter aux culottes de golf que vers le petit groom que l’analogie se fait. D’ailleurs, il semble s’en amuser ouvertement en citant puis en faisant endosser au jeune bagagiste la panoplie de son ainé. Peut-être en fait-il un peu trop d’ailleurs de ce point de vue mais qu’importe. D’autant qu’il n’y a aucun doute possible, il s’agit bien d’un album d’Emile Bravo. Le groupe de gamins (hérité de Franquin) que Spirou a pris sous son aile porte par exemple sa marque de fabrique et, cette fois, on peut le dire sans exagération : C’était la guerre mondiale. Et l’histoire est bien ancrée dans l’Histoire, avec ce que cela sous-entend de romanesque.



Le choix de la guerre ou de la paix se négocie entre émissaires des futurs belligérants dans les salons privés d’un hôtel d’une capitale d’un pays tiers. Comme d’habitude chez l’auteur, les choses sont dites, compréhensibles pour les plus jeunes qui, eux, ne liront pas l’album en s’encombrant d’une quelconque pointe de nostalgie. Il y a fort à parier qu’ils sont plus familiers des personnages de Bravo, croisés au détour de ses albums bien sûr, mais aussi des périodiques, de livres jeunesse ou d’ouvrages à vocation encyclopédique, que des créations d’Hergé ou de Franquin publiées lorsque leur grand-père se promenait en culotte courte. Il y a un bien quelques éléments de pure politique qui leur passeront bien au-dessus de la tête mais ils ont toujours la possibilité de trembler (un tout petit peu) et de s’amuser (plus franchement) quelques cases plus loin. Ce sacré Spip, par exemple, qui se découvre une conscience ; ce grand dadais de Fantasio aussi, pas très sympathique au premier abord mais que ses pitreries rachèteront définitivement.

Et pour les amoureux des histoires populaires d’antan, portées parfois à l’écran en noir et blanc ou bien chantées, il y a la situation de ce pupille de la Nation pas gâté par la vie mais débrouillard, candide mais qui apprend vite. Ces querelles de gosses aussi, qui s’envoient maladroitement mais avec une absolue conviction les opinions de leurs parents. Ces méchants qu’il est si bon de tourner en ridicule, ces gentils qu’il est rassurant de voir aux côtés du gamin en rouge. Et cette bluette aussi, avec cette jeune fille gracile, blonde comme les blés d’Ukraine, aux crans impeccables et très mode. Spirou a-t-il jamais été amoureux ? C’était l’une des questions auquel l’album se proposait de répondre. Sur ce point, comme sur les autres que l’ancien lecteur aux manettes de ce projet avait choisi d’aborder, la réponse est joliment et efficacement abordée. Sa réponse. De quoi passer très rapidement sur l'ultime planche bien fade au regard de ce qui précède et un épilogue encore plus inutile qu'anecdotique. Des broutilles.

Drôle d’expérience donc, ô combien convaincante, d’avoir à lire un album d’époque tout à fait moderne, d’avoir le sentiment d’avoir exhumé une relique flambant neuve qui ramène à une période de l’histoire qu’un nombre dérisoire de lecteurs de ce Journal d’un ingénu a réellement connu. Le tout dans un respect absolu de certains codes et en demeurant soi-même. Inutile d’être un expert depuis 70 ans pour apprécier cet album, le fait de savoir qu’il existe un personnage de BD, habillé de rouge à ses débuts, populaire depuis des décennies au point de créer l’évènement à chaque fois qu’une de ses aventures est publiée, doit suffire. C’est dire si ce Journal est réussi."

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Jean Potocki : les mille et une nuits des Lumières


 
Fragile monarchie élective dépecée au XVIIIe siècle manu militari par la Russie, la Prusse et l'Autriche, marche héroïque néanmoins, et plusieurs fois décisive sur le limes, où l'Europe chrétienne tenait tête à l'Empire ottoman, la Pologne profonde, un peu comme l'Italie et l'Espagne confrontées elles aussi à l'islam, a trouvé dans sa foi et son clergé catholiques les assises jalouses de sa personnalité et de sa langue nationales. Mais son aristocratie lettrée, quoique politiquement inepte, eut assez d'éclat, de culture et d'alliances matrimoniales pour se trouver chez elle aussi bien à Pétersbourg et à Vienne qu'à Paris, capitale dont le patriotisme polonais a souvent attendu en vain le salut. D'où sa fécondité en grands caractères erratiques, européens au suprême degré, perpétuels voyageurs et exilés, devenus en certains cas écrivains géniaux et inclassables. Witold Gombrowicz a perpétué au XXe siècle une lignée littéraire polonaise illustrée avant lui par Adam Mickiewicz et Joseph Conrad-Korzeniowski. Leur archétype complet, au début du XIXe siècle, avait été le comte Jan Potocki (1761-1815).

Roger Caillois fit sensation en 1958 lorsqu'il préfaça et publia chez Gallimard des fragments du Manuscrit trouvé à Saragosse. Ce roman écrit en français entre 1796 et 1810 par un grand seigneur polonais avait été aussitôt oublié que publié dans ses premières éditions partielles et confidentielles, à Paris et Pétersbourg. En 1989, José Corti publia, d'après une traduction polonaise datant de 1848, une version complète du roman, devenu, entre-temps, grâce au succès parisien de l'anthologie Caillois et au film de Wojciek Jerzy Has (1964), une oeuvre-culte, joyau de la littérature dite "fantastique" au même titre que Le Diable amoureux de Cazotte ou le Vateck de Beckford. Il a fallu l'enquête érudite de François Rosset et Dominique Triaire dans les fonds manuscrits polonais pour tirer au clair ce long imbroglio éditorial entre deux langues. La collection "GF" publie ensemble les deux versions manuscrites successives enfin retrouvées dans leur langue originale, le français : l'une date de 1804, et l'autre, profondément remaniée, de 1810, cinq ans avant le suicide de l'auteur dans ses terres domaniales d'Ukraine. On voit ainsi clair dans la genèse et les intentions de l'oeuvre, qui échappe désormais à l'étiquette que lui avait assignée Caillois.

Gentilhomme de l'Europe française, le comte Potocki eut deux vies littéraires, outre une vie matrimoniale déçue et une vie politique ratée. Encyclopédiste et polymathe surdoué, il excella dans tous les domaines de la science du XVIIIe siècle, publiant tantôt des monographies exhaustives, récits de voyages en Orient et au Maroc, enquêtes sur la préhistoire sarmate et russe, tantôt des tentatives de synthèse historique et philosophique. Linguiste, logicien, mathématicien de surcroît, ce Faust des Lumières se rêva à lui seul un concentré de toutes les Académies d'Europe. Or le progrès de la science périme vite le savoir. Il dut sans cesse corriger, compléter, ou admettre l'obsolescence rapide des parties et du tout de son inachevable opus magnum. Pour ne pas perdre la raison à force de trop s'en servir, il se divertit dès 1796, au cours d'un voyage d'étude sur les rives de la mer Caspienne, à la composition d'un roman. Il ne cessera plus, jusqu'en 1810, de le poursuivre et de le reprendre, parallèlement à ses travaux de savant et d'expert tous azimuts.

Ce divertissement fut efficace, mais une fois recommencé et terminé, il laissa place à une mélancolie cette fois fatale. Le Manuscrit n'était un jeu qu'à demi : c'était aussi un miroir où son auteur se réfléchissait ironiquement, prenant de mieux en mieux, de la première version à la seconde, la mesure des limites et de la vanité de son projet de savoir spécialisé et universel. Si, précédant les maréchaux de Napoléon et l'espagnolisme romantique, Potocki situe son roman en Espagne, c'est qu'en fait il écrit un autre Don Quichotte, où l'encyclopédisme des Lumières et la mythologie éclairée de La Flûte enchantée tiennent la place des romans de chevalerie.

A la faveur d'une matriochka d'histoires emboîtées les unes dans les autres et racontées par les caractères les plus divers, avec pour fil conducteur un jeune gentilhomme flamand qui fait son éducation entre Sierra Morena et Murcie, le prétendu "fantastique" du Manuscrit (qui dupe d'abord le lecteur comme l'auditeur in fabula) est désabusé, tôt ou tard, de la façon la plus naturelle, dans un autre récit. Le merveilleux potockien délecte toujours deux fois, quand on s'y laisse prendre et quand se découvre l'erreur dont on a été "victime". Il est du même ordre que l'amour, qui trompe et qui désabuse, mais qui dans l'intervalle a tout de même octroyé des plaisirs exquis. Quant à la science universelle potockienne, qui exalte le génie du duc de Vélasquez, alter ego de l'auteur, elle lui vaut de cruelles déconvenues. De son côté, la foi religieuse a beau tourner en fanatisme (Potocki est impartial entre ses divers personnages catholiques et musulmans), elle sait aussi donner une assise et une direction droite aux croyants sincères.

En définitive, cette haletante exploration romanesque des diverses voies du connaître, du croire et du faire croire (surtout dans sa version de 1810) conduit, comme le Quichotte, à la célébration de toutes les passions désintéressées, quels qu'en soient le prix et l'échec : art et amour, science et foi. Elle jette une malédiction implacable, préromantique, sur la morale de l'intérêt qui meut l'immense majorité des hommes. Une éducation par le plaisir de la fiction moins périmée aujourd'hui que jamais.
MANUSCRIT TROUVÉ À SARAGOSSE. VERSIONS 1804 ET 1810 de Jean Potocki. Edition établie par François Rosset et Dominique Triaire, "GF-Flammarion", deux volumes, 772 p., et 864 p., 24,10 €.

Marc Fumaroli (De l'Académie française)

Des millions de "Millenium"


C'est l'histoire d'un homme qui aimait tant les femmes qu'il avait fait de son engagement féministe la pierre angulaire de sa vie. Il aimait travailler avec elles, y compris sous leurs ordres ; il les jugeait plus courageuses et moins hâbleuses que la plupart des hommes. Les violences à leur égard le mettaient hors de lui. Il pouvait rompre avec de vieux amis s'il décelait chez eux des traces de phallocratie.


C'est l'histoire d'un homme qui aimait une femme en particulier, et ce, depuis le jour où, à peine âgé de 18 ans, il l'avait vue surgir à un meeting contre la guerre du Vietnam. Elle était frêle, ardente, idéaliste, et il avait tout de suite reconnu en elle la flamme qui le brûlait lui-même, les rêves qui le distinguaient des autres, un même goût d'absolu. Leurs amis en furent tout de suite frappés : "Entre ces deux-là, c'était bien plus qu'une romance." Ils haïssaient les conformismes, les sectarismes, les compromis, unis dans la même détestation d'une histoire que la Suède répugnait à solder - celle de ses liens avec l'Allemagne hitlérienne - et de son reliquat néonazi.

C'est l'histoire de Stieg Larsson. Un nom qu'aucun Suédois en âge de lire ne peut plus ignorer et qui pourrait bien rattraper celui d'Astrid Lindgren (l'inventrice de Fifi Brindacier) au panthéon des auteurs suédois les plus lus dans le monde. Après avoir inondé la Suède (9 millions d'habitants) de 2,5 millions de livres, sa trilogie de romans policiers publiés sous le titre de Millenium est en train de conquérir tous les continents.

Les pays nordiques ont succombé en un éclair, la France aussi, où la diffusion approchera bientôt, chez Actes Sud, le million d'exemplaires. La vague déferlera à l'automne sur l'Amérique et Hollywood dresse l'oreille. L'auteur, hélas, n'en a rien su, victime d'une crise cardiaque peu après avoir rendu son manuscrit. Et sa compagne de trente-deux ans, Eva Gabrielsson, indissociablement liée à l'écriture des livres, a été éclipsée par des règles d'héritage impitoyables et une famille peu scrupuleuse. C'est donc aussi l'histoire d'un scandale qui bouleverse la Suède, navrée que la success story d'un des grands best-sellers de son histoire soit entachée par une sordide querelle de famille.

Partir sur les traces de Stieg Larsson dans un Stockholm lumineux, goûtant aux premières douceurs du printemps, revient à plonger dans Millenium. Un ami de l'auteur donne rendez-vous au Cafe Anna, grand comme un mouchoir de poche, où se réfugie le héros du livre, page 21 du tome 1. Un collègue préfère les locaux d'Expo, le magazine antifasciste qui a fortement inspiré le mensuel Millenium, au centre de l'intrigue. Eva Gabrielsson propose, elle, de parcourir à pied le quartier de Södermalm, mixte, bigarré, où Lisbeth Salander (la stupéfiante, décoiffante, improbable héroïne) a élu domicile.

A travers ces conversations se dessine peu à peu la personnalité de Stieg Larsson. Un journaliste généreux et bohème, aussi désargenté que peu carriériste, qui mit dans son oeuvre de fiction écrite les deux dernières années de sa vie la somme des expériences acquises au cours des quarante-huit premières. "Ce sont bien plus que des romans policiers, insiste Eva, sa compagne. On y retrouve les valeurs héritées de son enfance, ses engagements, sa conviction que les individus peuvent trouver en eux-mêmes la force de changer leur destin. Et c'est sa voix que l'on entend. Ce talent de conteur que partagent les gens du Nord et qui conduisait Stieg à nous passionner, nous faire rire, vibrer, par ses milliers d'histoires."

Né en 1954 à Umea, une petite ville située à 700 km au nord de Stockholm, d'un couple d'adolescents, le petit Stieg fut confié très tôt à ses grands-parents maternels, qui habitaient encore plus au nord, en pleine forêt, dans une cabane en bois. Il y passera neuf ans, choyé, libre, allant à l'école à ski de fond. Militant communiste, le grand-père avait été enfermé dans un camp, entre 1939 et 1940, puis, après la guerre, s'était retrouvé sur une liste noire et avait perdu son travail, vivant de la pêche, de la chasse et de petits travaux fermiers. A sa mort, l'enfant retrouve des parents qu'il n'appelle que par leurs prénoms, découvre son jeune frère, et une nouvelle école où il se sent perdu. Sept ans plus tard, il quitte la maison.

Il rêve de devenir journaliste, écrit de la science-fiction dans un fanzine et inonde le journal local de critiques de films et de livres. Il commence aussi à se documenter sur les groupuscules néonazis qui lui font horreur. Vite, les deux jeunes gens partagent un appartement, font du stop vers Paris, et décident d'habiter Stockholm, où Eva suit des études d'architecture et où Stieg obtient, en 1979, un emploi à l'agence de presse TT. Il y restera vingt ans. Il voyage en Afrique, se passionne pour le régime du premier ministre de la Grenade Maurice Bishop, écrit sur de nombreux sujets, de l'astronomie à la politique, des affaires militaires aux mafias diverses. Et, bien sûr, enquête sur l'extrême droite, devenant un spécialiste respecté.

Il collabore à la publication britannique antiraciste Searchlight, qui recherche son expertise. Et il participe, en 1995, à la création d'Expo, une fondation qui, en plus d'un magazine inspiré de Searchlight, organise des recherches, débats, enseignements pour combattre l'extrême droite. Ce qui implique des nuits de travail (avec café et cigarettes, Larsson est insomniaque), des conférences, à Londres pour Scotland Yard, à Berlin, Genève, Tel-Aviv. Ce qui signifie aussi une habitude du secret - il reçoit de nombreuses menaces -, l'absence du nom de Larsson à l'adresse du couple, le renoncement au mariage pour éviter de figurer sur des registres officiels.

Architecte, Eva Gabrielsson collabore à un projet de Ricardo Bofill à Södermalm, est nommée conseillère au ministère de l'environnement, démissionne pour se lancer dans l'écriture d'un livre ambitieux sur la planification des villes, avant de devenir consultante. La décision de Stieg de se consacrer à plein temps à Expo est risquée, mais Eva assume, soutient, protège, et règle les factures d'un compagnon réfractaire aux formalités.

En 1997, Stieg entame l'histoire d'un vieil homme qui reçoit une fleur mystérieuse à chacun de ses anniversaires. "Et après ?", demande Eva. Après, plus rien. Jusqu'à l'été 2002 où, dans une cabane au bord de l'eau, Stieg reprend le récit, premier chapitre de Millenium. Et amorce l'aventure. Sans plan. Sans recherche historique. Sans enquête. "Il avait tout en tête, dit Eva. Nous avions déjà croisé les personnages, Stieg avait rencontré ces situations au cours de ses reportages, nos vies s'y entremêlaient. "Tu veux savoir ce qu'a fait Lisbeth aujourd'hui ?", me demandait-il le soir. On discutait, le puzzle prenait forme."

Trois tomes voient le jour en deux ans. L'éditeur Norstedts est euphorique. On n'avait jamais vu un nouvel auteur apporter d'emblée trois livres aboutis. Millenium promet de frapper un grand coup. Stieg se met à rêver aux changements que Millenium (il a prévu 10 tomes) apportera dans leur vie. Les droits reviendront à une société à créer avec Eva, qui leur permettra de ne plus travailler qu'à mi-temps et de consacrer le reste du temps à écrire. Ils finiront de payer le petit appartement acquis à Stockholm et achèteront un cottage au bord de l'eau, dont ils dessinent les plans. Les revenus du quatrième tome iront à la fondation Expo. Ceux du cinquième à un foyer pour femmes battues...

Le 9 novembre 2004, après avoir gravi les sept étages qui mènent à Expo à cause d'une panne d'ascenseur, Stieg Larson s'écroule. "Mais je dois travailler !", dit-il dans un dernier souffle. Eva arrive trop tard. Les obsèques réunissent plus de deux cents amis, journalistes, militants des droits de la personne. Tous sous le choc. L'éditeur aussi est désorienté et s'adresse naturellement à Eva. "Bien sûr qu'on continue !", dit-elle, décidée à faire respecter l'esprit et les idées de son compagnon. Un juriste de la maison d'édition lui fait cependant comprendre que la société que Stieg désirait créer n'a pas vu le jour et qu'elle devra composer avec son frère et son père, seuls héritiers.

Eva ne comprend pas tout de suite. La voilà pourtant rayée en une seconde de l'aventure Millenium. L'éditeur ne veut plus avoir affaire qu'aux héritiers officiels, qui habitent loin de Stockholm, ignorent tout de la philosophie et des intentions de Stieg, et rejettent soudain les appels d'Eva. Sauf pour lui faire un chantage : si elle veut garder son appartement, il faudrait qu'elle livre l'ensemble de la documentation de Stieg ainsi que son ordinateur, supposé contenir les 200 premières pages d'un quatrième tome... De l'or en barre. Eva refuse, l'ordinateur n'appartient-il pas à Expo ? Et la loi suédoise ne protège-t-elle pas les sources des journalistes contenues dans leur portable ?

Les livres de Stieg Larsson sont apparus dans les librairies de Stockholm sans qu'Eva Gabrielsson en soit informée. Le tournage d'un film avec de grands acteurs suédois a eu lieu sans qu'on lui ait rien demandé. De curieux changements ont été faits dans les livres, sur lesquels elle n'a eu aucun mot à dire. Et la famille Larsson, qui vient de renoncer officiellement à l'idée d'un quatrième tome, ne répond pas à sa proposition de gérer, même gratuitement, les droits intellectuels de Stieg.

Annick Cojean


LE MONDE | 22.04.08

Nouveau chroniqueur



Bonjour,
très rapidement, mon coup de coeur des derniers mois est celui-ci :

La révolution russe 1891-1924
Olrlando Figes
Denoël

C'est d'abord le portrait sans concession de tout un peuple, du paysan au tsar, à un moment de son histoire. C'est parallèlement le portrait de ce moment : la naissance d'une société "libérale" dans le sens premier du terme, prête à sortir de la féodalité et à prendre le virage du XXème siècle, malgré le blocage d'un tsar absolutiste et incompétent, conseillé par une cour ultra-réactionnaire.
Puis, c'est l'histoire, en pleine révolution, de la prise du pouvoir par Lénine et Trotsky qui, seuls, furent capable d'exploiter l'incroyable violence des "bolcheviks".
Tout au long du récit, le regard lucide et humaniste d'un juste nous accompagne, qui a tout vécu de l'intérieur, celui de Maxime Gorki.
On sort du livre secoué, on acquiert une compréhension des événements que nul autre ouvrage ne peut nous fournir, et on réalise toute la vérité de la formule "les extrêmes se rejoignent".
Olivier

Skin, Nip Tuck en manga pour Septembre 2008


Jeune étudiant en médecine, Takumi Sakisawa est promis à un brillant avenir jusqu'au jour où un événement dramatique bouleverse sa vie : sa petite amie, défigurée dans un accident, se suicide. Traumatisé à l'idée de ne pas avoir pu lui venir en aide, Takumi décide de réorienter son existence, et devient chirurgien esthétique ! Bravant tous les interdits, il tranche graisses et nez disgracieux, transformant parfois radicalement l’existence de jeunes filles mal à l’aise dans une époque trop soucieuse par l’apparence.
Le premier volume de Skin, nouveau seinen des éditions Panini, sera à découvrir en septembre prochain! 4 tomes sont actuellement disponible au Japon et la série est toujours en cours. Ce récit est le fruit de la collaboration de Kunihiko Nakai scénariste et dessinateur et de Koji Hayashi un scénariste de feuilletons télévisés dont les productions ont pour caractéristique communes de traiter d’un thème très spécialisé (service des urgences, cour de justice).
source:www.manga-news.com
NGM

Partie de pêche au Yémen, de Paul Torday


Des saumons et des hommes
Restons dans le domaine marin avec Partie de pêche au Yémen de l’Anglais Paul Torday, qui imagine aussi à sa façon une fine association entre le destin des poissons et celui des hommes à travers le récit d’une entreprise loufoque d’implantation de saumons dans les paysages désolés du Yémen. À l’origine du projet se trouve un cheik puissant convaincu que la pêche, noble sport où patience et paix intérieure jouent un rôle, parviendra à stabiliser la tension politique qui règne dans son pays. Aidé par le gouvernement britannique, qui voit dans cette entreprise une possibilité de distraire la population inquiète du sort de ses soldats en Irak, le puissant bonhomme engage une compagnie de courtiers et précise que la dépense est le dernier de ses soucis. Pris entre un ministère qui le force à agir malgré ses réticences (tout à fait normales, puisque chacun sait à quel point le projet prétend être casse-gueule et inutile), une femme qui gère ses émotions comme un budget d’opération, le docteur Alfred Jones, personnage principal de Partie de pêche au Yémen, n’a d’autres choix que de suivre les ordres et, malgré tout, tenter de réaliser ce projet loufoque. Construit d’originale façon et juxtaposant les courriels, les notes de service, les coupures de presse, le journal intime et la correspondance entre les protagonistes, le roman de Torday convainc et séduit par la fraîcheur de son propos. Et derrière cette comédie se cache, bien entendu, une savoureuse réflexion sur la corruption, les jeux de pouvoir et, disons-le, sur le fait que parfois, les humains se déplacent en troupeau et se révèlent plus souvent qu’à leur tour des bêtes. Un roman qui fait frétiller de plaisir et qui, espérons, fraiera du bassin des nouveautés printanières jusqu’à son lecteur.



Pour montrer que le pays est capable d’envoyer au Moyen-Orient autre chose que des troupes, des avions espions et des armes, le gouvernement anglais y exporte des poissons. Vivants. Plus exactement, il soutient l’initiative d’un cheikh yéménite totalement loufoque, un poil visionnaire et fondu de pêche à la mouche, qui consiste à introduire la pêche au saumon dans un oued de son pays, le Wadi Aleyn. Est appelé à la rescousse, pour mener à bien le projet, un scientifique comblé, à qui la femme vient d’offrir pour leurs vingt ans de mariage une brosse à dents rotative, ce qui n’est pas très bon signe…

On comprend qu’il préfère s’intéresser aux salmonidés. Mais Allah en a décidé autrement, et cette comédie déjantée comme seuls savent en faire les Anglais nous entraîne, dans un torrent de rires, vers une question essentielle : qu’est-ce qui, de l’argent, de l’opinion publique ou de la morale, a le plus de pouvoir ? Avec des personnages pittoresques sans être caricaturaux et une intrigue haletante (même pour ceux qui ont d’autres hobbys le week-end que d’aller taquiner le tacon), Paul Torday livre des bribes de réponses comme les éléments d’un puzzle. À chacun de les assembler. Édifiant et même… tordant
http://madame.lefigaro.fr/culture/critiques/1-livres/758-partie-de-peche-au-yemen

Que se passe-t-il dans la tête d’un scientifique britannique tout à fait raisonnable et comblé –sa femme vient de lui offrir une brosse à dent électrique pour leurs vingt ans de mariage – quand un cheikh yéménite, passionné de pêche, lui demande de construire une rivière à saumon de plusieurs dizaines de kilomètres afin qu’il se livre à son sport favori…
Une délicieuse explosion qui donne naissance à une de ces comédies originales que les Anglais savent nous offrir pour notre plus grand plaisir.
Partie de pêche au Yémen est aussi une parabole ironique sur les folies des administrations, les possibilités quasi-surréalistes de l’argent et du pouvoir, l’histoire d’un homme presque banal dont le destin bascule par la puissance du rêve et bien sûr par l’apparition d’une femme.Un premier roman magistral.
http://www.actualitedulivre.com/livresuite.php?id=121

Les Livres Martin Winkler



(écouter sur arteradio et ici même en lisant l'article qui suit)




Ceux qu’on a toujours refusé de lire pendant l’adolescence et qui vous saisissent à l’âge adulte :
Ceux qu’on a adoré lire et qui ont vieilli, quand on les relit :
Ceux qu’on refuse d’acheter parce qu’on refuse de donner de l’argent à ce type-là :
Ceux dont on a tout oublié
Ceux dont votre meilleur ami vous rebat les oreilles et qu’il ou elle finit par vous offrir et que vous laissez traîner bien en évidence pour lui faire croire que vous allez bientôt les lire.
Ceux qu’on a gardés pendant des années et qu’on ne retrouve plus le jour où on veut remettre la main dessus.
Ceux qu’on n’a jamais prêtés, et ce n’est pas demain la veille :
Ceux dont on veut se débarrasser, mais on ne sait pas trop comment, alors on les met dans des cartons,
Ceux qu’on a prêtés et qu’on ne nous a jamais rendus, et on passe son temps, quand on va chez des copains, à regarder s’ils les ont pas sur leurs étagères :
Ceux que des amis ont achetés..
Ceux dont on est le seul à connaître l’existence, au point qu’on se demande parfois si on ne les a pas rêvés.
Ceux qui sont tombés en morceaux la première fois qu’on les a ouverts :
Ceux qui sont beaux, et qu’on a envie de montrer :
Ceux qu’on aperçoit dans le train en cours dans les mains d’une voyageuse copine :
Ceux autour desquels on tourne pendant des semaines :
Ceux qui n’étaient plus au catalogue depuis longtemps :
Ceux sur lesquels on jette un regard mitigé d’envie et de mépris :
Ceux qui sont écrits en français mal traduit de l’anglais :
Ceux qui portent des bandes rouges plus larges que l’écharpe d’Homère :
Ceux qui ne font aucun bruit et que personne ne voit :l
Ceux qu’on a fabriqués de ses mains (ou presque) et dans lesquels on a mis toute sa vie :
Ceux des gens qu’on connaît et qu’on aime bien :
Ceux qu'on a pas lu des gens qu’on ne connaît pas et qu’on déteste, et inversement :
Ceux qu’on garde pour plus tard et qu’on empile sur la table de chevet :
Ceux qu’on aurait bien voulu écrire, mais un autre a eu l’idée avant :
Ceux qui ne sont pas encore écrits :.
Ceux qui contiennent des mots, des sons et des images :
Ceux qui sont magnifiques dans la tête et paraissent dérisoires une fois sur le papier :
Ceux qu’on a envie de déchirer, de brûler, de détruire mais qui ne vous lâchent pas.
Ceux qu’on écrit ou qu’on lit dans un état d’euphorie insensé :
Ceux qu’on a laissés derrière soi en partant :
Ceux qu’on a emportés dans un carton spécial et qu’on ressort pour les ranger sur les étagères du haut :
Ceux qu’on planque tout en bas, ou tout au fond :
Ceux qu’on laisse au fond du carton(grenier au choix) :
Ceux qu’on a pris comme un voleur pour que personne ne les prenne avant nous et qui, quand on les a ôté de l’étagère, nous ont révélé un secret.
Ceux qu’on lit le soir avant de s’endormir :
Ceux qu’on lit le soir à l’autre pour qu’elle il s’endorme :
Ceux qu’on retire doucement des mains de l’autre, quand il (elle) s’est endormi(e).
Sara

Le rêve de Meteor Slim



"Mississippi, 1935. Edward Ray Cochran a tout largué, femme enceinte, maison et boulot. Il part sur les routes, guitare à la main, pour réaliser son rêve : vivre de sa passion et devenir musicien. En chemin, il rencontre Robert Johnson, la légende du Blues, qui l’aidera à devenir “Meteor Slim”. Pour réussir, pas de secret : “La route est longue, mais ’y faut tenir, c’est tout”. “Frangines” d’un soir, bagarres de bar, whiskey au goulot, cabarets crasseux et producteurs véreux : la voie de la reconnaissance n’est pas de tout repos.
La vraie-fausse histoire d’un bluesman ou la quête tragi-comique d’un homme cherchant à échapper à sa condition par l’exercice de son art."

Un joli portrait du blues, des ses légendes, de son berceau et d'un homme rêveur. Nous voilà transportés au coeur de l'époque grâce à un dessin tout en noir et blanc. La musique résonne déjà dans nos oreilles...


 
Le Rêve de Meteor Slim. De Frantz Duchazeau. Sarbacane

Jazz Maynard


piqué sur le blog de mon Aînée: (Sara)
"Kisséki :
1) a un papa libraire ?
2) a, en conséquence, lu le deuxième tome de Jazz Maynard" (une pure merveille pas encore sortie dans le commerce) ?...
Cémoooa !"

Maquettes



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Plutot mimine, non?

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