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Bienvenue à bord...

Vous êtes arrivés par erreur sur le site d'une librairie d'EVREUX, l'Orielle. Seule et unique librairie généraliste indépendante à Evreux!
Ici , il n'y a pas le kilo de carottes que vous cherchiez désespérément, ni le garagiste ouvert le 15 Août pour réparer la courroie de distribution de votre luxueux véhicule.
Désolés, vraiment...
Si, si..

Par contre, si vous ne savez pas quoi lire, il y a au jour le jour
nos coups de coeurs, en vrac dans toutes les littératures et essais:
française, étrangères, fantasy, romans policiers, thrillers
science fiction, bandes dessinée, manga, comics, récits de voyage.
Parfois, ce ne sont pas les libraires qui chroniquent, mais des clients, des amis
ou des bloggeurs renontrés sur le Net.

Passez un bon moment et portez vous bien.. 

Isabelle et Emmanuel.





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Bises hongroises



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Depuis le 1er janvier, Isabelle et Manu tiennent la librairie en autonomie, fin fevrier, elle sera à eux.

Je voudrais dire au revoir à tous ceux qui ont fait vivre l'Orielle toutes ce années, clients, représentants, bibliothecaires,, employés, partenaires.

Ce furent de jolies années, une jolie aventure humaine, merci à tous, rendez vous une derniere  fois samedi 31 janvier pour la dédicace JB Pouy, il y aura du blanc hongrois.

Merci à Sophie et Emmanuelle, qui sauront pourquoi, Béa, Simon,Solveig,Peggy et Isabelle, aussi, Daniel , Didier Et Sébastien, Benoit, et tous les autres.

Christian

Rivagedessyrtes@gmail.com


Une histoire naturelle de la séduction.-Claude Gudin

On se laisse séduire sans résister…Ce livre, plein d’humour et de sensualité, fait partie de la grande littérature scientifique, de celle qui abat l’image austère du savant de laboratoire. Son auteur a été jardinier, et sous sa plume de poète, vous découvrez l’homme de terrain, l’amoureux attentif et attendri. Mais il est aussi ingénieur, docteur en biologie végétale, chercheur en biotechnologies (de l’INRA au CEA), auteur de nombreux articles scientifiques et brevets, et au fil des pages, vous découvrez le savant sérieux qui guide votre initiation [1].

L’histoire commence au fond de l’océan primitif, avec les premiers unicellulaires. Une étape cruciale : celle des algues, déjà munies d’un « eye-spot », ou rhodopsine, petit caroténoïde qui forme toujours la plaque sensible de notre rétine. L’auteur s’étonne et s’émerveille. Il écrit, l’œil rivé à son microscope : « Vertigineux, ce raccourci de vingt centimètres qui sépare nos deux rhodopsines espacées de trois à quatre milliards d’années. Le microscope serait-il une machine à remonter le temps ? »

Il égrène ainsi la multitude de petits miracles évolutifs de la nature, en faisant à chaque fois le lien avec la réalité présente. C’est ainsi qu’il n’omet pas de préciser qu’une de ces algues, une des plus anciennes, Porphyridium purpureum, aux pigments rouges, est responsable des christs et vierges sanglants des églises ; elle s’installe en effet dans les creux des mains des statues, quand l’humidité est favorable et que le soleil tombe des vitraux et les réchauffe.

La séduction dans tout cela ? Elle débute par les flagelles qui autorisent enfin à poursuivre l’objet de son désir…ou à le fuir. Mais surtout la séduction se sert de la magie des couleurs, tout entière dédiée au sexe opposé. L’auteur note ainsi, non sans humour, que presque tous les mâles du règne animal et végétal se parent des plus beaux attributs pour séduire leur belle, mais que chez les humains, c’est l’inverse : les femmes usent de couleurs chatoyantes, alors que les hommes sont le plus souvent confits dans des costumes tristes. Alors l’homme, ce singe nu, va user d’un petit détournement de sexualité en offrant à sa dulcinée ce qu’il n’a pas : les couleurs d’un bouquet de fleurs, c’est-à-dire les sexes des plantes en rut !

Après avoir été immergé dans un foisonnement de comportements animaliers bizarres, cruels, attendrissants, amusants, vous vous demanderez si l’efficacité, en regard de l’évolution, est bien au rendez-vous. La réponse de Claude Gudin est claire et catégorique : la nature n’a pas de sens, pour la bonne et simple raison qu’elle a tous les sens, et qu’elle en use abondamment, vers l’utile comme vers l’inutile. Sans doute pour notre plus grand bonheur, fait aussi de futile."

Note de lecture d’Agnès Lenoire - SPS n° 269, octobre 2005.

Vous l'avez lu? moi non plus, mais j'avais envie de faire un post là dessus, il y pas mal de jolis bouquins de photo qui sortent en ce moment, envie de les mettre tous en un seul post

ça vient quand j'ai cinq minutes



Le nouveau XXIe siècle

Le monde d'après l'Amérique... 
Dans son ouvrage Le nouveau XXIe siècle, l'économiste Jacques Sapir analyse le déclin de la puissance américaine et le retour en force des souverainetés nationales sur la scène mondiale. 

Il y eut un XXe siècle bipolaire, partagé entre le communisme et le capitalisme occidental d'influence américaine. A la chute du bloc soviétique, on a cru quelques années à l'émergence d'une hégémonie américaine, aussi bien économique et militaire que politique. 
Et puis le grain de sable de la crise des marchés asiatiques de 1997 est arrivé, grippant la régulière ascension de l'empire américain vers le trône mondial. Car en balayant le château de sable des spéculations asiatiques, l'explosion de la bulle a aussi démontré l'incapacité des Etats-Unis à contrôler le libéralisme financier qu'ils ont initié. 
La leçon a été dure pour les économies asiatiques (Malaisie, Indonésie…) ou sud-américaines (Argentine, Brésil…), mais aussi pleine d'enseignements : les Etats-Unis ne pouvant pas grand-chose pour eux, inutile de laisser l'Amérique gérer leurs affaires intérieures à coup de politiques monétaires. 

FMI et Banque mondiale, annexes de la Maison Blanche 
C'est là le point de départ du livre de Jacques Sapir, professeur d'économie à l'EHESS et spécialiste de la Russie, Le nouveau XXIe siècle, du siècle américain au retour des nations. Et de développer son analyse de la chute de l'Amérique, décrivant un FMI et une Banque Mondiale à la botte du pouvoir politique de Washington, une politique étrangère de l'Amérique triomphante toute tournée vers la promotion d'un libéralisme financier sans limite, l'usage d'une force militaire dans un but économique et « civilisationnel ». Cette époque et ces stratégies semblent révolues. 
A l'entendre, les économies nationales ne font plus confiance au dollar et rétablissent le contrôle des changes, la communauté mondiale ne fait plus front uni derrière des Etats-Unis soupçonnés de partir en guerre pour des raisons passés sous les traits de moins en moins convaincants du « droit de l'hommisme ». 
On trouvera entre autres dans ce livre une analyse rare de la Russie et la Chine, vus comme des «grands frères» régionaux vecteurs de stabilité dans des régions où l'ingérence américaine tenait lieu d'évidence. Avec cette montée en puissance de nouveaux géants, c'est tout l'occidentalocentrisme qui est remis en cause, tant du point de vue économique et politique que de celui des valeurs. Et avec lui, tout un système institutionnel. Les cartes bougent, l'avenir dira qui aura su les saisir. Pour les Etats-Unis en tout cas, les dés semblent jetés, puisque comme le rappelle Jacques Sapir, «l'histoire ne repasse pas les plats». 

EXTRAIT 
"Le tournant irakien 
Le tournant opéré par l'administration Clinton en ce qui concerne le Kosovo va se traduire par un accroissement de l'importance de l'option militaire dans la politique américaine, associé à un renforcement des liens avec la Grande-Bretagne. 
L'option militaire se déploie dans des bombardements en Irak en 1999 et 2000, une attaque contre une usine soudanaise soupçonnée de produire des armes de destruction massive, et en général un renforcement de la visibilité du dispositif militaire américain. Le changement dans la relation entre hard power et soft power par rapport aux années 1992-1997 devient de plus en plus évident. Il s'accompagne d'un changement politique tout aussi important. En 1990-1991, la diplomatie américaine cherchait (et réussissait) à construire des coalitions dépassant significativement le cercle des pays qui sont des «obligés» des États-Unis. 
À partir de 1999, le couple États-Unis/Grande-Bretagne devient le pivot d'une politique plus militarisée, au détriment de la capacité à constituer une large alliance. Par dessein ou par constat, les États-Unis abandonnent de fait leur stratégie d'hégémonie globale au profit d'un système d'alliance qui est incontestablement plus réactif, mais politiquement beaucoup moins significatif et surtout beaucoup plus orienté vers la logique militaire. Quant au gouvernement de Tony Blair, peut-être fit-il à l'époque le pari qu'un «empire» sans expérience ni traditions impériales aurait besoin de la Grande-Bretagne, et de sa connaissance particulière de ce mode d'exercice du pouvoir. C'est donc moins dans une logique de solidarité «atlantique» que dans celle d'une volonté de cogestion impériale qu'il faut lire le tragique alignement de Londres sur Washington à partir de cette période, processus qui mentalement rejette de fait la Grande-Bretagne hors de l'Europe pour plusieurs années. 
Cette évolution de la politique américaine a donc commencé avant l'arrivée au pouvoir de George W. Bush et des neocons. Elle a été mise en place par le personnel de la même administration qui avait tenté de construire le cadre d'une domination hégémonique à travers les instruments du soft power. On peut donc penser qu'elle traduit une première réaction devant l'érosion de l'hégémonie exercée entre 1991 et 1997. Pourtant, cette évolution n'est pas encore un abandon complet du projet stratégique que la dissolution de l'URSS avait mis à l'ordre du jour. Il s'agit, probablement, d'une tentative de «reprendre la main» après la défaite symbolique que représenta la crise financière de 1997-1999 et l'incapacité des États-Unis et des organisations qu'ils hégémonisent à contrôler le processus. 
On peut d'ailleurs constater que certains des acteurs de la politique étrangère américaine défendent à cette période une ligne de compromis sur certains thèmes, comme dans le cas des relations avec l'Iran. Si l'on suit Evgueni Primakov (et il ne fut pas démenti), en 1999 Madeleine Albright envisageait la possibilité d'un dialogue avec l'Iran. 
On peut en déduire l'existence d'un équilibre résiduel et fragile dans les représentations des responsables américains à cette époque. L'administration de George W. Bush a rompu le fragile équilibre de la politique américaine des années 1998-2000. Elle a commencé à le faire, on l'oublie, avant le 11 septembre 2001, puisque dès son élection le président américain a commencé à évoquer le reniement du traité sur les armes anti-missiles, ou traité ABM, qui était pourtant un des piliers du dialogue stratégique avec la Russie. 
Les tragiques attentats du 11 septembre n'ont pas fait rupture. Ils étaient prévisibles depuis les attaques perpétrées en 1998 par Al-Qaïda contre les ambassades américaines en Afrique subsaharienne (Nairobi et Dar es-Salaam), et les services de renseignement américains avaient d'ailleurs lancé une alerte générale dans l'été 2001. Que ces services aient commis l'erreur de ne pas intégrer à leur plan d'alerte la possibilité d'une attaque sur le territoire même des États-Unis (en dépit d'une première tentative terroriste contre le World Trade Center dans les années 1990) fait hélas partie des imperfections inévitables du renseignement et de son usage stratégique. Il n'y a que dans les romans que les indices conduisent inévitablement aux bonnes déductions… 
L'attaque de l'Irak en 2003 s'inscrit en un sens dans la logique de l'action au Kosovo en 1999. Elle porte cependant en elle une spécificité dans la radicalisation du recours à la force et du discours visant à la légitimer. 
Là où le Kosovo était la tentative d'une administration américaine fondamentalement acquise à un projet global d'hégémonie de retrouver son équilibre après le choc de la crise financière de 1997-1999, l'intervention en Irak témoigne d'une mutation du projet américain. En ce sens, il y a rupture qualitative entre l'administration Clinton finissante et l'administration Bush, surtout après les attentats du 11 septembre 2001. La victoire des néoconservateurs et la montée de ce que l'on a appelé l'isolationnisme interventionniste providentialiste américain constituent une rupture avec le cadre de représentations et d'interprétations qui s'était mis en place après 1991. 
Les attentats de 2001 ont été ici à la fois un détonateur et un instrument. Leur dimension spectaculaire a certainement joué un rôle majeur dans la diffusion au sein de la population américaine du sentiment d'une nouvelle vulnérabilité qui habitait les élites depuis la crise de 1998. En même temps, l'instrumentalisation de ces attentats par l'administration Bush et la mise en scène de la «psychose de l'anthrax» dans les semaines qui suivent, en dépit de doutes qui se firent rapidement jour sur le lien entre l'Irak et les lettres contaminées qui ont entraîné la mort de onze personnes, ont permis de justifier et de faire accepter un basculement politique majeur. 
On a oublié, en raison de l'importance des événements en Irak après l'invasion américaine, le rôle que jouèrent les lettres contaminées à l'anthrax dans la création d'un consensus autour de la politique néoconservatrice aux États-Unis. Pourtant, en novembre 2002, Tom Carey, qui fut l'inspecteur du FBI en charge de cette affaire d'octobre 2001 à avril 2002, déclarait: «Ce que je voudrais dire est que l'information qui conduisit les inspecteurs spécialistes [weapons inspectors] et d'autres à suspecter une connexion avec l'Irak était 
fausse.» 
Il n'en reste pas moins que l'administration Bush a pu utiliser au mieux le climat ainsi créé. On assiste en effet à trois décisions importantes à la suite des attentats et des «lettres à l'anthrax». 
La première est l'énoncé d'un «axe du Mal» comprenant l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord. Il faut signaler qu'aucun de ces pays n'est lié dans les faits ou l'idéologie avec Ben Laden et son mouvement. Cependant, pour la première fois dans leur histoire, les Etats-Unis identifient publiquement des pays comme des ennemis sans être légalement en guerre contre eux. Cela constitue une «innovation» majeure dans le discours politique et diplomatique international, mais c'est aussi en partie un acte en apparence irrationnel, car au moins un de ces pays (l'Iran) est en état de quasi-guerre avec les Talibans qui hébergent Ben Laden. La désignation sans raison valable de l'Iran comme un des membres de «l'axe du Mal» a certainement contribué à y renforcer les courants conservateurs. 
La deuxième est la réduction des libertés publiques aux États-Unis à travers le Patriot Act et la suspension des règles de droit qui en découle, et que l'on observe dans le cas des détenus de Guantanamo. Ce faisant, les États-Unis montraient que leur attachement au droit était instrumental. La défense des libertés démocratiques n'a sa place que si elle peut affaiblir un adversaire. Elle cesse d'être un principe d'action si tel n'est pas le cas. Le Patriot Act et ses mesures qui vont de l'invasion de la sphère privée des individus aux pressions mesquines ne renforce pas la sécurité des États-Unis, mais contribue à détruire la légitimité du discours sur les droits de l'homme qu'ils prétendent tenir. 
La troisième est une réévaluation du lien unissant les États-Unis à leurs alliés. Les attentats du 11 septembre 2001 auraient logiquement dû impliquer une réponse de l'OTAN, un pays membre étant attaqué sur son territoire. Par ailleurs, dans les heures qui suivirent l'attaque, la Russie offrit son soutien. Or, au lieu de mobiliser les accords existants et d'en créer de nouveaux, ce qui eût pu être l'occasion de transformer l'OTAN en une réelle organisation de sécurité collective en y intégrant la Russie, le gouvernement américain affirma rapidement sa doctrine «La riposte définit l'alliance», indiquant ainsi sa volonté de ne pas avoir à respecter des engagements antérieurs. Cette décision était lourde de sens, même si sa signification ne fut pas immédiatement perçue. Elle indiquait que les autorités américaines entendaient mener l'ensemble des opérations à leur guise. En fait, c'est toute la théorie des «guerres de coalition» que les dirigeants américains semblent alors avoir oubliée, ainsi que l'indiquait un article prophétique paru dans la revue du US Army War College en 1997. 
On était en réalité très loin de la démarche adoptée en 1990-1991 dans la préparation de l'opération «Tempête du désert» contre l'Irak. Ce refus de partager le processus de décision a lourdement pesé sur le résultat des opérations en Afghanistan. Si les Talibans furent assez facilement expulsés de Kaboul et du nord du pays, avec l'aide tant de la Russie que de l'Iran, les États-Unis s'avérèrent incapables de construire une solution politique pour l'après-Talibans. 
Cela ne résulte pas seulement du fait que rien, dans la stratégie américaine, ne préparait les responsables à la tâche difficile du state-building. En poussant la solution politique représentée par Hamid Karzaï, c'est-à-dire en sacrifiant la possibilité d'une unité réelle entre les forces anti-Talibans au profit d'un homme qui, émigré depuis des décennies aux États-Unis, y avait tissé des liens importants avec les compagnies pétrolières, les États-Unis ont sacrifié le long terme pour des avantages immédiats. Ceux-ci vont rapidement se révéler illusoires, compte tenu de l'instabilité qui se développera après les dix-huit mois de relative euphorie qui ont suivi la victoire. 
De fait, la situation militaire et politique s'est dégradée en Afghanistan à partir de 2005. L'échec de la solution politique américaine a contribué à redonner une légitimité aux Talibans. La multiplication des attentats et des enlèvements, qui pour les premiers frappent désormais de manière régulière Kaboul, montre l'ampleur de l'échec. Pour y faire face, les États-Unis renforcent l'option militaire. Mais, faute de moyens humains, ils sont condamnés à multiplier les bombardements aériens. Or, ces derniers entraînent un flot croissant de victimes civiles, rendant les forces anti-Talibans chaque jour plus odieuses à une fraction grandissante de la population afghane. 
Georges Clemenceau avait eu une phrase que l'on cite souvent comme l'un de ces bons mots dont l'homme a peuplé l'histoire politique de la IIIe République, en oubliant qu'elle contenait une profonde vérité: «On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus.»
marianne

Samedi 15 Mars 2008 - 00:06
Jérôme Sage

J'en parlerai plus tard, joli bouquin, meme si on est libre de ne pas adherer au propos souverainiste de l'auteur, ni à son coté philorusse, c'est limpide intelligent et plein de bon sens

Une analyse fine de l'avortement de l'Empire Américain , loin des fantasmes, et des problemes conjoncturels de presidence sotte.

peu rejouissant sur l'avenir de la post modernité incarnée par l'europe, mais on peut le faire mentir.

Dieu et ses images - François Boespflug

La formidable épopée des images de Dieu

Dans une somptueuse somme publiée chez Bayard, François Bœspflug explore tous les aléas des représentations divines dans l'art chrétien, entre inventions fabuleuses et réactions iconoclastes

Epaisseur, format, iconographie: c’est d’évidence un monument que ce livre, à inscrire au patrimoine et pas seulement par la taille et la splendeur. Avec son glossaire, ses annexes et ses précisions chronologiques, il fera mémoire et repère. De quoi s’agit-il? D’une «Histoire de l’Éternel dans l’art»? Oui, et beaucoup plus : par le biais d’un thème fédérateur et sommital, une histoire picturale de notre civilisation, qui nous raconte celle des hommes d’Occident, tel un miroir promené le long de la route. L’image ayant la vertu de couper droit au cœur des choses, c’est un digest d’histoire des idées plus qu’une illustration en contrepoint. Le visiteur ne perdra pas son temps.

Peut-on figurer le transcendant par lignes et couleurs? Le monothéisme, par construction, répond non, puisque l’Infini transcende toute représentation humaine. Mais Dieu s’étant fait homme en Jésus-Christ, le christianisme par exception a répondu oui (non sans mal et hésitation); et le différentiel chrétien a puissance génétique. Il a fait de l’Occident moderne plus qu’un ami, l’atelier des images du monde, du musée à la pub. Hollywood est né en 787, au concile de Nicée II, heureusement confirmé par le concile de Trente.

Là où l’image de Dieu est interdite, parce qu’impensable, la femme n’est pas à l’honneur, une caricature peut mettre le feu au lac, le blasphème ou le juron relèvent des tribunaux. Par où l’on voit qu’un point de théologie n’est pas sans conséquences pratiques sur la vie des humains, leurs amours, leurs fêtes et leurs peines. Là où l’Infini a pu se marier avec l’image, il y a du jeu en contrebas, et du mouvement.

On suivra donc notre fil d’Ariane derrière François Bœspflug, qui n’a pas gaspillé son temps (dix ans de travail…). Rappelons les grandes étapes. Au départ, le Bon Pasteur des catacombes, le Berger romain, le Christ allusif des tombeaux pré-constantiniens. Puis, le Christ en majesté des mosaïques d’abside, dans le ciel des coupoles. Dieu, encore timide – héritage juif oblige –, reste longtemps christomorphe, il apparaît en Sainte Face, agneaux en gloire ou enfant auréolé sur les genoux de sa mère.

Puis, vers 600, le pape Grégoire, premier pontife iconologue et iconophile, intronise la Bible des illettrés. L’image religieuse, «prédication muette», doit plaire, enseigner et convaincre (distraire, informer et éduquer, reprendra un jour l’ORTF). Suit la sanglante et longue querelle des images (VIIe et VIIIe siècles).

S’ouvre alors la période faste, où psautiers, miniatures et tympans sculptés affrontent de face la figure de l’Éternel, en Souverain céleste. Le mystère de la Trinité lui-même trouve son iconographie, par le biais de panneaux peints, fresques, «vierges ouvrantes» et même sculpture. L’éternel vieillard, tour à tour pathétique et familier, va devenir, avec la Renaissance, le Dieu planant de la Sixtine, que Raphaël fait léviter dans des hauteurs éthérées et que Tintoret dramatise par ses contre-plongées. 

Mais passé l’âge classique, le déclin s’amorce. Au siècle des Lumières, le grand horloger n’a plus de visage, le grand architecte se contente d’un œil, d’un compas ou d’un triangle (sous cet angle, la dissolution en 1773 de la Compagnie de Jésus, grande amateur d’art, n’a rien arrangé). Le déisme géométrique porte à l’abstraction. La mort esthétique de Dieu annonçait, avec cent ans d’avance, celle qu’allaient proclamer nos philosophes. Nous perdons l’Éternel de vue à la Révolution. Et nos contemporains, pour aller vite, ne peuvent plus le voir en peinture.

La religion esthétique supporte mal la religion tout court, et les créateurs du XIXe siècle ont eu raison du Créateur. La foi dans la seule beauté supplante la beauté au service de la foi. Un divorce s’opère entre le grand art et l’art d’église et les caricaturistes anticléricaux s’en donnent à cœur joie.

Mais le fil n’est pas coupé. Si la Trinité est repartie chez les théologiens dans des livres savants, si le Père s’éclipse, l’art moderne redonne au Fils une centralité d’honneur. L’ère des victimes, la nôtre, préfère le sacrifice à la rédemption. Le Crucifié triomphe, en allégorie du torturé et du déporté. Et voilà de nos jours que la fin de la figuration et la vogue de l’interreligieux sonnent ce glas des représentations divines. Pour combien de temps? En attendant, le Dieu chrétien se délocalise. Son image quitte l’Europe pour courir le vaste monde, où l’Afrique et l’Asie vont s’efforcer de l’inculturer à leur façon.

On l’a compris : l’aventure bimillénaire est pleine de rebondissements. Elle nous concerne tous, croyants et incroyants, qui n’y trouverons pas un seul instant pour s’ennuyer.

REGIS DEBRAY

Les Guerres de l'Ombre et de la Lumière t01 La Brume des Spectres

La Brume des Spectres,
Les Guerres de l'Ombre et de la Lumière, tome 1
 

  Lysaer et Arithon sont demi-frères mais tout les oppose. L’un est un prince éduqué pour hériter d’une couronne et possède le don de lumière ; l’autre a été élevé par les mages et domine les ténèbres. Séparés par les affres cruelles d’une guerre de sang, ils se vouent une haine féroce. Pourtant un événement prodigieux va les forcer à se supporter et peut-être à s’entendre…

Emportés par un portail magique vers un monde inconnu, on les y accueille comme de véritables sauveurs : seule l’alliance de leurs pouvoirs peut triompher de la Brume des Spectres qui a plongé le monde d’Athera dans l’obscurité. Mais ce n’est pas le seul enjeu, comme les sorciers de la Fraternité des Sept le savent parfaitement. Car entre les mains des demi-frères qui se déchirent reposent l’équilibre du monde, son harmonie et son avenir.

Pas mal, un coté bien vu pour les rapports entres les deux freres, 

l'auteur travaillait avec Feist sur la trilogie de l'Empire, il y a du métier.

L'Exilé de Ta-Shima


L'Exilé de Ta-Shima t02 et fin

 Résumé : Sur Ta-Shima, l’ambassadeur de la toute puissante Fédération des mondes humains a décidé d’explorer la planète en compagnie de sa seconde épouse et de sa fille. Le jeune Rinvar, adolescent orgueilleux et champion de sabre, a été choisi pour les accompagner, à son grand déplaisir. Mais les choses ne se passent jamais comme prévu sur ce monde étrange et dangereux, que seuls les Shiro et les Asix ont réussi à apprivoiser. Et les coutumes, en particulier sexuelles, des uns et des autres sont sources de malentendus sans nombre…

Pendant ce temps, les espions de la Fédération cherchent par tous les moyens à réduire l’autonomie de Ta-Shima et à forcer ses habitants à rejoindre la civilisation humaine. La doctoresse rebelle Suvaïdar Huang, qui tire les ficelles de la politique locale, doit protéger à tout prix les secrets des généticiennes Jestak. Mais le prix à payer ne sera-t-il pas trop élevé ?

Sympa et original, un monde japonisant attachant et inhumain...

LES MAÎTRES DE GLENMARKIE Jean-Pierre Ohl

Jean-Pierre Ohl
LES MAÎTRES DE GLENMARKIE


Qui sont vraiment les maîtres du manoir de Glenmarkie, cette bâtisse écossaise menaçant ruine, tout droit échappée d'un roman de Stevenson ? Et où est donc passé le trésor de leur ancêtre Thomas Lockhart, un écrivain extravagant mort de rire en 1660 ? Fascinée par le génie de Lockhart, intriguée par l'obscur manège de ses descendants, la jeune Mary Guthrie explore les entrailles du manoir et tâche d'ouvrir les trente-deux tiroirs d'un prodigieux meuble à secrets. 
Ebenezer Krook est lui aussi lié aux Lockhart. À Édimbourg, dans la librairie d'un vieil excentrique, il poursuit à l'intérieur de chaque livre l'image de son père disparu. 
Les tiroirs cèdent un à un sous les doigts de Mary. Les pages tournent inlassablement entre ceux d'Ebenezer. Mais où est la vérité ? Dans la crypte des Lockhart ? Au fond de Corryvreckan, ce tourbillon gigantesque où Krook faillit périr un jour ? Ou bien dans les livres ? 
Peuplé de silhouettes fantasques, de personnages assoiffés de littérature qui rôdent au bord de la folie, Les maîtres de Glenmarkie brasse les époques, les lieux, et s'enroule autour du lecteur comme un tourbillon de papier. Hommage facétieux aux grands romans d'aventures, il pose et résout une singulière équation : un livre + un livre = un homme.
 

Extrait

"C'est extraordinaire, n'est-ce pas ? Je veux dire, que nous soyons là, tous les quatre, dans cette voiture tous les quatre exactement, vous comprenez ? Tous les quatre parmi plusieurs milliards d'individus, et à cet instant donné, à cet endroit précis de la route… Mais d'un autre côté, ce n'est pas si extraordinaire que ça, je veux dire que si ça c'est extraordinaire, alors, tout est extraordinaire, chaque moment, chaque seconde, chaque circonstance… C'est comme… au poker, par exemple…

Lewis Rosewall tenait le volant un peu à la manière d'un gosse dans une voiture à pédales flambant neuve. Sous le coup de la concentration, il négligea l'accélérateur pendant quelques secondes, de sorte que la Morris se serait tout bonnement arrêtée au bord de la route sans l'intervention de Robin. Celui-ci écrasa le pied du conducteur, extorquant à la vieille mécanique une folle embardée qui n'était plus de son âge.
Au poker, quand on reçoit quatre as et un roi dès la première donne, on s'extasie… mais il faudrait aussi s'extasier avec un sept, un huit, un dix, un valet et un roi, vous me suivez ? Mathématiquement, chaque combinaison est aussi improbable… ou probable, comme vous voudrez… et ainsi nous assistons sans cesse à des espèces de miracles qui passent inaperçus… qui ne nous semblent pas extraordinaires, pour la simple et mauvaise raison que nous avons injustement décidé une bonne fois pour toutes ce qui est extraordinaire, et ce qui ne l'est pas !

Robin fouilla dans la boîte à gants et dégotta un vieux paquet de cigarettes.

Tu sais ce qui serait vraiment extraordinaire, Lewis ? C'est que quelqu'un m'explique un jour pourquoi tu te mets à faire le philosophe de bazar à chaque bon Dieu de fois que tu as un volant dans les mains !


Apparemment, la discussion que j'avais surprise la veille n'avait laissé aucune trace entre Lewis et Walpole. Robin, lui, était d'humeur plus morose. (…)
C'est là !
Lewis avait presque hurlé de joie. La Morris faillit se mettre en travers de la route tant elle avait freiné brusquement ; elle réussit par miracle à escalader de splendides fougères. (…)
Tu devrais boire un coup, Robin… À jeun, tu es sinistre…
Bonne idée ! répliqua le journaliste.
Il explora le panier, en sortit une flasque de whisky et but une bonne rasade. Puis il s'installa pour un petit somme. Lewis le regarda un moment sans rien dire avant de poursuivre l'inventaire du pique-nique.
Zut ! Les œufs ont dû rouler dans le coffre.
J'y vais, annonçai-je.
Pas fâché de me retrouver seul, je traversai la route sans me presser. Une caisse de livres invendus, que Lewis trimballait depuis plus de dix ans, avait écrabouillé les œufs. C'est en fermant le coffre que j'aperçus le veston de Robin sur la banquette arrière, avec son petit carnet noir qui dépassait d'une poche. Sans réfléchir, je montai dans la voiture et m'emparai du carnet.

L'écriture de Robin m'avait toujours fait penser à des têtards, ou à des cheveux entassés dans un coin par le balai du coiffeur. (…) Après m'être assuré d'un coup d'œil qu'il était toujours allongé dans le pré à côté de Lewis, je survolai quelques lignes au hasard. Certains mots revenaient souvent : «guerre», « fascistes», « tranchée», « Huesca». Des noms aussi. Lockhart. Scot. Éric. «Éric avait écrit des livres…» « Scot avait fait la guerre, la Grande, je veux dire : un morceau de shrapnel lui avait bousillé le pied gauche…» « Thomas Lockhart, laird de Glenmarkie. Absolument enchanté de vous connaître, mon ami !» Je n'arrivais pas à me concentrer pour lire de plus longs passages. Mes yeux restaient obstinément fixés sur le carnet, mais en même temps ils n'arrêtaient pas de sauter d'une ligne à l'autre, comme s'ils se brûlaient au contact de la page. Et puis il y eut ces mots : «Martin Eden», et une ombre me cacha le soleil.

«Le temps ne va pas à la même allure pour tout le monde», camarade, cita Robin en ouvrant la portière.
Tandis que je rougissais de honte, il me prit doucement le carnet des mains.
L'avantage avec Shakespeare, c'est qu'il a une citation prête sur tous les sujets. Voilà pourquoi j'aime ce type. Pas besoin d'aller voir ailleurs. C'est comme pour le bricolage : pourquoi acheter des clés de dix, de douze et de quinze alors qu'il en existe des universelles ?
Il me regardait en clignant les yeux ; entre ses lèvres, un mégot s'écartait de mauvaise grâce au passage des mots.
Tu nous as entendus hier, pas vrai ? Arthur avait fermé à double tour, toi tu n'en as donné qu'un en partant… Mais qu'est-ce que tu as entendu exactement ?
Pas grand-chose. Juste que vous vous disputiez.
Tant mieux. Je travaille pour toi, tu sais ? Ce n'est pas facile de se souvenir… surtout quand on a passé plus de quinze ans à essayer d'oublier… Et écrire, c'est encore plus difficile. Ça veut dire qu'on cherche à faire du solide avec de la fumée… Je n'aime pas trop le solide, je préfère le liquide. Mais j'y arriverai… Tout sera là, noir sur blanc. Tu n'as plus que quelques jours à attendre.
D'une chiquenaude, il envoya le mégot rouler sur le bitume.
Et alors, camarade, «la radieuse journée sera finie, et nous entrerons dans les ténèbres…» 
© Gallimard



Miyazaki au secours de la fôret de Totoro !

Pour protéger la forêt de Sayama de l'avancée urbaine, Hayao Miyazaki (co-fondateur avec Isao Takahata du Studio Ghibli) a créé la "Totoro No Furusato National Fund". Son but est de récolter des fonds afin de protéger ce parc de 8750 acres dans la banlieue de Tokyo où est né le concept du film "Mon voisin Totoro". Pour ce faire, des artistes du monde entier ont revisité à leur façon le monde merveilleux de cette adorable peluche géante vivante et ont offert leurs travaux à l'association "Totoro Forest Project". Une partie des dessins sera rassemblée dans un artbook. D'autres oeuvres (dessins et sculptures) seront vendues aux enchères. L'intégralité du produit des ventes servira à financer la protection de celle que l'on appelle désormais "la forêt de Totoro". Outre le caractère généreux de cette action, le geste est aussi symbolique, porteur pour le monde d'un message environnemental et social fort.


A gift par Jackson Sze


Pour ceux qui désireraient apporter leur modeste pierre à l'édifice, trois solutions s'offrent à vous :
- Acheter l'artbook qui paraîtra le 6 septembre 2008 sous le nom de "Art of Totoro Forest Project".
- Participer aux enchères qui se tiendront dans les célèbres studios Pixar le 6 septembre 2008.
- Faire un don directement sur le site du projet.

Et pour ceux qui voudraient seulement admirer les oeuvres, des expositions auront lieu au San Fransisco Cartoon Art Museum :
- du 20 septembre au 7 décembre pour l'exhibition A
- du 6 novembre au 20 février pour l'exhibition B


Watashi no Totoro par Sho Murase


Et pour plus de renseignements, rendez vous directement sur le site officiel http://totoroforestproject.org/
source: Gally sur www.webotaku.com
NGM

Etonnant Arto télérama...


 Ours bien léché, l'écrivain finlandais Arto Paasilinna vit au milieu des bois et pourrait être le personnage d'un de ses romans. Raison de plus pour faire son miel de l’œuvre foisonnante de l’auteur du “Lièvre de Vatanen”.

L'endroit s'appelle Kuusilaakso, et il porte bien son nom. Kuusilaakso, en finnois, signifie « la vallée des sapins », et, en l'occurrence, il s'agit bien de cela : quelques hectares plantés de conifères, au milieu desquels l'écrivain Arto Paasilinna a construit – « de [ses] propres mains », précise-t-il, et il en est fier – sa maison, son refuge, sa retraite. C'est là, à une cinquantaine de kilomètres de Helsinki, qu'il réfléchit et écrit, dans un petit pavillon en rondins posé près de la maison, elle-même en bois et nichée au milieu des arbres. Une forêt privée ouverte aux randonneurs et où il n'est pas exclu, affirme notre homme, de croiser au hasard d'une promenade des daims, des ours, des élans, même des loups. Pourquoi ne pas le croire ?

Pourquoi ? Peut-être parce que Arto Paasilinna a dans le regard, en permanence, une étincelle d'ironie qui invite à se méfier quelque peu de ses propos, prononcés d'un air de grand sérieux qu'on hésite à mettre en doute – c'est que l'homme est bâti comme un colosse, et que son prénom, Arto, signifie « ours », alors on ne sait jamais... Une chose est certaine : on le sent chez lui dans cette campagne isolée, grave et sereine, cette nature profonde qui est en outre l'un des motifs récurrents de son œuvre romanesque – il n'est qu'à se souvenir de l'odyssée fameuse de Vatanen et de son lièvre blessé à travers les forêts scandinaves, cela pour ne citer que le plus célèbre des opus de ce romancier épique et prolifique qui rend chaque année en mai à son éditeur finlandais un nouveau manuscrit qui deviendra best-seller à l'automne.

Bien davantage qu'un décor, bien éloignée d'un cliché, la forêt est pour Arto Paasilinna, l'homme et l'écrivain, une matrice - le creuset de son imagination et « une présence amie, même un abri primordial ». Ses ascendants lapons la disaient hantée de présences secrètes, d'esprits bienfaisants ou malins, et lui n'est pas opposé, loin s'en faut, à cette vision animiste et poétique du monde. Peut-être même est-ce pour cela qu'il se sent très proche et familier, frère en littérature, d'un García Márquez par exemple, et de tous ces auteurs latino-américains s'inscrivant dans la veine dite du « réalisme magique » .

S'il est bel et bien un homme des bois, Arto Paasilinna tient davantage de l'ermite érudit et philosophe que de l'enfant sauvage. Certes, c'est en pleine nature qu'il a grandi, né dans le nord de la Laponie finlandaise en 1942, pendant la guerre, dans une famille que l'avancée des troupes allemandes contraignit plusieurs années durant à un exil permanent. Quand les Paasilinna posèrent enfin leurs bagages, à l'issue du conflit, ce fut dans le sud de la Laponie, « une terre de pionniers », une forêt à défricher, précise-t-il. Mais il ajoute aussi : « Tout au long de son exil, ma famille toujours a voyagé avec sa bibliothèque complète, il n'était pas question de s'en séparer pour fuir plus vite. Tout au long de mon enfance, on n'a jamais manqué de lecture chez moi. Nous vivions très isolés physiquement, mais abonnés à de nombreux journaux. » Suit le récit du périple qu'il effectuait, enfant, pour se rendre à la bibliothèque la plus proche afin d'emprunter des livres pour ses parents et ses six frères et soeurs : une cinquantaine de kilomètres à vélo dans la campagne glacée, « je n'avais pas de gants, il faisait - 30 °C, les chevaux et le poulain m'accompagnaient sur la route »... On se croirait aux premières pages d'un roman de Paasilinna - et cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas y croire.

Nathalie Crom
Télérama n° 3050


le serrurier volant

Marc est un gars qui a une histoire, de ces histoires qu'on ne raconte pas volontiers si on a un tant soit peu de respect pour ceux qui y ont perdu la vie. Pour le dire autrement, Marc est un gars plus fermé qu'une serrure inviolable. Pour se relever - parce qu'il faut bien remettre ses pieds dans la vie quand on survit à une catastrophe - il choisit de devenir serrurier volant. Volant, c'est pour être maître de son temps et parce qu'il ne peut pas imaginer refaire équipe avec d'autres. Ce nouveau métier lui donne l'occasion d'ouvrir pas mal de portes et de découvrir, par ce biais, les petites misères de ses congénères. Un jour, un client lui fait une drôle de demande qui va le faire renouer avec ce passé qu'il ne parvient pas à oublier...


Petit coup de coeur de la journée avec ce serrurier volant. Je me suis laissé tenter par ce petit livre de 150 pages. J'ai d'abord été charmé par la 4e page de couverture mais surtout par les illustrations remplissant le livre. Comme s'est plaisant de lire et de contempler ces illustrations narrant l'histoire, ça apporte un vrai plus à l'histoire. En plus l'histoire est prenante et se lit d'une traite, alors ce n'est que du bonheur. Je ne saurai expliquer pourquoi j'ai apprécier le serrurier volant de Tonino Benacquista et illustré par Tardi mais je sais que j'en est tiré beaucoup de plaisir à le lire, là est l'essentiel.
NGM

Le Maillot Rouge

L’été de ses 16 ans, Marianne part pour la première fois en vacances seule…enfin avec son frère mais « à 16 ans c’est trop nul d’être en vacances avec son frère ». Elle s’ennuie seule sur la plage et observe avec envie un groupe de jeunes jusqu’au jour où l’un d’entre eux, Cyril vient lui adresser la parole. C’est le début d’un petit flirt d’été…qui se transforme peu à peu en une belle histoire d’amour. Bonheur des retrouvailles, des lettres et autres conversations téléphoniques et puis parfois le silence entre deux. Plaisir, désir… Marianne file le parfait amour.

Or un jour, elle apprend que la colocataire de Cyril n’est autre que sa petite amie. Déprimée, elle se raccroche comme elle peut au premier venu, un homme de 35 ans rencontré sur internet. Elle s’en contente et la vie continue. Marianne s’inscrit à la fac, s’installe dans son premier appartement, sort avec ses amis et fait la rencontre de Yasha. Tout se complique à cet instant, elle est perdue…deux hommes à ses côtés et pourtant un absent à qui elle ne cesse de penser…

Une jolie BD aux angles arrondis et palette de couleurs « nostalgique ». En apparence rien de plus qu’une « banale » histoire d’amour de jeune fille et pourtant…L’auteur, Marianne Eskenazi nous offre une œuvre autobiographique pleine de sensibilité et de pudeur…Universelle?
Sympathique découverte!

Flight Attendants par Brian Finke

"Biran Finke vient de sortir aux éditions Filigrane un joli livre photo en format carré 6*6 sur les hôtesses de l'air. Quels sont loin les nonnes célibataires d'Air France sur Super constellation et leur steward en livrée blanche et noeud pap blanc immaculé...Si elles font des efforts pour rester glamour, le temps est désormais compté pour se refaire une beauté. Embarqué par Brian Finke sur Cathay Pacific, Air Asia, Icelandair, British Airways, etc. on ne rêvera plus toute sa vie, comme le chante Dutronc, d'être une hôtesse de l'air.. Aux éditions Filigranes

Souvenir d'une conversation sur un vol Paris Miami :
I Dont Wanna Play This Game - Andrea Celeste
L'hôtesse : "Monsieur, arrêtez de me dévisager ainsi!"
Le passager : "Madame, je ne dévisage pas, j'envisage.""

Par Denis F., mercredi 19 mars 2008 :: Voyages

Angor T01 Fugue -Gaudin Armand

"Trois adolescents, Talinn et Evrane et le tout jeune Corky, vivent dans un petit village du vaste Royaume d’Angor. Membres de la plus petite Caste leur l’avenir est tout tracé ; ils devront travailler la terre et élever le bétail aux côtés de leurs parents.
Tous les trois rêvent pourtant de chevalerie, d’aventure et de liberté. Mais s’ils veulent être maîtres de leur destin, ils devront quitter la cité quel qu’en soit le prix à payer.
Témoins d’un affrontement meurtrier entre deux chevaliers, ils récupèrent un collier dont ils n’imaginent pas encore les propriétés. Cet événement sera le déclencheur de leur départ pour un long voyage. Un périple d’autant plus dangereux qu’un éminent membre de l’ordre des épées se lance à leur poursuite.
Talinn, Evrane et Corky vont découvrir que ce pendentif a un pouvoir exceptionnel. À son contact, ils pourront « passer » à volonté de leur âge réel à un autre âge unique de leur choix. Une faculté extraordinaire aux conséquences tantôt positives et tantôt désastreuses… A la fois, adolescents et adultes, ils devront maîtriser ce « saut temporel » pour franchir les obstacles et réaliser leurs rêves…"
Classique , déjà vu 100 fois, mais mimine..pourquoi bouder son plaisir?


Par L. Gianati
Au royaume d'Angor, lieu de naissance et destin sont intimement liés. Du bon côté du mur vivent les privilégiés, les membres de la haute caste qui se partagent égoïstement toutes les richesses et profitent des bienfaits d'une existence luxueuse et confortable. Au delà des enceintes de la cité, le peuple n'a que les yeux pour pleurer et des bras pour exploiter la terre qui doit lui permettre de subsister. Ces conditions de vie difficiles n'empêchent pourtant pas trois jeunes gens de rêver à un avenir plus radieux. Ils se prénomment Lorky, Talinn, Evrane, et n'ont qu'une idée en tête, fuir leur triste sort et partir à l'aventure.

Auteur prolifique des éditions Soleil, Jean-Charles Gaudin lance avec Fugue une nouvelle série d'Héroïc Fantasy. Après le décevant Lans Sirling, le scénariste semble revenir à quelques recettes qui ont déjà fait leurs preuves, dans Les Princes d'Arclan par exemple. Dans Angor, ils ne sont pas quatre mais trois et aspirent aussi à changer de vie. Evrane, la jeune fille de ce sympathique trio, s'entraîne en cachette au maniement de l'épée alors que sa mère s'active pour lui trouver un mari. Lorky rêve de devenir chevalier et de partir sauver la veuve et l'orphelin mais son grand frère n'a de cesse de lui rappeler que la réalité est malheureusement toute autre. Quant à Talinn, il travaille dur pour être un parfait écuyer au grand dam de son père, désespéré de ne pas voir son fils passer plus de temps dans les champs.

Que faire face à ces destins contrariés ? S'unir et s'enfuir bien sûr. Et tout aurait pu s'arrêter là... Heureusement, l'expérience de Gaudin parvient à sauver le récit d'un classicisme confondant en y incorporant un élément dont la nature, révélée en toute fin d'album, parvient à éveiller un tant soit peu l'intérêt. L'élément en question ? Un talisman magique. Est-ce cependant suffisant pour inciter à poursuivre l'aventure en compagnie des auteurs ? Il est encore un peut tôt pour le dire tant le premier tome esquisse à peine les contours de l'histoire, se contente pour l'instant de présenter les différents personnages et évoque seulement ce qui constituera a priori la clé de voûte de la série. D'autant que le dessin, très conventionnel, n'attire pas particulièrement le regard, qui ne sait plus trop où se poser face à l'ampleur de la production actuelle.

Il n'y a alors pas d'autre choix que de laisser aux auteurs le bénéfice du doute. Fatalement, certains lecteurs resteront de marbre face à cet argument, préférant certainement jeter leur dévolu vers des débuts de série plus tape-à-l'œil voire carrément plus originaux.

Les Vêpres siciliennes Une histoire du monde méditerranéen à la fin du XIIIe siècle


L’épisode des Vêpres siciliennes est un moment-clef de l’histoire européenne.
Le 30 mars 1282, les cloches des églises de Sicile appellent les fidèles aux vêpres. Au signal, la foule des habitants de l’île se rue sur les troupes françaises, envoyées par Charles d’Anjou pour surveiller l’île. En quelques minutes, ils sont morts et la révolte se répand comme une traînée de poudre dans toute l’Italie.
De ces Pâques sanglantes qui inspirèrent un opéra à Verdi, Steven Runciman fait le point de départ d’une analyse aussi brillante que documentée de la géostratégie et l’histoire de la Méditerranée médiévale.
Brillante synthèse, une vue globale, sur un épisode peu connu de l'histoire de la mediterranée
on parle toujours des rois normands de Sicile, les Guiscart de Hauteville, ou de l'Empereur du saint Empire Frederic II de HohenStauffen,

sur lesquels il y a des avalanches de bouquins ou de romans historiques.
C'est l'occasion de decouvrir les seconds Angevins (pas les Plantagenêts, la branche cadette issue d'un frere deSaint Louis) qui donneront aussi une dynastie  et un âge d'or à la Hongrie.
certains y voient l'origine de la Mafia, comme un acronyme: tuer tous les "francese"..


en passant:
qq jolis ouvrages sur le sujet:

Ernst Kantorowicz, Frédéric II de Hohenstaufen, la bible sur le sujet, un des des textes les plus faciles de Kantorowicz


Un sultan à Palerme
Par Tariq Ali


"Palerme, 1153. Les Normands gouvernent la Sicile, mais la culture et la langue arabes sont encore très présentes dans l’île et le roi Roger (1101-1154) - alias sultan Rujari -, entouré d’une cour cosmopolite, protège et écoute les intellectuels musulmans, au nombre desquels le géographe al-Idrisi (1100 – 1165).
Le roman s’ouvre sur la dernière navigation d’al-Idrisi autour de la Sicile avant l’achèvement de sa Géographie universelle, un projet de cartographie du monde connu initié des années auparavant, grâce au soutien de Rujari. La complicité des deux hommes date en effet de l’époque où, jeune érudit, al-Idrisi venait travailler dans la bibliothèque du palais. Son père, qui lui-même le tenait de son grand-père, lui avait confié qu’un des seuls exemplaires de la traduction arabe de l’Odyssée devait être caché dans un compartiment secret de la bibliothèque : le jeune homme met la main sur ce trésor et sa découverte lui vaut d’être remarqué par le sultan. Les deux hommes dès lors se retrouvent pour confronter leurs lectures, échanger leurs points de vue, et très vite Rujari décide d’aider al-Idrisi dans son entreprise. Il lui fournit un bateau, un logement près du palais, et subvient à ses besoins.
Tout au long de ces années, leurs conversations se poursuivent. Roger confie à son conseiller son mépris pour les croisades, son admiration pour la culture de son peuple – il a fait construire l’église de Céfalu sur des plans d’architectes arabes –, son dédain pour les pauvres Normands régnant sur la venteuse Angleterre… Cette confiance met pourtant al-Idrisi en porte-à-faux avec ses coreligionnaires, soucieux d’assurer la suprématie des Arabes en Sicile et bien conscients de la fragilité de leur situation, qui dépend du bon vouloir d’un souverain éclairé. Nombre d’entre eux fuient Palerme pour Bagdad ou Cordoue… mais al-Idrisi reste auprès de Rujari, même si celui-ci lui a volé son grand amour, Mayya, pour en faire sa concubine.
Mais il est vrai que le roi Roger est forcé de donner des gages aux barons et aux évêques normands, dont l’influence grandit à la cour. En cette année 1153, il est affaibli et la fin de son règne est imminente. Il accueille Idrisi, de retour à Palerme, en lui annonçant qu’il est forcé de sacrifier un de ses plus proches conseillers arabes…
Si l’extraordinaire amitié entre deux hommes de culture différente est la toile de fond de ce roman, les rebondissements y sont multiples : intrigues familiales – al-Idrisi a trois enfants, dont un fils qui a fui à Venise –, secrets d’alcôve et intrigues de harem – où le géographe se réfugie souvent, complots politiques, manipulations, aventures et voyages.
Un sultan à Palerme explore sur le mode romanesque une période charnière de l’histoire des relations entre Arabes et Chrétiens, au moment où la tolérance qui a permis le formidable rayonnement de la Sicile du XIIe siècle le cède à la violence. Et c’est bien le propos de Tariq Ali, romancier mais aussi essayiste et intellectuel engagé, que de tenter, en explorant la grande histoire, de comprendre les convulsions du monde contemporain : Un sultan à Palerme s’achève sur une réflexion d’al-Idrisi, caressant le projet de partir à Bagdag, « la ville qui ne tombera jamais »…

Ce roman, le premier dans l’ordre de la chronologie historique (mais le quatrième dans l’ordre de l’écriture), s’inscrit dans un projet plus vaste : c’est en entendant, au moment de la guerre du Golfe, un commentateur affirmer que les Musulmans n’avaient pas de culture que Tariq Ali a décidé de son Quintet de l’Islam. Les cinq romans qui le constitueront se passent chacun à un moment où éducation et culture étaient synonymes d’Islam, en parfaite coexistence avec le monde chrétien."





Jon Fasman : La Bibliothèque du Géographe

"Comment faire une notice nécrologique ? On doit l'apprendre dans toute école sérieuse de journalisme. Ou sur le tas quand on devient par hasard un jeune localier de province. L'affaire n'est généralement pas très compliquée, sauf quand le défunt est Jaan Pühapäev et que le journaliste est Paul Tomm du Lincoln Carrier, journal confidentiel d'un trou du Connecticut.

Dans la veine de Perez-Reverte, du Da Vinci Code, voire de Harry Potter, l'auteur nous invite à des aventures de club des cinq pour grands enfants. Prenez ce jeune journaliste naïf, une blonde beauté qui connaît la musique, un flic que le penchant pour la Budweiser n'empêche pas de situer Magadan sur la carte du goulag, ni de forcer les serrures, prenez des agents secrets (FBI un peu et KGB beaucoup), deux professeurs d'Université de ce trou de Nouvelle-Angleterre : l'un, vieux balte polyglotte et l'autre, immigré iranien au parcours improbable, plus quelques autres personnes louches dont un faux Albanais et un autre vieux balte à la tête d'une société laitière qu'on vient de privatiser en Estonie, enfin un discret avocat véreux. Mélangez le tout dans un alambic, distillez bien et ça vous donne l'histoire de Paul, Hanna, Jaan, Tonu, Eddy, Jadid, Anton et les autres : Dimbledon, Kravtchouk, Kouline, Voskresseniev... La galerie des personnages est bien achalandée en figures exotiques. C'est érudit et multiculturel à souhait.

«La Bibliothèque du Géographe» est pourtant un titre qu'il convient de ne pas prendre au pied de la lettre. Ce n'est pas un livre de géographie, même si sa lecture permet de visiter Lincoln, Connecticut. Pourtant il y a bien un géographe dans l'affaire, en fait un cartographe, et que vous connaissez tous puisqu'il s'agit, non de Mapero, mais d'Al-Idrissi, célèbre pour sa carte du monde avec le Sud en haut dressée pour Roger II de Sicile et datant de 1154. Justement cette année-là, le géographe du roi est parti en mission vers le froid jusqu'en Baltique. Et pendant ce temps-là, sa bibliothèque est cambriolée par le neveu d'un ancêtre de mafieux palermitain.

En réalité (?), le cartographe était surtout un alchimiste, peut-être même le plus grand. Il avait réuni les 15 objets symboliques essentiels y compris la Table d'émeraude, autant dire la Pierre philosophale, la Fontaine de Jouvence, l'Elixir de longue vie. Et beaucoup plus tard, en un temps où les frontières s'ouvrent, un groupe d'alchimistes polyglottes cherche à survivre à l'empire soviétique ; à force de bakchichs, d'agents secrets, de vols et d'assassinats, leurs coups tordus ont permis de reconstituer la collection des objets alchimiques. Le roman est bâti sur le récit de leur récupération, entrelacé avec les aventures journalistico-sentimentales de Paul Tomm. Je ne vous dirai pas où est le trésor : sous le piano dans la maison du vieux professeur inoxydable trouvé mort chez lui, dans son bureau blindé à la fac, dans la datcha russe de Voskresseniev, ou dans la chambre d'Hanna.

Au bout du conte, Hannah s'envolera pour une destination inconnue et deviendra de ce fait la perle inaccessible tandis que Paul retournera à Brooklyn auprès de sa mère juive et hollandaise en attendant un pauvre job. Et vous aurez eu entre les mains 390 pages d'une lecture captivante."





Toyota. L'usine du désespoir par Satoshi Kamata


pour changer je vais vous présenter un livre que je viens de lire, et qui m'a fortement inquiété car ça ressemble de plus en plus à ce qu'il se passe dans mon boulot à Renault, Toyota. L'usine du désespoir.

"Cette semaine, je suis du soir. Après 22 h, je titube, la tête vide. Ce n'est pas l'homme qui utilise la chaîne, c'est la chaîne qui utilise l'homme comme une machine. On est sûr de perdre dans cette lutte avec elle." En 1972, Satoshi Kamata, aujourd'hui célèbre journaliste japonais, se faisait embaucher comme ouvrier temporaire chez Toyota, à l'usine de Nagoya. Son récit, écrit au jour le jour durant les cinq mois qu'a duré son contrat, a été l'un des premiers textes à révéler l'envers du décor du système Toyota, toujours présenté comme un modèle d'organisation industrielle. Satoshi Kamata décrit minutieusement une chaîne au rythme impitoyable et sans cesse accéléré, qui impose d'interminables heures supplémentaires (720 boîtes de vitesses assemblées chaque jour lorsque l'auteur débute à son poste, 900 quand il terminera son contrat), un univers quasi carcéral (les ouvriers surveillés jusque dans les chambres des foyers), un temps de repos assurant a minima la reproduction de la force de travail, des salaires au rabais et des accidents quotidiens.

Ce best-seller international, réédité une trentaine de fois, était quasi inconnu en France. Il arrive à point nommé à l'heure où la souffrance au travail revient dans le débat public. Un seul regret pourtant: même si le système Toyota n'a pas radicalement changé, comme l'explique le préfacier de l'ouvrage, cette édition aurait gagné à proposer au lecteur une analyse plus fine des permanences et des transformations survenues depuis trente ans.

source:www.alternatives-economiques.fr

NGM

Wisher...


Wisher:

Depuis des siècles, un conflit oppose les «féeriques» de Merlin au MI-10 de Sir George Cross, le célèbre tueur de dragons. Aujourd’hui, l’issue est proche et chacun recrute du sang neuf. Mais Nigel Grant, l’espoir des «féeriques», n’a aucun souvenir d’avoir été le Djinn, l’une des rares créatures capables de remporter cette guerre. Son seul souhait serait de revenir à une vie normale. Mais, à l’instar du lecteur, il a déjà été happé par l’univers onirique de S. Latour et G. De Vita. Et ce monde-là laisse des traces !

Très sympa...classique mais agréable

Bdgest:

Cela fait 60 ans que les bandes dessinées estampilées Le Lombard se succèdent sur les présentoirs des librairies. À échelle d'une carrière professionnelle la retraite n'est pas bien loin, mais l'éditeur belge ne le voit pas de cet oeil-là. Pour fêter comme il se doit son anniversaire, il entreprend même de séduire le public adolescent avec une nouvelle collection : Portail. En s'attaquant au registre de la Fantasy, le vénérable ancien n'hésite pas à marcher sur les plates-bandes des p'tits jeunes Soleil et Delcourt. Le pari est osé, mais Wisher, première invitation à franchir le portail de l'imaginaire, ne manque pas d'atouts.

Nigel est le meilleur dénicheur d'objets d'arts de Londres, et bien qu'il ne le sache pas encore , le dernier djinn sur Terre. De fait, il représente également l'ultime espoir de survie pour le petit peuple (Gobelins, Elfes, etc.), contraint à se terrer sous terre. En effet, un puissant et maléfique groupe d'individus au look so british, guidé par des fées, ne cesse de les traquer pour découvrir leur cachette, le Sanctuaire, afin de les exterminer. Nigel, claustrophobe, parviendra-t-il à supporter l'enfermement et à maitriser ses pouvoirs suffisamment tôt pour éviter l'inévitable ?

Pour son premier album, force est d'avouer que le style de Sébastien Latour est particulièrement convaincant : un découpage dynamique, qui permet au rythme d'augmenter crescendo, et une mise en scène de qualité font de ce premier volet de la série un très bon divertissement. D'autant plus que le point de départ original de l'histoire, les petites pointes d'humour sympathiques et le charisme des différents personnages sont des points positifs non négligeables. Le scénariste n'hésite pas à jouer avec nos bonnes vieilles fables en les modernisant et prend un malin plaisir à susciter l'impatience de découvrir la suite grâce à la révélation innatendue de la dernière case de l'album.

Le trait de Giulio De Vita est particulièrement élégant. C'est d'autant plus appréciable que le casting ne manque pas de personnages plaisants à regarder, au physique de playboy ou de pin-up. Au cours de la lecture, le sentiment que le dessinateur s'amuse plus à mettre en image Wisher que sa précédente série, James Healer, s'impose. Cela s'explique sans doute par la plus grande liberté artistique que lui laisse l'univers fantastique développé par Sébastien Latour. Techniquement, il y a peu de reproches à faire au dessin, dommage alors que l'impression de l'album ait rendu la mise en couleur, que l'on présume réussie, trop sombre. Sans géner toute la lecture, ce problème technique cache les détails de certaines cases et rend les effets de lumière des sorts bien ternes. Espérons alors que le second tome restituera toute sa beauté au graphisme de De Vita.

En attendant la sortie du prochain tome, cette ouverture de qualité donne envie de se pencher plus attentivement sur les autres séries de cette collection. En tout cas, si tous les albums sont aussi prometteurs que Wisher, Le Lombard parviendra sans mal à convaincre les lecteurs, jeunes et moins jeunes, de franchir son Portail...

Votre avis nous intéresse : Venez discuter de cet album dans les forums de BD Gest'

Les Fantomes De Breslau - Marek Krajewski

L'avis des éditeurs
Début septembre 1919. Sur une petite île de l'Oder, des collégiens découvrent les corps atrocement mutilés de quatre jeunes hommes en bonnet de marin. A côté des victimes, la police retrouve une feuille avec une citation de la Bible, adressée à l'assistant criminel spécialisé dans les affaires de mœurs, Eberhard Mock. A travers les sombres ruelles de Breslau marquées par le désœuvrement de l'après-guerre, le crime et des établissements douteux où circule la drogue et fleurit la prostitution, l'enquête que mènera Mock dans l'" affaire des quatre marins " fera resurgir son propre passé, encore très proche... Premier volume d'une série nous plongeant au cœur de l'Europe centrale de l'entre-deux-guerres, Les fantômes de Breslau ravira les amateurs d'Histoire et de mystères.

Les fantômes de Breslau
1919, Brelsau sous occupation allemande, l’Europe centrale de l’après-guerre. Eberhard Mock est assistant de la police criminelle, à la brigade mondaine, la IIIb. Il a trente-six ans, un bout de métal logé dans la cuisse, des rhumatismes, quelques mauvais souvenirs, un faible pour l’alcool et pour les femmes rousses. Un bon client des bistrots et des bordels chargé de la vérification des prostituées. Du moins jusqu’à ce matin de septembre, sur une berge des faubourgs lointains de Breslau et cet amoncellement de corps, quatre a priori. Un enchevêtrement de membres violacés et rigides pétrifiés par la mort. Quatre hommes, nus, un bonnet de marin sur la tête, un reste d’opium sur les doigts, les yeux crevés, les bras et les jambes fracturés, le thorax perforé … et ce mot déposé près des corps : "Bienheureux ceux qui n’ont point vu, et qui ont cru . Mock avoue ta faute, avoue que tu as cru. Si tu ne veux plus voir d’autres yeux crevés, avoue ta faute". Début de "l’affaire des quatre marins" comme un cauchemar pour Mock, un long calvaire des bordels aux bars louches, des salles de dissection aux pires scènes de crime, des ruelles sombres aux hôtels borgnes, des bas fonds de la ville égarés par les souvenirs de la Grande Guerre aux tréfonds d’un passé écrasant. Première des cinq aventures de l’inspecteur Mock, Les fantômes de Breslau est un roman noir (historique) aux éclats atypiques et aux accents étrangement moderne.

L’Ombre de la Route de la Soie

Colin Thubron a osé un extraordinaire voyage, unique et périlleux, qui nous entraîne sur les onze mille kilomètres de la Route de la Soie. Il part de Xian, au coeur de la Chine, où repose l’Empereur jaune, père mythique de la Chine, pour aller jusqu’à Antioche, au bord de la Méditerranée turque, à deux pas de la Syrie. Il commence par traverser le Nord-ouest de la Chine et, des deux itinéraires possibles de la Route de la Soie - l’un par le Nord, doté du chemin de fer ; l’autre au Sud, infiniment difficile et quasi impraticable par endroits -, il choisit ce dernier et longe le mortel désert du Taklamakan jusqu’à Kashgar.
Mais l’étonnant est aussi ailleurs : dans l’extraordinaire talent de cet écrivain qui voyage. Colin Thubron a l’audace et l’endurance d’un baroudeur, la finesse d’observation d’un vieux routard, mais aussi le regard alerte de l’homme cultivé, très informé. À quoi s’ajoute une sensibilité et une force d’expression inspirée. Sa langue est d’une pureté et d’une puissance d’évocation rares. Il voyage à la dure, vit au rythme des hasards et des rencontres, d’autant mieux qu’il parle chinois et russe. Un grand souffle anime son récit.

La chaleur implacable, la poussière, le sable qui vole partout, la sauvagerie et la désolation du désert, la dignité de ruines qui parlent d’un passé glorieux, la luxuriance des oasis d’Asie centrale, l’air limpide des montagnes, les villes grouillantes, les villages d’un autre siècle, les rencontres de hasard : tout devient palpable.

Colin Thubron ne se contente pas de tracer la fresque d’un passé riche et bigarré, il explore le présent bien vivant qui a émergé de ce creuset. Au gré des rencontres, des silences, des conversations, il nous fait entrevoir la réalité actuelle des citoyens de la nouvelle Chine, avec leurs rêves neufs d’enrichissement et un quotidien pas toujours à la hauteur ; le paradoxe des peuples d’Asie centrale qui partagent le même fond culturel et religieux mais qui sont éparpillés entre des pays différents. On les découvre tiraillés entre anciennes et nouvelles allégeances, avec pour certains la tentation du pan-islamisme.
À l’image de cette Route de la Soie qu’il nous révèle, Colin Thubron est peut-être un vrai passeur. En témoigne la belle relation de son extraordinaire voyage, son septième en quarante ans passés à courir les mondes, qui fait d’ores et déjà figure de référence. Un classique de demain

Sur la route de la Soie, marchands, mystiques, artistes et guerriers venus d'Orient comme d'Occident se sont rencontrés, affrontés, ont échangé siècle après siècle croyances, inventions, marchandises : la plus longue et la plus vieille route de civilisation de toute l'histoire de l'humanité, comme un vaste réseau d'artères et de veines irriguant les immensités de l'Asie...
De toutes les routes possibles, Colin Thubron a choisi la plus rude: 11000 kilomètres depuis Xian, en Chine, jusqu'à Antioche, en Turquie, par la " mer des morts " du Taklamakan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, l'Afghanistan en guerre, l'Iran. Huit mois de tous les dangers, à travers des paysages sublimes ravagés par la guerre, dans des trains surpeuplés, à dos de chameau ou de cheval, dans des bus pourris - non par vaine quête de sensationnel mais pour voyager au plus près des simples gens.

Et ce sont alors bien des fantômes qui s'éveillent en chemin, de Tamerlan à Omar Kayyam, de l'Empereur jaune à Gengis Khan. Une aventure dans l'Orient réel, au long d'une des pires zones de fracture du monde actuel, où les vraies frontières ne sont pas les lignes tracées par la politique, mais celles que dessine l'appartenance à une tribu, une ethnie, une religion. Ici, passé et présent continûment s'échangent pour dessiner un des visages peut-être de notre avenir.
Disons-le tout net : ce livre est un chef-d'œuvre. Le plus grand livre peut-être écrit sur le sujet. D'une splendeur d'écriture, d'une intensité qui font penser au Danube de Claudio Magris.

Colin Thubron, membre de la Royal Society of Literature et Commander of the British Empire, est l’un des derniers gentlemen travellers. Lointain descendant de John Dryden (l’auteur anglais le plus influent du 17ème siècle) il naît le 14 juin 1939 à Londres. Etudiant au prestigieux Eton College, il travaille ensuite comme éditeur entre Londres et New-York puis comme réalisateur pour la télévision en Turquie, au Japon et au Maroc.

Ses premiers récits de voyage publiés à la fin des années 1960 se situent principalement au Moyen-Orient. De la Syrie au Liban en passant par Israël, Colin Thubron se fait déjà une spécialité d’explorer ces mondes que l’Occident connaît mal et, parfois, craint. « Mes récits de voyage naissent de ma curiosité pour ces mondes que ma génération trouve menaçants : la Chine, la Russie, le monde islamique… (et peut-être avais-je aussi le désir de les rendre plus humains, de les comprendre). Mes romans, à l’inverse, semblent naître en réaction à cette démarche d’ouverture et provenir d’envies et d’attentes plus personnelles, plus profondes : ils sont souvent situés dans des endroits clos (prison, asile psychiatrique ou même l’esprit d’un amnésique). Mon écriture balance entre ces deux genres. » Très vite son style brillant, dense et élégant le place parmi les grands auteurs de sa génération. Il se lie d’amitié avec Bruce Chatwin et est intronisé à la Royal Society of Litterature en 1969.

Dans les années 1980, Colin Thubron s’intéresse aux grand empires de l’Est, il publie deux ouvrages considérés d’emblée comme des chefs-d’œuvre : en 1983, Les Russes (Payot, 1991) un voyage dans l’URSS de Brejnev et en 1987, Derrière la Grande Muraille (Payot, 1991) qui reçoit le Thomas Cook Travel Book Award. Il parcourra encore l’Asie, de ce qu’Alexandre Soljénitsyne appelait l’Archipel du Goulag en Sibérie jusqu’aux montagnes afghanes, menant une réflexion poussée sur l’éclatement de l’URSS.
Colin Thubron s’inscrit dans une tradition littéraire anglaise qui remonte aux écrivains voyageurs anglais de l’époque élisabéthaine. Extrêmement documenté, il prépare toujours méticuleusement ses voyages. L’histoire des lieux, leur géographie, les us et coutumes… il va jusqu’à apprendre une langue nouvelle lorsque c’est nécessaire (Mandarin ou Russe) et même ses connaissances en botanique sont impressionnantes. C’est que, selon lui l’histoire, la géographie, les constructions humaines et les peuples entretiennent des relations totalement intimes. Ses récits s’attachent donc à montrer comment l’Histoire peut façonner les peuples et les paysages. S’il est un arpenteur de mondes hors pairs, il est aussi l’explorateur des relations humaines, de la mémoire, et n’a de cesse de mesurer la distance qui sépare l’idéal du réel.
Poursuivi par le KGB à Kiev, en position inconfortable dans un bain avec un nabab chinois ou presque contraint de vendre ses jeans à un géant russe qui rentre à grand peine dedans, Colin Thubron sait faire passer dans ses récits toute l’âme du voyage, le comique ou le ridicule des rencontres lorsque deux mondes nouveaux se rapprochent pour la première fois, la solitude ou le découragement ressentis sur la route, la peur, jusqu’à craindre pour sa vie.
Sorti en 2006 en Angleterre, son dernier livre, L’Ombre de la Route de la Soie (Hoebeke collection Etonnants Voyageurs, 2008) revient sur huit mois de voyage au long des 11000 kilomètres de la Route de la Soie, depuis la Chine jusqu’au port d’Antioche en Turquie. Le prestigieux Times a tout récemment classé Colin Thurbon parmi les 50 meilleurs écrivains anglais d’après-guerre

Joli bouquin, plus près du Claudio Magris de "Danube"( en moins c...t et moins érudit) que de Nicolas Bouvier.
Un regard historique  et politique qui n'oublie pas de regarder les êtres.
En sortant du livre, on se rêve  en marchand Sogdien ou en légionnaire perdu de Crassus finissant sa vie dans un fort tout près du Tibet.
Les vestiges d'empire et les empreintes de caravanes vibrent, vivent dans les descriptions
de petits restaus Ouïghours

lire en écoutant cela:
http://www.lastfm.fr/music/Senem+Diyici+Quartet/_/Trabizon

Exposition Paul Grimault, Isao Takahata & Hayao Miyazaki


« Mondes et Merveilles du dessin animé »

Grimault, Takahata et Miyazaki

28 juin – 16 novembre 2008

Communiqué de presse

Après le succès de l’exposition « Héros et Merveilles du Moyen Âge » en été 2007, qui a attiré près de 63 000 visiteurs, l’Abbaye de Fontevraud ouvre les portes de l’imaginaire en plongeant dans l’univers du dessin animé.

a/ Trois personnalités incontournables du film d’animation

En France, le nom de Paul Grimault est étroitement associé au film Le Roi et l’Oiseau qui confère aujourd’hui à son auteur une notoriété internationale, faisant de lui le « Père du dessin animé français ». Cette réalisation que les spectateurs de l’Hexagone découvrirent dans les salles en 1980 a cependant un antécédent avec La Bergère et le Ramoneur (1953). C’est cette première version qui sera décisive dans le parcours de quelques jeunes passionnés au Japon. Décortiquée et analysée dans les années soixante par ces futurs maîtres de l’animation, elle habite encore l’imaginaire de certains, et exerce en particulier une grande influence chez les réalisateurs japonais Takahata Isao et Miyazaki Hayao.

Si elles sont les héritières de Paul Grimault, ces deux personnalités du monde de l’animation ont su développer un style singulier qui leur a permis de conquérir le grand public, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Associés aujourd’hui au sein du studio Ghibli, Takahata Isao et Miyazaki Hayao sont les auteurs de chefs-d’oeuvre ayant largement contribué à la reconnaissance du dessin animé comme discipline artistique à part entière. C’est avec Mon voisin Totoro et Le Voyage de Chihiro que le nom de Miyazaki Hayao s’est notamment fait connaître au-delà des frontières japonaises. Le Tombeau des lucioles et Pompoko, dessins animés projetés dans les salles obscures des pays du monde entier, sont eux tout droit sortis de l’imagination de Takahata Isao.

b/ Un parcours entre découverte et compréhension

La découverte des oeuvres de chacun de ces réalisateurs et la question de la filiation sont ainsi centrales dans l’exposition « Mondes et Merveilles du dessin animé » qui investira cet été les murs de l’Abbaye de Fontevraud.

A travers les extraits de films, les images de préparation des films, les entretiens, et les reproductions d’images se dessine un itinéraire qui donnera les clés aux visiteurs pour comprendre les liens existant entre le cinéma de Paul Grimault et celui de ses homologues japonais. Jean-Pierre Pagliano, commissaire de l’exposition, spécialiste de Paul Grimault et critique de cinéma, donne à voir cette branche du septième art autrement. Le parcours qu’il imagine montre des rapports à la fois chronologiques et thématiques entre les trois réalisateurs. Le visiteur plonge ainsi dans l’univers du « Père du dessin animé », dessinateur et ami des artistes du quartier Saint-Germain-des-Prés dès les années trente, pour ensuite découvrir le monde merveilleux de Takahata Isao et de Miyazaki Hayao. Les films de ces derniers sont appréhendés à la fois à Abbaye de Fontevraud - Centre Culturel de l'Ouest - BP 24 - 49 590 Fontevraud-l'Abbaye www.abbaye-fontevraud.com

A travers le prisme de La Bergère et le Ramoneur et dans ce qui fait leur originalité et leur caractère d’oeuvre d’art. Ce projet accompagne ainsi l’Abbaye de Fontevraud dans son souhait de participer à la reconnaissance du dessin animé comme discipline artistique à part entière.

c/ Un propos grand public

Grand public, le dessin animé a su traverser les frontières géographiques comme générationnelles. L’exposition Mondes et Merveilles du dessin animé s’adresse ainsi aux passionnés, mais aussi à toute la famille à travers des espaces conçus pour comprendre ensemble, et découvrir les oeuvres de Paul Grimault, Takahata Isao et Miyazaki Hayao de façon inédite. Les événements qui feront vivre toute l’Abbaye autour de l’exposition permettront à chacun de participer à des projections de films en plein air, des animations et des conférences. L’actualité du cinéma d’animation est constante. Mondes et Merveilles du dessin animé fait ainsi écho à plusieurs expositions mettant en relief la qualité artistique du dessin animé. Ainsi Il était une fois Walt Disney aux Galeries Nationales du Grand Palais en 2007, Miyazaki-Moebius à l’Hôtel des Monnaies en 2005 ou encore Paul Grimault, artisan de l’imaginaire présentée au palais de Tokyo en 1991-92. Elle s’inscrit par ailleurs dans une actualité cinématographique marquée par la sortie en France dans les prochains mois du dernier film de Miyazaki Hayao: Ponyo sur la falaise.

d/ L’atelier des images de demain, la place centrale du cinéma à l’Abbaye de Fontevraud Depuis deux ans, l’Abbaye de Fontevraud affirme sa place dans le monde du cinéma d’animation. Plusieurs réalisateurs ont récemment séjourné dans ses murs. Michel Ocelot, dont la carrière est internationalement reconnue est l’un d’eux, tout comme de jeunes talents de plusieurs pays du monde tels que Florence Miailhe, Florence Henrard, Daniel Klein...

L’image animée fait ainsi partie intégrante de la programmation culturelle, et on la retrouve tout au long de l’année, notamment dans le cadre d’actions spécifiquement ciblées :

Grands Ateliers Internationaux (première édition en 2007 en présence de Takahata Isao)

Résidences internationales et Bourses d’écriture (Florence Miailhe, Florence Henrard… ont déjà bénéficié de cette occasion)

Partenariats avec les grands festivals (Festival Premiers Plans d’Angers et Festival International du Film de La Rochelle).

C’est donc en cohérence avec son ouverture au monde de l’image animée et son projet d’atelier des images de demain, que l’Abbaye de Fontevraud produit et réalise cette exposition inédite.
source: www.mata-web.com

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NGM

La chanson de Charles Quint Erik Orsenna

Ils étaient deux frères...

Le cadet n’avait eu qu’un amour. Un seul amour depuis la jeunesse. Un amour un moment parti. Et puis revenu. Et puis épousé, trente ans plus tard, pour entrer ensemble dans la vieillesse. Peut-être aussi pour regarder avec moins de vertige le temps qui s’en allait ?

L’aîné, dans ses jours les plus optimistes, se persuadait que lui aussi avait aimé. Était-ce sa faute si cet amour, la force d’amour qu’il portait en lui, s’était morcelé en de multiples, trop multiples visages, en de divers, trop divers et trop semblables corps ? Les autres jours, tous les autres jours et toutes les nuits, sans exception, il savait qu’il n’avait pas aimé.
Ainsi vivaient les deux frères, dans la même ville mais chacun d’un côté du fleuve : le frère à l’amour morcelé (l’aîné) et son cadet (le frère à l’amour unique). » Erik Orsenna

Dans «la Chanson de Charles Quint», le spécialiste du Gulf Stream et du coton pleure la mort d'une femme aimée

Ces temps derniers, l'on ne reconnaissait plus guère Erik Orsenna. D'abord, il s'est rasé la moustache. Ça ne lui va pas, on dirait un Groucho Marx glabre, un humoriste triste. Et puis celui qu'on avait connu un tiers-mondiste et deux tiers anticapitaliste a cru bon de commettre, cet hiver, un album publicitaire sur l'A380 et le manœuvrier PDG d'Airbus, M. Noël Forgeard. Etait-ce opportun? Enfin, l'académicien publie trop souvent de paresseuses fables grammaticales, des «Chevaliers du subjonctif» à «la Révolte des accents», dont raffole le public de «Questions pour un champion», mais qui ne donnent pas la mesure de son talent d'écrivain, reconnaissable à cette vertu: dénoncer la misère du monde avec un rire de crécelle, être moraliste sans faire de morale, traverser l'histoire de France en tirant des bords, et traiter les choses graves avec légèreté.

Avec «la Chanson de Charles Quint», texte très intime métamorphosé en conte de fées, voici Orsenna tel qu'en lui-même la légende le fixe et la littérature lui cède: juvénile, malgré ses 60 ans passés, optimiste, malgré ses désillusions, et gai, malgré son irrépressible mélancolie. C'est vraiment notre nouveau Giraudoux. D'un tombeau, il fait une goélette. Et d'un regret, une promesse.

Séducteur impénitent, Orsenna a cru aimer, dans sa vie de marin, beaucoup de femmes. Et puis, un jour, il a rencontré celle qu'il a baptisée «le Soleil». Il avait enfin trouvé son astre. Il s'y est réchauffé sans se brûler. Pendant quatre ans, leur amour fut au zénith. A peine le temps d'en éprouver la nostalgie. Car le médecin a trouvé, dans la gorge du soleil, une tache suspecte. La belle aux yeux bleus et aux jambes de danseuse n'est passée dans la vie de l'écrivain que pour entrer à l'hôpital. Elle en est sortie pour aller mourir près de l'océan. Elle repose dans un petit cimetière breton où l'auteur de «Loyola's Blues» va lui raconter combien, sans elle, la vie est ombreuse. Il lui faudra du temps pour réapprendre à aimer de nouveau, à faire la paix avec son passé et à penser que «les souvenirs sont des fantômes qui ont rendu les armes».

«La Chanson de Charles Quint» est aussi un livre sur la famille et la fraternité. Car Erik Orsenna a un frère cadet, psychiatre de son état, qui est son exact contraire: il n'a aimé qu'une seule femme. Depuis longtemps, l'aîné observe cette passion fixe aussi curieusement qu'un vertugadin de Le Nôtre, du coton d'Ouzbékistan ou une plantation d'hévéas. Il essaie de comprendre à quoi obéissent, dans une vie, le besoin d'un amour unique ou le désir d'un amour morcelé. Et d'où vient que deux hommes si proches, si loin, s'envient, s'étonnent et finalement se retrouvent, inséparables.

A l'époque où il était son conseiller à l'Elysée, Orsenna avait vu Mitterrand malade se détourner lentement du pouvoir et, sacrifiant une ambition à une prétention, se préoccuper seulement de savoir où vont les morts après la mort. Aussi puissant et attiré par l'Egypte soit-il, même un monarque l'ignore. Une seule certitude: la femme solaire qu'a aimée le prince Erik ne dort pas sous une pierre tombale, elle séjourne, tant qu'il y aura des lecteurs pour succomber à son charme et mesurer son cran, dans «la Chanson de Charles Quint».
J. G. (Par Jérôme Garcin,Source: «le Nouvel Observateur» du 21 février 2008.)

Dis , papa, c’est quoi la littérature ?
Pour te répondre , ma Grande, à cette question que tu ne m’as jamais posée..
La littérature, c’est ce que t’en disent tes professeurs, mieux que moi.
C’est un espace ouvert, commun à ceux qui pratiquent une même langue.
Cela a un début et une fin.
Ou bien : c’est ce qui ne peut être fait ou transcrit pleinement au cinéma, en image, en BD, en peinture ou en musique.

Plus simplement : ce livre, ma grande, « la Chanson de Charles Quint » d’Erik Orsenna, c’est de la littérature, de la littérature française, très française, et c’est un très, très joli livre.
Ça part du particulier, Orsenna et son chagrin, quelque part entre la rue Jacob et la Bretagne, ça se promène entre Le Port Royal janséniste de ses quinze ans, où il appris le sens du futur antérieur auprés d’une vieille érudite allemande, et la place des Vosges où il attente à la pudeur, ça va vers l’universel et un sentiment de fraternité
pudique et courtois dans un vieux restaurant russe.

Lis-le, en écoutant la chanson de Charles Quint par Jordi Savall, « Mille Regretz »

Une brève histoire du tracteur en Ukraine de Marina Lewycka


Résumé du livre
Quand leur père Nikolaï, veuf depuis peu, leur annonce qu'il compte se remarier avec Valentina, Vera et Nadezhda comprennent qu'il va leur falloir oublier leurs vieilles rivalités pour voler à son secours. Car Valentina a 50 ans de moins que lui, des ogives nucléaires en guise de poitrine, et un certain penchant pour les plats surgelés. Mais surtout, elle est prête à tout pour assouvir sa quête du luxe à l'occidentale.

La critique [evene]
par Maud Denarié

A travers un récit mêlant subtilement humour et gravité, Marina Lewicka analyse différentes strates de l'histoire de son pays d'origine, l'Ukraine. Tour à tour, le lecteur est plongé dans la période stalinienne, nazie et contemporaine. Des dialogues mordants et caustiques qui composent la majorité du roman, on passe sans transition aux récits torturés et intimes d'un passé difficilement digéré. Même si l'auteur garde toujours en mémoire la brutalité de l'histoire, elle choisit néanmoins de focaliser son attention sur un phénomène nouveau : l'immigration en Grande-Bretagne. Sur fond de farce - le portrait de Valentina est plutôt féroce -, elle y dénonce une réalité taboue : la conquête du luxe occidental par certaines filles venues de l'Est dans l'espoir de plumer le premier mari venu. A première vue, la figure de l'immigrée cherchant "vieil homme riche et impuissant" relève de la caricature, certes, mais elle soulève une question fondamentale : celle des immigrants qui, croyant découvrir un eldorado en Europe, se heurtent à un choc culturel qui les dépasse, et finissent par sombrer dans une douloureuse désillusion. Plus qu'une satire sociale, 'Une brève histoire de tracteur en Ukraine' est une comédie burlesque où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné, et où le lecteur, dérouté par ce va-et-vient entre violence du passé et ironie du présent, hésite entre pleurer de rire ou de rage.

C'est un premier roman qui a fait un tabac en Angleteterre, un million d'exemplaires, traduit dans 18 pays.
Cela ne merite peut être pas tant d'honneurs, mais offrez le à votre belle soeur, votre nounou , etc...
C'est bien construit, un ton attachant, plutôt drôle et instuctif ...

Miyazaki l'Enchanteur

(c) tous droits reservés

Présentation par l'éditeur : Un ouvrage en hommage à l’un des réalisateurs majeurs de la fin du XXe siècle, Hayao MIYAZAKI, reconnu depuis peu du grand public. La reconnaissance de la valeur artistique de ce cinéma d’animation, si longtemps ignoré ou marginalisé, passe par l’étude de son travail autour de deux axes principaux : la quête de spiritualité et la sensibilité écologique. Par une analyse croisée de trois pièces majeures de sa filmographie (Nausicaä de la Vallée du Vent, Mon Voisin Totoro et Princesse Mononoké), les auteurs s’intéressent aux choix de mise en scène du cinéaste et à la signification de thèmes et motifs récurrents dans son œuvre. Un univers fascinant. Vincent-Paul TOCCOLI : Né à Alger en 1942, Vincent-Paul TOCCOLI a connu un parcours fort original. Son insatiable curiosité et son métier l’ont amené à parcourir le monde. Devenu Buddhist Scholar et riche de ses expériences spirituelles et humaines, il se consacre, outre l’écriture et son Ordre, à la Nouvelle Anthropologie (à Sophia Antipolis) et à son cabinet de psychanalyse et de coaching, à Cannes. Gersende BOLLUT : Né à Cognac en 1980, Gersende BOLLUT, qui signe ici son premier ouvrage littéraire, vit aujourd’hui à Lille. Ce passionné de cinéma, et notamment d’animation, participe à de nombreuses manifestations du septième art et collabore à des magazines (AnimeLand) et sites Internet traitant de ce sujet qu’il aborde d’un œil curieux et exigeant. Site Frames (frames.free.fr) et revue du même nom.
NGM

Miyazaki l’enchanteur
Vincent-Paul Toccoli - Gersende Bollut
324 pages
20.00
Isbn 978-2-35027-961-9
L'essai sera prochainement disponible sur les sites de vente en ligne (fnac, alapage, amazon...) ou bien chez l'éditeur Amalthée

i love it