Oct 31, 2006
Franco Farina
Oct 30, 2006
The dangers of a tenor's life
The 38-year-old italian tenor Salvatore Licitra, currently singing at the MET Cavalleria Rusticana (Mascagni) and I Pagliacci (Leoncavallo) has a very dangerous life... Last Tuesday night, the 38-year-old Italian tenor ended up in an hospital emergency room, instead of a Manhattan party thrown by Sony Classical in celebration of his latest recording, "Forbidden Love" (extracts can be heard on his website). Stepping up of a taxi, the space between parked cars seemed to be too narrow for him, so instead, he went flying to the ground, left shoulder first. Because tenors are real men, not pussies, he went to the hospital to get his bleeding leg bandaged but didn't complain about the pain in his shoulder... until the next morning, when the pain became unbearable. MRI and X-rays showed torn tendons in his rotator cuff (maybe he just pitched some baseballs during the night and came up with the excuse of the fall).
But nothing could stop him from singing at the MET (let alone the ton of money probably involved). Well done M.Licitra.
I soo would love to find a picture of you falling out of a cab. Has nobody told you to start drinking at the party thrown for you and not before?
Infos Associated Press, Oct.26, 2006
Oct 28, 2006
Esthétisme et sécurité à l'opéra de Lyon
Pour sûr, il est beau notre opéra.
Pour sûr.
Dommage qu'il soit gangréné de problèmes de sécurité.
Alors qu'en 2004, des tuiles étaient tombées "spontanément" du toit, que toute la verrerie est à refaire (900 000 euros de travaux), de nouveaux problèmes sont survenus depuis la rentrée, concernant le système de sécurité d'incendie et de ventilation de la cuisine.
La mairie a enfin décidé de réagir il y a un mois et d'attaquer en justice Jean Nouvel et plusieurs entreprises ayant travaillé à la restauration de l'opéra en 1993 (évaluation des malfaçons: 580 000 euros).
Pour la petite histoire, rappelons que les travaux en 1993 avaient coûté six fois plus cher que prévu (72 millions d'euros au lieu de 12 millions d'euros).
Monsieur Jean Nouvel, vous n'avez pas l'impression de vous être assez foutu de notre gueule?
Oct 26, 2006
L'elisir d'amore
Comment décourager les putatifs amateurs d'aller voir ce spectacle? Lire la newsletter de l'Opéra de Paris de cette semaine, consacrée à ce spectacle, et aller voir sur le site les extraits vidéo proposés (au nombre de trois).
Una furtiva lacrima, chanté par Paul Groves (quid de Charles Castronovo annoncé dans la programmation?) ce n'est déjà guère encourageant (euphémisme). La mise en scène de Pelly ensuite, ne me semble pas casser trois pates à un canard (désolée pour les fans de Pelly). Encore une atmosphère fête de village populaire, faite, refaite et archi-refaite dans l'Elisir d'Amore. Ne serait-ce pas là le rôle d'un grand metteur en scène que d'essayer d'innover un peu dans le domaine? Il semble que Pelly se soit contenté d'ajouter des bottes de paille (cf. Una furtiva Lacrima), des éclairages bateaux (la tombée des lucioles/étoiles/whatever toujours sur Furtiva Lacrima me laisse pantoise de déserrance) et des costumes sixties (rapport qu'en ce moment, on n'en voit pas assez dans la rue, dans les magazines, etc). Bref, pas de regret de ne pas avoir envisagé d'acheter des places pour ce spectacle.
Quelques exemples d'interprétation réussie d'Una Furtiva Lacrima, extraits de YouTube; Rolando Villazon (Barcelone 2005, encore), Rolando Villazon (Vienne 2005), Roberto Alagna (Opéra de Lyon, 1996), Carlo Bergonzi (orchestration mollassonne)Oct 25, 2006
Muti al Teatro dell'Opera di Roma
Considering the orchestra is not such a good one, he should only improve its performances. Other concerts may follow.
Oct 24, 2006
Du Darwinisme dans l'opéra
Grâce à la magie des rééditions de DVD, j’ai découvert une nouvelle version de La Forza Del Destino, de Verdi.
Nouvelle version qui est un enregistrement live de 1958 (Teatro di San Carlo, Napoli).
Starring Franco Corelli (ah Corelli), La Tebaldi, Ettore Bastianini, Boris Christoff dans le rôle du prêtre et Francesco Molinari-Pradelli à la direction.
A la vision de ces images d’archives, plusieurs commentaires me sont venus, notamment sur l’évolution de l’opéra.
Si vous ne connaissez rien à cet Art, si vous ne pouvez vous empêcher de vous boucher les oreilles quand un chanteur d’opéra force un peu sa voix, si le terme même d’Opéra vous fait d’abord penser à un navigateur web, si vous êtes réfractaire à cette musique donc, vous ne pouvez pas ne pas connaître les deux mots magiques : Maria Callas.
Voir cet enregistrement me renvoie d’abord et avant tout à la Callas.
Parce que la Révolution, c’est elle qui l’a initiée.
Avant la Callas, il y avait des cantatrices avec des techniques vocales oh combien meilleures. La Tebaldi en est un très bon exemple. Particulièrement dans cet enregistrement.
Mais ces cantatrices ne savaient que chanter.
Aucune incarnation du personnage, aucun jeu d’acteur, aucune sensibilité.
Juste de la technique pure.
Magnifique.
Mais oh so glaciale.
Grâce à la Callas, les metteurs en scène ont eu leur mot à dire à l’Opéra.
La première a incarner les personnages qu’elle chantait. Et l’opéra s’est enrichi de la notion d’interprétation théâtrale.
Oh bien sûr, on est loin des acteurs de théâtre.
Mais on est aussi désormais loin devant ces prestations des décennies passées.
Premier constat donc.
Deuxième réflexion ; Franco Corelli.
Il est de notoriété publique que j’adore Corelli.
J’adore ses trémolos (soit on les adore, soit on les déteste, le juste milieu n’existe pas avec Corelli), cette grandiloquence dans l’interprétation vocale.
Corelli, dans la dernière scène de Norma par exemple, me donne envie d’être à la place de la Callas et de mourir avec lui sur le bûcher. Tant ses trémolos me parlent.
Corelli, c’était le beau gosse des années 50-60; rentrant sur scène avec toute la prestance de son sex-appeal.
Navrant.
Un coq au milieu des volailles.
[sigh]
Mon Corelli.
Mes si beaux trémolos.
Un vulgaire coq.
[sigh]
Rajout du 24 octobre 2006:
Que l'on ne s'étonne pas, ensuite, si je préfère les CDs aux DVDs.
Troisième constat : l’interprétation du chef, Francesco Molinari-Pradelli.
Lourde.
Pesante.
Je ne sais pas si je suis si critique sur les chefs qui dirigent Verdi parce que j’ai tant d’affinités avec ce Maître qu’est Riccardo Muti.
Ce chef qui a compris Verdi comme je l'ai compris.
Ce chef qui livre, à chaque fois, des interprétations mémorables.
La Forza del Destino par Muti, ça n’a rien à voir.
C’est tellement plus relevé.
Précis.
Fin.
Pêchu.
Muti est extraordinaire de subtilité quand il dirige Verdi (pas forcément avec les autres compositeurs d’ailleurs). Un travail d’orfèvre.
Une merveille.
Il ne m’a jamais déçue.
Mais, quand on aime l’opéra, quand on adore Verdi, quand on adore Corelli, on se délecte de ces rééditions et on en redemande.
Oct 21, 2006
De l’enfer qui vient émousser nos armes.
Scala collection on DVD
I am one of those crazy fanatic opera fans who would much rather listen to an opera than watch it on DVD. I don't care about anything else than the singing and the music, let alone the fact I don't own a TV set, never have and probably never will. On the other hand, I am the proud owner of an exquisite CD player (CD 3D Lab Sonata), a pair of incredible speakers (JM Reynaud Trente) and a pretty good amplifier (NAD 312) that is 10 years old now but that I just can't throw away. So I buy CDs. Not DVDs. By the way, the Liceu extract of La Gioconda (Ponchielli) is part of a DVD just released by TDK. But how can I not buy DVDs released by Il Teatro alla Scala, conducted by Riccardo Muti, for a prize so low you wonder if you're just not dreaming awake: €5.99 (thank you Gibert Joseph)? So, I got I vespri Siciliani (Verdi) and La Donna Del Lago (Rossini).
But I didn't buy Attila (Verdi) or Guglielmo Tell (Rossini) 'cause you know what? I already own these Muti recordings ... in CD.
Rise and fall of a hero
D’abord, soyons clairs, la fille, là (dont je ne connais pas le nom, désolée), chante comme un pied. Les qualités vocales de la jeune naïve sont, inexistantes. Et Grégory, mon Dieu. Mais soyons raisonnables. Si dans ce pays, on fait gagner les casseroles, c’est évident qu’on ne peut comprendre la beauté de l’opéra. Parce que, sans vouloir enfoncer le clou, Roberto, même si sa prestation est plutôt quelconque, à côté, c’est un Dieu sur Terre.
Mais là n’est pas l’objet de mon affliction. Parce qu’en même temps, les divertissements de TF1, même si la France entière ne parle que de ça, ça ne m’intéresse pas le moins du monde.
Ce qui me navre au plus haut point, c’est la tournure catastrophique qu’a prise la carrière de Roberto Alagna. Que je m’explique. Alagna est un des ténors que je préfère. [sigh] Enfin, que je préférais.
Je l’ai découvert dans un enregistrement de Rigoletto, par Riccardo Muti. Et depuis, ses erreurs de jeunesse avaient été merveilleusement corrigées. Mine de rien, ce garçon en a fait, des progrès, en quelques années.
Et je regrettais amèrement de ne pas l’avoir vu en vrai. Surtout qu’il est passé à Lyon il y a quelques années (à ma décharge, j’habitais Toulouse à l’époque), dans une production de Lucia di Lamermoor, en français, avec Natalie Dessay.
Mais depuis qu’il est marié avec Angela, c’est vraiment de pire en pire. D’abord, juteux contrat avec EMI, il a commencé à sortir n’importe quelle merde en cd (et je pèse mes mots). Mais bon, je lui pardonnais, il chantait si bien, mon Roberto. Et puis, il a commencé à se la jouer diva, inaccessible, puant de pédanterie, toussa. Mais bon, il chantait si bien. Avec une si belle interprétation. Puis, Kozlika, qui le vit l’an dernier à Paris, m’apprit avec horreur qu’il était devenu complètement figé sur scène ; plus aucun jeu. Autant dire, que sa performance y perdait franchement. Mais alors si maintenant, il passe à la StarAc, je n’imagine même pas vers quels vides lacunaires il va nous entraîner. Tino Rossi peut être ?
Je l’aimais tant moi, Roberto. [sigh]
Alagna déguisé en Candeloro, c'est là, et c'est d'un navrant... [sigh]
Oct 20, 2006
Marcelo Alvarez
Le ténor le plus lisse que j’ai jamais entendu. Aucune émotion. Aucune faille dans l’art difficile de la respiration. Tout respire la perfection technique. Enfin, tend à respirer la perfection technique. Non, parce qu’elle n’est pas encore là, quand même. La fleur que tu m’avais jeté de Carmen par Alvarez, c’est un slow langoureusement niais et fade. A te, o cara, amor talora d’I Puritani (un opéra trop injustement méconnu), ça respire plutôt le Libera me du requiem de Fauré. Le fameux air de Tosca, E lucevan le stelle, c’est la musique de fin d’un film américain à l’eau de rose à très gros budget. Juste, il y a un effort surhumain d’interprétation d’Alvarez pendant une demi-seconde, dix secondes avant la fin. Le Nessun dorma extrait de Turandot, que je trouve chiant quand il est interprété par des ténors qui rentrent dans le personnage (Corelli pour ne pas le citer), est ici d’un ennui mortel. Une incitation au suicide. L’orchestration est d’ailleurs à se pendre. Comme dans tout le cd, mais particulièrement ici. Parce que bon, les orchestres qui jouent comme pour Hollywood (again), c’est bien gentil. Mais c’est lourd. Un excellent substitut de somnifère. Cet air si sautillant qu’est le M’appari tutt’amor de Martha, a ici des accents d’une gravité à pleurer. Mélangé à une orchestration façon « valses de Strauss », ça donne un résultat… Nul.
A la Pavarotti. Faudrait que je me renseigne. Ca se trouve, c’est le nouveau poulain de Pavarotti. Et pas de chance, il n’est pas aveugle celui-là. Il peut jouer sur une scène d’opéra.
[billet écrit le 29 mars 2005, rapatrié de http://theperiodictable.blogspot.com/2005/03/marcelo-alvarez.html]
Oct 19, 2006
Janacek overdose
Two years ago, we got flooded here in Lyon with a Janacek festival (Jenufa, The Makropoulos Case and Katia Kabanova all directed by Lothar Koenigs*, all in May 2005). Paris followed in that same May with From the House of the Dead at Bastille (making it possible, for real Janacek fans, to watch 4 different operas in 4 days, talk about luck). Enough Janacek is enough, one would hope. Not quite so. This season, let’s see who plays Janacek…
Jenufa Glimmerglass Festival: July/August 2006 Opera Australia: September/October 2006 English National Opera: October 2006 Hamburg Oper: December 2006/January 2007 Metropolitan Opera: January/May 2007 Angers Nantes Opéra: March 2007 Oper der Stadt Köln: April/May 2007 Scala, Milano: April/May 2007 (conducted by Lothar Koenigs*) Frankfurt Oper: April/May 2007 Washington Opera: May 2007 Osud (Fate) Staatstheater Darmstadt: September 2006 The Excursions of Mr Brouček BBC Symphony Orchestra, Barbican (London): February 2007 Geneva Opera: 2007/08 season (tbc) The Diary of One Who Disappeared Paris Opera: January/February 2007 Katia Kabanova Opera North: May/June 2007 Royal Opera House: June/July 2007 The Cunning Little Vixen Zurich Opera: October 2006 Deutsche Oper Berlin: November 2006/January 2007 Houston Grand Opera: May 2007 The Makropulos Case Opernhaus Zürich: June 2006 Royal Danish Opera: October/November 2006 Paris Opera: April/May 2007 From the House of the Dead Wiener Festwochen: March 2007 (conducted by Pierre Boulez) Holland Festival: June 2007 (conducted by Pierre Boulez) Aix-en-Provence: Summer 2007 (conducted by Pierre Boulez) Baden-Baden: July/August 2008 (conducted by Pierre Boulez) Oh come on, can anyone please choose to play other composers?
* yes, the one I just saw conducting Lohengrin.
Anna Netrebko
Mais, par la force des choses (Rolando Villazon, pour lequel ma passion ne se tarit toujours pas), j'ai regardé le concert donné hier à Berlin par les "3 superstars", avec en 3e guest star Placido Domingo.
Rajouts du 19 octobre: Un exemple (Traviata) extrait de YouTube. Si seulement ele avait des qualités vocales pour compenser tout le reste. Mais non, rien de rien. Navrant.
Une question angoissante me transperse, depuis quelque temps. Mais j'ai bien trop peur de la réponse.
Au vu du nombre de prestations communes Netrebko/Villazon, est-ce que mon cher Rolando ne se serait pas entiché de la pouf?
Quand on sait l'influence désastreuse de Gheorghiu sur Alagna, je prie Dieu qu'une telle mésaventure ne vienne pas entâcher la carrière de Villazon (ténor dont je compte bien vous parler dans un futur billet).
Oct 18, 2006
Once in a lifetime
Aujourd'hui j'ai vu un truc unique. Exceptionnel.
Une édition du début du siècle des Contes d'Hoffman, d'Offenbach. Tirée à 1000 exemplaires, numérotée donc. Composée exclusivement de 78 tours. Un pour cinq minutes de musique. Mine de rien, ça fait une sacrée pile.
Et cerise sur le gâteau, l'édition est illustrée par une couverture originale de la fille de Victor Hugo.
Bien sûr, je n'ai pas demandé le prix. Pourquoi terrasser l'émerveillement?
Du coup je suis repartie avec un énième cd de Franco Corelli. Ainsi qu'un cd d'oeuvres de Brahms pour deux pianos. Et le seul opéra de Gabriel Fauré, Pénélope.
[billet écrit le 2 octobre 2006, rapatrié de http://theperiodictable.blogspot.com/2006/10/once-in-lifetime.html]
Charles Gounod
Thanks to Radio Classique, who broadcasted Mireille by Charles Gounod last Sunday evening (Freni, Vanzo, Plasson 1988 version), I've started listening again to Gounod's three masterpieces: Faust (1859), Mireille (1864) and Roméo & Juliette (1867), a thing I had not done in quite a long time now.
Two things I love in Gounod's music: the rhythm and the melodies.
A few examples from YouTube; From Faust, "Avant de quitter ces lieux" (Valentin aria) sung by Leonard Warren, "Quel trouble inconnu me pénètre" (Faust) by Nicolai Gedda and "Salut demeure chaste et pure" (Faust) by Alagna (2004). Unfortunately, I couldn't find any performance of "De l'enfer qui vient émousser nos armes", an aria (chorus & Valentin) that has a very special meaning for me. From Roméo & Juliette, "Ah lève toi Soleil" (Roméo) also sung by Alagna (1994). I couldn't find anything from Mireille, nevertheless I recommand "Voici la saison mignonne" (Act 2, disc 1 track 9 in the EMI version by Plasson).
The YouTube extracts are also a good opportunity to compare Alagna's singing from 1994 & 2004, and of course realize in dispair how good he was and how mediocre he's becoming. It's a slippery slope Roberto, a very slippery slope...
My favorite recordings of Gounod:
Faust EMI Classics, 1959 version Conducted by André Cluytens Faust: Nicolai Gedda Marguerite: Victoria De Los Angeles Méphistophélès: Boris Christoff Valentin: Ernest Blanc
Roméo et Juliette EMI Classics, 1998 version Conducted by Michel Plasson Roméo: Roberto Alagna Juliette: Angela Gheorghiu Frère Laurent: José Van Dam
Mireille EMI Classics, 1988 version (I never heard any other recording) Conducted by Michel Plasson Mireille: Mirella Freni Vincent: Alain Vanzo Ourrias: José Van Dam
Oct 17, 2006
La Gioconda, MET NY
Amilcare Ponchielli
Conductor: Bertrand de Billy la Gioconda: Violeta Urmana Laura Adorno: Olga Borodina Enzo Grimaldo: Aquiles Machado
Last performances: tomorrow night 7:30pm & Saturday Oct.21, 1:30pm
YouTube extract from NY fans Extract: Liceu, Barcelona, Oct.7, 2005
Conductor: Daniele Callegari
La Gioconda: Deborah Voigt
Laura Adorno: Elisabetta Fiorillo
Enzo Grimaldo: Richard Margison
Review in French here.
Amour quel est ton nom?
Opéra de Lyon
14 au 29 octobre 2006
Gunnel Bohman ........ Elsa von Brabant
Tom Fox ........ Friedrich von Telramund, brabantischer Graf
Evelyn Herlitzius ........ Ortrud
Hans Sotin ........ Heinrich der Vogler, deutscher König
Brett Polegato ........ Der Heerrufer des Königs
Lothar Koenigs
Choeurs et orchestre de l'opéra de Lyon
Une petite soirée à l’opéra ?
Avec cette nouvelle production de Lohengrin, coproduite avec le Festspielhaus Baden-Baden et il Teatro alla Scala (oui vous avez bien lu), , la soirée fleuve commence à 18h30 pour s’achever aux alentours de minuit (4h15 au total, avec les deux entractes de 50 min).
Mise en scène, décors, lumières & costumes :
Autant j’ai quelques réservations concernant la mise en scène et les costumes, autant décors & lumières étaient absolument divins.
La mise en scène de Nikolaus Lehnhoff souffre, à mon sens, de deux aberrations majeures: l’arrivée de Lohengrin (fin du 1er acte) et celle d’Elsa devant le peuple de Brabant juste avant d’aller se marier (fin du 2e acte), deux tournants dramatiques de l’opéra, deux moments d’émotion forts, deux moments de grande bouffonnerie dans la manière dont ils ont été traités par le metteur en scène.
Une sorte de mascarade absurde du plus mauvais goût, parce qu’inconsistante avec le reste de la mise en scène, complètement hors de propos et encore une fois traitée en dépit de toute intensité dramatique.
Dans les deux situations, où la scène est occupée par le chœur et les principaux personnages, l’idée de Lehnhoff a été de faire arriver Lohengrin & Elsa respectivement à l’opposé du champ de vision des personnages déjà sur scène ; pour l’arrivée de Lohengrin (sans son cygne), tout le monde regarde vers le devant de la scène alors qu’il arrive lentement par l’arrière. Et quand il atteint le centre de la scène, soudainement, tout le monde découvre sa présence et se retourne. Cela ressemble véritablement à une mauvaise blague.
Même configuration pour l’arrivée d’Elsa à la fin du 2nd acte ; tous regardent côté jardin en fond de scène (à gauche pour le spectateur), alors qu’elle est en devant de scène et arrive au niveau du chœur par le côté cour (à droite donc). Même réaction, tous se retournent au dernier moment genre, « mince, ça fait la deuxième fois qu’on se fait eu ».
Ce parti-pris de mise en scène, j’ai beau chercher, je ne le comprends pas.
Je suis aussi très sceptique quant au choix de laisser des personnages clés sur le tout devant de la scène, immobiles dans leur chaise (« l’action » se déroulant en milieu de scène) alors qu’ils n’ont rien à y faire ; Elsa pendant tout le 1er acte (alors qu’au début, elle n’a rien à y faire) et toute la 2e moitié du 2nd acte (du moment qu’elle a sa discussion avec Ortrude, elle ne quitte plus la scène).
Enfin, quelqu’un peut-il m’expliquer quelle idée a traversé le crâne de Nikolaus Lehnhoff quand il a décidé que Lohengrin serait en train de jouer la sérénade au piano à sa bien-aimée (1ère scène de l’acte 3) ?
Bref, une impression plus que mitigée sur la mise en scène.
Quant aux costumes de Bettina Walter, qui se voulaient ancrés dans une atmosphère années folles 1900, je n’ai pas aimé le manichéisme entre Elsa et Ortrude (Elsa la naïve et pure en blanc, Ortrude la méchante en noir), pas plus que l’espèce de tutu ridicule dont est affublée Elsa dans la 1ère moitié de l’acte 2.
Mais la palme du n’importe quoi revient au costume de Lohengrin, un vague costume trois pièces gris sous un immonde manteau diforme gris métallique brillant (genre boule à facettes disco). Il a l’air brillant le chevalier salvateur, pour sûr. Crédible ? Hmm, une autre fois peut être (hélas c’est loin d’être le seul problème de crédibilité de Lohengrin, mais j’y reviendrai).
Photos issues des représentations à Baden Baden.
Les décors de Stephan Braunfels en revanche étaient magnifiques. Absolument magistraux. Et tout à fait en phase avec la grandiloquence de l’opéra.
Au 1er acte, un énorme disque central siège du jugement d’Elsa, entouré de hauts gradins circulaires où siège le chœur inquisiteur. Décor qui sera également celui du 3e acte.
Au 2nd acte surtout, une réalisation sublime : des immenses marches parallèles au devant de la scène s’étendant jusqu’au fond, avec au centre, un chemin en pente (montant vers le côté jardin). Spartiate, grandiloquent, carré. Parfait !
Les lumières de Duane Schuler étaient un complément idéal au décor ; j’ai a-do-ré la manière dont elle a décliné les atmosphères bleues (passant du bleu nuit au turquoise), la précision des découpes était remarquable sur les marches (acte 2) quant au jeu des ombres sur ces mêmes marches lors de la scène ouvrant l’acte entre Ortrude et Telramund (projection sur le mur côté jardin, par des latéraux côté cour), il était réellement épatant (je suppose qu’il me faut également rendre hommage au metteur en scène pour la gestuelle de Telramund parfaitement construite dans cette optique).
Enfin, l’arrivée du cygne (fin du 1er acte et fin du dernier) matérialisée par cette fente de lumière blanche verticale et fine en fond de scène, bien que déjà vue (je crois bien que c’était également dans Lohengrin) fait toujours son effet.
Lumières et décors un régal, donc.
Passons maintenant à l’essentiel : la musique.
La direction musicale de Lothar Koenigs était bonne (en même temps, je n’ai jamais entendu d’orchestration ratée de Lohengrin, et il me paraît difficile de le faire), juste une réserve sur les instruments de scène, sur les trompettes de l’acte 1 en fait.
J’ai toujours vu et/ou entendu Lohengrin joué avec ces fameuses trompettes littéralement sur scène, au milieu des chanteurs. Cela rend, entre autres, l’arrivée de Lohengrin encore plus grandiloquente, ce qu’elle est sensée être (come on, nobody comes out of nowhere on the back of a swan) et mélodramatique.
Ici, les trompettes n’étaient pas sur scène, mais sur les côtés, ce qui confère à mon sens une impression de cheap stéréo (genre Bose) à l’ensemble. Bref, je ne suis pas convaincue du tout du bien-fondé de ce choix.
Mais c’est le seul reproche que je ferai à Koenigs.
Commençons par des louanges (et je suis ravie parce que le public d’hier a eu le même ressenti que moi à ce sujet).
Mes félicitations extatiques à Evelyn Herlitzius qui, dans le rôle d’Ortrude, était vraiment extraordinaire. Vocalement, scéniquement, expressivement, you name it, tout était parfait.
Mais vocalement surtout. Quelle voix. Quelle voix.
Ortrude (Evelyn Herlitzius) & Telramund (Tom Fox)
Photo Opéra de Lyon
Hans Sotin, Tom Fox & Brett Polegato ont campé des prestations convaincantes du roi Henri, de Telramund et du hérault du roi ; Hans Sotin est assez limité en présence scénique, mais très bon chanteur et Tom Fox en Telramund était excellent à tous les niveaux.
Les problèmes surviennent avec Elsa et Lohengrin.
Elsa (Gunnel Bohman)
Photo Opéra de Lyon
Inga Nielsen, prévue pour jouer Elsa ayant été limogée pour insuffisance vocale (cf info de ResMusica), elle est remplacée pour l’intégralité des représentations lyonnaises par sa doublure, Gunnel Bohman.
Et on comprend mieux le sens de doublure en entendant la prestation de Bohman.
Non qu’elle chante faux, entendons-nous bien. Sa performance n’était pas désastreuse. Juste quelconque. Ordinaire. Sans relief.
Sans compter qu’elle ne projette pas vraiment en chantant, ce qui, même dans une petite salle comme l’opéra de Lyon, est un sacré problème. Bohman à Bastille, je n’ose même pas imaginer le désastre, au 3e rang on ne l’entendrait déjà plus.
A l’heure où les opéras virent des chanteurs sur des critères physiques (cf. Deborah Voigt à Londres), il aurait été de bon ton de disposer d’Hugh Smith également.
Sur un critère physique, pour être dans la hype attitude lancée par le Royal Opera House de Londres (Lohengrin faisant 150kg, ce n’est pas vraiment mon fantasme du chevalier salvateur avec son beau cygne blanc, sa grande épée argentée et son cor de chasse 100% made in plastics), ou sur des critères vocaux et scéniques, plus sérieusement.
Le robuste jeune ténor américain (comme je l’ai vu nommé sur un site anglosaxon) n’a hélas pas que son physique sur lequel travailler.
Sa voix pour commencer.
Non qu’il chante faux, lui non plus.
Mais alors, si Gunnel Bohman a un problème de projection de voix, Hugh Smith a une carence gravissime à ce niveau concernant les graves. On ne l’entend absolument pas dans ce registre.
Et je n’exagère pas.
Il n’arrive pas même à se faire entendre par dessus l’orchestre jouant un passage doux (entendez sans cuivres et percussions). Alors face au chœur, il ne fait pas le poids (ce qui est un comble au vu de sa stature, vous en conviendrez).
Sérieusement, avec un physique pareil, je ne comprends pas qu’il n’ait aucun coffre.
Et la remarque que je faisais sur Bohman concernant une putative prestation à Bastille trouve encore plus de résonance concernant Hugh Smith.
Conclusion générale à ce spectacle : globalement une bonne soirée, une performance mémorable d’ Evelyn Herlitzius et une combinaison décors/lumières remarquable.
Amour, quel est ton nom ?
Ben, Lohengrin chevalier servant, ma mie.
Dommage que je doive m’en aller, maintenant…
Critique & photo (le fameux décor du 2nd acte) de la performance à Baden-Baden, Festspielhaus, 7 juin 2006 ici.
Compléments (rajout du 28 octobre 2006):
L'article de ResMusica daté du 25 octobre, avec une analyse proche de la mienne.
L'article aigri du Monde, daté du 18 octobre.
[billet écrit le 15 octobre 2006, rapatrié de http://theperiodictable.blogspot.com/2006/10/amour-quel-est-ton-nom.html]
Autres compléments (rajout du 6 mars 2007):
Le livret de Lohengrin (édité par l'Opéra de Lyon) est disponible en pdf ici;
Le dossier de presse de Lohengrin (toujours édité par l'Opéra de Lyon), toujours en pdf, se trouve lui par là.