Minuit - Janvier 2025
Ce numéro s'ouvre sur les adieux de Dominique Pradelle à la revue Philosophie et à ses fidèles lecteurs. Il y brosse un tableau des événements capitaux qui ont marqué ces deux décennies : recul de la démocratie et victoire du néolibéralisme, qui affectent le monde universitaire en menaçant les principes de liberté académique et d'autogestion autonome. Suit la seconde partie de la traduction, par Anouk Barberousse et Alexis Bienvenu, de la préface de Heinrich Hertz à ses Principes de la mécanique. La spécificité de Hertz est d'avoir voulu formuler, au sein d'un traité de mécanique, une épistémologie de la description et un programme pour route physique future. Si les révolutions einsteinienne et quantique en ont limité l'impact scientifique, sa portée philosophique reste considérable pour les questions de la signification et des conditions de validité des énoncés de la physique, du rapport entre nécessités physique et logique, ainsi qu'entre normes, modèles et image du monde. Le texte est complété d'un précieux glossaire qui présente les enjeux de la traduction de certains termes. Vient ensuite un article de Burt C. Hopkins intitulé "Les essences phénoménologiques d'un point de vue historique : essai sur le projet phénoméno-logico-transcendantal de désédimentation". L'auteur y aborde le concept de formalisation, par lequel Husserl rend compte de la logique et des mathématiques formelles (arithmétique, théorie des groupes, des espaces riemanniens, etc.) en attirant l'attention sur le danger que représente un tel concept dès lors qu'on le sépare des mutations historiques qui affectent le sens d'être des objectités mathématiques, et il analyse à cette fin l'exemple de l'Algèbre de François Viète. Le numéro s'achève sur le texte de Dominique Peudelle "Des sens du sens en phénoménologie : sens nématique, signification idéale, prédicats de signification", issu de conférences prononcées en 2010 et 2013 et partiellement publié en anglais en 2016 dans le volume 46 de la revue Research in Phenomenology. Il y fait le point sur la notion capitale de yens ra phénoménologie transcendantale : si celle-ci se caractérise comme un idéalisme du sens, quel concept de sens est ici impliqué ? S'agit-il d'affirmer, comme Heidegger, Levinas puis Dagfinn Follesdal, que les objets individuels ne nous sont accessibles que parla médiation de significations idéales, l'acte de tendre se fondant sur une manière d'entendre comme... et toute intentionnalité s'avérant réductible à une modalité du vouloir dire ? L'auteur montre que le concept de sens nématique voir avec la signification langagière idéale, ni celui d'objet avec une référence qui transcenderait l'ordre du sens et désignerait l'objet en soi ; Husserl en mobilise une notion inédite, infralangagière et infraconceptuelle, qui se laisse assimiler au pôle idéel ou asymptotique qu'est l'objet visé. L'auteur détermine ensuite les raisons pour lesquelles le sens a été assimilé à la signification idéale : capacité de réflexion propre au champ conceptuel, typification du monde environnant et entrelacs de la chose sensible et des prédicats de signification culturelle. Ce dernier motif nous entraîne vers la question de l'historicité du sens.
acheter ce livre