28 mars 2007

Cher Gaston

Parce que Pawlowski fut, comme Georges Casella,


directeur de Comœdia, parce qu’il est cité en 1917 par Francis Picabia dans le premier numéro de 391 1) , enfin parce qu’il plut tant à Marcel Duchamp pour ses Inventions nouvelles et son Voyage au Pays de la quatrième dimension, nous avons tenté une notice bio-bibliographique qui reste bien évidemment à étoffer. Loin des sources officielles, nous avons néanmoins tenté de livrer ici quelques lapidaires indications agrémentées d’une iconographie maison.

Et, avant tout, parce nous aimons bien Pawlowski, figure fuyante de l’entre-deux-siècles dernier.

Dans sa postface à Fallait y penser Les dernières inventions de Monsieur de Pawlowski 2),

François Caradec, nous apprend que Gaston William Adam de Pawlowski vit le jour à Joigny, dans l’Yonne, le 14 juin 1874, à cinq heures du matin. Fils d’Albert de Pawlowski (« ingénieur au bureau central des études de la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest ») et de Valérie de Tryon-Montalembert, Gaston fit ses études au lycée Condorcet et à l’Ecole des Sciences Politiques. Le 10 juin 1901, Gaston reçoit le grade de docteur en droit après avoir soutenu sa thèse intitulée Philosophie du travail 3), et publiée (sans doute à compte d’auteur) chez les libraires-éditeurs V. Giard et E. Brière tenant négoce au 16, rue Soufflot à Paris. La même enseigne publia en 1897 sa Sociologie nationale. Une définition de l’Etat 4), un texte de 36 pages si nous nous en tenons à la notice de la base de données BN Opale Plus. Gaston a 20 vingt ans quand il commence de collaborer à l’hebdomadaire Le Rire, qui deviendra Le Rire rouge durant la Première Guerre mondiale. Quatre ans plus tard (1898), sous le nom de W. de Pawlowski, le sixième volume de la « Petite collection du Rire » accueille On se moque de nous 5),

un texte dont nous ignorons encore la teneur mais au sujet duquel nous savons qu’il était épuisé en 1917. En 1900, il se fait « préfacier » (les guillemets sont de François Caradec) d’un volume anonyme portant le titre Bono Dum-dum, Madam’ bono, petites histoires d’outre-Manche, exercice qu’il réitérera en 1904 pour Les Dégringoleurs de Pantes [sic], roman feuilleton signé du pseudonyme Guy Patin d’Emery 6).
Rédacteur en chef du Vélo et de L’Opinion, Gaston de Pawlowski conforte sa carrière de journaliste dans Comœdia, créé le 1er octobre 1907, journal dont il assurera la rédaction jusqu’en 1914. Jean Clair 7) nous apprend que les épisodes du Voyage au Pays de la Quatrième Dimension paraissent dès 1908 en première page de Comœdia.



La première édition du Voyage paraîtra chez Fasquelle en 1912 :

1912 est l’année souvent citée pour cette première édition, cependant, la seule reproduction dont nous en disposons indique l’année 1913. Y a-t-il eu retirage à l’occasion de ce « troisième mille » ?
« […] tout au long de 1911 et au début de 1912, Pawlowski va publier une série de trente articles sous le titre Aristote à Paris où il imaginera un dialogue avec le philosophe, prétexte à des considérations morales, philosophiques et mathématiques où la logique aristotélicienne se voit mise en cause : on y trouve la préfiguration des réflexions qui alimenteront l’univers alogique du pays de la quatrième dimension. » 8) En 1911, Pawlowski préface Le vieux Montmartre d’André Warnod 9), historien de la butte qui en 1955 dressa ce portrait de l’auteur du Voyage :



« Gaston de Pawlowski était un homme qui échappait à toute commune mesure. Il était d’une taille gigantesque, comme son esprit et son intelligence. Il faisait figure de héros de Rabelais. Il était hors du temps présent, aussi bien dans sa façon d’être que dans sa façon de penser. […] Pawlowski avait profondément le sens de l’humour et de l’ironie, mais – de même que Rabelais l’avait fait –, il s’en servait comme truchement pour exprimer les idées les plus subversives, à l’abri de toute censure. » 10)


Gaston de Pawloski, autoportrait

C’est dans les colonnes du Rire rouge, durant la Première Guerre, que Gaston publie chaque semaine ses Inventions nouvelles et dernières nouveautés. Réunies en un in-8 de près de 350 pages en 1916 11) chez Eugène Fasquelle (Bibliothèque Charpentier), ces Inventions suivent Polochon. Paysages animés. Paysages chimériques 12)

paru en 1909 à la même enseigne. Pawlowski signe plusieurs textes dans La Baïonnette 13) ainsi que la préface de Jeph, le roman d’un as (Henry Decoin, L’Edition française, 1917) au cours d’une guerre qui lui inspirera Dans les rides du front (La Renaissance du Livre, s.d. [1917-1918]

et Signaux à l’ennemi illustré par Gus Bofa (Fasquelle, 1918).

Nous n’avons pas encore pris connaissance du contenu des Contes singuliers (La Renaissance du Livre, coll. In Extenso, 1918), aussi demandons-nous à l’éventuel possesseur de cet ouvrage de bien vouloir nous en communiquer, sinon copie conforme, du moins photocopie de la couverture. Au sortir de la guerre qui le mobilisa en 1914 au service-auto (comme Raymond Roussel, qu’il ne rencontra probablement pas, écrit François Caradec), Pawlowski se fait critique dramatique au Journal et collabore notamment à Fantasio et Gringoire. C’est d’ailleurs dans ce dernier organe, du 6 janvier 1932, que nous lisons son dernier texte connu « Œdipe d’André Gide », consultable ici
1923 est une grande année, non seulement parce que Pawlowski fête ses deux ans de mariage avec Marguerite (née Mangin), mais aussi parce que son Voyage reparaît, sous la forme d’un grand in-4 cartonné, illustré par Leonard Sarluis et introduit par un « Examen critique » d’une bonne quarantaine de pages. La même année, Ma voiture de course paraît à la Librairie Ollendorff dans la collection Le roman de sport. La couverture est cependant estampillée Albin Michel. Alors, mercatique éditoriale, rachat du stock par Albin Michel ? Mystère !

Les Annales du 6 décembre 1925 publient « Où allons-nous » (illustré par Delarue-Nouvellière, écrit Pierre Versins) où « Le savant Hydrogène du Voyage […] réapparaît pour une bonne petite satire du XXe siècle. » 14)
Une entrée dans le catalogue d’une librairie ancienne nous apprend ce jour que Pawlowski fut collaborateur au Dictionnaire biographique des Artistes contemporains, Paris, Art et Edition, 1930-1936, 8 vol.
Nous perdons la trace biographique de ce cher Gaston après 1932. Avis, donc, aux scoliastes vertueux qui auront la sympathie de me communiquer tout renseignement relatif à ce trou noir.
La faucheuse surprend Gaston le 2 février 1933. Une crise cardiaque l’emporte en son domicile du 107, rue de la Faisanderie à Paris. Les obsèques ont lieu le 4 février à l’église méthodiste du Saint-Esprit, rue Roquépine et l’inhumation au cimetière du Père-Lachaise (Caradec). Gaston de Pawlowski ne fut pas complètement oublié, du moins des éditeurs, car une troisième édition de son Voyage paraît en 1945 à Bruxelles aux Editions de la Boétie. 15) Tiré à 2050 exemplaires, ce Voyage de Pawlowsky [sic] est illustré par Jean Tauriac.

Il faut attendre 1962 pour un nouveau Voyage publié par Denoël (collection Présence du futur, n° 56,

rééd. en 1971) :


La cinquième édition du Voyage (suivie de la correspondance inédite de l’éditeur et des lecteurs) a vu le jour à en 2002 grâce aux bons soins des éditions Paréiasaure (diffusion l’Autruche guatémaltèque éditore, Poitiers), sous la direction d’Eric Walbecq. BN Opale plus, encore elle, signale : « Comprend des lettres adressées à Gaston de Pawlowski entre 1913 et 1924 et des cartes de visites adressées en 1913 lors de la première édition. »
C’est en 2004 que Jean Clair signe l’introduction d’une sixième édition du Voyage, dirigée par Didier Semin et publiée aux Images modernes dans la collection Inventeurs de formes.
N’oublions pas la réédition des Paysages animés, en 2003, à La Bibliothèque, collection Les Billets, préfacée par Eric Walbecq et Jacques Damade. Enfin, nous découvrons également ce jour l’existence d’un récit biographique signé Martine et Bertrand Willot publié en 2005 (Bassac, Plein Chant n° 80) : « Nous étions trois amis intimes qui avions vingt ans aux alentours de 1897, Bottini, Launay et moi … » dont on peut lire quelques lignes
ici
Last but not least, mentionnons Duchamp Duchamp. Du lard à l’art par Odile Darbelley et Michel Jacquelin, ouvrage parodique, fort amusant, pawlowskien-duchampien et qu’une bonne dose de ‘pataphysique vient ranger parmi les publications dont on ne saurait se priver. 16)
NOTES
[1]« Inventions nouvelles et dernières nouveautés. – Dans le but d’exprimer les réalités spirituelles de ce monde, Francis Picabia demeure résolu à n’emprunter de symboles qu’au répertoires des formes exclusivement modernes.
Un censeur très sensé récemment s’y trompa et crut reconnaître, parmi les tableaux qui figuraient divertissement l’Amour, la Mort, la Pensée, quelque chose comme l’épure d’un frein à air comprimé, ou d’une machine à concasser les noyaux de pêche.
Le tout, arrêté à la frontière avec les bagages d’une parisienne charmante – Madame Nicole André Groult – fut envoyé à M. Painlevé, de l’Institut, au Ministère des Inventions intéressant la Défense Nationale, sous bonne escorte. », in 391 n° 1, 25.01.1917, p. 4.
Note de la première note : « L’incident est véridique : Nicole Groult, sœur du couturier Paul Poiret, fut appréhendée à la frontière française alors qu’elle rapportait à Paris des tableaux mécanomorphes de Picabia. Les douaniers virent dans ces formes mécaniques des épures d’ingénieur et, flairant une affaire d’espionnage, firent convoquer la voyageuse et ses précieuses toiles jusqu’à Paris. Cette histoire est confirmée par un compte rendu enjolivé, mais en termes savoureux, du Journal de Genève, du vendredi 8 mars 1918 […] qui la place à la frontière suisse. Elle est d’ailleurs loin d’être unique et la presse de l’époque rapporte plusieurs incidents analogues survenus à des publications dadaïstes. » In Michel Sanouillet, Francis Picabia et 391, Eric Losfeld, 1966.

[2] Editions Balland,1975 ; rééd. en 1977.

[3] « Dans une thèse pour le doctorat intitulée Philosophie du travail […], je me suis attaché à marquer ce départ entre l’individu et l’Etat, en démontrant qu’un travail identique de l’homme (intellectuel ou matériel, peu importe) représente, dans toutes les civilisations, soit un travail forcé, soit un travail libre, suivant qu’il se rapporte aux besoins de l’Etat ou de l’individu. » In « Examen critique », Voyage au Pays de la Quatrième dimension, Fasquelle, 1923.

[4] « La thèse de l’Animal-Etat ne manque point par ailleurs de séduction logique, et, sans en avoir mesuré suffisamment toutes les inconséquences, j’eus la faiblesse de la défendre en 1897 dans un petit livre intitulé : Une définition de l’Etat. » Ibid.

[5] F. Juven édit., ill. de Launay. [Juven fut le créateur du Rire].

[6] On retrouve la même verve poétique dans le dixième texte de Paysages chimériques, intitulé « La merveilleuse histoire de la princesse Ba-Da-Boum », cette dernière étant issue de la “ troisième dynastie des Azor-Beni-Krock-Miten, branche des Giraffa-Giraf ”…

[7] Jean Clair, Marcel Duchamp ou le grand fictif, Galilée, 1975. L’auteur nous indique également les numéros de Comœdia dans lesquels certains chapitres du Voyage ont initialement paru (avant retouche) : n° 1666, 1673, 1694, 1701, 1708, 1731, 1745, 1770, 1777, 1798, 1805.

[8] Ibid. p. 31-32.

[9] Paris, Figuière – seconde éd. en 1913.

[10] André Warnod, Fils de Montmartre. Souvenirs. Fayard, 1955, pp. 96-97, cité par J. Clair, op.cit.

[11] Notre copie mentionne l’année 1917.

[12] « L’amour mort » qui clôt les Paysages chimériques constituera le XXIe chapitre du Voyage. Polochon. Paysages animés. Paysages chimériques sera republié en 1918 à La Renaissance du Livre.

[13] Voir La Baïonnette n° 122, 1917, dossier « Les inventeurs ».

[14] Pierre Versins, Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, Lausanne, L’Age d’Homme, 1972 ; rééd. 1984, pp.658-659.

[15] C’est cette édition qui figure dans La bibliothèque de Marcel Duchamp, peut-être, Marc Décimo, Les Presses du Réel, 2002. Le livre de M. Décimo reproduit intégralement l’Examen critique de 1923 et mentionne par ailleurs d’autres numéros de La Baïonnette auxquels Pawlowski a collaboré.

[16] Actes Sud-Papiers, 2001.











18 mars 2007

Darius Milhaud à dada

1917 : Picabia publie en début d’année le premier numéro de 391 à Barcelone ; avec la collaboration de Beatrice Wood et Henri-Pierre Roché, Duchamp publie en avril le premier numéro de The Blind Man ; Erik Satie compose la musique du ballet Parade et est le dédicataire de la première composition de Francis Poulenc (Rhapsodie nègre) ; Darius Milhaud, alors secrétaire de Paul Claudel à Rio de Janeiro, n’a pas encore composé Le Bœuf sur le Toit. Ce sera chose faite en 1919 et sa première représentation, sous forme de ballet, aura lieu le 21 février 1920 à la Comédie des Champs-Élysées.

Le 25 juillet dernier, George Baker (UCLA, Los Angeles), parmi une foule de questions ( « What are all the “things” pasted onto the painting ? »), me posait également celle-ci : […] « What is that thing next to Auric’s teeny face ? »


Je peux enfin vous fournir la réponse, cher George Baker, puisque cette dernière m’a été délivrée lors de la lecture du Groupe des Six (Jean Roy, Le Seuil, coll. Solfèges, 1994, p. 110).



Il s’agit bien de Darius Milhaud, « à la foire de Montmartre » (circa 1920, © collection Mme Madeleine Milhaud). Prise sur un stand, cette photographie est, je pense, contemporaine de cette autre



De gauche à droite : Darius Milhaud, Raymond Radiguet, X, Germaine Tailleferre, X, Jean Cocteau, Valentine Gross, Paul Morand (accroupie : peut-être M. Meyer)

où apparaît également Milhaud. Autre indication bibliographique : Portrait(s) de Darius Milhaud (sous la direction de M. Chimènes et de C. Massip), Bibliothèque nationale de France, 1998, bel ouvrage dans lequel, page 93, on trouve ceci :




Darius Milhaud et Paul Claudel (ou inversement ?) au Brésil en 1918 © Archives Milhaud

01 janvier 2007

Ba-ta-clan

Fin d’année, précipitation, accumulation d’archives photographiques : Dodo Doilac ne fut pas danseuse aux Folies Bergères, comme je l’indiquais par erreur dans mon dernier post, mais bien au Bataclan, autre lieu d’amusements et de paillettes que nous ne connaîtrons jamais. Voici donc un cliché de la devanture du Bataclan, ainsi qu'une affiche des années 30 : du temps où Dodo Doilac remuait du popotin pour le plus grand plaisir de ses contemporains. Il est temps de signaler le blog et le site de Daniella Thompson (auquel j'emprunte ce premier document photographique) découvert il y a quelques mois et dont les pages proposent un étonnant panorama du Bœuf sur le Toit.

26 décembre 2006

Dodo & Co, de Zayas & Cie

Les premières lignes de L’Anneau de Saturne de Germaine Everling évoquent « les Zayas », c’est-à-dire Georges de Zayas et Dodo Doilac, deux signataires de L’Œil Cacodylate sur lesquels je n’ai recueilli que peu d’informations jusqu’à présent. Dodo Doilac ["Je voudrais mettre quelque chose"]

est citée à plusieurs reprises au début des « mémoires » de Germaine Everling. Si Marius de Zayas est resté le plus cité des deux frères, Georges mérite bien une notule, histoire de remettre les pendules à l’heure. Ce n’est pas Marius de Zayas (1880 Veracruz, Mexico –1961 New York),

Marius de Zayas via http://www.ieeff.org/ny.html

comme l’indiquent erronément nombre de notices, qui tondit une comète sur le crâne de Marcel Duchamp,

"Il faut mais je ne peux pas", Georges de Zayas sur L’Œil Cacodylate

Marcel Duchamp tonsuré par Georges de Zayas © Archives photographiques Marcel Duchamp
mais bien Georges, qui fut le compagnon de Dodo Doilac, danseuse aux Folies Bergère

Les Folies Bergère, début des années vingt

Marinett (danseuse aux Folies Bergère, 1905)

dans les années vingt. Comme son frère Marius, Georges fut caricaturiste, dans une mesure qui reste à définir tant les traces demeurent menues. Le catalogue Picabia (CNAC Georges Pompidou, Musée National d'Art Moderne, Paris, 1976, p. 19) reproduit un dessin de Georges de Zayas

Francis Picabia par Georges de Zayas circa 1923

tandis que l’imposant et non moins introuvable Picabia de Maria Lluïsa Borràs (Albin Michel, Paris, 1985, p. 30) propose un rare cliché sur lequel sont présents Marius de Zayas et Francis Picabia,

« coloriant à la main des exemplaires de la revue 291 à New York ». Quel audacieux éditeur proposera un jour en fac-similé l’intégralité les numéros de 291,

Couverture du premier numéro de 291 par Marius de Zayas, mars 1915

comme le firent Michel Sanouillet pour 391 et Jean-Michel Place pour Littérature ?

04 décembre 2006

La Piste aux Etoiles

Evocations des "dîners du samedis", au fil de la lecture de Raymond Radiguet ou la jeunesse contredite - 1903 - 1923 de Marie-Christine Movilliat, - éditions Bibliophane-Daniel Radford "1918-1919 : Au mois d'octobre, c'est sous l'impulsion du poète qu'ont commencé ces dîners hebdomadaires, et tous ceux qu'il serre autour de lui - ils seront de plus en plus nombreux - en vanteront longtemps les plaisirs, la bonne humeur. Chaque semaine, on se réjouit du prochain samedi. Manquer un samedi est une idée que personne n'envisage. Du moins au début. Parlant de ces dîners qui durèrent deux ans, lors d'une conférence au Collège de France en 1923, Jean Cocteau dit qu'ils furent abandonnés parce qu'ils devenaient une véritable institution, voire une obligation, et que lui-même en venait à être vexé par une défection comme jadis son grand-père quand quelqu'un manquait une réunion de famille. Reste que son prestige rassemble, dès le premier hiver, des personnalités fort différentes qui sans lui ne se seraient sans doute jamais rencontrées. Les premières rencontres ont lieu chez Darius Milhaud, qui habite à Montmartre avec Héloïse, sa vieille bonne venue d'Aix, un petit appartement tout tapissé de vert, au 5 rue Gaillard, dans le haut de la rue Blanche. On prend des cocktails, particulièrement redoutables le soir où Paul Morand les compose à base désinfectant, quand ce n'est pas Lucien Daudet qui a le shaker mauvais... Ensuite, pique-nique sur place, ou dîner au Petit Bessonneau, un bistrot de Montmartre (alors Max Jacob est de la fête) à la portée de toutes les bourses. Personne, sauf Poulenc, n'étant bien riche, chacun paie son écot. (...) On bavarde en confiance. Les conversations les moins concertées de cette pléiade brillante finissent immanquablement sous la houlette de son astre majeur, Jean Cocteau. Il rode sur les convives comme sur un brouillon ces bulles sonores qui vont devenir livres, articles, répliques d'acteurs, poèmes. Pas le moindre ragot, pas la moindre vulgarité, rien n'est dit qu'il ne pourrait écrire. Après dîner, on va à la foire de Montmartre sur le boulevard Clichy, ou au cirque Médrano : on manque rarement l'entrée des trois Fratellini, clowns, comédiens, acrobates, musiciens, dignes de la commedia dell'arte. La soirée se termine dans l'appartement de l'un ou l'autre par de la poésie, de la musique ou quelque facétie. Mais le besoin de faire, d'agir, de créer, survit à tous les surmenages mondains et le temps des samedistes ne se passe pas tout entier en festivités. Les musiciens composent, Lucien Daudet ombre des portraits à la mine de plomb, et tient son journal, Irène Lagut peint ses écuyères et ses chevaux de cirque, Jean Hugo grave des paysages sur linoléum, Valentine dessine, Jean Cocteau travaille à une pantomime, Paul Morand rédige ses nouvelles, Radiguet écrit un peu, lit, observe beaucoup. Chacun est emballé par chacun. "Nous sommes SAM, proclamera ouvertement le premier numéro du Coq, organe de presse du groupe : Société d'Admiration Mutuelle." L'amour du théâtre, le souvenir de Parade ont donné à Cocteau l'envie de se consacrer de nouveau à la scène et d'écrire une vraie farce. Quand le compositeur (Darius Milhaud) comprit ce que voulait faire son ami, il songea à un titre, celui d'une rengaine entendue au carnaval de Rio, O boi no telhado, "Le Bœuf sur le Toit". Depuis la répétition générale du spectacle-concert (21 février 1920),les dîners du samedi se font rue Pierre-Demours. Jean Cocteau y a découvert un lieu clandestin tenu par un ancien forçat, René de Amouretti : deux pièces sans aucun meuble où l'on sert des boissons et une vague nourriture. Assis sur la moquette, on écoute quelques musiciens jouer de la guitare hawaïenne, un instrument tout récemment apparu en France. C'est là que le 6 mars 1920 naît l'idée de fonder un journal qui constituerait une réponse directe de Cocteau à l'ostracisme perpétré contre lui par les revues dadaïstes .Le "Coq" s'annonce résolument anti-dada. (Il) apparaît généralement comme l'organe d'expression du Groupe des Six. Il est vrai que, décidés à ne pas avouer d'esthétique commune, les Six ont cependant signé de leurs six noms les fascicules du "Coq". Janvier 1921. Les dîners du samedi sont maintenant connus et le clan s'augmente, non seulement d'artistes, mais de curieux. Bien souvent, des invités de passage élargissent le cercle, des étrangers surtout. L'intimité s'en ressent. la bande fréquente un restaurant après l'autre sans découvrir l'endroit idéal. On est un peu las du cirque, cette "école de travail, de force discrète, de grâce utile" où, depuis le bœuf sur le toit" on continuait à aller chercher une leçon d'équilibre, et les samedis se terminent à présent porte Maillot, chez la danseuse Caryathis, la future Elise Jouhandeau. Pour elle, bientôt, Satie écrira "la belle Excentrique". Quelques temps auparavant, Louis Moysès, un garçon qui végétait dans les Ardennes (...) avait décidé de tenter sa chance dans la capitale où il souhaitait monter une affaire. Au hasard de ses recherches, il tomba sur un bar, au 17 de la rue Duphot, le "Gaya". On y servait du vin espagnol. Le local était minuscule et ses murs recouverts de céramiques bleu ciel lui valaient de la part de certains habitués le gracieux surnom de "bar-lavabo". Séduit malgré tout, Moysès chercha une idée pour lancer l'endroit. (...) Il engagea Jean Wiener pour tenir le piano. Aucun choix n'aurait pu être meilleur. Ce jeune homme très doué, aimant le jazz autant que les classiques, "interprétait de la musique syncopée avec une aisance aérienne" (citation de Milhaud). Milhaud, son ancien condisciple au Conservatoire, ayant souvent exprimé l'envie d'un lieu où ses amis et lui seraient chez eux, il lui proposa alors de transporter leurs réunions hebdomadaires au "Gaya". Et Darius de courir aussitôt annoncer à Jean Cocteau : "Je t'apporte un bar !" Dans la chambre de la rue d'Anjou, ce brave Moysès allait gagner instantanément l'amitié du poète en demandant, le doigt pointé vers la photographie de Rimbaud : "N'ai-je pas déjà vu ce visage-là quelque part ?" On décida de l'inauguration du bar. "En cinq ou six coups de téléphone, Cocteau mobilisa tout Paris" (Jean Wiener). Avec le piano, il fallait un matériel de drummer. Stravinsky, qui composait "Noces" prêta une caisse et une timbale sur lesquelles, les nuits suivantes, Cocteau s'essaierait à reproduire la "catastrophe apprivoisée"" - le jazz - qui l'avait tellement frappé chez le premier orchestre négro-américain entendu en 1918 au casino de Paris. Peu avant l'ouverture, Vance Lowry se présenta. C'était un Noir charmant et gai parlant très bien le français avec un délicieux accent américain, joueur de saxophone et de banjo appelé à devenir un des grands personnages des premiers temps du Gaya. " http://leonicat.club.fr/cocteau/article03.html
Les frères Fratellinis (détail de L'Œil cacodylate - carte postale ?)

Ricordi di 3 Fratel / Fratellinis. [27.11.1921]

Le cirque Medrano, boulevard de Rochechouart [1915-1920]

Les Fratellinis par Fernand Léger

28 novembre 2006

L'été indien

Sur une plage du Midi en 1925, de gauche à droite : Francis Picabia, Germaine Everling, Michel Corlin, Suzanne Duchamp, Pablo Picasso, Jean Crotti. In J.-P. Crespelle, Montparnasse vivant, Paris, Hachette, 1962, p. 251.

Sinon très bon exemplaire

Eric Dussert, cité précédemment, continue de m'épater, en reproduisant ceci :

http://www.lekti-ecriture.com/blogs/alamblog/index.php

Je ne connaissais la référence de ce livre de Marie de la Hire que par les catalogues des librairies spécialisées. Voici enfin une image, que j'emprunte à Eric Dussert, critique au Matricule des Anges, bibliographe et, forcément, amoureux des livres. Je ne résiste pas à l'envie de citer cette annonce, parue sur la toile il y a déjà de nombreux mois : Les crépuscules au jardin. LA HIRE (Marie de). Paris, Sansot, R. Chiberre, 1924. Grand in-8. 61-(3) pages. Broché, couverture illustrée, imprimée et rempliée. Description : Edition originale. Tirage limité à 500 exemplaires numérotés sur papier de Montval pur fil, fabriqué spécialement pour ce livre par Pierre Térouanne et Gaspard-Maillol. Notre exemplaire est enrichi d'un bel envoi de l'auteur à Berthe Julien. Premier tirage des 21 superbes bois gravés de Gaspard-MAILLOL et Marie de LA HIRE, dont un en couverture et 20 in-texte. On joint : ARBELLOT (Simon), Marie de La Hire peintre et poète. Plaquette de 12 pages de l'exposition Marie de La Hire chez Danthon (Paris), du 17 au 31 janvier 1925. 9 reproductions. Infime restauration de scotch au dos, en pied. Sinon très bon exemplaire. De toute rareté. Monod, 6766. Proposé au prix du salaire minimum de croissance, je veux bien croire que cet exemplaire, malgré son petit défaut, a de quoi ravir tout acquéreur passionné de vieux papiers. Eric Dussert, fin limier, nous apprend que Marie de la Hire fut l'épouse d'Adolphe-Ferdinand Célestin d’Espie de La Hire, cité par Pierre Versins à maintes reprises dans son Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction, Lausanne, L'Age d'Homme, 1972 -(2ème édition, 1984) qui fait encore rêver :

15 novembre 2006

En freinant bien pour ne pas te dépasser

Tout le monde ont signé, je signe. Y. Moreau (garagiste de Francis Picabia)

Picabia par © Man Ray (Cannes, 1924)

Pierre de Massot dans l'automobile de Francis Picabia [années 20]

Tristan Tzara et Francis Picabia [années 20]

Francis Picabia tenant à la main un exemplaire du Pilahou-Tibaou.

"Une Passion" (in Francis Picabia, Catalogue du Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou / Musée National d'Art Moderne, Paris, 1976, p. 34)

"Picabia a eu 127 automobiles. Et chacune d'elles a été une passion, objet d'un désir impatient, machine séduisante et à séduire, qui donne le plaisir et reçoit la caresse. Une histoire d'amour : il fait venir un jour d'Amérique une Mercer, la fait chercher au Havre, demandant qu'à chaque étape du voyage jusqu'à Paris on lui donne par télégramme des nouvelles de l'objet convoité". Hélène Seckel, ibid, p. 35.
24 Juin 1927
Mon cher Walter ma chère Magda.
Je suis marié depuis quinze jours avec Mlle Sarazin-Levassor dont le père était dans l'affaire automobile Panhard-Levassor -
C'est une expérience charmante jusqu'ici et j'espère que cela continuera -
Ma vie n'est en rien changée -
Je dois faire de l'argent pour deux. Espérons que quelque chance par an aidera le ménage à entretenir un bien être.

Marcel Duchamp to Walter Pach, 24 June 1927, Paris

In Affectt/Marcel - The Selected Correspondence of Marcel Duchamp, edited by Francis M. Naumann and Hector Obalk, translated by Jill Taylor, [Thames & Hudson], Ludion, Ghent - Amsterdam, 2000.

Voir également : Un échec matrimonial, Le cœur de la mariée mis à nu par son célibataire même, éd. Marc Décimo, coll. L'écart absolu, Dijon, 2004, Les Presses du Réel.

05 novembre 2006

J. Povolozky & Cie

Autres flâneries, encore, en parcourant le très beau catalogue de l'exposition Yves Klein à Beaubourg. Le IKB, la couleur du ciel de Nice. Je pense à Piero Manzoni 1, à son Socle du monde, à ses Merdes d'artiste. Piero Manzoni (1933-1963) - Yves Klein (1928-1962). Penser à signaler l'indispensable étude de Didier Semin (Le Peintre et son modèle déposé, Mamco, Genève, 2001) dans laquelle on trouve des reproductions d'enveloppes Soleau et de dépôts de brevets d'invention de Klein. Ai réouvert ce soir un catalogue Seuphor, trouvé dans une belle librairie d'Amsterdam la veille du Noël 1999, et dans lequel j'ai retrouvé cette photographie de la devanture de la librairie-galerie de Jacques Povolozky, signataire de L'Œil cacodylate.
Seuphor, Vordemberge, un inconnu. [Fin des années 20]. In catalogue Seuphor, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou / Fonds Mercator, Paris, 1976, p. 79.

Erik Satie, Gnossienne n° 1 interprétée à l'accordéon par Teodoro Anzelotti

(Winter & Winter ed.)

Signature de Jacques Povolozky sur L'Œil cacodylate.

Je dois également signaler cette contribution, signée Eric Dussert, consacrée aux publications de Povolozky.

Signature de Marie de la Hire sur L'Œil cacodylate.

Toujours peu d'informations sur Marie de la Hire, exceptées deux reproductions de ses toiles. En attendant de trouver plus sur l'auteur du Picabia [LA HIRE (Marie de) Francis Picabia (Exposition à la Galerie de la Cible, décembre 1920). Paris, Galerie la Cible, 1920. 36-(7) p.-(10) f. de pl., front., ill. en noir et en coul. Tiré à 1 090 ex. numérotés : 10 h. c. sur chine marqués A à J, 50 sur pur fil Lafuma et 1 040 sur vergé teinté.], ces lignes de l'incontournable Michel Sanouillet :

Carton d'invitation à l'exposition Francis Picabia, Galerie Povolozky, 17 décembre 1920.

[Restait, pour le Francis Picabia de Mme de La Mire, la solution peu reluisante du compte d'auteur. Derechef, avec l'inépuisable énergie des apôtres et des femmes mûres qui s'ennuient, Marie s'entremit, plaida, représenta. Elle finit par prendre dans ses rets le libraire russe Jacques Povolozky : " Il me paraît très satisfait […] et il s'est tout à fait rangé à ma façon de voir qui est de vous mettre tout à fait à part d'un mouvement intéressant peut-être, mais où les talents de demain ont encore à faire leurs preuves, tandis que votre passé réjouit tous les vrais artistes. La bro­chure et l'exposition marcheront ensemble et feront la publicité à votre livre. " Essentiellement donc, l'exposition de décembre 1920 était conçue comme une manifestation publicitaire destinée à faire vendre deux ouvrages. C'est ainsi qu'au lieu de la soirée à esclandre dont les échotiers pari­siens s'apprêtaient à faire des gorges chaudes, Picabia offrit à ses amis et ennemis la parfaite caricature d'un de ces vernissages mondains où le Tout-Paris s'écrase dans quelque galerie exiguë pour s'abreuver de whisky et de potins, sans trop se préoccuper des toiles, d'ailleurs inacces­sibles, qui s'étalent sur les cimaises. Pour ajouter à la confusion des esprits, le peintre avait pris un malin plaisir à inviter des gens de tous bords, mais dont la plupart étaient, sinon hostiles, du moins assez mal disposés envers Dada. Et, puissance des relations, ils vinrent ! Dès vingt heures, ce 9 décembre 2, la rue Bonaparte fut embouteillée par la foule des grands soirs, les taxis, les limousines à chauffeur d'où descendaient des silhouettes connues. Il y avait là le monde, avec la princesse Murat, la baronne Deslandes, Marie de La Hire, le ministre de Cuba et le comte de Beaumont j les lettres, avec Max Jacob, Léon-Paul Fargue, Guy Arnoux, André Germain, Valentine et Jean Hugo, le poète américain Stephen Vincent Benèt, Georges Casella et Asté d'Esparbès, de Comœdia ; les arts, avec Segonzac, Picasso, Satie, Marie Laurencin, et Raymond Duncan ! le spectacle, avec Pierre Bertin, Marthe Chenal, Jasmine et Maud Loty. Dada aussi, bien entendu, était représenté par Tzara, Drieu La Rochelle, Clément Pansaers, Georges Ribemont-Dessaignes, Emmanuel Fay, Gabrielle Picabia et Marguerite Buffet, André Breton et sa fiancée Simone Kahn, Walter Semer, M. et Mme Philippe Soupault, et Aragon. Mais loin d'avoir la vedette, il en était réduit à jouer les figurants. Picabia avait pris un malin plaisir à inviter Cocteau à conduire son jazz-­band pendant la partie récréative de la soirée: il savait fort bien l'inimitié qui opposait le groupe Littérature à l'auteur du Bœuf sur le toit. Le " poète-orchestre ", comme l'appelait Aragon, se dépensa ce soir-là sans compter, assisté de la petite formation (Georges Auric et Francis Poulenc au piano) qu'il avait illustrée aux quatre coins de la capitale. Coiffé d'un "tuyau de poêle" et tapant à tour de bras sur une batterie insolite composée d'un tambour, d'une grosse caisse, de cymbales, de castagnettes, mais aussi de verres à boire, d'un mirliton et d'un klaxon, Cocteau "interpréta" des airs à la mode (Mon homme, Adieu, New York, le New York fox-trot et le tango du Bœuf sur le toit d'Auric) et, paraphrasant Tzara, donna, sur un rythme syncopé, la, recette pour faire de la musique moderne: prenez au hasard quelques exécutants, faites-leur jouer un fox-trot populaire, ajoutez-y des bruits divers, placez un poète au pupitre, et voilà ! Picabia espérait-il un affrontement entre les dadaïstes et le jazz-band de Cocteau ? Vraisemblablement. Mais ses espoirs furent déçus, car la force explosive de Dada, diluée dans la masse inerte des assistants, ne trouva pas prétexte à se déployer, même quand Tzara monta sur la petite estrade pour déclamer son Dada manifeste sur l'amour faible et l' amour amer.Ce texte, marqué au coin du plus authentique esprit Dada, se composait de seize « chants" se terminant chacun par une variation sur le thème« Je me trouve très charmant ". Tzara y donnait libre cours à son lyrisme verbal, qu'avec beaucoup d'humour il moquait et justifiait à la fois]. In Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, 1993, Flammarion, pp.240-241.

Le volant d'Artimon, Paul Dermée, poème, éd. J. Povolozky, 1922. Couverture (bois gravé) de Louis Marcoussis.

La radiophonie : P. Dermée, E. Prampolini, M. Seuphor (1926).

© Photo Kertèsz. In Seuphor, ibid., p. 66.

J'évoquerai bientôt Paul Dermée et sa femme Céline Arnauld, L'Esprit Nouveau, Z, etc.

1 Piero Manzoni, Contre rien, éd. Allia, Paris, 2002.

2 Michel Sanouillet signale la date du 9 décembre 1920 alors que figure en toutes lettres la date du 17 X bre 1920 sur la carton d'invitation de l'exposition. Décembre semble le bon mois. Le jour est à voir.

27 octobre 2006

Comprend qui peut

Marcel Duchamp © Richard Avedon (New York, 1958)

22 octobre 2006

Réouverture

Longue vacance, puis lectures et relectures autour de Dada et du Bœuf sur le Toit. Ai ouvert à nouveau le Francis Picabia et 391 de Michel Sanouillet (Eric Losfeld, 1966), formidable ouvrage d'exégèse. Rencontre d'Antoine Piazza (auteur de Roman fleuve aux Editions du Rouergue) et lecture de ses Ronces. Réouverture, aussi, du Picabia par M. Sanouillet (L'Œil du Temps, 1964) comportant

un envoi de Germaine Everling-Picabia. Flâneries et rêveries diverses autour des Dessins des années de guerre (1915-1919) de Jean Hugo (Actes Sud & Réunion des musées nationaux, 1994).

Comme me l'a dit D. : "Il faudrait pouvoir faire une histoire de tout".