11.15.2009
Primeros pasos
Aquí está la primera página que he hecho en Angoulême. Es de una serie de 4 historietas interrelacionadas de una página cada una--llevo tres--
Le falta el color y la rotulación es evidentemente provisional...
11.01.2009
En Angoulême
Aquí os dejo un fragmento del texto que presenté para mi admisión en el master, y en el que me basé para la entrevista en "La Caixa". Por si alguien sabe francés y siente curiosidad---valor----
Ahora estoy trabajando en una serie de historietas de una página que iré colgando por aquí (en spanish, of course).
Du langage
Mon projet artistique dans le domaine de la bande dessinée se base sur une recherche formelle moyennant laquelle je veux arriver à un niveau de compréhension profonde du fonctionnement du système de l’art séquentiel. De ce fait, l’histoire ou la trame ne sont pour moi que des éléments secondaires dont je me sers pour développer plusieurs exercices de style. Je construis mes planches avec un certain sens de la musicalité, en utilisant des concepts tels que rime, mesure, rythme ou encore mélodie. Si on part de la base que la vignette est l’unité minimale de signification dans la BD, et que chacune d’entre elles a une fonction dans la structure générale du multicadre qui est la planche, je propose la répétition de cadrages, plans ou des textes pour provoquer chez le lecteur une impression poétique, comme si chaque cadre représentait une syllabe dans le vers, qui est la page.
La BD fonctionne grâce à un ensemble d’images solidaires corrélationnées, mais elle ne doit pas forcément raconter une histoire linéaire. C’est un langage purement elliptique, car le mouvement et l’action doivent être complétés par le lecteur dans la marge blanche qui sépare les cadres. Pour moi la clef du système de la BD se trouve dans ce petit espace blanc qui peut représenter trois secondes ou 4.000 km. C’est pourquoi mes histoires sont construites par de grandes ellipses et de petits fragments corrélationnés, parce que je pense qu’on peut créer une narration cohérente au-delà de la continuité temporelle de la trame. Par exemple, il y a un rapport direct cause-conséquence entre la vignette d’un enfant qui pleure pour que sa mère lui achète un jouet et une autre qui nous montre le même enfant, qui a arrêté de pleurer, avec le jouet dans la main. Mais il y aurait aussi une relation entre cette scène et une autre qui nous montrerait un couple où l’un des deux est conscient de la peine qu’il provoque chez l’autre et l’utilise pour obtenir ce qu’il veut à partir du chantage affectif, par exemple. C’est ce que je voulais dire quand je parlais d’établir une narration au-delà de la continuité espace-temps, étant donné que, si la séquentialité et la narration du type cause-effet deviennent les méthodes les plus efficaces pour “raconter” une histoire, leur effectivité se trouve limitée quand il s’agit de transmettre des émotions profondes. La complexité du langage doit être au niveau de celle de l’histoire qu’on prétend raconter. Or, cette démarche n’est pas nouvelle, car d’autres auteurs comme Chris Ware1 ont présenté aussi des travaux dans lesquels il y a des liaisons entre des différentes scènes, personnages ou situations qui ne sont pas connectés par une même trame ou anecdote, mais par des structures musicales ou poétiques dans lesquelles l’harmonie et la répétition sont fondamentales. Je considère que ce champ de recherche très riche peut donner lieu à des travaux qui renouent le secteur de la BD expérimentale. Afin de trouver l’autonomie du langage, je cherche à réaliser un type de travaux qui ne puissent pas être traduits au cinéma ou au roman par exemple sans perdre une partie fondamentale de leur signification. J’essaie de trouver l’intrinsèque à la Bande Dessinée, ce qui la définit comme langage.
La clef dans ce domaine se trouve au moment du découpage; il ne s’agit pas d’écrire un scénario ou même de le dessiner, l’essence de la BD se trouvant dans la manière selon laquelle chaque auteur utilise son système spatio-topique. Raconter des histoires n’est qu’une conséquence dérivée de cet exercice; l’important, c’est de savoir comment fonctionne la boîte à musique, même si on doit la casser pour l’apprendre. Si bien que plusieurs auteurs ont essayé de trouver une définition exacte du phénomène BD à partir de la critique et la recherche théorique, je voudrais la trouver moyennant la mise en pratique, l’expérimentation et l’essai/erreur, car une définition verbale exacte du terme est inabordable pour moi. À ce point de l’évolution de son langage, je trouve complètement inapproprié de définir la BD comme un art mixte, impur, né à partir de la conjonction texte/image, car, comme Thierry Groensteen a bien dit « il faut reconnaître comme unique fondement ontologique de la bande dessinée la mise en relation d'une pluralité d'images solidaires »2. La BD est un langage autonome et indépendant du cinéma et de la littérature; seuls les préjugés provoqués par son côté jeunesse ou de mass media justifient son rejet dans les milieux artistiques. « Le discours régnant est donc un discours totalisant, niveleur, disons d’amalgame, alors que le champ objectif des bandes dessinés [...] est disparate ou polymorphe. Il y a donc distorsion entre la réalité du genre, multiple, et son image, rassemblée3 ». Et on a toujours utilisé les mêmes critères pour juger un travail expérimental et les œuvres massives dédiées au grand public; ceci serait absolument impensable dans d’autres arts.
« L'image y est à tout moment disponible. Plus encore, elle est à tout moment soumise au regard qui se pose sur elle et soumise en pleine lumière. »4. Le lecteur a, pendant la lecture d’une BD, pleine conscience de son support physique; l’effet de « moment arrêté » et la sensation de puissance que provoque chez le lecteur le fait de pouvoir contrôler les temps de lecture lui provoque une attache fétichiste envers la BD qu’on ne trouve pas de la même façon au cinéma ou dans autres arts. Ce lien intime envers le lecteur peut servir à compenser la frustration que provoque chez l’auteur le fait que son travail soit publié, lu et consommé dans un délai très court, et par un public minoritaire s’il s’agit de la BD indépendante. Le processus de création d’une planche est très lent comparé au temps qu’on dédie à la lire.
1 Chris Ware, Jimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth, New York, Pantheon Books, 2000.
2 Thierry Groensteen Système de la Bande Dessinée, Paris, Presses Universitaires de France, 2006, p. 21.
3 Bruno Lecigne De la Confusion des langages, dans Controverse nº1, mai 1985.
4 Serge Tisseron Psychanalyse de la Bande Dessinée, Paris, Flammarion, 2000, p 82.