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Viande de dauphin et "pause pipi": en 30 ans, Amazon a aussi cumulé les scandales

Amazon fête ce vendredi 5 juillet ses trente ans. En parallèle de ses immenses réussites, le géant du e-commerce a aussi connu des polémiques d'ampleur.

Cela fait déjà trente ans qu'Amazon propose ses services en ligne. D'abord aux États-Unis, avant de petit à petit conquérir le monde, le géant du e-commerce a d'abord vendu des livres avant de graduellement s'étendre à plusieurs services.

Aujourd'hui, il s'est aussi diversifié, notamment en proposant une plateforme de SVOD, ou encore en proposant des services d'hébergement de données pour les entreprises. Si l'hégémonie d'Amazon semble incontestable, ça n'a pas empêché l'entreprise de faire face à plusieurs scandales.

Des produits retournés... puis détruits

Plusieurs dizaines de millions de produits invendus ou retournés, mais neufs, sont détruits par Amazon chaque année. Le scandale a éclaté en 2019 lorsque les Européens ont découvert qu'au Royaume-Uni, plus de 6,7 millions de produits étaient détruits dans un entrepôt situé à Dunfermline.

Un scandale écologique d'envergure, qui a poussé certains pays du Vieux Continent à prendre des mesures. C'est le cas de la France, où Amazon y détruisait chaque année trois millions de produits. Au Royaume-Uni, où la pratique n'est pas illégale, l'entreprise s'est toutefois engagée à limiter au strict minimum ses actions de destruction.

Le scandale de "la pause pipi"

Aux Etats-Unis, où les syndicats ont de plus en plus de mal à se faire une place dans les entreprises de la tech, un scandale avait éclaté en 2021 après qu'Amazon avait nié imposer à ses chauffeurs des cadences infernales.

Mais le site internet spécialisé The Intercept publiait le même jour des documents internes dans lesquel il était inscrit noir sur blanc qu'Amazon était bien conscient que ses chauffeurs "urinaient dans des bouteilles et même déféquaient en route". En cause, les conditions de travail très difficiles et une prime au résultat parfois impossible à tenir pour les centaines de milliers d'employés de l'entreprise. Amazon s'était alors excusé, et avait promis de modifier ses règles.

Des conditions de travail régulièrement pointées du doigt

Les finances d'Amazon vont bien. Le groupe a dépassé il y a quelques semaines les 2000 milliards de capitalisation boursière. Pour autant, c'est du côté des employés que rien ne va plus. Au fil des années, le "système Amazon" a régulièrement été pointé du doigt.

Le scandale de "la pause pipi" n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres, notamment au sein de ses gigantesques entrepôts, dont plusieurs en France. En 2013, la chaîne ARD avait lancé les premières salves en suivant le sort de 5000 intérimaires, dont certains étaient renvoyés sans explication, ou dont l'activité était inspectée à la loupe par Amazon via un service de sécurité.

Plus récemment, c'est davantage le poids des colis, associé à des horaires et des cadences intenses, qui sont cités par les syndicats présents au sein de l'entreprise. Des syndicats qu'Amazon n'apprécie que trop peu.

Des magasins sans caisse gérés depuis l'Inde

En 2016, Amazon lançait un nouveau concept dans ses magasins Amazon Fresh baptisé "Just Walk Out" ("Baladez-vous simplement" en français) dans lequel on pouvait entrer en scannant son smartphone, tandis que des caméras venaient détecter en temps réel les articles que vous ajoutiez dans vos paniers pour ensuite vous le facturer sans que vous n'ayez à passer par une caisse.

Mais entre la promesse et la pratique, il y a un monde. En avril 2024, Amazon a finalement abandonné ce concept après une découverte du site The Information qui a mis l'entreprise dans l'embarras.

Car derrière ces "caméras" se cachaient parfois des salariés indiens qui vérifiaient manuellement les articles. Officiellement, Amazon n'a néanmoins jamais admis que le problème venait de là, prétextant que les clients souhaitaient savoir en temps réel le montant de leurs courses, ce qui n'était pas possible.

Morning Retail : Amazon stoppe sa technologie Just Walk Out - 05/04
Morning Retail : Amazon stoppe sa technologie Just Walk Out - 05/04
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Parfois, certains reçus mettaient plusieurs heures à arriver, puisque les courses devaient être vérifiées à la main: sur 1000 ventes, 700 d'entre-elles nécéssitaient un revisionnage, là où Amazon cherchait plutôt à n'en faire vérifier que 50.

Ring empêtrée dans des affaires d'espionnage

Rachetée en 2018 par Amazon pour un milliard de dollars, l'entreprise Ring est l'un des leaders des sonnettes connectées et des caméras de surveillance chez les particuliers. L'un de ses produits les plus vendus est la sonnette connectée qui permet de voir qui se présente à sa porte grâce à une petite caméra. Elle peut aussi vous avertir en cas de mouvements suspects.

Mais au fil des années, Ring a aussi fait l'objet de nombreuses critiques. Pendant plusieurs mois, Amazon a ainsi activé un réseau de surveillance privé en partenariat avec les forces de l'ordre, avant de finalement l'interrompre en 2024. Par ailleurs, plusieurs employés de l'entreprise ont été remerciés pour avoir espionné des utilisateurs de produits Ring, obligeant Amazon a payer une amende de 5,8 millions de dollars.

De la viande de baleine vendue sur Amazon

En 2012, des associations de lutte contre la maltraitance animale et de protection des espèces en voie de disparition s'étaient élevées contre la disponibilité, sur la version japonaise d'Amazon, de plusieurs produits à base de viande de baleine. Du bacon, de la viande séchée et même des conserves étaient proposés en vente libre, aux côtés de viande de requin et de dauphin.

Si la pratique n'a rien d'illégale au Japon, elle jetait néanmoins un froid, alors qu'Amazon cherche à verdir son image environnementale. Une fois la découverte mise en avant sur les réseaux sociaux, Amazon a finalement fait marche arrière, interdisant la vente de ces produits.

Sylvain Trinel