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Bagages à bord des TGV: les contôleurs toucheront une commission sur ces nouvelles amendes

Depuis ce lundi, les voyageurs qui ne respectent pas les règles pourront être verbalisés à hauteur de 50 euros. La SNCF assume de motiver les agents de bord par des commissions perçues sur la plupart des verbalisations, mais souligne qu'elle ne fixe pas d'objectifs chiffrés.

Depuis ce lundi 16 septembre, il faut être en règle concernant les bagages emportés à bord des TGV Inoui et des Intercités (les TGV Ouigo appliquent leurs propres règles).

Concrètement, chaque passager peut embarquer avec deux grands bagages et un bagage à main. Les dimensions maximales pour la valise et le bagage à main sont dorénavant respectivement de 70 cm x 90 cm x 50 cm et de 30 cm x 40 cm x 15 cm.

Bagages SNCF, les amendes vont tomber - 16/09
Bagages SNCF, les amendes vont tomber - 16/09
11:43

Même si ces conditions d'emport sont bien plus généreuses que n'importe quel autre moyen de transport, il y a aura toujours des abus.

Les voyageurs pourront donc être verbalisés s'ils ne respectent pas les règles en vigueur. L'amende est de 50 euros (si on emporte un bagage en trop) et même de 150 euros "en cas d’entrave à la circulation dans les couloirs, en cas d’occupation indue d'une place ou d’un espace bagages".

10% sur chaque PV

Faut-il s'attendre à une application zélée de la part des chefs de bord (les contrôleurs)? Selon TF1, cela pourrait être le cas étant donné que ces agents seront, selon la chaîne de TV, commissionnés pour cette nouvelle infraction à hauteur de 10% sur les amendes dressées, soit 5 euros.

Cette approche n'est pas nouvelle à la SNCF. Depuis longtemps, les chefs de bord touchent une petite partie des amendes infligées aux voyageurs pris en faute. D'autant plus si l'amende est payée immédiatement.

Selon un ancien contrôleur approché par BFM Business, ces commissions sont de "4% pour une transaction tarifaire simple (ex: vente d'un billet), 10% pour une transaction dite complexe (Traversée de voie, pieds sur les sièges, fraude caractérisée)".

Et de rappeler que l'intitulé exact du chef de bord est Agent commercial service train, "partant de là, il est courant, voire systématique qu'un commercial soit commissionné".

De son côté, SNCF Voyageurs ne confirme pas le barème des commissions évoquées mais confirme et assume ce mécanisme "qui existe depuis toujours".

Il permet d'abord de lutter contre la fraude qui représente 200 millions d'euros de manque à gagner par an pour SNCF Voyageurs et pour les autorités organisatrices. Ce manque à gagner concerne aux trois quarts les trains du quotidien", explique à BFM Business un porte-parole de la compagnie.

Une prime "marginale"

Dans le cas précis des bagages, il s'agit surtout, selon la compagnie, de lutter contre les abus et les risques en termes de sécurité. "Nos clients, mais aussi nos agents se retrouvent confrontés soit à des problèmes de sécurité à bord (chute de valise), soit à des difficultés de circulation, soit à un manque de place. Pour ces raisons, nous devions donc clarifier la règle existante concernant les bagages", explique-t-on.

"L’objectif n’est absolument pas de mettre des amendes! C’est simplement pour que les voyageurs aient une règle claire et pas contraignante pour voyager", ajoute un porte-parole.

Par contre, l'opérateur estime que la "prime de perception" qui englobe les commissions perçues sur le mois (à partir de 30 euros) est "marginale". Manière de dire qu'il n'y pas de course à l'échalote de la part des contrôleurs.

Ces commissions "représentent une part marginale de la rémunération d'un chef bord, quelques dizaines d'euros par mois pour un chef de bord TGV ou TER", souligne le porte-parole.

L'opérateur souligne également qu'il n'y pas d'objectifs chiffrés. "Il n’y a aucun objectif de nombre ou de taux d’amendes par équipe ou contrôleur. Il y a des objectifs de nombre de contrôles (s’assurer par exemple que la moitié d’un train a bien été contrôlée) bien évidemment pour s’assurer de notre politique de lutte anti-fraude mais ce n’est pas la même chose et ça n’a rien à voir".

Mais il y a une exception: les Transiliens (en région Ile-de-France) où le taux de fraude est très élevé (7 à 9%).

"Il existe des brigades de contrôle dont les objectifs sont quantitatifs. Certains peuvent atteindre des pourcentages plus importants en multipliant les opérations et ces brigades ne sont pas réputées pour leur mansuétude", nous confirme l'ancien contrôleur.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business