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Emploi

L'emploi des seniors au plus haut depuis 1975

Si le taux d'emploi des 55-64 ans progresse d'année en année en France, il reste encore inférieur à la moyenne européenne.

Le gouvernement sortant en avait fait une priorité, notamment à travers la réforme des retraites: l'augmentation du taux d'emploi des seniors qui en France est historiquement faible.

Force est de constater que les politiques mises en œuvre ont une certaine efficacité puisque ce taux progresse d'année en année. Selon la Dares, en 2023, 58,4% des personnes âgées de 55 à 64 ans (hors Mayotte) ont un emploi contre 56,9% en 2022.

C'est un nouveau record, l'emploi des seniors est ainsi au plus haut depuis 1975.

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En tenant compte des personnes au chômage, ce sont 61,7% des seniors qui sont actifs, soit 1,4 point de plus qu’en 2022.

"Entre 2014 et 2023, la part des seniors en emploi (cumul emploi et retraite compris) progresse de 10,2 points, tandis que celle des retraités (hors cumul emploi-retraite) diminue de 9,5 points, en raison notamment des réformes des retraites. Ces évolutions sont encore plus prononcées chez les 60-64 ans (respectivement de +12,3 et -15,3 points", analyse la Dares.

Conséquence des réformes des retraites

Les principaux leviers de cette amélioration sont les différentes réformes paramétriques du régime des retraites allongeant les durées de cotisation puis reculant l’âge d’ouverture des droits.

Pour autant, le taux d’emploi diminue nettement avec l’âge: en 2023, il est de 77% pour les 55-59 ans et de 38,9% pour les 60-64 ans.

Le taux d’emploi des 50-56 ans reste proche de 80%, puis diminue de près de 9 points jusqu’à 59 ans. Ensuite, il passe sous la barre des 60% à 61 ans, puis sous celle des 20% à partir de 64 ans. Après 66 ans, une majorité de personnes en emploi touchent aussi une pension de retraite.

Du côté du taux de chômage (nombre de chômeurs parmi les actifs) des seniors, la baisse se poursuit: -0,4 point sur un an à 5,4%. Il demeure plus bas que celui de l’ensemble des actifs de 15 à 64 ans, qui s’élève à 7,4% en 2023. Le taux de chômage des seniors augmente sensiblement avec l’âge: de 4,9% pour les 55-59 ans à 6,4% pour les 60-64 ans.

Si le taux d'emploi des 55-64 ans progresse d'année en année en France, il reste encore inférieur de 5,5 points à la moyenne européenne qui est de 63,9%.

La France se place en 17e position parmi les 27 pays de l’Union, le même rang qu'en 2022. Le taux d’emploi des 60-64 ans est nettement en deçà de la moyenne européenne (de 12 points), alors que celui des 55-59 ans y est supérieur (de 1 point).

C'est en Suède qu'il est au global le plus élevé avec 78%, devant l'Allemagne (74%) et le Portugal (67%). La Belgique et l'Italie sont derrière la France avec des taux d'emploi respectifs de 57,8 et 57,3%.

La baisse du taux de chômage des seniors se poursuit

Si les réformes des retraites améliorent mécaniquement l'emploi des seniors, de nombreux freins au sein des entreprises ont l'effet inverse.

"Ce que nous observons, pour une majorité des plus de 100.000 demandeurs d'emploi cadres de 55 ans ou plus, c'est que les portes de l'embauche sont clairement fermées par les entreprises. C'est vraiment une question de fonctionnement du marché du travail qui doit changer pour ce qui concerne les seniors", expliquait il y a peu Gilles Gateau, directeur général de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres).

Selon une étude, 30% des jeunes, et 38% des cadres, estiment que, même si avoir plus de seniors en entreprise est une bonne idée, elle ne peut pas s’appliquer à leur métier ou à leur entreprise.

En cause, toujours les prétendues mêmes raisons qui feraient que les seniors ne parviendraient pas à y trouver leur place. 40% des salariés et 48% des cadres dirigeants estiment que les salariés seniors sont démunis face aux nouvelles technologies.

Une autre étude Opinionway, pour le cabinet de conseil spécialisé dans les ressources humaines Grant Alexander, confirme ce blocage, cette fois de la part des directions et des DRH.

"Un tiers des recruteurs (32%) a ainsi déjà écarté d’emblée les candidatures de profils seniors, répondant à une demande de la direction. Et près d’un recruteur sur deux (45%) reconnait en effet que la direction lui a déjà donné comme consigne de privilégier des profils plutôt jeunes".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business