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JO 2030 dans les Alpes françaises: les doutes de Renaud Muselier, dans l'attente d'une "caution" de l'État

LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

La garantie financière de l’État exigée par le CIO n’a toujours pas été signée. À huit jours du vote définitif pour l’attribution de ces Jeux d’hiver aux Alpes Françaises, le président de la région Sud craint que l’instabilité gouvernementale vienne anéantir "un travail long de dix ans".

"J’attends. Tout est bouclé, validé, entériné avec une lettre du Premier ministre, du président de la République et maintenant il faut une caution. Il nous faut ça dans la semaine. Si on l’a…".

Au téléphone ce lundi 15 juillet au soir, Renaud Muselier est presque résigné au sujet des Jeux olympiques d'hiver 2030. Lui, le marseillais toujours mordant, toujours pugnace, semble à ce moment baisser la garde. Comme s’il accusait déjà le coup. Ou le coût. "Mais attendez, tout est toujours possible", se ragaillardit immédiatement le président de la région Sud, auprès de BFM DICI.

Les engagements financiers attendus

Depuis des jours, Renaud Muselier attend impatiemment la fumée blanche de l’Élysée. Dans huit jours précisément, le 24 juillet, le Comité international olympique (CIO) votera pour attribuer les JO d'hiver de 2030 aux Alpes françaises.

À une condition: que les engagements financiers de l’État et des deux régions concernées soient finalisés. Selon David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), le budget des JO-2030 est estimé à 1,975 milliard d'euros.

Dans les faits, seul le Premier ministre en place peut signer ladite caution attendue par le CIO. La démission de Gabriel Attal sera acceptée en fin de journée ce mardi 16 juillet. Et après?

"Si vous mettez un Vert à Matignon, il va vous dire non pour les JO", se projette déjà Renaud Muselier. Pour gagner du temps, le président Emmanuel Macron pourrait lui-même signer cette garantie. "Mais c’est impossible. Vous imaginez ce qu’il prendrait? Ses opposants diraient qu’il décide seul et sans concertation", pense le président de la région Sud.

Les Alpes françaises peuvent-elles perdre les JO 2030?

Le chef de l’État justement reçoit ce mardi 16 juillet après-midi le président du Comité International Olympique Thomas Bach à l’Élysée. Il sera beaucoup question des JO Paris 2024 mais aussi des garanties pour 2030.

Selon Renaud Muselier, la situation du CIO n’est pas évidente. "Peuvent-ils accepter un engagement qui n’est pas une caution sans que cela fasse jurisprudence dans leurs futures décisions? Et puis si ça ne marche pas pour nous alors que tout a été validé, est-ce que les Américains peuvent passer de 2034 à 2030? Je pense qu’ils n’en veulent pas", analyse l’élu marseillais.

Salt Lake City doit en effet accueillir les JO d’Hiver 2034. D’un point de vue financier, cette candidature ne pose aucun problème "car c’est un mode de fonctionnement essentiellement privé", indique Renaud Muselier. Et de poursuivre: "les Américains ont les jeux d’été de 2028 à Los Angeles mais 2030 ne les arrange pas vis-à-vis des moyens et des sponsors".

Les Alpes Françaises peuvent-elles perdre les JO 2030? Renaud Muselier ne préfère pas y croire.

"Tout ce que j’ai fait et engagé avec les Jeux olympiques, France 2030, la Ligne Nouvelle pour Marseille, Toulon et Nice, la réindustrialisation de la zone de Fos… Avec l’argent de l’Europe, j’ai pour 28 milliards de projets. Et c’est du concret, signé, ficelé, validé et parfois voté. Ce n’est pas le rêve d’un mec président de région, c’est le fruit de 10 ans de travail. Je l’ai un peu saumâtre…", reconnaît Renaud Muselier.

Et de conclure, combattif: "tout ne tombera pas à l’eau et la continuité de l’État fonctionnera bien que l’incertitude soit complexe. Ce n’est pas fini mais j’ai horreur de gagner la médaille et qu’on me la retire avant la compétition. Si nous avions perdu à la loyale avant, d’accord. Mais là".

Valentin Doyen