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"Un véritable crève-cœur": quand la crise de l'immobilier fait disparaître un club de handball

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Le club de handball féminin des Neptunes de Nantes a été placé en liquidation judiciaire après le retrait de son actionnaire, le promoteur immobilier Réalités.
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Le couperet est tombé au beau milieu des vacances. Les joueuses et le staff du club de handball des Neptunes de Nantes étaient en repos lorsqu'ils ont été convoqués par visio. En quelques secondes, ils apprennent que tout s'arrête: leur club est liquidé.

Leur actionnaire, le promoteur immobilier Réalités, a décidé de se retirer. Faute de repreneurs, le tribunal de commerce de Nantes a prononcé la mise en liquidation judiciaire du club le 31 juillet. La faute à la conjoncture immobilière selon le groupe.

"Cette décision responsable, la seule qui s’impose face à l’absence de repreneurs et à la brutalité de la crise immobilière, représente un véritable crève-cœur pour nous", a réagi le PDG de Réalités Yoann Choin-Joubert dans un communiqué.

Le promoteur souffre de la crise immobilière, comme les autres acteurs du secteur et notamment du neuf. Et c'est le sport qui en subit les conséquences.

Le groupe a vu son chiffre d'affaires baisser au premier semestre 2024 de 33% par rapport à l'an dernier. En pleine restructuration, il prévoit notamment des licenciements - un plan social a été présenté aux syndicats selon un communiqué - et l'arrêt total des investissements à impact sociétal, dont le sport fait partie.

"Personne n’est venu nous dire les choses"

Du côté du staff des Neptunes, si on comprend les difficultés financières du promoteur, on regrette ses méthodes. L'entraineur des handballeuses, Camille Compte, ne cache pas son amertume.

"Qu’une entreprise arrête de financer du sport parce qu’elle est en difficulté, on le comprend parfaitement mais la façon dont ça s’est passé, on ne le comprend pas, c’est un manque de respect", dénonce-t-il dans les colonnes de Ouest France.

Il regrette notamment d'avoir appris la nouvelle par visio. "En fait, on n’a vu personne. Ni avant car ils étaient au courant depuis longtemps, ni maintenant. Personne n’est venu nous dire les choses", s'indigne-t-il. Contacté, le promoteur immobilier n'a pas souhaité réagir.

Une décision d'autant plus difficile à avaler que les handballeuses s'étaient hissées en 3ème position de Ligue 1 la saison dernière et qu'elles avaient remporté la première coupe de France de leur histoire.

Une "communication tardive et dangereuse pour le sport féminin"

Dans un communiqué commun, la Ligue féminine de handball et la Fédération française de hand ont déploré une "communication tardive et dangereuse pour le sport féminin à quelques semaines de la reprise des championnats".

Les deux instances expliquent que le groupe Réalités s'était d'abord engagé auprès du club pour une nouvelle saison "jusqu’au 30 juin 2025", avant de faire machine arrière.

"Cette liquidation judiciaire est une surprise que rien ne laissait présager selon les échanges avec les parties prenantes du dossier", peut-on lire dans le communiqué.

Du côté des joueuses, c'est aussi un coup sur la tête. "Apprendre cela à travers un téléphone et s’entendre dire bonnes vacances…", soupire l’internationale française Orlane Ahanda, interrogée par Ouest France.

Dans ces conditions, la reprise de l'entrainement lundi 5 août a été particulièrement difficile. "Ce matin, on a tous pleuré ensemble, joueuses et staff", a confié Camille Compte.

Pour l'instant, difficile de se projeter. Rétrogradation en Ligue 2 ou en Nationale, changement de staff, départ de certaines joueuses... Les Neptunes ne savent pas où et avec quelle équipe elles joueront à la rentrée.

Marine Cardot

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