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Coupe de l’America: "Les sensations sont dingues", avec François Pervis, la voile c'est aussi du vélo

Produire des watts pour actionner les foils et permettre le réglage des voiles, voici ce qui attend les huit 'power sailors' qui vont pédaler pour l’utilisation des systèmes hydrauliques à bord du défi français engagé sur la Coupe de l’America. Parmi eux, Germain Chardin double médaillé olympique en aviron, Maxime Guyon champion du monde de crossfit master en 2021 ou le cycliste François Pervis, septuple champion du monde sur piste.

Fournisseur officiel d’énergie avec sept autres partenaires, l’histoire entre François Pervis et la Coupe de l’America a vraiment débuté en avril 2023 quand Killian Philippe, préparateur physique de l’équipe, s’est dit que le profil de l’ancien pistard correspondait parfaitement aux besoins du bateau du défi français Orient Express Racing Team. "Au départ, l’équipe recherchait plutôt des athlètes capables de produire plus de 2000 watts mais rapidement on s’est rendu compte qu’il fallait surtout être capable d’avoir un seuil de watts très haut et d’enchaîner des sprints de 10 à 30 secondes pendant 25 minutes environ le temps d’une course."

Sur l’eau, parfois entre 80 et 100 km/h, ils sont donc quatre 'cyclor' à pédaler comme des dératés pour aider les quatre autres marins à bord à actionner les voiles ou les foils. Seul le sommet de leurs casques dépasse des cockpits de ces monocoques hyper profilés pour ne pas être un frein aérodynamique. "À l’entraînement, je lève parfois la tête. Ça décoiffe!", nous confie Pervis.

"J’ai vomi quelquefois…"

Seul cycliste de profession, François Pervis a notamment à ses côtés quatre rameurs issus de l’aviron.  "Quand on regarde les coureurs du Tour de France, ils sont capables de faire une un plateau de puissance très haut, très longtemps. Mais ils font 65-70 kilos parce qu'il faut monter des cols. Là il fallait être plus lourd. Les rameurs sont très grands. Ils font plus d'1,90 m et ils ont surtout un coffre énorme. Ils n’ont pas des gros muscles comme moi qui suis sprinter mais ils ont eux aussi toutes les qualités nécessaires car ils sont capables de faire ce gros plateau de watts pendant très longtemps. Ils font 95 kilos, sont résistants au lactique, durs au mal." À bord, la vie n’est pas toujours de tout repos et François Pervis le terrien a découvert les joies de la navigation. "J’ai vomi quelquefois quand on fait du surplace, quand on change les voiles et qu’il y a un peu de houle, ça tangue. Visiblement je suis un peu sensible (rires)!"

"C'est indescriptible"

Cette aventure, qu’il qualifie "d’atypique", emballe le Mayennais. "C'est ce que j'adore. Humainement, c'est incroyable. On est 120 dans ce défi, comme une équipe de formule 1. Il y a des ingénieurs à tous les niveaux. Technologiquement, c'est absolument incroyable, le bateau, c'est de l'horlogerie fine. On ne peut pas se rendre compte de tout ce qui se passe autour et à bord. C'est absolument inimaginable. Et puis sportivement, pouvoir faire des sprints sur un bateau qui va à plus de 100 km/h sur l'eau et le faire avancer en pédalant, j'ai une chance incroyable d'avoir été choisi pour ce projet-là. Les sensations sont dingues, c'est indescriptible."

Face aux Suisses ce jeudi à 14h puis aux Italiens un peu plus tard, François Pervis et ses équipiers vont pouvoir s’en donner à cœur joie. La France ne part pas favorite, loin de là, mais l’ambition est grande: "On veut se retrouver face au defender néo-zélandais en finale". Pour ça il faudra, entre autre, pédaler vite et bien.

L'équipage AC75 Orient Express Racing Team

Cellule avant :  Pilotes et régleurs
Quentin Delapierre, skipper/pilote
Kevin Peponnet, pilote
Matthieu Vandame, régleur
Jason Saunders, régleur

Cellule arrière, les power sailors :
Olivier Herlédant
Tim Lapauw
Maxime Guyon
Thibaut Verhoeven
Germain Chardin
Rémi Verhoeven
Antoine Nougarède
François Pervis

Pierre-Yves Leroux, à Valence (Espagne)