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UFC 306: Manon Fiorot, une spectatrice pas comme les autres du choc Grasso-Shevchenko

Numéro 2 du classement des -57kg, Manon Fiorot attend sa chance pour le titre UFC. La Française va endosser ce week-end un rôle rare: remplaçante officielle du troisième combat de suite pour la ceinture entre la championne Alexa Grasso et l’ancienne reine Valentina Shevchenko lors de l’UFC 306 (en direct à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 1), ce qui lui a demandé de se rendre à Las Vegas pour faire le poids et passer la pesée.

Elle a décollé de Nice avec son équipe en tout début de semaine, direction Las Vegas. Elle a dû digérer le décalage horaire et a pu profiter des installations du Performance Institute de l’UFC pour s’entraîner. Elle a passé et réussi l’épreuve de la pesée, professionnelle, les deux poings levés sur la balance. Mais au bout, il n’y aura pas de combat. Manon Fiorot vit une expérience peu commune avec l’UFC 306, événement surnommé la Noche UFC organisé ce week-end dans le magique et futuriste écrin de la Sphere de Las Vegas. Comme une dizaine de combattants avant elle, mais aucune combattante, "The Beast" est la remplaçante officielle du troisième combat pour le titre des -57kg entre la championne Alexa Grasso et l’ancienne reine Valentina Shevchenko. Avec la possibilité d’affronter Grasso pour la ceinture si Shevchenko rate la pesée/se blesse et de faire face à Shevchenko sans doute pour un titre intérimaire si Grasso rate la pesée/se blesse.

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"Je dois faire le poids de championnat. Mon rôle s’arrête là pour l’instant", confirmait-elle il y a quelques jours dans le RMC Fighter Club. Mission accomplie. Pour le reste… Dans l’histoire de l’UFC, jamais un remplaçant officiel de l’UFC n’a été appelé à combattre pour un titre. Ces dernières heures, les deux protagonistes du choc féminin de l’UFC 306 ont passé la balance sans encombre. Sauf incroyable imprévu avec une blessure de dernière minute, il faudra donc encore attendre. En position de combattre pour le titre depuis près de deux ans, la Niçoise a manqué de chance et a dû prendre son mal en patience. Une blessure au genou après sa victoire sur Katlyn Chookagian à l’UFC 280 en octobre 2022 la prive d’une chance contre Shevchenko, finalement donnée à… Grasso, qui profite d’une erreur de la championne pour la soumettre et prendre la couronne à l’UFC 285 en mars 2023.

Quelques mois plus tard, alors qu’elle vient de battre l’ancienne championne de la catégorie inférieure Rose Namajunas à l’UFC Paris, Fiorot est en lice pour prendre celle qui sortira victorieuse de la revanche Grasso-Shevchenko lors de la première Noche UFC mi-septembre 2023. Mais le combat finit sur… un nul. Qui pousse à une trilogie. Elle mettra un an à avoir lieu entre des blessures pour les deux et leur participation comme coachs à l’émission de téléréalité The Ultimate Fighter. En attendant, la Française toujours invaincue à l’UFC a stoppé la hype de l’Américaine Erin Blanchfield, ultra dominée chez elle fin mars pour le premier main event de Fiorot dans la plus grande organisation de MMA. Plus question de prendre un combat d’attente, même devant son public à Paris. Ce sera la ceinture, et pourquoi pas la version intérimaire si besoin, ou rien. Et un espoir va naître.

"J’ai vraiment cru que Valentina n’allait pas combattre"

Après l’avoir fait en 2023, Shevchenko annonce publiquement ne pas vouloir affronter la Mexicaine Grasso à la Noche UFC, événement organisé le week-end de l’indépendance mexicaine et placé sous le signe du pays de la championne. "J’ai vraiment cru que Valentina n’allait pas combattre et j’espérais être tout de suite contre Alexa pour la ceinture", raconte Fiorot. Mais la combattante tricolore et son camp ont un autre as dans leur manche. "On a dit à l’UFC que si je ne combattais pas, je voulais être remplaçante car ça me permettait de rester dans le truc et de faire une préparation. Je voulais être remplaçante depuis le début. Pour bien dire à l’UFC que j’étais la prochaine. C’est nous qui avons demandé ça, on ne savait pas si ça allait se faire, et ils ont tout de suite accepté. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu ça pour un combat féminin. Ça veut dire quelque chose."

Le job est rémunéré par l’UFC, une partie de la bourse habituelle. Il a fallu se préparer avec moins de moyens que d’habitude et sans savoir qui elle pourrait croiser dans la cage. Pas toujours facile au début. "Les deux premières semaines, je me suis demandé pourquoi j’avais fait ça. En plus je dois perdre le poids, je ne vais pas être motivée car je n’ai pas de combat... C'était un peu compliqué mais après je me suis dit qu’il fallait que j’y aille et j’ai essayé de changer des choses dans ma préparation." Un nouveau préparateur physique, de nouveaux exercices pour calmer quelques douleurs au genou. Et surtout une approche libérée qui permet de lâcher des choses. "J’allais à la salle pour me faire plaisir. Je faisais mes rounds, mes sparrings, mais je tentais des choses que je n’aurais peut-être pas faites si je préparais vraiment un combat. Et ça a super bien marché. J’ai progressé au sol, debout, sur ma préparation. Il n’y a pas un seul domaine où je n’ai pas progressé."

Il y a parfois du bon à ne pas avoir d’adversaire mais à devoir quand même se préparer. "Je me suis plus concentrée sur moi. On n’a pas fait venir de sparring spécifique comme ne savait pas qui on pourrait affronter. Mais on a mis de nouvelles choses en place et ça a super bien marché. J’ai fait une meilleure préparation que d’habitude, peut-être parce que j’ai pris un peu plus de plaisir sachant que j’avais moins de pression, ce qui m’a permis de tenter plus de choses à l’entraînement. Au final, les progrès sont fous. C’est une des préparations où j’ai le plus progressé et où je me suis le plus amusée en même temps. On ne regrette pas du tout d’avoir fait ça. J’étais déjà confiante pour le combat pour le titre mais le niveau de confiance est encore plus grand."

Dernier point positif: Manon Fiorot, qui viendra ensuite supporter ses copains du MMA français le 28 septembre à Paris, pourra assister de très près au combat entre les deux femmes qu’elle pourrait affronter pour la ceinture dans quelques mois. Inestimable pour prendre des informations et ressentir les choses avant de retrouver l’une ou l’autre dans la cage. Une préférence, d’ailleurs? "C’est un combat super compliqué à prédire. Valentina ne voulait pas trop ce combat. Comment tu te prépares quand c’est un combat qu’on t’a un peu forcé à faire? Alexa a l’air de s’être bien préparée mais je n’ai jamais trouvé son niveau meilleur que celui de Valentina. J’ai vu récemment une publication qui m’a choquée: son combat avant de battre Valentina pour le titre, c’est Viviane Araujo, qui est en fond de top 10. Tous ses combats avant… Elle n’a battu personne, quoi. Ensuite, elle a eu deux coups de chance contre Valentina. C’est super dur à dire. Mais peu importe. Je suis prête pour les deux. Valentina est sur la fin, elle n’est plus à son niveau d’avant. Alexa, Valentina, peu importe. Je veux juste la ceinture."

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport