Boxe: Derevyanchenko, un gros danger pour Mbilli sur la route du titre mondial

Il a déjà été très fois challenger pour un titre mondial. Ses seules défaites en carrière ont toutes eu lieu face à de très jolis noms, avec plusieurs combats très serrés. Et il n’a jamais été mis KO. Pour enfoncer la porte vers son rêve de ceinture planétaire et entrer dans une nouvelle dimension, Christian Mbilli (27-0, 23 KO, 29 ans) va devoir relever un défi de taille ce week-end à Québec dans le combat principal d’une carte de son nouveau co-promoteur, le géant américain Top Rank. Au programme? Sergiy Derevyanchenko (15-5, 10 KO, 38 ans), un Ukrainien expérimenté qui doit lui aussi s’imposer pour continuer à rêver de sacre mondial.

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"C’est le meilleur boxeur de l’histoire avec un bilan professionnel de 15-5, pointe Samuel Decarie-Drolet, un des coaches de Mbilli. Il se rend compte qu’il est plus vers la fin de sa carrière. C’est probablement une des dernières chances qu’il a pour retrouver une possibilité d’aller chercher le titre. Il s’est entraîné comme un forcené en altitude, dans le Colorado. Christian est dans la mire et il est prêt à tirer sur la cible." "Il est encore opérationnel malgré son âge, complète John Dovi, ancien manager de l’équipe de France olympique et proche de Mbilli. Il pense que s’il bat Christian, qui est sur la phase ascendante, ça le repositionnera pour une chance mondiale."

Originaire de Théodosie en Crimée, fils d’un boxeur qui lui a fait débuter cette discipline tout jeune et qui était son premier coach dans l’enfance, Derevyanchenko entame une carrière amateur qui va le mener au bronze mondial en 2007. Qualifié pour les JO de Pékin en 2008, il passe le premier tour mais échoue en huitième de finale contre le Cubain Emilio Correa, futur médaillé d’argent. Avant de passer pro, il passe plusieurs années à écumer les rings des World Series of Boxing, où il remporte vingt-trois victoires sur vingt-quatre combats – seule défaite contre Brian Castano, futur champion du monde chez les super-welters – et prend deux fois le titre avec les équipes du Milano Thunder et des Astana Arlans.

La bascule vers les pros se fait mi-2014. En moins de quatre ans, l’Ukrainien installé à Brooklyn porte son bilan à 12-0, quasi que des KO, avant de recevoir une première chance mondiale en octobre 2018. Opposé à Daniel Jacobs pour la ceinture IBF vacantes des poids moyens dans la petite salle (le Theater) du Madison Square Garden de New York, Derevyanchenko pousse l’Américain dans ses retranchements mais s’incline sur décision partagée pour sa première défaite chez les pros. Un an plus tard, c’est cette fois la grande salle du Garden qui l’accueille pour disputer la même ceinture à l’immense Gennadiy Golovkin, qui s’impose au bout des douze rounds.

L’Ukrainien enchaîne deux autres revers en 2020 et 2021, face au champion WBC des moyens de l’époque Jermall Charlo puis face au futur (et actuel) détenteur de cette ceinture Carlos Adames, et en connaître un cinquième en 2023 face à Jaime Munguia, qui a depuis affronté un certain Canelo Alvarez, dans un des plus beaux combats de l’année. Le garçon a rebondi depuis avec une victoire par décision unanime sur Vaughn Alexander, boxeur américain battu de la même façon par Mbilli en 2022. Du très solide, quoi. Tout simplement le plus gros test jusque-là de la carrière du boxeur franco-canadien né au Cameroun.

"Derevyanchenko est un très bon boxeur, très technique, avec une bonne condition physique", détaille Mbilli dans un mini-documentaire que lui consacre Top Rank sur YouTube. Et de compléter au micro de RMC Sport: "Il fait partie de la génération ukrainienne des Lomachenko-Usyk. C’est un monstre. Ses seules défaites sont face à des champions. Et physiquement, il ne fait pas son âge." Surnommé "The Technician" (le technicien), Derevyanchenko a une palette assez large pour embêter n’importe qui dans le ring. Et quand il faut frapper et faire mal, on peut aussi compter sur lui. "C’est un technicien, tout le monde le reconnaît, mais il est également fort, analyse Marc Ramsay, autre coach de Mbilli. C’est un peu le contraire de Christian. Les gens voient Christian comme un bulldozer qui arrache tout, et il est effectivement ça mais il est plus que ça. Quand il est l’heure de boxer, il est en mesure de le faire."

Le choc s’annonce explosif, intense, engagé. "Derevyanchenko est un gars très brillant, poursuit Marc Ramsay. J’avais remarqué que quand on l’attrapait avec un coup, le rattraper avec le même coup était très complexe. Il a une bonne compréhension de ce qui se passe dans le ring. Il est aussi très dur au mal. C’est un vrai défi." Que Mbilli est prêt à relever avec un immense appétit. "Je pense être meilleur que lui. Il pense pareil mais je vais montrer au monde que je suis le meilleur des deux. Ça va être une défaite amère pour lui."

Face à un adversaire dangereux, Mbilli joue gros dans sa quête planétaire. Mais il y a surtout beaucoup à gagner. "C’est peut-être le dernier gardien de la porte pour les grands combats, rappelle Marc Ramsay. Avec un nom comme ça sur notre CV, il n’y a plus de discussion possible." Pour son premier combat pro en dehors des Etats-Unis, l’Ukrainien n’a lui non plus pas le droit à l’erreur s’il veut continuer à rêver d’un titre mondial chez les super-moyens. Face à un Christian Mbilli plus jeune de neuf ans et en plein essor, Sergiy Derevyanchenko n’apparaît pas comme le favori. Mais il faut toujours se méfier d’un tel boxeur. Qui annonce la couleur: "Christian a une belle carrière mais je viens pour l’arrêter avant la limite!" On en connaît un qui partage le même plan à l’inverse.