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Top 14: l'exploit et les larmes pour Ambadiang, héros castrais face au Racing 92

Si le Castres Olympique a fait tomber le Racing 92 ce samedi (31-28) lors d’un match de dingue, il le doit en partie à son nouvel ailier Christian Ambadiang qui s’est notamment montré sur deux actions d’anthologies. Un retour défensif monstrueux sur Spring en début de deuxième mi-temps et l’essai de la victoire sur le gong, qui ont souligné ses capacités physiques hors-normes et ont ému aux larmes l’intéressé, après le récent décès de sa grand-mère.

On ne saurait choisir entre ces deux hallucinants moments pour vous parler de "l’effet Ambadiang" sur le match entre le Castres Olympique et le Racing ce samedi. Bien sûr, Christian Ambadiang, ailier venu de Nevers à l’intersaison a donné la victoire au CO sur la dernière action (on y revient), alors que le Racing avait remonté un retard de douze points pour passer devant à deux minutes de la fin (26-28 à ce moment-là), mais il y eu encore plus frappant de sa part dans ce match. Un retour défensif qui a enflammé le stade Pierre-Fabre.

On jouait la 43e minute de cette rencontre et alors qu’une offensive castraise pouvait envoyer Rémy Baget à l’essai, l’arrière francilien Max Spring interceptait le ballon sur la dernière passe et s’offrait 90 mètres de sprint. Personne n’allait le rattraper et le Racing prendrait alors huit points d’avance et un avantage psychologique. Mais c’est tout l’inverse qui s’est produit. Une bombe nommé Christian Ambadiang et revenu en travers tel un coureur de 100 mètres. "J’aimerais voir le GPS à quelle vitesse il a été", soufflait son manager Jérémy Davidson après le match.

Un plaquage "en planche"

Lancé comme une balle, il infligea un plaquage « en planche » à Spring qui, non seulement lâcha la balle sur le coup en atterrissant avec pertes et fraquas sur la pelouse, mais sorti ensuite avant d’arriver en conférence de presse le bras en écharpe. "Je le vois arriver car il arrive assez vite! Je crois en mes cannes… mais il me manque cinq mètres", avouait le malheureux arrière, qui ne savait pas, tout comme son équipe, que ce geste allait tout changer ensuite. "Ce n’est pas seulement l’attraper qui est important", ajoutait Davidson. "Mais lui enlever le ballon c’était incroyable."

Ambadiang trouvait même les ressources pour récupérer l’ovale et relancer, devant un public ébahie mais aussi du coup surchauffé. Le Racing venait de laisser passer sa chance de tuer le match et allait encaisser un 13-0 qui le mettait dans les cordes. "C’est le tournant du match", confiait le centre Adrien Séguret. "Ça fait du bien dans la tête des joueurs chez nous et eux ils prennent un coup à ce moment-là." Ambadiang lui, embrassait parfaitement l’esprit castrais selon lui: "Ce que j’aime dans ce club c’est qu’ils ont un esprit de combattants. J’ai fait tout ça pour eux, pour mes coéquipiers. Il faut donner 100%. A la base je pensais pourtant qu’il allait marquer…"

Moins de dix minutes plus tard, il pouvait ensuite sortir sous une standing ovation des supporters castrais… mais son après midi n’était pas finie. Car le confortable matelas des Castrais avait fondu et du banc, l’ailier avait vu le Racing passer devant à deux minutes du terme de la rencontre (26-28, après deux essais de Chavancy et Baudonne). A 14 après un carton jaune infligé à Lebrun, Dumora blessé et Goodhue (excellent sur le match) sur une jambe, Christian Ambadiang faisait son retour pour les derniers instants du match…

"Un match que je dédie à ma grand-mère"

Et son équipe joua le coup à merveille. Un renvoi court, Ardron qui vient chiper la balle aux avants "ciel et blanc" et le miracle castrais était en marche. Botitu prend la tangente sur le côté droit d’une courbe dont il a le secret avant de délivrer une passe décisive en direction de la nouvelle coqueluche du stade Pierre Fabre, lequel sur la prise de balle avait déjà faussé compagnie à Tuisova. "En quelques secondes je me suis dit qu’il fallait juste arriver dans l’en-but." Il n’en fallu pas plus pour le dragster Ambadiang.

Une accélération foudroyante, un plongeon victorieux et le stade chavira, comme le tableau d’affichage (31-28). Choyé par ses coéquipiers tous autour de lui, le héros fendait l’armure et fondait en larmes: "Ce n’est pas que ce match qui m’a procuré de l’émotion. Je remercie l’équipe car c’était personnel. C’est un match que je dédie à ma grand-mère que j’ai perdue. Et c’est grâce à l’équipe qui m’a soutenu." Après quatre saisons en Pro D2 à Nevers (il a inscrit neuf essais l’an passé), le Camerounais aura donc réussi son entrée en matière en Top 14. Et ce n’est peut-être que le début.

Wilfried Templier