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A un an pile de la Coupe du monde, pourquoi la France est favorite

Dans un an jour pour jour débutera la 10e Coupe du monde de rugby de l’histoire, en France, avec une affiche de rêve en guise de match d’ouverture entre les Bleus et la Nouvelle Zélande. Quart de finaliste de la dernière édition, le quinze de France a l’occasion d’inscrire son nom au palmarès pour la première fois. Et reste aujourd’hui le favori numéro un.

Pour la régularité

"On veut gagner des matchs, gagner des titres et placer la France dans les trois meilleures nations mondiales". C’était le 13 novembre 2019, dans son village natal de Mongesty, où Fabien Galthié inaugurait son mandat et présentait son staff à la presse. A l’époque, Il clamait son ambition. Il faut souligner qu’il a aujourd’hui coché les cases. Depuis que le sélectionneur Fabien Galthié a pris les rênes de l’équipe de France, le pourcentage de victoires des Bleus a quasiment atteint les 78% (21 victoires pour seulement 6 défaites). Du jamais vu! Angleterre, Irlande, Pays de Galles, Nouvelle Zélande, Australie, Argentine, Galthié et ses joueurs ont battu tout le monde. Ou quasiment (on y revient).

Derrière deux deuxièmes places dans le Tournoi des VI Nations (2020, 2021), le dixième Grand Chelem de l’histoire s’est ajouté au palmarès cette année. Lors de la tournée au Japon cet été, la France a égalé le record de victoires consécutives de son histoire (10), qui date des années 1930, et pourrait donc en établir un nouveau à condition de battre l’Australie au Stade de France début novembre. Après avoir brièvement occupé la première place au mois de juillet, la France est aujourd’hui deuxième nation mondiale, derrière l’Irlande. Dont acte.

Pour ses cadres

En remontant le sillon du milieu des années 2010, peu de joueurs français auraient pu postuler dans un quinze de départ mondial fictif. Aujourd’hui, le monde nous envie nos talents. Les Baille, Marchand, Mauvaka, Atonio, Willemse, Cros, Jelonch, Alldritt, Dupont, Ntamack, Fickou, Penaud, Villière sont devenus des joueurs de classe mondiale. Depuis trois ans, Fabien Galthié fait confiance a ses cadres et a su les maintenir, quoi qu’il arrive.

Fini les changements incessants, au gré d’une contre-performance. Dans la lignée des Murray-Sexton ou Smith-Barrett, Dupont et Ntamack ont été associés treize fois sur les quinze matchs où c’était possible (hors blessures ou repos, choisis lors des tournées d’été, ou forcé pour celles d’automne en période Covid). Les Bleus ont une vraie colonne vertébrale qui pèse sur les matchs. Et des « matchs-winners » qui font basculer les rencontres (Dupont contre l’Angleterre en 2020, Ntamack au Pays de Galles en 2020, Penaud en Irlande et contre la Nouvelle Zélande en 2021, à nouveau Dupont en Ecosse et face à l’Irlande et l’Angleterre en 2022).

Pour la profondeur de son effectif

76 joueurs ont été "capés" sous le mandat de Fabien Galthié. Bien plus que ne le pensait le sélectionneur à ses débuts. Car il souhaitait arriver à la Coupe du monde avec un profil type bien précis. Il avait remarqué que les nations qui "performaient" s’appuyaient en moyenne sur des individualités à 50 sélections et 28 ans d’âge. Les évènements survenus durant son mandat l’en empêcheront.

La pandémie tout d’abord, qui chamboula l’année 2020 et amena des accords Fédération-Ligue stipulant un quota de matchs à respecter pour les internationaux à l’automne. Mais également, au regard des saisons éprouvantes, la volonté de ménager les cadres lors des tournées d’été en Australie en 2021 et au Japon en 2022. C’est ainsi qu’est née une équipe "premium" et une autre "en développemen", selon son expression. Mais ce qui s’apparentait au départ à une contrainte allait en fait révéler de nombreux joueurs: les Mauvaka, Woki, Jelonch, Moefana, Danty, Villière, Dulin et Jaminet doivent leur arrivée en équipe de France à ces bouleversements. Leur talent a fait le reste.

Galthié et ses adjoints disposent aujourd’hui de quasiment deux équipes. Ce qui rendra les choix, pour la liste de 33 pour la Coupe du monde puis les 23 sur les feuilles de match… douloureux. Mais quel sélectionneur s’en plaindrait?

Pour le tableau de la compétition?

Ce qui va suivre est très subjectif. Et donc enclin à être contesté. Si le quinze de France réussit son entrée en matière face à la Nouvelle Zélande le 8 septembre 2023, elle pourrait se qualifier en quart de finale pour un côté de tableau très « Nord ».

En imaginant que l’Afrique du Sud prenne le meilleur sur l’Irlande en poule, les Bleus retrouveraient les hommes au trèfle en quart de finale. Puis éventuellement les Anglais en demi-finale (si ces derniers disposent de l’Australie ou du Pays de Galles en quart). Avant de retrouver All Blacks ou champions du monde sud-africains en finale? Un parcours de rêve vers lequel on se projette facilement, des étoiles dans les yeux… attention toutefois à ne pas louper la première marche contre les Blacks, ce qui enverrait Dupont et ses coéquipiers dans la gueule des Boks dès les quarts de finale. A moins que vous ne préfériez éviter les Irlandais, actuels numéro un mondiaux? Infini débat…

Pour les derniers écueils à éviter?

Qu’ils vont être longs ces douze derniers mois qui vont mener Fabien Galthié et les siens vers cet évènement. Il reste encore pour ses troupes à éviter les derniers pièges : battre l’Afrique du Sud, seule nation majeure qu’ils n’ont pas encore rencontré, le 12 novembre prochain au stade Vélodrome de Marseille.

Le test(ostérone), face à une équipe dont l’ADN la rend capable de contrer les Bleus en conquête, et donc de dérégler la machine tricolore, est attendu par la planète rugby. Dans la foulée, une des missions du quinze de France durant le Tournoi des VI Nations 2023 sera de s’imposer à Twickenham (le 11 mars), chose que les Bleus n’ont plus fait en match officiel depuis… 2005. Après avoir mis fin aux séries de défaites au Millennium Stadium en 2020, à l’Aviva en 2021 et à Murrayfield en 2022, gagner en Angleterre serait un symbole fort. Ensuite, prier pour que les corps ne subissent pas les blessures. Les plus ou moins récentes opérations au genou d’Arthur Vincent ou Paul Willemse, celle de Cyril Baille aux adducteurs, la frayeur pour Gaël Fickou en match de préparation avec le Racing 92 il y peu, ou le coup du sort subi par le malheureux Virimi Vakatawa, qui doit mettre un terme à sa carrière pour un problème d’ordre cardiaque, rappellent que le rugby est un sport de combat qu’il y aura de la casse sur la route du Mondial.

Enfin, à l’image du match d’ouverture perdu face à l’Argentine au Stade de France en 2007, il faudra gérer la pression du Coupe du monde à domicile. Ne pas se faire happer par l’évènement et bien appréhender sa dimension psychologique. A l’inverse, pour ce moment de fête, tout un peuple sera derrière les Bleus. Avec un rêve qui trotte dans la tête de tous les amateurs de ce sport et qui pourrait contaminer le grand public : après trois finales perdues en 1987, 1999 et 2011, enfin aller chercher le premier titre de champion du monde de l’histoire du rugby français.

Wilfried Templier