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Golfiller : trois jeunes lyonnais plongent récupérer des balles de golf

Les créateurs de Golfiller

Les créateurs de Golfiller - RMC SPORT

Leur terrain de jeu? Les parcours de golf. Ils sillonnent les alentours et surtout les étangs pour récupérer les balles perdues. Des heures de collectes pour ensuite les remettre en état et les revendre. Baptiste, Elli et Jules ont créé l’entreprise Golfiller il y a quelques mois.

"Dans un golf, s’il est très fréquenté, on peut retrouver jusqu’à 30.000 balles dans l’eau", explique Jules Paris, co-fondateur de Golfiller. Agés d’une vingtaine d’années, Jules, étudiant et joueur de golf depuis cinq ans, et ses deux amis du lycée, Elli Perrin et Baptiste Thel, tous les deux pleinement consacrés à leur nouvelle activité professionnelle, se sont lancés un défi : récupérer les balles perdues sur les parcours de golf. Equipés de combinaison de plongée, ils sillonnent les lacs. "Pour le moment, comme on n’a pas les bouteilles de plongé, on est obligé de rester là où on a pied, on ramasse à tâtons", lâche Elli.

Après des mois, facile pour eux de distinguer les cailloux des balles même dans des conditions assez compliquées, surtout l’hiver, rigole Baptiste: "le ressenti record c’est -4 degrés. Dans l’eau d’un lac de golf, il fait noir, on ne voit rien." "Ce n’est pas vraiment de la plongée, pas du plaisir", pour Jules. Pourtant les trois amis passent des heures sous l’eau: "une session dure entre six et sept heures à peu près. Une petite session l’hiver, comme il fait froid, c’est entre une et deux heures", précise Baptiste. Et forcément, pour ramasser ces balles, les jeunes entrepreneurs doivent se faire connaitre auprès des directeurs de golf. "C’est un échange de bon procédé, on leur fait de la communication pour leur golf, les parcours en ont besoin car ce sport est encore peu répandu en France", confie Jules.

"70% des balles que l’on récupère sont en bon état"

Une fois les balles récoltées, il faut les remettre en état. "Il y en a quelques-unes qui auront des traces de vase mais 70% de celles que l’on récupère sont en bon état", explique Baptiste qui se mettra bientôt au golf avec Elli. Et pour ça, ils ont un procédé à suivre. "On les met dans une cuve et on laisse un produit pour dégraisser la balle. On les frotte dans une bétonnière où l’on a tapissé le fond avec du synthétique pour en faire une machine de nettoyage. Et après elles sortent en bon état", détaillent Baptiste et Jules.

Un système de recyclage peu démocratisé en France encore. "Il y a une société québécoise qui emploie des Français pour le faire, sinon quelques jardiniers dans certains golfs s’en chargent". Mais leur travail étonne certains pratiquants que les Lyonnais croisent sur les parcours avoue Jules: "ils nous demandent ce que l’on fait, ils sont curieux. Ils regardent les balles que l’on sort. Certains joueurs sont réticents, ils nous disent qu’elles ne sont plus bonnes. Alors on leur montre, ils jouent avec et se rendent compte que c’est comme une balle neuve." Et ensuite, ils les revendent sur leur site Golfiller, à moins 60% du prix neuf. Même d’occasion, ces balles récupérées ont "les mêmes propriétés, les alvéoles ne sont pas abimées." Et leurs acheteurs? "On a un peu de tous les niveaux, des débutants, intermédiaires et des professionnels", et Jules ajoute "on veut montrer aux joueurs lambda que même des professionnels peuvent jouer avec des balles d’occasion. Il n’y a aucun impact sur leur jeu."

Une action écologique

Mais leur activité professionnelle a surtout un aspect écologique insiste Elli: "on vient dépolluer les étendus d’eau. La composition d’une balle est vraiment nocive pour l’écosystème, pour la faune et la flore. On est vachement engagé sur ce point-là. En quelques mois, on a ramassé environ deux tonnes de plastique." Les lacs des parcours de golf sont des étendus d’eau, sans flux donc toute la pollution stagne. "On retrouve des balles rongées par les ragondins ou fendues. Donc l’uréthane qui est à l’intérieur va s’introduire dans les sols. Et autour, il y a des champs donc c’est mauvais pour la biodiversité, l’éco système et les hommes." Proche des parcours de golf, la faune est très variée et présente. "Les animaux extérieurs, sangliers, daims, viennent boire dans ces lacs. Ils ingèrent du plastique, de l’uréthane et du titane, donc ça a un impact", relatent Elli et Jules. Fraîchement lancée, leur entreprise ne leur permet pas encore d’en vivre. Mais Jules, Elli et Baptiste ont pour objectif de rapidement s’étendre à l’étranger.

Par Lena Marjak