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Pierre Rabadan sur la NBA à Paris: "En faire le plus grand évènement hors du sol américain"

Anne Hidalgo, avec Pierre Rabadan et Emmanuel Grégoire

Anne Hidalgo, avec Pierre Rabadan et Emmanuel Grégoire - AFP

L’adjoint à la Maire de Paris chargé du Sport, Pierre Rabadan, fait le point sur l’actualité basket dans la capitale entre l’arrivée de l’Adidas Arena à la Porte de la Chapelle depuis quatre mois et les deux matchs NBA en janvier 2025 entre les Spurs de Victor Wembanyama et les Pacers de Tyrese Haliburton.

Quel bilan faites-vous de l’Adidas Arena avec le Paris Basketball et les premiers matchs même si l’un des principaux temps forts est à venir avec le badminton aux Jeux olympiques et des épreuves aux Jeux paralympiques?

On est très heureux d’abord du résultat de l’Arena architecturalement parlant. On part sur des projets comme ça avec des architectes, des constructeurs. Mais après, le résultat on le voit qu’une fois que l’objet en lui-même est terminé. C’est vrai qu’à la fois l’insertion dans la Porte de la Chapelle, la transformation du quartier qui était le souhait et le choix d’implanter cette Adidas Arena, sont très réussis et fonctionnent vraiment bien dans l’animation et le changement que l’on souhaitant pour le quartier et ses habitants.

Avec le Paris Basketball, qui a déjà trouvé un public?

Le club résident a fait une saison au-delà de toutes les attentes. C’est très positif pour l’attractivité du lieu, pour le faire connaître avec la récurrence d’évènements avec ces dernières semaines, un match de basket tous les trois jours. Nous avons eu aussi d’autres évènements avec les Ionex de badminton qui ont fait office de test-event pour les JO. On a aussi eu un championnat du monde skateboard, des concerts. Tous les voyants sont au vert. Evidemment, on est très heureux et fiers du parcours du Paris Basketball.

Etes-vous surpris de voir déjà une Arena remplie régulièrement avec 8.000 spectateurs?

On est satisfait. On a réussi à livrer l’Arena avec quelques semaines de retard avec un contexte (COVID) compliqué. Nous avons deux gymnases adossés à la salle principale. Cette salle fonctionne et est très modulable. Elle restitue une ambiance très chaleureuse. C’est tout ce que l’on voulait à Paris avec cette jauge qui nous manquait. 8.000 places que l’on peut configurer différemment. On a testé plusieurs évènements et les retours sont assez unanimes sur l’expérience spectateur mais aussi de la part des athlètes ou des chanteurs car nous avons une programmation culturelle et musicale très importante. Je crois que l’Adidas Arena a déjà trouvé sa place après quelques mois.

Une salle qui a trouvé sa place alors qu’il y a plusieurs salles dans région?

C’est une jauge (8.000 spectateurs assis) que l’on n’avait pas. Ce n’est pas l’Accor Arena, ce n’est pas non plus le Zénith, ni la salle Pierre de Coubertin. On est sur du moderne avec plus de configurations possibles. Cela répond à une demande que l’on savait existante. Elle coche toutes les cases. Il y a l’échéance des Jeux olympiques et paralympiques puisqu’elle va servir avec le badminton, le para-badminton et le para-haltérophilie. L’Adidas Arena a vocation à être là pour longtemps. Il y a aussi un volet innovation. Nous venons d’inaugurer l’usine de froid qui a été pensée et créée sous l’Arena et qui va alimenter en partie le quartier. On a le deuxième plus grand toit végétalisé de Paris avec aussi un système de panneaux solaires. Cela transforme le quartier avec la faculté et de futurs immeubles en construction ou à venir.

Paris Basketball devrait découvrir l’Euroleague la saison prochaine, c’est important pour le rayonnement?

C’est un projet qui a démarré il y a peu de temps. En termes de construction de club, ils étaient en Pro B il y a peu et ils ont franchi les étapes de manière assez rapide et efficace pour être jusqu’en finale. L’Euroleague est une décision qui leur appartient pour un tas de raison. Déjà, cela change de dimension mais les investisseurs sont venus avec la perspective de l’Adidas Arena. Une grande équipe de basketball, c’est évidemment très important. Aujourd’hui, on se dit que c’est normal mais nous la ville de Paris, on était les premiers accompagnants et partenaires du club dans son développement. Le club avait démarré à la Halle Carpentier.

Il y a une vraie culture basket à Paris qui ne demandait qu’à émerger?

On sentait cette culture mais il y avait plusieurs aléas ou clés de développement. D’abord le basket 3x3. On a refait 35 terrains dans Paris pour développer cette pratique. Les licences augmentent avec plus de 8.000 licenciés à Paris. On a plus de 27% d’augmentation de licenciées pour le basket féminin. Paris Basketball a un projet en ce sens. Evidemment d’aller vers la plus grande compétition européenne contre des clubs extrêmement prestigieux, nécessite encore des ajustements. On a discuté avec le club pour continuer à l’accompagner autant que possible dans le développement pour rejoindre les meilleurs clubs européens. C’est ce que l’on souhaite et cela répond à une demande. Le public répond présent.

La NBA sera de retour avec désormais deux matchs à Bercy…

On s’est beaucoup battu pour ça. Deux matchs en 2025. On est aussi en train de discuter avec le basket universitaire américain féminin pour faire des matchs à l’Adidas Arena à la fin de l’année 2024. On a une programmation qui correspond à la culture basket qui prend vraiment son essor et son envol. On veut vraiment faire de Paris, la place forte du basket européen.

Deux matchs de saison régulière, c’est une nouveauté alors qu’il y avait de la concurrence déjà pour la salle mais Londres ou Madrid sont toujours en embuscade pour accueillir la NBA?

Ce que l’on veut construire avec la NBA, c’est un partenariat à long terme. Je pense que ce qui a fait la différence, ce sont les propositions que l’on a faites à la NBA et qu’ils ont validés pour faire de ce moment le plus grand évènement de la NBA hors du sol américain. C’est ce que le représentant de la NBA en Europe a dit. Pour ça, il y a effectivement les deux matchs des Spurs contre les Pacers, le retour de Victor Wembanyama. Nous avons tout une série d’activation qui fera que l’évènement ne sera pas limité juste aux deux matchs qui sont déjà extrêmement prestigieux. On en aura deux fois plus que d’habitude mais cela va vraiment inscrire cette semaine dans un évènement dans toute la ville qui va se parer aux couleurs de la NBA. On est très heureux d’avoir réussi à obtenir la confiance de la NBA (ndlr : un accord pour un an en raison de la nouveauté de délocaliser deux matchs).

Ce fut dur à négocier?

C’est un travail quotidien pour moi et mes équipes pour répondre aux attentes et à l’ambition. On a beaucoup d’interactions avec les équipes de la NBA. Le retour de Wembanyama, l’histoire particulière des Spurs avec la France. On a envie d’être à la hauteur.

Il y a l’aspect business mais la NBA est aussi sensible à l’aspect sociétal?

Oui, on a déjà fait des choses sur les précédents matchs mais c’est vrai que pour des raisons différentes, qui seraient un peu longues à expliquer, c’était parfois organisé un peu dans l’urgence ou la précipitation. Là, je souhaitais conclure un accord rapidement. J’en avais parlé avec les responsables de la NBA pour qu’on ait le recul de pouvoir organiser à la dimension à laquelle la NBA est attaché et nous aussi. C’est-à-dire un grand évènement sportif avec les deux matchs mais aussi un plan de programmation au sein de la ville qui permette de toucher un public le plus large possible et notamment sur les quartiers prioritaires, dans les quartiers de la ville où l’on sait que la culture basket est très forte. On a travaillé sur ce volet là dans l’offre et la proposition que l’on a faite à la NBA. Tout ce que l’on a fait côté Mairie avec la rénovation des terrains de basket, le fait de leur donner des signatures uniques avec des artistes, donner un sentiment d’appartenance, tout ça, a aussi été fait parce que l’on a travaillé avec la NBA sur la longueur. Parce qu’on a su aller chercher des partenariats dans le cadre des Jeux. C’est tout une chaîne de réflexion sur la pratique sportive et d’attirer la population, jeunes moins jeunes, les filles.

Arnaud Valadon