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Bleus : comment éviter la désillusion après l’exploit

Joffrey Lauvergne et Marc Gasol

Joffrey Lauvergne et Marc Gasol - AFP

En football comme en rugby, certaines équipes de France ont parfois déchanté après avoir réalisé un exploit monumental face aux favoris d’une épreuve. Les basketteurs tricolores, héroïques tombeurs des Espagnols mercredi en Coupe du monde, seront prévenus pour leur demie, vendredi, contre la Serbie.

L’histoire des sports co français est faite de moments de gloire mais aussi de désenchantement. La spécialité « made in France » ? Battre l’équipe archi-favorite, jugée quasi-invincible, créer l’improbable et jubilatoire exploit et… perdre au match suivant. Voilà exactement ce qu’ont vécu les rugbymen du XV de France lors des Coupes du monde 1999 et 2007. Deux éditions qui ont vu les Bleus renverser les All Blacks. Rien que ça. En demi-finale en 1999 à l’issue d’un match d’anthologie à Twinckenham (43-31) et en quarts en 2007 (20-18) à Cardiff. Après ? Plus dure fut la chute. La France perd en finale contre l’Australie en 1999 (12-35) et face aux Anglais en demie en 2007 au Stade de France (9-14). Tout ça pour ça…

Décompression ? Sentiment d’avoir déjà gagné sa Coupe du monde ? Bernard Laporte refuse de se chercher des excuses. « Quand tu pers, tu te dis toujours que tu aurais pu faire les choses autrement mais comment, s’emporte l’ex-sélectionneur du XV tricolore, sans réponse. On se demande si on n’a pas joué le match dans sa tête avant l’heure… Mais c’est des couillonnades ça ! »

Fernandez : « Dans la tête, on avait tous envie mais le reste ne suivait pas »

Comme l’actuel manager de Toulon, Luis Fernandez a lui aussi vécu l’ascenseur émotionnel en quelques jours. Ça commence à Guadalaraja lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique. A l’issue d’un match épique, considéré par certains comme l’un des plus beaux de l’histoire du Mondial, la France élimine le Brésil en quart de finale grâce à un ultime penalty signé du membre de la Dream Team RMC Sport (1-1, 4 tab à 3). La suite ? Une élimination sans gloire face à l’Allemagne en demies (2-0).

Alors que certains avancent les anniversaires un peu trop fêtés de Michel Platini ou Jean Tigana, Luis Fernandez parle de fatigue pour expliquer cet échec : « On était très fatigué. Au Mexique, il y avait le phénomène de l’altitude. On avait été au bout de nous-mêmes. On avait tout donné. On savait qu’on allait rencontrer l’Allemagne et on avait envie de battre les Allemands. La Coupe du monde 1982 était dans la tête de pas mal de joueurs même si moi je n’y étais pas (élimination des Bleus en demi-finale à Séville, ndlr). On avait une soif de revanche mais physiquement, le Brésil nous avait fait beaucoup de mal. On n’avait pas eu les ressources pour battre les Allemands. Dans la tête, on en avait tous envie mais le reste ne suivait pas. On avait peut-être joué notre finale avant l’heure… »

Ne pas tomber dans le piège

Voilà pourquoi Luis conseille avant tout aux basketteurs tricolores, tombeurs mercredi de « l’imprenable » Espagne en quart de finale de la Coupe du monde, de bien récupérer. « Quand on bat l’Espagne, nous, on a tendance à se mettre une médaille, reconnait Jacques Monclar. Mais le plus beau reste à faire. »

Bernard Laporte enchaîne : « Je suis convaincu que ce sont des grands joueurs mais ce n’est pas parce que tu as battu l’Espagne que tu vas battre tout le monde. C’est pareil si tu bats la Nouvelle-Zélande ! C’est une référence mais cela ne signifie pas que tu gagnes le match d’après. C’est ça le sport. » A l’heure de la demi-finale face à la Serbie ce vendredi à Madrid, il ne tient donc qu’à Nicolas Batum et ses partenaires de ne pas tomber dans le piège.

Aurélien Brossier avec PTa.