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Championnats d'Europe d'athlétisme: la France au top à Rome, vers des grands JO de Paris 2024?

Avec 16 médailles lors de ces championnats d’Europe de Rome, l’équipe de France d’athlétisme réalise la troisième meilleure performance de son histoire, après Zürich 2014 (25 podiums) et Barcelone 2010 (18). Une renaissance au meilleur des moments pour les Bleus qui pataugeaient dans la médiocrité depuis 2019, avec seulement un titre international jusqu’à ce printemps, l’or du décathlonien Kevin Mayer aux Mondiaux de Eugene 2022. Mais est-ce que les nouveaux champions français, comme Cyrena Samba-Mayela ou Gabriel Tual, vont pouvoir briller aux Jeux olympiques de Paris?

"C’est incroyable ce qu’il se passe!", savoure le boss Kevin Mayer. D’habitude seul sauveur de la nation athlé, le double champion du monde a trouvé ses frères et sœurs d’armes. "On a beau faire un sport individuel, ça crée quelque chose toutes ces médailles. On vient de se lancer dans un tourbillon positif qui va continuer jusqu’à Paris", savoure le décathlonien. Mayer, enfin qualifié pour les JO au Stade de France, avait demandé à la presse de préparer des excuses en cas de Jeux réussis, quand l’athlé tricolore peinait à espérer de simples finalistes. Alors faut-il commencer à rédiger nos plus plates excuses après ces championnats d’Europe réussis par les Bleus?

Après Barcelone 2010 et Zurich 2014, des médailles aux Jeux

Ce n’est pas une certitude lorsqu’on analyse les chiffres du passé. Par exemple, la meilleure moisson olympique de la France, six médailles à Rio 2016, est concomitante avec la razzia des Europe de Zürich 2014. Mais entre les deux, aux championnats d’Europe d’Amsterdam 2016, le bilan était beaucoup plus moyen (10 médailles pour 2 en or). Après Barcelone 2010, championnats très réussis, les Bleus repartaient des Jeux de Londres 2012 avec 'seulement' trois podiums. A contrario, dans une période de disette absolue aux championnats d’Europe entre 1978 et 1986, les Français ont ramené quatre médailles de Los Angeles 1984, avant de s’écrouler à Séoul 1988, une pauvre médaille de bronze sur le relais 4x100m.

"Ne rien lâcher", le mantra français

Le meilleur indicateur finalement, plus que la médaille, réside dans la performance pure. Les titres de Gabriel Tual (800m), Alice Finot (3000m steeple) et surtout de Cyrena Samba-Mayela (100m haies avec un chrono fou de 12''31) les font entrer de plein pied dans le gratin européen et mondial de leur discipline. Ils deviennent des athlètes qui supportent la pression, comme les Renaud Lavillenie, Mahieddine Mekhissi ou Mélina Robert-Michon dans les années 2010. Le directeur de la haute performance, Romain Barras, est ravi que ses athlètes puissent enfin bomber le torse: "Ils ont montré vraiment du caractère, cette envie de ne rien lâcher. Mais il faut garder en tête que le chemin jusqu’aux Jeux est encore long". Message reçu 5/5 par Samba-Mayela par exemple: "Faire descendre les chronos, les médailles, je savais qu’il fallait en passer par là dans ma quête. Rendre tout cela possible pour que le rêve des Jeux devienne réel." Tous les athlètes ne s’enflamment et font le plein de confiance avant Paris 2024.

Mayer veut profiter du sommet de la vague tricolore

Ces Europe de Rome nous enseignent deux choses. La nouvelle génération a pris le pouvoir avec une très large majorité de moins de 25 ans (Samba-Mayela, Lazraq-Khlass, Loga, Maraval, Gogois…). Et les filles reviennent en force. 9 médailles sur 16. Une première depuis près de 30 ans. La vice-championne d’Europe du 400m haies, Louise Maraval, savoure: "C’est une super dynamique, on est jeunes, on a plein de choses en commun. C’est vraiment chouette que les filles obtiennent des médailles et rééquilibrent enfin le rapport de force avec les garçons". Pour Gabriel Tual, les planètes s’alignent enfin: "Quand on voit Auriana Lazraq-Khlass exploser son record personnel à l’hepta', et Cyrena dès le premier jour, on se dit ouais moi aussi je suis capable. Ça fait des choses magiques!". Pour Kevin Mayer, un des rares à avoir déjà connu le podium olympique, tut cela sent très bon: "C’est la règle des vagues. Il y a le creux, pendant lequel tout le monde panique. Mais il est nécessaire pour profiter de l’ascension, avant de surfer au sommet". En attendant le tsunami de médailles au Stade de France.

Les chances de médailles françaises 'raisonnables' aux Jeux olympiques suite à ces championnats d’Europe de Rome:

Kevin Mayer (décathlon)

Cyrena Samba-Mayela (100m haies)

Auriana Lazraq-Khlass (Heptathlon)

Gabriel Tual (800m)

Alice Finot (3000m steeple)

Sans oublier les absents en Italie: Sasha Zhoya et Wilhem Belocian au 110m haies.

Aurélien Tiercin, à Rome (Italie)