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ATHLETISME - Vicaut : "Je ne pensais pas vraiment faire 9’’86"

C’est un Jimmy Vicaut tout à son bonheur qui a commenté ses records de France et d’Europe établis ce samedi au 100m du meeting AREVA. Le sprinteur français savoure d’autant plus après ses nombreux mois de galère et a conscience d’avoir envoyé un signe fort, à deux mois des Mondiaux de Pékin.

Jimmy, votre première impression ?

Record d’Europe… enfin ! Enfin sous les 9’’90 ! En plus à Areva… Ça fait vraiment plaisir de courir devant son public. En plus, je cours avec Powell. Je suis à côté de lui. Ça m’a fait bizarre. Je me suis dit : « Je sens que je vais aller vite ». Mais je ne pensais pas que j’allais faire 9’’86. Je suis assez content. Je vais continuer à travailler pour les France et essayer de descendre ça encore. Je pense que le travail a vraiment bien payé. Tout ce qu’on a fait avec mon staff a bien marché. On continue comme ça jusqu’à Pékin.

Au moment de vous élancer, avez-vous pensé à toutes les galères que vous avez traversées ?

Non, je me suis concentré sur le départ. Un autre a giclé à côté de moi. Je me suis dit : « Il faut vraiment que je surveille ça de près ». Je l’accroche, je l’accroche. Et là; on me dit 9’’86. Je fais : « Moi ? » Je doute. Je ne savais pas si c’était vrai.

Ce record d’Europe, ça ouvre quoi comme perspective ?

Pour le moment, rien du tout. On n’y est pas encore à Pékin ! Là, je vais encore me concentrer sur les France. Après, il y a Monaco et peut-être Londres. Et ensuite, je verrai ce qu’il faut faire. Là, je vais bien profiter de ma course et me reposer un peu.

Est-ce que vous sentiez avant le départ que vous pouviez faire quelque chose de sensationnel ?

Je me sentais fort. Je me suis dit que c’était une bonne course. Je ne savais pas ce que j’allais faire. Je pensais plus à battre le record de France. Je le bats vraiment et en plus j’égale le record d’Europe. J’ai eu de très bonnes sensations. J’ai une petite gêne au genou mais bon… il faut faire avec.

Ça valide ce que vous faites à l’entraînement ?

Je ne sais pas. Je pense que oui. Je suis surpris du chrono. La locomotive (Asafa Powell) m’a aidé. Maintenant, on verra ça aux France… avec Christophe (Lemaitre, ndlr).

Vous vous sentez prêt à enchainer les courses ?

C’est bon. Je suis prêt maintenant. Il ne faut pas que j’en fasse trop. Là, c’est bien espacé. La semaine prochaine j’ai les France. Dans deux semaines, il y aura Monaco. Pour le moment, le timing est parfait. Niveau enchainement de courses, tout va bien.

Vous vous êtes étonné ce soir ?

Oui. Je suis vraiment étonné du chrono. En plus, j’avais un problème au départ. Je vois Powell partir. Je me dis que mon départ est mauvais encore. Mais en fait non… Je suis à côté de lui et je me rapproche de plus en plus. Et après, il y a le chrono… C’est parfait.

Vous êtes l’un des rares à avoir passé la barre des 9’’90 cette saison…

Ça ne veut rien dire. J’ai encore un mois et demi pour travailler. J’espère que ça ira encore plus vite à Pékin.

La concurrence va vous regarder autrement maintenant ?

Enfin. Ils vont se dire « mais en fait, il est là, le petit Vicaut ».

Asafa Powell vous a-t-il dit quelque chose à l’issue de la course ?

Il m’a dit que c’était vraiment bien, que j’avais fait une très bonne course. En plus, il a très bien couru aussi. Il va courir avec Gatlin et Gay. On verra s’il fait le job.

Finalement, ce chrono, ce n’est pas vraiment une surprise tant votre coach vante votre potentiel ?

Je ne pensais pas vraiment faire 9’’86. Descendre sous les 9’’90 et battre le record de France, c’était dans un petit coin de ma tête… parce que j’étais à côté à chaque fois. Je me suis dit : « Il faut que je le fasse ». Et là, 9’’86… Je ne sais pas ce que Guy (Ontanon, son entraîneur, ndlr) va me dire. Je vais profiter et me reposer.

Vous allez revoir la course en vidéo ?

Oui, bien sûr. Mais vite fait. Tranquille (rires).

Ce chrono, c’est un poids en moins, non ?

Là, le poids est vraiment descendu. C’était un peu chiant de rester à 9’’98. Tu t’entraînes et tu sais que tu peux aller plus vite que ça mais le chrono ne vient pas. Ce n’était pas agaçant mais presque. J’ai fait le job. Je vais continuer comme ça, sans en mettre plus.

Recordman d’Europe, ça sonne bien…

Oui. Francis Obikwelu doit être content. Il y a un collègue à côté de lui. Maintenant, essayer de battre ce record-là, ça va être compliqué. Avec Guy, on a fait un excellent travail. On va continuer ainsi et on va voir ce qu’il y a dans les prochaines semaines.

Et ça représente quoi pour vous ?

J’ai vraiment passé un cap. Maintenant, ce serait bien de le refaire. Là, ce serait bien.

C’est un sacré beau retour, quand on regarde les nombreux pépins de santé que vous avez eus...

Avec toutes les galères que j’ai eu, oui, c’est vraiment satisfaisant. Je suis en train de « kiffer ». Je me dis : « Enfin, le travail paie vraiment ». Des fois tu doutes. Tu t’entraines, tu fais tout le job et à chaque fois, tu te blesses. Là, je vais continuer comme ça, sans me prendre la tête.

Propos recueillis par François-Xavier de Châteaufort