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Athlétisme: les Bleus sous pression aux championnats d’Europe de Munich

Quentin Bigot lors des Mondiaux d'athlétisme à Eugene

Quentin Bigot lors des Mondiaux d'athlétisme à Eugene - AFP

L’équipe de France d'athlétisme doit enfin enclencher la machine à médailles à l’occasion des championnats d’Europe de Munich. Si la dynamique des Mondiaux de Eugene au mois de juillet est intéressante, avec une jeunesse bleue se rapprochant du très haut niveau, le bilan d’une seule médaille fait mal. Le niveau européen semble à la mesure des Français, qui rêvent secrètement d’une dizaine de podiums. 

Romain Barras n’aime pas les pronostics. Le directeur de l’équipe de France est même passé maître dans l’art d’esquiver les questions sur les objectifs de médailles. L’ancien décathlonien, nerfs d’acier, ne lâchera aucun chiffre. "On n’a pas le temps de faire ça et ça ne sert à rien", coupe-t-il. Il veut tout de même voir une belle équipe de France pour ces championnats d’Europe en Allemagne: "On a de l’ambition bien sûr, passer un tour c’est le minimum et d’autres viseront le podium, le titre européen, c’est normal. On a une belle équipe de France, qui m’a plu à Eugene avec un caractère retrouvé".

Barras affirme même ne pas avoir fait les calculs des bilans européens. Un peu de langue de bois forcément, car les chiffres sont simples, sept Français (M.Zeze, Robert, Gressier, Zhoya, Happio, R.Lavillenie, Mayer) et une Française (Chevrier) font partie du top 3 continental cette saison dans leur discipline. En comptant les autres tricolores tout proche du podium comme Gabriel Tual sur 800m ou Jules Pommery à la longueur, on peut rêver d’une petite dizaine de médaille à Munich. 

Seulement quatre médailles en trois championnats depuis 2019 

Un tel bilan serait un soulagement énorme pour cette équipe de France qui enchaîne les désillusions depuis Doha 2019 (deux médailles), en passant par les JO de Tokyo et les Mondiaux 2022 de Eugene où seul Kevin Mayer a sauvé les meubles. Et ce total resterait inférieur à la moyenne de la France aux championnats d’Europe depuis Münich 2002, avec 4,7 médailles d’or, 4,1 argent et 4 bronze sur les sept compétitions du XXIe siècle.

Mais ces chiffres n’intéressent toujours pas Romain Barras. "Le noyau dur de cet été, les mondialistes, doit emmener le groupe dans son sillage. Ces Europe doivent lancer la dynamique, c’est le socle d’athlètes qu’on verra à Paris en 2024. Les 99 athlètes (record historique pour une délégation tricolore) sont arrivés en même temps pour créer un esprit de groupe. Les jeunes voient les Lavillenie, Mayer, Robert-Michon. Ils voient les meilleurs et après, ils vont faire !" 

"Plein de médailles, zéro souci là-dessus", selon Mayer 

Si les bilans de Barcelone 2010 (18 médailles dont 8 titres de champion d’Europe) ou Zürich 2014 (25 médailles dont 9 en or) semblent inatteignables, celui de Berlin 2018 (3 or, 4 argent, 3 bronze) peut être dépassé. Les leaders des Bleus, eux, n’hésitent pas à en parler. Kevin Mayer, le sauveur de la nation habituelle, pense même pouvoir souffler. "Il y aura plein de médailles, zéro souci là-dessus. Et pas besoin de moi. Je ne pense pas à la médaille car la France n’a pas besoin de moi cette fois-ci. Je suis fatigué après mon titre de champion du monde. Je ne veux pas me mettre la pression". Le désormais double champion du monde du décathlon est venu dans le sud de l’Allemagne pour se faire plaisir certes, mais aussi pour décrocher un titre européen qui lui échappe toujours. Si son physique suit, il est le grandissime favori. 

Eviter l’humiliation à deux ans de Paris 2024 

Kevin Mayer sera le premier Français sur la piste de l’Olympiastadion de Munich pour lancer le "tourbillon de médailles bleues". Expression signée Quentin Bigot. Le malheureux 4e des derniers Mondiaux au lancer du marteau voit bouillir l’équipe de l’intérieur. "Le niveau européen est moins relevé donc on attend plus de médailles tricolores et chacun veut sa part, glisse-t-il. Moi le premier, j’ai envie d’être aspiré par ce tourbillon. Ça peut aider des gens comme moi aussi à passer le cap des 4e, 5e places vers le podium !"

Beaucoup d’enthousiasme donc, mais la pression existe. Car sans même annoncer de chiffre, le président de la Fédération Française d’Athlétisme André Giraud a lâché que les Europe de Budapest en 1998 avaient été catastrophiques. Les Bleus y avaient obtenu quatre médailles, dont deux titres européens. Pour éviter l’humiliation, en lisant entre les lignes, il faut donc 5 médailles minimum. Surtout que cette compétition internationale est l’avant-dernière avant le feu d’artifice annoncé de Paris 2024. Allumer la mèche dès cet été pour éviter le pétard mouillé.

Les Français dans le top 3 européen en 2022 : 

- Mickaël Zeze (3e sur 100m, 2e sur 200m) 

- Benjamin Robert (2e sur 800m) 

- Jimmy Gressier (3e sur 10 000m) 

- Sasha Zhoya (1er sur 110m haies) 

- Wilfried Happio (1er sur 400m haies) 

- Renaud Lavillenie (3e à la perche) 

- Kevin Mayer (1er au décathlon) 

- Margot Chevrier (3e à la perche) 

Aurélien Tiercin