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La moitié des poulets que nous mangeons est importée: comment connaître l'origine de sa viande?

Des poules dans une ferme du Nord, le 6 décembre 2016 (photo d'illustration).

Des poules dans une ferme du Nord, le 6 décembre 2016 (photo d'illustration). - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Au supermarché comme au restaurant, il n'est pas toujours évident de connaître l'origine de la viande que nous consommons. Pourtant, des lois existent, et quelques astuces peuvent également vous mettre sur la piste. RMC Conso fait le point.

Dans un rapport publié mardi 3 septembre, la Cour des comptes indique que la moitié des poulets que nous consommons est importée. Malgré une forte hausse de la consommation de volaille (+54% depuis 1999), la production a décliné au début des années 2000.

Face à ce paradoxe, un constat: malgré une législation qui impose de plus en plus de transparence, il reste encore parfois difficile de connaître l'origine de la viande que l'on consomme. RMC Conso vous explique pourquoi et vous donne quelques conseils pour savoir d'où vient le poulet dans votre assiette.

Pas d'obligation pour les produits transformés

Indiquer l'origine de la volaille est obligatoire lorsqu'elle est vendue dans son état brut. Une barquette de blanc de poulet sous vide, par exemple, doit nécessairement afficher le lieu d'élevage et d'abattage. C'est le cas pour toutes les viandes préemballées. Le lieu de naissance de l'animal est lui facultatif.

En revanche, les industriels n'ont plus l'obligation, depuis 2022, d'indiquer l'origine de la viande présente dans les produits transformés. Selon une enquête de l'association UFC-Que Choisir de mars dernier, 64% des produits vendus à base de volaille n’en indiquent pas l’origine.

Il existe néanmoins des astuces pour avoir un début de réponse. Si la viande présente dans le produit est française, il est certain que la marque sera fière de le dire de manière explicite sur l'emballage, car c'est un argument de vente.

Vous pouvez donc rechercher la mention "volaille origine France", ou bien le logo "volaille française" reconnaissable par sa forme hexagonale, un logo créé par les professionnels de la filière et soutenu par le ministère de l'Agriculture. Il garantit que les animaux sont nés en France et y ont été élevés, abattus, découpés et transformés.

Attention aux affichages trompeurs

S'il n'y a pas d'indication flagrante, c'est probablement que la viande vient de l'étranger. En atteste notre comparaison de deux paquets de nuggets de poulet de la même marque. L'une affiche fièrement le logo "volaille française" sur la face avant de l'emballage, l'autre non.

En retournant le paquet qui n'a pas le logo, on lit, sous la liste des ingrédients, en petits caractères: "viande origine UE". Il n'est pas précisé de quel pays de l'Union européenne il s'agit.

Attention toutefois aux affichages trompeurs: un drapeau bleu-blanc-rouge n'est pas forcément le signe que l'intégralité du produit est français. Sur une salade "poulet-avocat", les couleurs de la France parent l'emballage à plusieurs reprises.

Mais quand on lit les petites lignes, on s'aperçoit que si les œufs, la salade verte, et l'entreprise qui fabrique le produit sont bien français, il n'est en revanche rien précisé pour le poulet. Signe que ce dernier vient probablement de loin. Peut-être de l'Union européenne, puisque c'est de là qu'est originaire 94% du poulet que l'on importe. Peut-être d'ailleurs.

Le poulet étranger est moins cher

Deuxième indice: le prix. Le poulet importé est au moins deux fois moins cher.

"Un poulet prêt à cuire français, c’est 7 euros du kilo. Un poulet brésilien, c’est entre 2 euros à 3 euros", affirme Marie-Pierre Ellies, chercheur-associé à l’INRAE, l'Institut national de la recherche agronomique, interrogée par le site Novethic.

En cause, des coûts de production bien plus élevés en France, où les exploitations d'élevage et les unités d'abattage sont plus petites qu'à l'étranger.

De plus, "la viande importée de pays tiers a un prix inférieur à celui de la viande produite en Europe compte tenu de conditions de production moins exigeantes et encore peu encadrées par la réglementation communautaire," indique le rapport de la Cour des comptes.

Mais bien sûr cette différence de prix est aussi répercutée sur le tarif final du produit. Nos tenders au poulet français sont 30% plus chères que nos nuggets au poulet origine UE. Pour le consommateur qui souhaite manger local, un prix trop bas doit donc être un signal d'alerte.

Indication obligatoire au restaurant

Au restaurant, la règle est plus stricte. Que vous soyez dans un restaurant classique, une cantine d'entreprise ou bien un établissement qui fait (exclusivement ou pas) de la vente à emporter, l'origine de la volaille doit être indiquée, qu'elle ait été achetée crue ou pas. La viande présente dans les produits transformés est également concernée, depuis le 7 mars 2024.

Le problème, c'est que la loi n'est pas toujours appliquée. Selon une étude Roamler réalisée pour la filière volaille française (ANVOL) et l’APVF (Association pour la promotion de la volaille française) au printemps 2023, auprès de 380 établissements français de restauration, seuls 15% des restaurants affichaient alors clairement l'origine de la viande.

Ce n'est pas forcément par manque de volonté mais parfois simplement par méconnaissance de la loi que les restaurateurs n'indiquent pas l'origine. N'hésitez donc pas, lorsque vous êtes au restaurant, à demander d'où provient la viande: on devra obligatoirement vous donner cette information.

Charlotte Méritan