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Dégradation des urgences: "La sécurité des Français est en jeu", alertent les soignants

L'accès aux soins est toujours plus dégradé dans les services d'urgence, notamment en période estivale. C'est ce que constate le collectif Samu-Urgences France, qui appelle à la systématisation de la régulation et à une réorganisation du système.

Comme une triste tradition estivale. Les services d’urgence sont toujours plus exsangues, notamment l’été. C’est le constat d’une enquête alarmante de Samu-Urgences de France. Selon une enquête de l'organisme, 202 services d'urgence ont dû fermer au moins une ligne médicale tandis que plus de 1.500 lits supplémentaires ont été fermés cet été, en plus des fermetures estivales programmées.

Exemple en Vendée, à Luçon, où les urgences sont désormais fermées la nuit alors que le service a déjà connu plusieurs interruptions cet été. "Ça nous inquiète", confie Marie-Sophie, une patiente qui a fréquenté les urgences de Luçon. "C'est déjà compliqué de trouver un ophtalmo ou un dermato et en plus au niveau des urgences, notre bouée de sauvetage, ça devient inaccessible", assure-t-elle à RMC.

Pourquoi ce service ferme-t-il ponctuellement? "C'est compliqué d'avoir des médecins dans tous les services, notamment les urgences", explique Aude Moinard, aide-soignante à l'hôpital de Luçon. "Plus ça va, plus c'est tendu, on ne peut pas accepter ça, on ne peut pas s'y habituer", ajoute-t-elle.

Les plannings sont envoyés avec des trous et quand aucun personnel n’est disponible, l'hôpital est forcé de fermer les urgences. "Tout le monde vit au jour le jour, la patientèle est abandonnée et va directement à La Roche-sur-Yon", explique Anthony Touzeau, représentant de FO au centre hospitalier de Vendée. "Forcément, avant, ils appellent le Samu avant mais c'est dramatique. Si vous fermez les urgences ici, l'impact est sur une autre équipe". À La Roche-sur-Yon, il fallait compter jusqu’à 11 heures d’attente cet été pour être pris en charge.

L'invité de Charles Matin : Été 2024, services d'urgences... la situation se dégrade - 17/09
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Des chiffres à rebours du discours du gouvernement

"Ce qui marque le plus, c'est la discordance entre le discours de l'État qui se veut rassurant et nos chiffres", déplore ce mardi sur RMC Story Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, le collectif à l'origine du rapport. "Début août, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux disait que la situation était globalement maîtrisée mais les chiffres que nous affichons ce matin montrent l'inverse". A cette époque, le ministre de la Santé démissionnaire évoquait une cinquantaine d'hôpitaux en tension, contre plus de 200 pour le Samu-Urgences France.

"C'est la sécurité des Français qui est en jeu, la qualité des soins attribués et la sécurité des soins pré-hospitaliers, soit l'urgence vitale avec l'équipe qui vient à la maison ou au bord de la route quand il y a une urgence vitale", alerte Marc Noizet.

Pour améliorer la situation, l'urgentiste estime qu'il faut mieux orienter les patients via le filtrage par le 15, le numéro du Samu: "Il faut probablement systématiser la régulation d'accès aux services des urgences, on estime qu'elle est nécessaire". Car c'est cette régulation qui permet d'orienter au bon endroit et pas forcément dans des services d'urgence où les patients doivent attendre.

L'urgentiste milite pour la création de structures "qui ne sont pas des urgences et où on accueille des patients pour leur donner des soins quotidiens" alors que la santé est la deuxième préoccupation des Français. "Le maillage actuel a 20 ans, peut-être faut-il d'autres structures", conclut Marc Noizet.

G.D.