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Police-Justice

TIG sous-utilisés: "Je crois à la prison mais aussi aux peines éducatives" assure Marlène Schiappa

Alors que les travaux d'intérêts général (TIG) sont sous-utilisés par la justice, Marlène Schiappa, l'ancienne ministre de la Citoyenneté et nouvelle chroniqueuse d'"Estelle Midi" sur RMC, défend la prison mais surtout les peines éducatives.

Le recours aux travaux d’intérêt général s’effondre. C’est ce que révèle une récente étude réalisée par le ministère de la Justice. Entre 2015 et 2022, le nombre de TIG prononcés par les juridictions pénales a baissé de 34% passant de 25.130 à 16.560. En cause? Le recours aux bracelets électroniques, depuis 2019 et la loi sur la réforme de la justice qui encourage à l’aménagement des peines pour éviter la case prison notamment.

Selon Maurice Barate, préfet du Cher et ancien responsable des services pénitentiaires, interrogé dans le journal La Croix, "désormais, dès que le tribunal aménage la peine, il se tourne à 92% vers la solution du bracelet électronique". Aux dépens des TIG.

"Être réinséré et réparer"

Une solution de facilité qui a l’avantage de coûter beaucoup moins cher. Mettre en place une peine de travail d’intérêt général nécessite de trouver une structure d’accueil et d’assurer un suivi par le personnel pénitentiaire. Et pourtant, laisser un individu chez lui, sous bracelet électronique, n’en fait pas un acteur de sa réinsertion. Tout le contraire des travaux d’intérêt général mis en place en 1983 par un certain Robert Badinter.

Marlène Schiappa, ex-ministre en charge de la Citoyenneté, plaide pour le retour des TIG. "Je suis une personne sécuritaire, je crois à la prison mais aussi aux peines éducatives", assure-t-elle ce mardi sur le plateau d'Estelle Midi.

"Les TIG ont un sens, cela permet un travail pour s'engager et comprendre le sens de ce que l'on fait", poursuit Marlène Schiappa sur RMC et RMC Story. Elle en veut pour exemple les centres pour les hommes auteurs de violences conjugales qu'elle a pu visiter quand elle était au gouvernement. "Ils font une peine de prison et après, ils vont dans ces centres où ils sont pris en charge pour comprendre le sens de ce qui les a amenés à être violent. L'idée, c'est d'être puni mais d'être réinséré et de réparer", ajoute l'actuelle conseillère régionale d'Île-de-France.

Justice : faut-il généraliser les TIG ? - 17/09
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L'exemple de Guéret

"Ce n'est pas simple de développer les TIG", tempère Christian Mouhanna, sociologue des prisons, chargé de recherche au CNRS. "On a des mairies qui ont des politiques punitives mais qui refusent d'embaucher des TIG".

"On a des gens en TIG qui découvrent le monde du travail. Ils voient que le travail ce n'est pas que de la souffrance et qu'on gagne parfois autant en travaillant qu'en faisant le guet pour des revendeurs de stupéfiants", raconte Christian Mouhanna.

Certaines municipalités jouent le jeu. C'est le cas de celle de Guéret, la préfecture de la Creuse. "On a un référent TIG en lien avec le service de probation et on fait des TIG individuels ou collectif", explique Marie-Françoise Fournier, maire sans étiquette de Guéret. "On fait attention à ce que les TIG quittent la mairie avec un bilan de compétences pour valoriser ce qu'ils ont fait. Il faut donner leur chance à ces gens qui ont des petites peines", plaide l'élue. "La mesure de réparation leur ouvre un horizon et des relations sociales et ouvrent au milieu du travail", ajoute Marie-Françoise Fournier, qui estime que le taux de réussite est favorable.

G.D.