La musique est au centre de la classe de Monsieur P., un enseignant pas comme les autres qui célèbre la différence et fait découvrir à ses élèves des chansons de tous les styles. Mais en cette fin d’année, alors qu’elle doit choisir une pièce musicale qui la représente, Charlie a la tête ailleurs, obsédée par le bureau vide dans le coin de la classe et par la présence, magnétique, du timide Émile. Y a-t-il un lien entre ce dernier et Luka, qui ne vient plus depuis qu’il a chanté sa composition au retour de Pâques ? C’est peut-être la découverte de Maria Callas et de son opéra qui offrira à l’adolescente les clés pour se faire confiance et comprendre…
Opératique est un roman graphique qui allie un texte fort à des images poétiques, le tout dans le monde de la musique et du début de l’adolescence. Accessible à tous les lecteurs, il parlera davantage aux plus sensibles.
Encore une fois, La Pastèque publie un roman graphique d’une grande beauté, tant dans le texte que dans les illustrations. Ce sont ces dernières qui frappent d’abord, avec les différentes teintes de couleurs primaires associées aux lieux et aux personnages ou encore à des éléments importants du récit, comme le bureau vide en bleu ou le rouge qui fait son apparition sur les lèvres de Charlie à la toute fin. Les lignes sont fines, texturées, les expressions, bien rendues, et la sensibilité des illustrations, notamment la poésie de certaines planches qui sortent de la réalité et deviennent oniriques pour mieux exprimer les ressentis, est en parfaite adéquation avec le texte. Parce que les émotions sont aussi au cœur de ce récit qui parle de différence et d’adolescence, le tout lié par le fil conducteur de la musique.
On part du personnage de Charlie, une des trois filles asiatiques de son école, une timide qui a cette impression qu’ont tellement d’adolescents que pour survivre au secondaire il ne faut pas faire de vague, mais qui est attirée par Émile, un solitaire passionné d’insectes. Au fil du récit, elle se rapproche du garçon et découvre son histoire, mais aussi celle de Luka, le tout en écho à ses recherches sur Maria Callas. Et elle comprend que parfois la différence transcende tout… et qu’il faut trouver le courage d’être soi-même. C’est un récit intelligent qui ratisse large (j’ai à peine effleuré le volet muscial ici alors qu’il est largement exploité et nourrit l’histoire), tout en touchant le cœur.
Le petit plus ? Mention spéciale à la représentation très authentique des fonctionnements des groupes à l’adolescence. L’emphase n’est pas mise sur les cliques « typiques », mais on les reconnait dans l’arrière-plan de nombreuses cases et dans les commentaires qui fusent dans les scènes de cours. Ça donne d’autant plus de relief au récit tout en l’ancrant dans la réalité de ses lecteurs. Chapeau.
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